3) Des auteurs qui s'alarment :
« Je ne suis pas du tout fasciné par l'islam.
Ce qui m'intéresse davantage c'est en quoi et comment, dans la
société française, l'islam est utilisé,
fabriqué et instrumentalisé à d'autres fins. Et cela
nous concerne tous collectivement. "
Thomas Deltombe, journaliste.
En ce début de XXIème siècle,
riche en affrontements géopolitiques, la question de la
représentation que les médias offrent de l'islam semble avoir
cristallisé nombre de tensions. Sous-tendue par de multiples
phénomènes connexes, cette question est complexe, transversale,
et en cela elle nécessite des centaines de pages d'exposé.
C'est à cette tâche que se sont attelés
quelques auteurs français qui, unanimement (et en s'appuyant sur un
travail de recherche parfois colossal) dénoncent un traitement
médiatique stigmatisant, voire islamophobe, de la religion musulmane en
France. Voici un bref résumé des travaux de trois d'entre eux,
reconnus comme des spécialistes du sujet.
3-1) La Nouvelle islamophobie de Vincent Geisser :
Dans cet ouvrage de cent vingt-deux pages, l'auteur, chercheur
à l'Institut de recherches et d'études sur le monde musulman au
CNRS, s'interroge sur la responsabilité des médias dans la
diffusion et la banalisation de l'islamophobie au sein de la
société française. Après avoir analysé le
contenu de nombreux articles et émissions, Geisser s'interroge et
retient « une impression de scepticisme médiatique assez
communément partagé dans les rédactions. "
Partageant l'idée que l'islam est vu, dans la plupart
des médias, comme une religion « dangereuse [qui] représente
une menace pour la France et ses valeurs », Geisser propose dans La
nouvelle islamophobie une investigation et une critique sur cette
islamophobie à la française. Xénophobie de l'extrême
droite, « offensive des intégristes de la laïcité
», etc., pour l'auteur, aujourd'hui la peur du musulman aurait
remplacé l'ancienne peur de l' « arabe ».
Sans détours, Vincent Geisser dénonce cette
« nouvelle islamophobie », qui constitue pour lui bien plus qu'un
simple phénomène populaire, un véritable
phénomène médiatico-intellectuel qui se propage
principalement par le biais des « leaders d'opinions
(éditorialistes, philosophes, écrivains, universitaires, etc.
» Adepte de l'analyse de terrain, Geisser note également que les
musulmans, tels qu'ils sont mis en scène dans les médias, sont
loin de ressembler aux musulmans que croisent les professionnels qui
s'intéressent au sujet.
Pour lui, comme pour d'autres, c'est encore une fois la
simplification du discours médiatique qui a permis de tels amalgames.
|