· Choc psychologique
Le choc est définit d'aprés DELAY J. et PICHOT P.
(1990 :290) comme « Toute modification brusque et rapide de
l'équilibre nerveux et humoral, constitue un choc ».
Tout d'abord, le fait d'apprendre qu'on va subir une
amputation d'un membre créée un choc psychologique, car cela a
une connotation de gravité : « Il n'y a pas d'autres solutions.
». La personne peut s'en retrouver bouleversée et cela peut prendre
quelques jours avant de bien prendre conscience qu'on va bien se faire
opérer et qu'à cette issue on aura plus son membre. Cela peut
déjà générer du stress et de
l'anxiété face à la future situation, car c'est nouveau et
inconnu pour le moment, la personne ne sait pas à quoi s'attendre ni
quelle sera sa nouvelle vie.
Le choc psychologique existe aussi en postopératoire
direct, au moment où la personne découvre son moignon
d'amputation pour la premiere fois. Celui-ci est d'autant plus important si la
personne a été opérée en urgence et n'a pas
été prévenue bien avant l'opération. Cela a pour
conséquence également le stress et l'anxiété.
SMELTZER S. et BARE B. (1998 : 2074) explique que « le fait de perdre
un membre représente toujours un choc pour le patient et sa famille
même si ceux-ci ont reçu une préparation psychologique
avant l'opération »
Des questionnements anxiogènes suivants sont monnaie
courante : « Comment vais-je gérer cette nouvelle situation ?
» « Quel grand malheur... » « Comment faire face á
ça ? », Etc. La aussi on peut faire le lien avec le manque de
connaissances sur les soins de l'amputation et l'adaptation à la vie
quotidienne.
Suite à l'opération qui amene à la
confection d'un moignon d'amputation, la personne doit faire le deuil de ces
éléments :
Le deuil d'une partie de ses organes (membre perdu)
Le deuil de son image corporelle (par la création d'un
nouveau membre : moignon)
La notion de deuil sera développée plus tard, dans
la section concernant le concept d'adaptation
· La modification de l'image
corporelle
L'amputation d'un membre inférieur va modifier la
marche et les aptitudes physiques du sujet, ce qui peut l'obliger à
changer de métier, à reconsidérer ses relations affectives
avec ce corps mutilé. Cela pose le problème de la remise en
question de l'identité à travers la modification corporelle et
l'acceptation d'une nouvelle identité habitant ce corps et se remettant
en relation, à partir de là, avec l'environnement affectif et
professionnel. Le membre fantôme fait partie de la représentation
mentale du corps, autrement dit du schéma corporel ; ce qui fait que le
patient perçoit des sensations soit disant que son membre est encore en
place.
CHILTON, cité par SALTER M. (1996 :5) affirme que «
L'image du corps joue un
rôle important dans la compréhension de soi. La
nature de la perception que nous avons de
nous-mêmes est indissociable de celle que nous avons
de notre propre corps. Le corps, partie
visible et matérielle de nous-memes, est au centre
de ce qu'une personne perçoit » Alors l'intervention
chirurgicale aboutissant à la réalisation d'une amputation d'un
membre amene à la confection d'un nouvel organe : le moignon renverse la
situation car elle prend la fonction motrice qui n'est pas facile à
réaliser compte tenu de l'incapacité qui s'est déjà
installée. C'est donc un grand bouleversement qui s'établit au
niveau corporel. Il ne s'agit pas d'une simple cicatrice par exemple mais d'un
nouvel élément de l'appareil locomoteur à part
entiére. L'amputation est ainsi considérée comme «un
défaut » d'un point de vue esthétique, elle fosse l'image
corporelle car il n'y a plus la continuité de son membre, mais la
présence d'une mutilation qui est permanente et rappelle la pathologie
qui a amené à cette destruction du corps, à cette
transformation anatomique.
· La souffrance spirituelle :
Quand l'intervention est grave et mutilante, elle amene bien
souvent à s'interroger sur le sens de la vie et à chercher des
justifications à la souffrance. Cependant, il n'existe pas de
réponses toutes faites à apporter à l'amputé, mais
on peut par contre lui témoigner une écoute attentive et
empathique qui sera aidante.
Cette souffrance peut être identifiée comme une
insécurité psychologique, qui peut amener à une importante
réflexion personnelle et ensuite avoir des retentissements sur la vie de
tous les jours. Cette rumination morale peut avoir des effets négatifs,
la personne ne voit pas l'issue de ses problémes, fait preuve d'une plus
grande anxiété, d'une plus grande appréhension, fait
preuve du pessimisme et de doutes, etc. CAPERNITO L.J (1990 :841) dit que le
patient amputé possède des pensées négatives en
rapport avec son existence et se pose une multitude de questions en rapport
avec son existence par exemple : « Que j'ai fait pour mériter
cela ? », « pourquoi cela m'arrive-t-il ? »,
« est c'est la volonté de Dieu ? », « comment
Dieu peut-il m'aimer et me laisser souffrir quand même ».