4-LES THEORIES SYNTHETIQUES DES INVESTISSEMENTS A
L'ETRANGER:
Les théories précédentes ont mis l'accent
sur certains déterminants des investissements directs à
l'étranger. Mais elles ne permettent pas d'expliquer les investissements
croisés, les investissements de certains pays nouvellement
industrialisés ou les nouvelles formes de coopération
internationale. Des économistes ont combiné plusieurs facteurs
pour élaborer de nouvelles théories.
4-1. LA THEORIE « ECLECTIQUE » DE
LA PRODUCTION INTERNATIONALE:
Cette théorie a été exposée par
J.H.Dunning, en 1979. Selon cet auteur, une seule théorie n'explique pas
toutes les formes de multinationalisation. Comme P.J.Buckley et M.Casson, il
considère que la seule existence de marchés imparfaits et
d'avantages compétitifs par les firmes oligopolistiques ne suffit pas
à justifier tous les investissements directs. Il tente de
déterminer les
Les raisons pour lesquelles une firme aurait recours à
l'investissement direct à l'étranger plutôt qu'à des
exportations, à la vente de brevets ou de franchises.
La théorie s'articule autour de trois concepts:
-Les avantages spécifiques de la firme
Ils sont constitués par les brevets, les marques, les
sources d'approvisionnement, les économies d'échelle, la
capacité d'organisation...
-L'internalisation des avantages spécifiques
Le choix entre l'implantation et la vente de brevets
dépend du coût et du risque estimé des marchés
extérieurs.
-La localisation des filiales de production. Celle-ci est
fonction de plusieurs variables: coûts salariaux, disponibilité de
capitaux et de main-d'oeuvre qualifiée, restrictions à
l'exportation, fiscalités du pays domestique et du pays hôte
éventuel...
L'intérêt de la théorie de Dunning est de
proposer une explication de la multinationalisation des firmes d'un point de
vue individuel et sectoriel. Elle prolonge la théorie de
l'internationalisation.
Cependant, son analyse reste limitée au seul niveau
micro économique.
De plus, d'après cet auteur, les firmes perdent leur
avantage à se localiser dans un pays à mesure que
l'économie de celui-ci se développe, car les coûts de
production s'accroissent alors. C'est à dire qu'il ne tient pas compte
de la demande intérieure du pays.
4-2. L'ANALYSE SYNTHETIQUE DES INVESTISSEMENTS
INTERNATIONAUX:
L'analyse synthétique, élaborée par
J.L.Mucchielli (1982) combine trois niveaux d'analyse:
-Le niveau macro-économique (avantage comparatif du
pays)
-Le niveau micro-économique (avantage compétitif
de la firme)
-Le niveau méso économique (structure du
secteur)
Plusieurs différences sont à l'origine de la
délocalisation. Elles concernent:
-La technologie du pays d'origine et du pays d'accueil,
-Les dotations des facteurs
-Les goûts des consommateurs
-Les marchés de produits
-Les économies d'échelle
-Les rémunérations sur les marchés des
facteurs.
D'après J.L.Mucchielli, les avantages liés
à la spécialisation commerciale « sont les plus
importants lorsque les avantages compétitifs et les avantages
comparatifs se trouvent en phase ».
Au contraire, c'est le « décalage entre ces
types d'avantages qui engendre la délocalisation ».
Ces décalages peuvent être illustrés par
plusieurs exemples. Ainsi, la firme qui a une forte demande pour un facteur de
production et qui ne peut la satisfaire car l'offre dans son pays d'origine est
insuffisante, ira s'implanter à l'étranger (implantation de
firmes textiles américaines ou européennes en Asie du Sud Est).
De même, il peut y avoir dans un pays une offre excédentaire et
une demande insuffisante. Il y aura, là encore, délocalisation
(implantations de firmes électroniques sud-coréennes aux
Etats-Unis). Cette analyse insiste sur les facteurs déterminant les
échanges internationaux de biens, de technologies, et les
investissements directs à l'étranger. Elle ne suffit cependant
pas à expliquer les implantations dans le secteur des services.
|