Investissements directs étrangers et politiques d'attractivité. Cas du Maroc( Télécharger le fichier original )par Mustapha MAGHRITI Université Mohammed V Rabat - Thèse pour l'obtention du diplôme des études supérieures en relations économiques internationales 0000 |
5-LES APPROCHES RECENTES DES INVESTISSEMENTS DIRECTS ETRANGERS:Au cours des années, les motivations d'implantation à l'étranger ont changé et un certain nombre d'approches théoriques récentes reproduisent, sur le plan analytique et conceptuel, ces transformations. -En effet, des économistes ( Hummels et Stern) montrent, d'un point de vue géographique, que les pays développés de la triade apparaissent comme les principaux investisseurs directs à l'étranger; ils réalisent à partir du milieu des années quatre-vingt, 95% de l'IDE mondiale et en reçoivent 80%. Cette polarisation de l'investissement direct entre pays riches s'accompagne d'un accroissement de l'IDE croisé (la part des flux d'IDE provenant des 5 grands pays industriels G5 vers les mêmes G5 a augmenté de 70% en 1988).5(*) - Markusen, à travers des études économétriques, a montré que, d'un point de vue sectoriel, la part des IDE dans le secteur primaire recule au profit de l'IDE dans l'industrie manufacturière et surtout dans les activités de service. Ces IDE, selon Markusen, se concentrent de plus en plus dans les secteurs à forte intensité technologique (niveau élevé de dépense de R.D dans le produit final), dans les secteurs à forte intensité de dépenses en Marketing et en publicité. -Mouhoud6(*) a noté des changements au niveau des déterminants des IDE. Selon lui, on peut noter le recul très sensible du déterminant traditionnel des IDE en termes de différences de dotations factorielles et la mise en avant d'autres critères, comme de niveau des salaires, les avantages technologiques et les dépenses en RD, l'accès à des compétences spécifiques, la proximité des marchés, la qualité du travail et les disponibilités d'infrastructures de qualité. L'investissement étranger peut prendre plusieurs formes: investissement direct, investissement en portefeuille. On parle d'investissement direct étranger (IDE), lorsqu'un investisseur étranger acquit sur le territoire national un actif, sur lequel il exerce un contrôle, qu'il gère directement, et qu'il bénéfice d'une valeur ajoutée. L'IDE est donc un investissement productif, alors que dans le cas de l'investissement en portefeuille, l'investisseur ne s'intéresse qu'à la plus value et la rentabilité. Plusieurs facteurs peuvent conduire une multinationale à s'implanter dans un pays étranger. Ces choix d'implantation ont fait l'objet d'un certain nombre d'approches théoriques: -Le taux de change du pays de la multinationale peut la conduire à se délocaliser pour contourner la pénalisation de la compétitivité des exportations. -Lorsqu'un produit atteint sa maturité dans son pays d'origine. Vernon (1966) a montré qu'une entreprise investit à l'étranger lorsque la demande est saturée dans son pays d'origine ou lorsque sa part de marché a atteint son maximum. -Les imperfections existants sur les marchés locaux conduisant à l'internationalisation par les FMN des procédés et des modes d'organisation qu'ils maîtrisent ( Hymer 1976). Ceci est le cas lorsqu'il y a limitation à la circulation internationale des produits (barrières douanières et quotas) et lorsqu'il s'agit de faire valoir un savoir-faire technique existant. -Les théories basées sur l'organisation de la firme (Aharoni Y, Tsurumi Y) ont été développées au milieu des années 70 pour tenter d'expliquer le ralentissement de l'IDE américain en Europe et la croissance des IDE européens et japonais. - Les avantages spécifiques à un lieu donné. La théorie développée par Dunning (1988), sous le nom de théorie éclectique souligne les avantages que l'entreprise étrangère peut tirer de l'utilisation des ressources propres à un territoire (en matière technologique, de Marketing ou le savoir organisationnel). -J.L.Muchielli combine les notions d'avantage comparatif du pays et d'avantage compétitif de la firme (dotations de facteurs, économie d'échelle, marchés de produits...) pour expliquer les délocalisations. -La qualité du travail et d'infrastructure, la proximité des marchés, les avantages technologiques sont considérés récemment par Mouhoud comme les déterminants majeurs des IDE. Avec 1ère de la mondialisation et la globalisation, les causes stratégiques de l'IDE se sont modifiées. « nous ne sommes plus à comparer les actifs naturels de chaque territoire et à en évaluer les avantages au sein d'économies relativement bien délimitées ou protégées. »7(*). On part, au contraire, de contextes d'ouverture ou de mondialisation, pour se concentrer sur les capacités des pays à construire des structures d'accueil compétitives. En effet, avec l'insertion des économies dans des contextes concurrentiels à l'échelle mondiale, l'intensification de la concurrence entre les nations, « Les FMN ont de moins en moins pour stratégie de s'implanter partout, dans tous les pays de la planète ». Ce choix très sélectif de localisation, fait de l'investissement direct étranger l'enjeu d'une réelle compétition entre les nations. De ce fait des interrogations et des réflexions sur les facteurs d'attractivité et de localisation de l'IDE nous interpellent et nous apparaissent d'une grande importance pour le cas du Maroc. Ceci fera l'objet du second chapitre. * 5 Telemcani Benlahcen et Mairet P: « Globalisation et régionalisation de l'économie mondiale: Quelle startégie d'insertion internationale pour les pays du Maghreb? in Annales marocains d'économie, n°21,1997. * 6 Mouhoud E.M: « Changement technique et division international du travail », Economica, 1992. * 7 Bertrand Bellon « Théories et enjeux de l'investissement direct étranger », in, IDE et développement industriel méditerranéen, Bellon.B, Economica, 1997. |
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