A ce stade, il y a lieu de faire la nomenclature d'une
panoplie des fameux anomalies dont la présence plus ou moins stable et
prononcée, à été détectée depuis un
quart de siècle sur la plupart des marchés boursiers, même
ceux qui étaient réputés les plus efficients.
1.4.2.1. L'énigme du biais maison « The home
bias puzzle » :
Les investisseurs institutionnels, comme les investisseurs
individuels, détiennent des titres émis par des entités de
leur propre pays dans des proportions plus importantes que le suggère la
théorie financière standard, ou le portefeuille mondial
pondéré par la capitalisation boursière.
9 De Long, JB., A. Shleifer, LH. Summers, and RJ. Waldmann,
1990, «Noise Trader Risk in Financial Markets», Journal of Political
Economy, 98(4), pp703-738.
10 « L'efficience en soi n'est pas testable », Fama
(1991, p 1575)
16
L'énigme de volatilité excessive des cours
boursiers : Explication par la finance comportementale
à travers
l'excès de confiance et le comportement grégaire.
Suh (2005) montre que les investisseurs institutionnels ont un
biais maison lorsqu'ils effectuent des recommandations d'allocation
stratégique à destination de leurs clients.
Le biais maison reflète simultanément une
préférence pour la familiarité (Huberman 2001) et pour la
localité. Concernant la préférence pour la
localité, Suh prétend que le biais maison reflète le
sentiment de sur confiance des investisseurs envers les performances de leurs
marchés locaux, en plus Coval et Moskowitz (2001) affirment que ce biais
conduit à l'achat des informations internes détenues par des
investisseurs locaux.
1.4.2.2. L'énigme de la prime des fonds «
The equity premium puzzle » :
Un portefeuille diversifié des titres de participation
doit avoir des rentabilités élevées par rapport à
un portefeuille d'obligations, et ce à cause du risque additionnel des
fonds imposé sur les investisseurs. Néanmoins, cette
énigme apparait largement relative au risque associé (Mehra et
Prescott 1985).
1.4.2.3. L'effet taille « Size effect »
:
Il a été mis en évidence par Banz(1981),
Reinganum (1981) et Fama (1991). Les résultats de leurs études
ont montré que les entreprises à faible capitalisation
boursière dans la NYSE (New York Stock Exchange) profitent d'une
rentabilité supérieure à celle calculée via le
modèle d'évaluation des actifs financiers (CAPM : Capital Asset
Pricing Model) de Sharpe (1964) - Lintner (1965).
1.4.2.4. L'effet PER « Price-Eerning-Ratio »
ou « Book -To-Market » :
La firme ayant un PER élevé dégage des
rendements anormaux par rapport à ceux trouvé par le
modèle d'évaluation des actifs financiers.
Basu en 1977 à dévoilé l'existence d'une
relation inverse entre la rentabilité d'un titre et son PER.
17
L'énigme de volatilité excessive des cours
boursiers : Explication par la finance comportementale
à travers
l'excès de confiance et le comportement grégaire.
1.4.2.5. Renversement des prix à long terme
« Long -term price reversal »:
L'un des premiers articles sur les anomalies des rendements
à long terme est celui de Debondt et Thaler (1985) ; ils ont
montré que les rentabilités (anormales) des titres ont tendance
à s'inverser sur des périodes d'étude longues (trois
à cinq ans), et par conséquent les lauréats passés
ont tendance à devenir des futurs perdants. Ils attribuent cette
évolution à la sur réaction des investisseurs qui serait
à la suite progressivement corrigée par le marché ce qui
se traduit par une auto corrélation négative des
rentabilités à long terme. En effet, les investisseurs, en
formant leurs attentes, accordent trop d'importance aux performances
passées des entreprises tout en négligeant le fait que les
performances tendent à s'inverser. Debondt et Thaler semblent
prétendre que la sur réaction à l'information constitue
une prédiction générale de la théorie de la
décision comportementale de Kahneman et Tversky (1982).
L'évidence pour le renversement à long terme
tend à être plus controversée que celle pour l'élan
à court terme « short-term momentum » et ce parce que les
horizons longs rendent plus indocile la garantie de l'estimation
appropriée des rendements ajustés au risque.
1.4.2.6. La volatilité excessive et le volume
excessif « Excess volatility and volume » Dans un monde
rationnel, les prix changent uniquement lorsque les nouvelles arrivent.
Depuis la publication des travaux de Shiller en 1981, les
économistes ont constaté que les cours des actions semblent
bouger beaucoup plus d'être justifié par les variations de la
valeur intrinsèque (mesurée par la valeur nette actualisée
des dividendes futurs). De plus, Shiller argumente que les cours du
marché sont excessivement volatile, relativement à la
volatilité des fondamentaux.
Dans cette lignée d'idée, Delong et Becht
(1992) ont apporté une preuve de l'existence d'une forte
volatilité des cours boursiers sur le marché allemand
après la deuxième guerre mondiale. De même, en analysant
les marchés boursiers français et allemand, Cuthberston
18
L'énigme de volatilité excessive des cours
boursiers : Explication par la finance comportementale
à travers
l'excès de confiance et le comportement grégaire.
et Hyde (2002) ont démontré la présence
d'une éventuelle volatilité excessive des cours boursiers.
Bien que ces études diversifiées justifient la
présence de l'énigme de volatilité excessive (divergence
entre les cours boursiers et leur vraie valeur), elles n'attestent pas sur ses
origines. Pour ce faire, une littérature abondante s'est alors
élaborée : certaines études le voient comme la
conséquence de la variation des taux d'intérêt, d'autres
études l'attribuent à la variation des taux de croissance de
dividendes. Cependant les limites des études envisagées ci-dessus
ont invité à entreprendre l'explication de cet énigme par
l'approche comportementale.
Au regard des diverses remises en cause
évoquées, on peut poser qu'il semble aujourd'hui de plus en plus
évident que cette théorie d'efficience ne suffit plus, à
elle seule, à expliquer parfaitement le fonctionnement des
marchés financiers.