2-La libéralisation du fonctionnement de
l'économie:
Du point de vue de l'investisseur privé, les
opportunités offertes par une économie dynamique ne peuvent
être saisies que dans la mesure où les investisseurs peuvent
développer leurs activités sans entraves. L'ouverture des
marchés à l'investissement privé local et étranger
implique un retrait de l'intervention de l'Etat et une réduction de la
taille du secteur public. Cette réduction passe
généralement par des programmes de privatisation des entreprises
publiques, ouverts aux investisseurs étrangers. Il vaut de noter au
passage que la reprise des investissements étrangers vers
l'Amérique latine, observée depuis deux ou trois ans, repose pour
une grande part sur des opérations d'acquisition des entreprises
publiques par des firmes étrangères.
Le recul de l'intervention étatique se traduit, aussi,
par l'abolition du système des prix administrés, l'ouverture des
échanges, la flexibilité du marché du travail, la
convertibilité de la monnaie et la liberté des mouvements de
capitaux. Ce dernier point constitue un critère décisif dans les
décisions d'implantation des firmes étrangères.
Sur la quasi-totalité de ces points, le gouvernement
Marocain a pris des mesures allant dans le sens de la libéralisation de
l'économie.
3-Le véritable enjeu de l'accord de
libre-échange:
Ce tableau des réformes opérées depuis
des dix dernières années démontre l'importance
donnée au renforcement de l'attractivité du pays. L'environnement
nécessaire à une promotion efficiente des investissements
étrangers a été mis en place. La signature récente
de l'accord de libre-échange avec l'union européenne se situe
dans la logique de cette démarche.
Paradoxalement, le jugement qui peut être porté
sur cette initiative ne doit pas être fondé sur le seul volet des
échanges. Si l'effet attendu de l'accord se limitait à la
libération progressive des importations en provenance des
économies de l'Union européenne durant les dix prochaines
années, il y aurait lieu de s'interroger sur le bénéfice
net attendu de l'ouverture du marché marocain aux produits en provenance
d'économies beaucoup plus compétitives. D'autant plus que, depuis
le milieu des années 70, la grande majorité des biens et services
marocains peuvent accéder sans entraves au marché
européen. S'en tenir strictement à la seule dimension des
échanges conduirait à justifier, en grande partie, les
conclusions alarmistes d'un certain nombre de rapports économiques, qui
démontrent que plus d'un tiers des entreprises industrielles marocaines
sont condamnées à disparaître du fait de leur
incapacité à résister à la concurrence des firmes
européennes.
De notre point de vue, la logique de l'accord de
libre-échange ne repose pas principalement sur ce que son
intitulé semble désigner au premier abord - à savoir la
libération des flux commerciaux entre les partenaires des deux rives de
la Méditeranée . Elle repose d'une manière beaucoup plus
fondamentale sur le gain de crédibilité économique et
politique - apporté au Maroc par la signature de l'accord qui aura un
impact positif sur l'attraction des investissement étrangers. C'est ce
dernier aspect qui constitue l'enjeu principal de l'accord. Mais pour que le
vrai enjeu se dégage clairement, il est nécessaire d'apporter
deux compléments à l'analyse. En premier lieu, l'impact positif
sur les flux d'investissement que l'on peut anticiper du gain de
crédibilité induit par l'accord avec l'union européenne ne
doit pas être réduit à l'argument selon lequel
l'entrée de capitaux extérieurs supplémentaires va
permettre de compenser l'aggravation prévisible du solde de la balance
commerciale. C'est l'option qui avait été faite par le Mexique
quand il a signé l'accord de libre-échange nord-américain
avec les Etats-Unis et le Canada ( ALENA). l'expérience n'a pas
été concluante de ce point de vue; elle a conduit à la
crise financière de 1995. La contribution principale de l'investissement
direct étranger ne repose pas sur le flux de capitaux qui l'accompagne.
Elle repose, d'abord, sur les avantages intangibles qu'il véhicule,
comme l'accès au marché international, le transfert de
technologie, la modernisation de la gestion des entreprises... En second lieu,
le programme de « mise à niveau » des entreprises
marocains qui sera en grande partie financé par l'union
européenne, est en toute hypothèse nécessaire pour
réduire l'impact négative de l'ouverture aux importations en
provenance de l'Europe. Il ne pourra être que renforcé par
l'implantation de nouvelles entreprises étrangères sur le
territoire marocain. La réussite de la politique d'attraction des
investissement étrangers constituera une composante importante du
succès de la « mise à niveau ». Mais encore
faudra t-il savoir attirer les « bons » investisseurs.
A cet égard, l'attraction de IDE, dans le cadre de
l'enjeu du libre échange, est tributaire de nombreuse conditions,
notamment:
- Une bonne capacité d'organisation économique
et sociale de l'Etat de nature à préparer un environnement
concurrentiel avec celui que présentent les autres pays qui sont
également à la recherche d'investissements étrangers.
-Suivi d'une stratégie adéquate de rapprochement
de l'entreprise et des centres de recherche de l'université, principal
garant d'une amélioration des capacités technologiques
locales.
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