3.2.4.3 Counseling
Il est essentiel pour la personne d'avoir et de comprendre
les informations nécessaires liées à son intervention pour
connaître son nouveau corps. Mieux informée, la personne saura
exactement ce qu'il en est et pourra alors commencer à s'accepter. Elle
n'aura plus d'angoisse face à l'inconnu ou de fausses idées.
EMERSON, cité par SALTER M. (1996 :22), insiste sur la
notion de deuil et de l'importance de verbaliser, d'évacuer son ressenti
: « Il vaut mieux essayer de s'assurer que
soient rassemblées les conditions qui permettent
à la personne confrontée à un deuil de pleurer, pour la
rassurer sur la normalité des sentiments et des pensées
étranges et souvent effrayantes qui l'assaillent Et lorsque le plus gros
du chagrin est passé, on peut montrer comment ajuster sa vie de
manière plus réaliste et satisfaisante. »
En effet, il est essentiel que la personne puisse s'exprimer
librement et partager tout ce qui lui tient à coeur. Les professionnels
de santé ont un grand rôle de soutien. Un repli sur soi
entraîne un isolement social mais aussi une rumination de sentiments
négatifs, un confinement sur ses difficultés, ce qui n'a rien de
positif pour l'acceptation et l'adaptation de la personne à son nouvel
état.
Dans le but d'aider les patients amputés d'un membre
inférieur, les membres de l'équipe soignante avec qui nous nous
sommes entretenu, expliquent qu'ils démontrent au patient leur valeur
dans leur propre structure et dans la structure sociale malgré
l'amputation qu'ils ont subie. L'un des membres de l'équipe soignante
nous a expliqué que « Iyo umurwayi yiyumva ko ntacyo akimaze
mbere cyangwa nyuma yo gucibwa akaguru , icyo gihe tumwereka ko nubwo agiye
gucibwa akaguru cyangwa yagaciwe akiri umuntu nk'abandi kandi afite agaciro.
Niba hari imirimo yakoraga akaba atakiyishoboye, aho tumusobanurira ko hari
indi yashobora kandi akayikora neza ikamugirira akamaro. » Cela
signifie que : quand le patient se sent dévalorisé avant ou
aprés l'amputation d'un membre inférieur, dans ce cas nous lui
montrons que même s'il va ou vient de subir une amputation de son membre,
il conserve sa valeur comme autant d'autre humain. S'il y avait des travaux
qu'il faisait et qu'il est incapable de faire, on lui explique qu'il y a autant
d'autres qu'il peut faire mieux et lui procurer d'intérêt. Cette
revalorisation du patient amputé d'un membre va l'aide à
reconstruire son image corporelle, et petit à petit il va
intégrer sa perte dans son nouveau style de vie, cela va l'aider
à mieux s'adapter aux changements de son corps.
3.2.4.4 Psychothérapie
cognitivo-comportementale
BESANÇON G. (1993 :102) explique que «Les
thérapies comportementales vont agir à partir de la
définition des objectifs : comme dans les phobies, par exposition au
stress ;4«««en diminuant les facteurs négatifs et en
renforçant les facteurs positifs et les thérapies
cognitives vont agir sur les pensées automatiques, les systèmes
cognitifs
dysfonctionnels, afin de prendre conscience au sujet de ses
capacités personnelles propres à modifier ses scénarios
catastrophiques »
Quand le patient a subi un important changement physique
suite à une amputation d'un membre inférieur, il a besoin de
l'aide pour reconstruire son image corporelle et rétablir son estime de
soi satisfaisant.
L'équipe soignante enquêtée
témoigne que dans la plus part des cas les patients amputés d'un
membre inférieur ont peur de regarder leur moignon. Voici les propos de
l'un des membres de l'équipe « Iyo turimo kubapfuka usanga
bamwe badashaka kureba ako kaguru baciye. Icyo gihe tubasobanurira ko ari rumwe
mu ngingo z'umubiri wabo, tukabasaba kudufasha mu gihe turimo kubapfuka. Uko
bagenda bagira uruhare ku bibakorerwa barushaho kwitegereza umubiri wabo
n'impinduka zawubayeho. Buhoro buhoro bakabimenyera.» Pour dire que :
quand nous sommes en train de faire leurs pansements, on remarque que les uns
ne veulent pas regarder le membre amputé. Dans ce cas nous leur
expliquons que c'est l'un des membres de leur corps, et nous leur demandons de
participer à l'acte de soin (pansement). De plus ils participent
à leur soin, plus ils explorent leur corps et les changements qu'ils ont
subis, petit à petit ils s'y habituent.
A propos de ce patient qui ne veut pas regarder son corps,
nous pouvons dire qu'il a les difficultés d'accepter la nouvelle image
corporelle. Alors, le fait de solliciter sa participation dans le processus de
soin est très important, car il joue un rôle de
désensibilisation d'un patient à ce type de phobie. Et de plus il
explore son corps, il se construit petit à petit sa nouvelle image
corporelle afin de rétablir son équilibre psychologique.
Dans l'analyse des résultats de notre étude
nous avons constaté que pour s'accepter et avoir à nouveau une
estime de soi pour un patient amputé d'un membre inférieur afin
contribuent au rétablissement de son équilibre physique et
psychologique, il faut :
· donner à la personne le temps d'accepter sa
nouvelle apparence et ses nouveaux changements physiologiques, la laisser
toucher et explorer des changements corporels et la faire comprendre la
nécessité d'apprendre à se prodiguer des soins, ainsi
l'encourager à devenir indépendant et acquérir la
maîtrise des soins quotidiens,
· se reconstruire une nouvelle image corporelle et y
adapter son style de vie si possible, un changement dans l'échelle de
valeurs de l'individu,
· que la personne limite les effets de son handicap
(qu'elle se prenne en charge physiquement le mieux possible),
· que le facteur physique ou la fonction
altérée soit considérée comme un atout («
d'accord j'ai subis une amputation mais je ne souffre plus de la maladie du
cancer »),
· recourir au psychodrame pour aider la personne
à exprimer ce qu'elle ressent. Par exemple si elle dit « Je sais
que mon mari ne voudra plus me toucher à cause de l'amputation»,
jouer le rôle du mari et parler avec elle de son amputation, permuter
ensuite les rôles pour que la personne puisse exprimer ce qu'elle pense
et redoute de la réaction de son mari.
· explorer avec la personne ses forces et ses ressources
qui l'aideront tout au long du cheminement de sa reconstruction personnelle
· encourager le patient à se libérer des
cognitions négatives en s'écartant des pensées
irrationnelles et en remplaçant par des pensées
rationnelles. Par exemple « je vais
mourir » peut être remplacée par « j'ai
confiance dans les techniques médicales »
Get exemple nous aider à faire une évaluation
situationnelle du patient amputé dans le but de lui aider à ne
pas être rongé par des pensées irrationnelles qui lui
procurent de stress et d'anxiété.
La réussite d'une acceptation active apparaît
donc comme un élément fondamental de la santé physique et
mentale de la personne amputée. En effet, le maintien d'une bonne
continuité de soins peut grandement réduire la survenue des
complications à court ou à long terme. De même, les
sentiments d'efficacité personnelle et les soins du moignon propres
à l'acceptation active pourraient prévenir les troubles de
dépression souvent observés chez les personnes récemment
amputées et n'acceptant pas leur situation.
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