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L'énigme de volatilité excessive des cours boursiers: explication par la finance comportementale à  travers l'excès de confiance et le comportement grégaire. "Validation empirique sur la BVMT (Bourse des Valeurs Mobilières de Tunis )"

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par Haifa Lanchly
Faculté des sciences économiques et de gestion de Tunis - Mastère en finance 2010
  

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2.2. Les fondements de la finance comportementale :

La finance comportementale à principalement deux fondements : la psychologie de l'investisseur et les limites à l'arbitrage13 : le premier fondement réfère à la manière dont les individus pensent ; il existe une littérature psychologique abondante montrant que les individus font des erreurs systématiques avec la manière dont ils pensent. Le second fondement se concentre à la prédiction des circonstances dans lesquelles les forces d'arbitrages sont efficaces ou non.

2.2.1. La psychologie de l'investisseur :

Les sources psychologiques d'irrationalité peuvent être catégorisées comme suit :

2.2.1.1. Les croyances (Les biais cognitifs ou les biais comportementaux) :

Il convient tout d'abord de définir ce qu'on entend par le terme biais cognitif : « c'est une erreur dans la prise de décision et/ou le comportement adopté face à une situation

12 Kahneman, D., and A. tversky, 1979, «Prospect Theory: An Analysis of Decision Under Risk», Econometrica, 47(2), pp263-291.

13 Cette dualité de la psychologie de l'investisseur et des limites à l'arbitrage est due essentiellement à Shleifer et Summers (1990).

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donnée résultante d'une faille ou d'une faiblesse dans le traitement des informations disponibles ».

Les travaux en psychologie ont identifié de nombreux biais cognitifs propres à l'esprit :

2.2.1.1.1. Le biais de conservatisme « Conservatisme bias » :

Ce biais renvoi à la tendance des investisseurs à sur évaluer la valeur des informations qui confirment leurs opinions et à minimiser celles qui les infirment.

L'étude de Barberis, Shleifer et Vishny(1998) à montré que ce biais est à l'origine d'une sous-réaction aux informations publiques comme les annonces des résultats des entreprises ; en effet, ce biais à pour conséquence de minorer l'importance de l'information présente par rapport à l'information historique.

2.2.1.1.2. L'heuristique de représentativité « Representativeness bias » :

Ce biais renvoi à ce que les individus ont l'habitude de percevoir des tendances là ou il n'y en n'a pas. Ainsi les investisseurs peuvent être amené à sur estimer la probabilité qu'un événement se reproduise dans le futur, et cela d'autant plus qu'ils l'ont récemment observé : c'est ce que l'on décrit généralement comme l'effet momentum.

Ce biais conduit selon Kahneman et Tversky (1974) les personnes à former des jugements de probabilité qui violent systématiquement la règle de Baye.

L'heuristique de représentativité à diverses implications pour le processus de prise de décision d'investissement. En effet, les investisseurs peuvent attribuer à tort les bonnes caractéristiques d'une société (importante croissance attendue, des gestionnaires compétents....) en tant que caractéristiques d'un bon investissement. Ce stéréotype induit à une erreur comme montré par Lakonishok, Shleifer, and Vishny (1994) : les entreprises « glamour » sont le plus souvent des mauvais investissements. Les investisseurs peuvent également envisager les derniers rendements passés comme représentatif de ce qu'ils attendent dans l'avenir (Debondt 1993). A cause de ce biais général, les investisseurs pourraient acheter des titres qui ont récemment augmenté en prix.

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2.2.1.1.3. Le biais de disponibilité « Availibility bias » :

Il correspond à une erreur de récupération de l'information mémorisée. Il représente la tendance à sur évaluer la probabilité d'un événement lorsque des exemples concernant cet événement sont disponibles.

2.2.1.1.4. Le biais d'ancrage « Anchoring bias » :

Il traduit le fait que les individus raisonnent par rapport à des valeurs clés qu'ils utilisent comme repère. En effet, Kahneman et Tversky (1974) montrent que lors de la formation de leurs anticipations, les agents commencent généralement par la fixation de quelques valeurs arbitraires possibles autour desquelles les prévisions seraient possibles.

2.2.1.1.5. L'excès de confiance « Overconfidence » :

Des études argumentent que l'excès de confiance qui provient de la psychologie cognitive est l'un des biais les plus traité en littérature. En effet, ce biais stipule que les individus ont toujours tendance à sur estimer leurs capacités, leurs connaissances et leurs perspectives.

L'existence de l'excès de confiance à été démontrée de façon expérimentale à travers l'étude célèbre de Svenson (1981) qui à rapporté que la majorité des automobiles interrogées affirment conduire « mieux que la moyenne ».

2.2.1.1.6. Le comportement grégaire (ou le comportement mimétique ou le comportement moutonnier) « Herd behavior » :

Le mimétisme apparaît quand un groupe d'investisseurs prennent des décisions d'investissement sur une partie spécifique de l'information tout en ignorant d'autres informations pertinentes telles que les nouvelles ou les rapports financiers.

Généralement il est très coûteux voire impossible de répéter toutes les expériences des autres afin d'examiner les raisons derrière une certaine action, d'où copier leurs actions directement semble être beaucoup plus facile.

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Ce type de comportement prend de l'importance dans les pays émergents et il est de nature à contribuer à une plus grande volatilité des marchés.

Vue l'importance accordé à ces deux dernières notions à savoir l'excès de confiance et le comportement grégaire, nous allons essayer d'expliquer chacun d'entre eux et de tester leurs implications sur la volatilité des cours boursiers respectivement dans les chapitre Deux et Trois.

2.2.1.2. Les préférences : « La théorie des perspectives » :

La théorie des perspectives, introduite par Kahneman et Tversky en 1979 dans le but de remplacer le paradigme d'utilité espérée, propose un cadre descriptif plus général et plus complet qui aide les individus à prendre leurs décisions.

La théorie des perspectives peut être définit comme étant la manière avec laquelle les investisseurs évaluent et calculent la chance d'un profit ou d'une perte en comparaison au risque perceptible de l'action ou d'un fond mutuel.

Ayant énormément appris sur la façon dont les individus se comportent dans la vie réelle, Kahneman et Tversky se sont concentré sur le processus de prise de décision sous les contraintes d'incertitude et de risque et à démontrer que les décisions humaines s'écartent systématiquement de ceux prédises par les hypothèses du processus de décision rationnel (les décisions peuvent être influencées par des facteurs externes) : leur travail constitue une révolution dans l'économie financière en proposant que les biais comportementaux en général , et la théorie des perspectives en particulier, sont les meilleurs explications du processus de prise de décision en situations risquées.

La théorie des perspectives modifie la théorie d'utilité espérée dans deux domaines :

- L'utilité de l'investisseur est déterminée à partir des variations de la richesse

(induites par les choix possibles) et non pas à partir de la richesse absolue.

- La fonction d'utilité standard est concave (qu'il s'agit d'une situation de gain

ou de perte) tandis que, la théorie des perspectives suppose qu'elle est concave à

droite (les gains) et convexe à gauche(les pertes).

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Barberis, Huang et Santos(2001) ont montré que des utilités conformes à la théorie des perspectives peuvent expliquer, en partie, la volatilité excessive constatée sur les marchés financiers.

2.2.1.2.1. La notion d'aversion à la perte :

La théorie des perspectives à été à la base de l'émergence de la notion d'aversion à la perte de l'investisseur, qui stipule que les individus sont beaucoup plus sensibles aux pertes qu'aux gains. En plus, les investisseurs répondent différemment à des situations équivalentes, et ce en fonction de l'état de l'investisseur : soit en contexte de gain ou de perte ; Kahneman et Tversky (1979), en étudiant le bien être des investisseurs, montrent que le dépit qu'une personne ressent pour la perte d'une somme d'argent est supérieur au plaisir associé au gain de la même somme.

Ces deux auteurs ont introduit une nouvelle fonction d'utilité appelée fonction de valeur (voir figure1.1). Cette fonction montre que la réponse psychologique des investisseurs est une fonction à la fois concave (aversion au risque- gains) et convexe (recherche du risque-pertes) ; donc les investisseurs sont disposés à prendre beaucoup plus de risque pour éviter des pertes plutôt que pour réaliser des gains.

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Figure 1.1 : La fonction de valeur de l'investisseur14

2.2.1.3. Les émotions humaines et les humeurs :

Généralement les individus en bonne humeur sont plus optimistes dans leurs choix et jugements que ceux en mauvaise humeur. Les investisseurs en bonne humeur sont prêts à accepter un risque élevé. Les mauvaises humeurs sont associées avec plus de vérifications et critiques dans l'évaluation d'une nouvelle information (Petty, Gleicher et Baker (1991)).

Les individus sont le plus souvent influencés par les conditions météorologiques. L'étude de Saunders (1993) propose que ce ci puisse avoir un impact direct sur les marchés de capitaux : en moyenne les rendements du marché sont plus élevés dans les jours ensoleillés que dans les jours pluvieux.

Shefrin (2002) indique l'existence de deux types d'émotions, ayant des influences contradictoires sur l'approche de risque des investisseurs, et qui contribuent fortement à la manière de construction de leurs portefeuilles d'investissement : l'avidité et la peur.

14 Source : Mangot, M « les comportements en bourse, 6 erreurs qui coûtent cher », Galino éditeur, Paris 2004, p31.

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L'avidité (greed) conduit les individus à traiter les stocks comme des billets de loterie, ils veulent gagner autant que possible le plus rapidement. En conséquence, ils ne diversifient pas et prennent des positions risquées afin d'avoir les rendements les plus élevés si leurs choix s'avèrent justes.

La peur (fear) donne limite à l'avidité. Les individus ont l'habitude de tenir compte de l'avenir et des événements négatifs inattendus qui peuvent affecter leurs niveaux de consommation ; ils tendent à conserver une proportion de leurs richesses (dépôts de trésorerie...) qui servira comme une politique de sécurité.

Shefrin et Statman (1985) montrent que des émotions comme la fierté (pride) et le regret (regret) peuvent entraver la réalisation des bonnes décisions d'investissement. Plus précisément, « craindre le regret et chercher la fierté » peut rendre l'investisseur prédisposé à vendre le titre gagnant trop tôt (il expérience le sentiment aimable d'avoir réalisé une bonne décision initiale d'achat de ce titre) et à tenir le titre perdant trop long (afin d'éviter le mauvais sentiment suite à la réalisation d'une décision initiale aride d'achat de ce titre) : c'est l'effet de disposition (Odean (1998)).

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"Soit réservé sans ostentation pour éviter de t'attirer l'incompréhension haineuse des ignorants"   Pythagore