Les sources psychologiques d'irrationalité peuvent
être catégorisées comme suit :
2.2.1.1. Les croyances (Les biais cognitifs ou les biais
comportementaux) :
Il convient tout d'abord de définir ce qu'on entend par
le terme biais cognitif : « c'est une erreur dans la prise de
décision et/ou le comportement adopté face à une
situation
12 Kahneman, D., and A. tversky, 1979, «Prospect Theory: An
Analysis of Decision Under Risk», Econometrica, 47(2), pp263-291.
13 Cette dualité de la psychologie de l'investisseur et
des limites à l'arbitrage est due essentiellement à Shleifer et
Summers (1990).
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L'énigme de volatilité excessive des cours
boursiers : Explication par la finance comportementale
à travers
l'excès de confiance et le comportement grégaire.
donnée résultante d'une faille ou d'une faiblesse
dans le traitement des informations disponibles ».
Les travaux en psychologie ont identifié de nombreux
biais cognitifs propres à l'esprit :
2.2.1.1.1. Le biais de conservatisme «
Conservatisme bias » :
Ce biais renvoi à la tendance des investisseurs à
sur évaluer la valeur des informations qui confirment leurs opinions et
à minimiser celles qui les infirment.
L'étude de Barberis, Shleifer et Vishny(1998) à
montré que ce biais est à l'origine d'une sous-réaction
aux informations publiques comme les annonces des résultats des
entreprises ; en effet, ce biais à pour conséquence de minorer
l'importance de l'information présente par rapport à
l'information historique.
2.2.1.1.2. L'heuristique de
représentativité « Representativeness bias »
:
Ce biais renvoi à ce que les individus ont l'habitude de
percevoir des tendances là ou il n'y en n'a pas. Ainsi les investisseurs
peuvent être amené à sur estimer la probabilité
qu'un événement se reproduise dans le futur, et cela d'autant
plus qu'ils l'ont récemment observé : c'est ce que l'on
décrit généralement comme l'effet momentum.
Ce biais conduit selon Kahneman et Tversky (1974) les personnes
à former des jugements de probabilité qui violent
systématiquement la règle de Baye.
L'heuristique de représentativité à
diverses implications pour le processus de prise de décision
d'investissement. En effet, les investisseurs peuvent attribuer à tort
les bonnes caractéristiques d'une société (importante
croissance attendue, des gestionnaires compétents....) en tant que
caractéristiques d'un bon investissement. Ce stéréotype
induit à une erreur comme montré par Lakonishok, Shleifer, and
Vishny (1994) : les entreprises « glamour » sont le plus souvent des
mauvais investissements. Les investisseurs peuvent également envisager
les derniers rendements passés comme représentatif de ce qu'ils
attendent dans l'avenir (Debondt 1993). A cause de ce biais
général, les investisseurs pourraient acheter des titres qui ont
récemment augmenté en prix.
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L'énigme de volatilité excessive des cours
boursiers : Explication par la finance comportementale
à travers
l'excès de confiance et le comportement grégaire.
2.2.1.1.3. Le biais de disponibilité «
Availibility bias » :
Il correspond à une erreur de
récupération de l'information mémorisée. Il
représente la tendance à sur évaluer la probabilité
d'un événement lorsque des exemples concernant cet
événement sont disponibles.
2.2.1.1.4. Le biais d'ancrage « Anchoring bias
» :
Il traduit le fait que les individus raisonnent par rapport
à des valeurs clés qu'ils utilisent comme repère. En
effet, Kahneman et Tversky (1974) montrent que lors de la formation de leurs
anticipations, les agents commencent généralement par la fixation
de quelques valeurs arbitraires possibles autour desquelles les
prévisions seraient possibles.
2.2.1.1.5. L'excès de confiance «
Overconfidence » :
Des études argumentent que l'excès de confiance
qui provient de la psychologie cognitive est l'un des biais les plus
traité en littérature. En effet, ce biais stipule que les
individus ont toujours tendance à sur estimer leurs capacités,
leurs connaissances et leurs perspectives.
L'existence de l'excès de confiance à
été démontrée de façon expérimentale
à travers l'étude célèbre de Svenson (1981) qui
à rapporté que la majorité des automobiles
interrogées affirment conduire « mieux que la moyenne ».
2.2.1.1.6. Le comportement grégaire (ou le
comportement mimétique ou le comportement moutonnier) « Herd
behavior » :
Le mimétisme apparaît quand un groupe
d'investisseurs prennent des décisions d'investissement sur une partie
spécifique de l'information tout en ignorant d'autres informations
pertinentes telles que les nouvelles ou les rapports financiers.
Généralement il est très coûteux
voire impossible de répéter toutes les expériences des
autres afin d'examiner les raisons derrière une certaine action,
d'où copier leurs actions directement semble être beaucoup plus
facile.
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L'énigme de volatilité excessive des cours
boursiers : Explication par la finance comportementale
à travers
l'excès de confiance et le comportement grégaire.
Ce type de comportement prend de l'importance dans les pays
émergents et il est de nature à contribuer à une plus
grande volatilité des marchés.
Vue l'importance accordé à ces deux
dernières notions à savoir l'excès de confiance et le
comportement grégaire, nous allons essayer d'expliquer chacun d'entre
eux et de tester leurs implications sur la volatilité des cours
boursiers respectivement dans les chapitre Deux et Trois.
2.2.1.2. Les préférences : « La
théorie des perspectives » :
La théorie des perspectives, introduite par Kahneman
et Tversky en 1979 dans le but de remplacer le paradigme d'utilité
espérée, propose un cadre descriptif plus général
et plus complet qui aide les individus à prendre leurs
décisions.
La théorie des perspectives peut être
définit comme étant la manière avec laquelle les
investisseurs évaluent et calculent la chance d'un profit ou d'une perte
en comparaison au risque perceptible de l'action ou d'un fond mutuel.
Ayant énormément appris sur la façon
dont les individus se comportent dans la vie réelle, Kahneman et Tversky
se sont concentré sur le processus de prise de décision sous les
contraintes d'incertitude et de risque et à démontrer que les
décisions humaines s'écartent systématiquement de ceux
prédises par les hypothèses du processus de décision
rationnel (les décisions peuvent être influencées par des
facteurs externes) : leur travail constitue une révolution dans
l'économie financière en proposant que les biais comportementaux
en général , et la théorie des perspectives en
particulier, sont les meilleurs explications du processus de prise de
décision en situations risquées.
La théorie des perspectives modifie la théorie
d'utilité espérée dans deux domaines :
- L'utilité de l'investisseur est
déterminée à partir des variations de la richesse
(induites par les choix possibles) et non pas à partir de
la richesse absolue.
- La fonction d'utilité standard est concave (qu'il
s'agit d'une situation de gain
ou de perte) tandis que, la théorie des perspectives
suppose qu'elle est concave à
droite (les gains) et convexe à gauche(les pertes).
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L'énigme de volatilité excessive des cours
boursiers : Explication par la finance comportementale
à travers
l'excès de confiance et le comportement grégaire.
Barberis, Huang et Santos(2001) ont montré que des
utilités conformes à la théorie des perspectives peuvent
expliquer, en partie, la volatilité excessive constatée sur les
marchés financiers.
2.2.1.2.1. La notion d'aversion à la perte
:
La théorie des perspectives à été
à la base de l'émergence de la notion d'aversion à la
perte de l'investisseur, qui stipule que les individus sont beaucoup plus
sensibles aux pertes qu'aux gains. En plus, les investisseurs répondent
différemment à des situations équivalentes, et ce en
fonction de l'état de l'investisseur : soit en contexte de gain ou de
perte ; Kahneman et Tversky (1979), en étudiant le bien être des
investisseurs, montrent que le dépit qu'une personne ressent pour la
perte d'une somme d'argent est supérieur au plaisir associé au
gain de la même somme.
Ces deux auteurs ont introduit une nouvelle fonction
d'utilité appelée fonction de valeur (voir figure1.1). Cette
fonction montre que la réponse psychologique des investisseurs est une
fonction à la fois concave (aversion au risque- gains) et convexe
(recherche du risque-pertes) ; donc les investisseurs sont disposés
à prendre beaucoup plus de risque pour éviter des pertes
plutôt que pour réaliser des gains.
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L'énigme de volatilité excessive des cours
boursiers : Explication par la finance comportementale
à travers
l'excès de confiance et le comportement grégaire.
Figure 1.1 : La fonction de valeur de
l'investisseur14
2.2.1.3. Les émotions humaines et les humeurs
:
Généralement les individus en bonne humeur sont
plus optimistes dans leurs choix et jugements que ceux en mauvaise humeur. Les
investisseurs en bonne humeur sont prêts à accepter un risque
élevé. Les mauvaises humeurs sont associées avec plus de
vérifications et critiques dans l'évaluation d'une nouvelle
information (Petty, Gleicher et Baker (1991)).
Les individus sont le plus souvent influencés par les
conditions météorologiques. L'étude de Saunders (1993)
propose que ce ci puisse avoir un impact direct sur les marchés de
capitaux : en moyenne les rendements du marché sont plus
élevés dans les jours ensoleillés que dans les jours
pluvieux.
Shefrin (2002) indique l'existence de deux types
d'émotions, ayant des influences contradictoires sur l'approche de
risque des investisseurs, et qui contribuent fortement à la
manière de construction de leurs portefeuilles d'investissement :
l'avidité et la peur.
14 Source : Mangot, M « les comportements en bourse, 6
erreurs qui coûtent cher », Galino éditeur, Paris 2004,
p31.
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L'énigme de volatilité excessive des cours
boursiers : Explication par la finance comportementale
à travers
l'excès de confiance et le comportement grégaire.
L'avidité (greed) conduit les individus à
traiter les stocks comme des billets de loterie, ils veulent gagner autant que
possible le plus rapidement. En conséquence, ils ne diversifient pas et
prennent des positions risquées afin d'avoir les rendements les plus
élevés si leurs choix s'avèrent justes.
La peur (fear) donne limite à l'avidité. Les
individus ont l'habitude de tenir compte de l'avenir et des
événements négatifs inattendus qui peuvent affecter leurs
niveaux de consommation ; ils tendent à conserver une proportion de
leurs richesses (dépôts de trésorerie...) qui servira comme
une politique de sécurité.
Shefrin et Statman (1985) montrent que des émotions
comme la fierté (pride) et le regret (regret) peuvent entraver la
réalisation des bonnes décisions d'investissement. Plus
précisément, « craindre le regret et chercher la
fierté » peut rendre l'investisseur prédisposé
à vendre le titre gagnant trop tôt (il expérience le
sentiment aimable d'avoir réalisé une bonne décision
initiale d'achat de ce titre) et à tenir le titre perdant trop long
(afin d'éviter le mauvais sentiment suite à la réalisation
d'une décision initiale aride d'achat de ce titre) : c'est l'effet de
disposition (Odean (1998)).