SECTION II: La « Construction »
des avantages de localisation compétitifs.
la mise en place du cadre macro-économique performant
et la libéralisation du fonctionnement de l'économie sont des
conditions nécessaires, elles ne sont pas suffisantes.
L'expérience marocaine constitue une bonne illustration
de cette affirmation. En effet, en dépit des réformes importantes
opérées par le Maroc et que nous venons de passer en revue, les
résultats enregistrés en matière d'attraction des
investissements étrangers demeurant faibles. Sur la base de ce contrat,
il est possible d'avancer un certain nombre d'orientations qui devraient
consolider l'attraction du Maroc sur le socle des réformes
effectuées sur l'environnement des investissements:
- L'amélioration de l'offre de main-d'oeuvre
qualifiée
- Un tissu industriel plus performant
-L'amélioration de l'image de marque du pays
«Marketing territorial ».
1-L'amélioration de l'offre de main-d'oeuvre:
L'offre de main-d'oeuvre qualifiée est insuffisante. Un
effort de rattrapage est en cours mais il devrait être renforcé.
Pendant trop longtemps, le Maroc a réduit l'avantage de localisation
tenant au facteur travail à la variable du coût. Or, l'avantage
d'une offre de main d'oeuvre relativement bon marché mais peu
qualifiée est devenue très secondaire pour une économie
comme l'économie marocaine. En effet, en termes de coût salarial,
elle ne peut résister à la concurrence de la nouvelle vague des
économies asiatiques (de la chine au Viêt-Nam) et à celle
des pays les moins avancés de l'ex-Comecon. En outre, cet avantage est
devenu subalterne dans la plupart des activités industrielles et de
services, y compris dans la confection qui s'automatise ( comme le prouve la
réussite allemande) et qui, en toute hypothèse, sera
bientôt soumise à l'impact de la fin de l'accord multifibres.
A cet égard, la localisation des IDE doit être
consolidée par:
- La promotion d'une stratégie d'éducation et de
formation de nature à préparer les ressources humains aptes
à être opérationnelles face aux défis
présents et futurs de la globalisation..
-Le renforcement du système de formation, de
qualification et de valorisation des ressources humaines.
Actuellement, l'investissement direct étranger
s'oriente vers les pays au la main-d'oeuvre est qualifiée et assimile la
technologie et non pas là où la main d'oeuvre est abondante et
bon marché. L'expérience de la corée du Sud, de la
Malaisie sont édifiantes à ce sujet.
2-un tissu industriel plus performant:
Les nouveaux investisseurs auront besoin de partenaires locaux
performantes. Dans la mesure où la promotion cherchera désormais
à attirer des firmes globales qui ne sont pas exclusivement
dominées par le souci de délocaliser des activités en fin
de cycle de vie, mais, au contraire, qui veulent faire du Maroc une composante
de leur stratégie de conquête du marché européen
pour les produits sophistiqués, les relations avec le tissu industriel
local changent de nature.
Dans le cas des entreprises totalement exportatrices, les
échanges en aval ou en amont sont inexistants ou faibles, celle-ci
recevant l'intégralité de leurs in-puts de la maison-mère,
généralement européenne. dans le cas du partenariat, la
coopération est plus étroite, mais elle porte sur les productions
de biens et services pas ou faiblement compétitifs sur la marché
mondial. Tout va changer avec les investisseurs globaux. Leurs filiales ont une
production qui est directement confrontée à la concurrence
internationale. Elle doit donc répondre à des critères de
qualité et de contenu technologique élevés. En outre,
l'implantation de filiales spécialisées répond au souci de
faire jouer les économies d'échelle. Ce choix implique
l'installation d'unités productives de taille importante avec une forte
valeur ajoutée locale. En conséquence, la sélection de
leur localisation géographique est fortement influencée par
l'existence d'entreprises locales performantes qui pourront devenir leurs
fournisseurs et/ou qui pourront être intégrées dans le
réseau de la production de biens et services qui a été
externalisée.
Cette nouvelle optique conduit à faire deux remarques.
En premier lieu, il existe un jeu à somme positive entre l'implantation
des filiales spécialisées et amélioration de la
compétitivité des entreprises locales qui vont entrer en relation
avec ces dernières. En effet, elle vont bénéficier d'une
assistance technique de la part des firmes globales afin de leur permettre de
satisfaire aux critères de qualité, de coût et de
délai de livraison qui résultent de la concurrence sur le
marché mondial. En conséquence, les entreprises locales sont
désormais intégrées indirectement à
l'économie mondiale; elles ne sont plus reléguées dans des
productions de biens ou de services à faible contenu technologique. En
second lieu, le programme « de mise à niveau » des
entreprises marocaines qui se situe dans la prolongement de l'accord de
libre-échange et dont il a déjà été
question, ne peut être dissocié de l'effort de promotion des
nouveaux investisseurs. Il s'agit des deux faces de la même
médaille. D'une part, la présence d'entreprises marocaines
performantes constituera un facteur important d'attractivité; de l'autre
l'arrivé des nouveaux investisseurs participera à « la
mise à niveau » des entreprises locales.
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