Médias et pouvoir politique en rdc. (de la deuxième république à la transition)( Télécharger le fichier original )par Michel Kifinda-Ngoy Université de Kinshasa, RDC - Licence en sciences de l'information et de la communication 2009 |
2. La régulation des médias et l'environnement politique:Si la fondation d'une société authentiquement démocratique comporte de nombreuses étapes, la mise en place de la législation et des institutions destinées à assurer le bon fonctionnement des médias est l'une des plus importantes. Le gouvernement s'efforce trop souvent de construire des systèmes efficaces et susceptibles de faire progresser la démocratie sans connaître suffisamment bien les nombreux aspects de l'environnement juridique complexe qu'influence ce processus. Mais l'environnement que les gouvernements créent aux médias n'est toujours pas propice. Comme le dit Peter Krug et Monroe Price, l'ensemble des lois d'institutions et d'acteurs juridiques au sein duquel opèrent les médias constitue un environnement dont la nature a de toute évidence un profond impact sur la plus ou moins grande liberté avec laquelle les journalistes et les organes de presse peuvent collecter les nouvelles et diffuser les informations et les idées.58(*) L'analyse d'un environnement juridique satisfaisant, c'est-à-dire permettant une activité efficace des médias, passe par l'étude des éléments spécifiques du système juridique lui-même, mais aussi de questions comme la structure, du capital des groupes des médias et le rôle de la société civile. Parmi les composants juridiques complexes qui contribuent à créer ce type d'environnement qui permet aux médias de faire progresser leur pays vers la démocratie, nous en avons identifiés quatre dont la collecte de l'information qui doit être libre et responsable ; la réglementation portant sur le contenu ; la réglementation neutre par rapport au contenu, mais susceptible de l'influencer indirectement ; en fin la protection des journalistes dans leur activité professionnelle, y compris contre des attaques physiques. Ceci dit, l'adoption des lois formelles ne garantit jamais leur application complète et généreuse, même dans les sociétés démocratiques, le plus avancé des nombreux pays, les lois soigneusement élaborées restent mortes faute d'environnement favorable à la vérité ; le concept d'un tel environnement, susceptible de permettre l'activité des médias libres et indépendants, suppose certes l'existence des lois spécifiques, mais il faut aussi que l'esprit s'ajoute à la lettre afin de mettre en place les processus permettant à ces lois d'avoir un impact positif dans les faits.59(*) 3. Les médias en transition : une activité à but lucratifLes médias sont un moyen d'expression, un instrument de responsabilité, un canal de participation civique et un frein à la corruption des responsables. Ils sont considérés comme la source mère de l'information, ce qui leur vaut dans certains pays, d'être protégés par la constitution. Mais ils peuvent également représenter une menace pour certaines structures de pouvoir établies. C'est pourquoi les gouvernements peu enclins à rendre des comptes au public tentent souvent de museler, ou tout simplement d'interdire les groupes de médias, qu'ils considèrent comme leurs adversaires. Tim Carrington et Mark Nelson dévoilent que derrière les débats, souvent passionnés sur les droits et responsabilités de la presse se cache un simple fait trop souvent méconnu par les organisations internationales qui conçoivent des projets d'aide à la presse dans les pays en développement ou en transition, à savoir que cette dernière est une activité à but lucratif.60(*) Les médias en transition peuvent tout aussi être capables de remporter des succès financiers retentissants que de connaître de lamentables échecs. Comme toute entreprise commerciale, les médias des pays en développement sont profondément affectés par les conditions économiques locales. Mais ils ne peuvent se contenter de se laisser ballotter au gré des vagues successives de croissance et de crise. Leur succès repose toujours sur des stratégies visant à développer son public, asseoir sa réputation et augmenter ses profits, quelles que soient les conditions économiques. Les analystes sont de plus en plus nombreux, comme le constatent Carrington et Nelson, à considérer des médias performants comme un élément du développement capable de contribuer à l'amélioration de la responsabilisation, de l'efficacité des marchés et de l'information dont dispose la société ; il est et de l'aptitude des médias à les exploiter à leur avantage.61(*) Mais il faut, en somme, bien comprendre que ces répercussions positives reposent sur l'indépendance financière des médias, cette dernière étant fonction à la fois de l'économie locale et de la faculté de chaque groupe il est donc important de reconnaître que tous ces avantages découlent de l'indépendance financière des médias, elle-même fonction à la fois des conditions économiques de médias à tourner le contexte économique à son avantage. * 58 Krug P. et Price M., « L'environnement juridique des médias », in Thoveron, op. cit., p. 243. * 59Krug P. et Price M., op. cit. * 60 Carrington T. et Nelson M., « Les médias en transition : l'hégémonie de l'économie », in Thoveron (Dir.), op. cit., p. 292. * 61 Idem |
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