III- 2 / L'effet papillon
Née historiquement avec les travaux du physicien
américain Edward Lorenz, la notion de l'effet papillon traduit
en substance l'idée que, « le battement d'ailes d'un papillon
à Pékin aujourd'hui, engendre dans l'air suffisamment de remous
pour influer sur l'ordre des choses et provoquer une tempête le mois
suivant à new-york. ». Aussi étrange qu'elle puisse
paraître, cette idée se positionne aux antipodes des principes
déterministes établis par la mécanique newtonienne, et
rigoureusement défendus par le marquis de Laplace. En effet même
si ces derniers étaient pleinement conscients du fait que les mesures
scientifiques ne pouvaient jamais être parfaites, ils croyaient
néanmoins, et cela sous l'égide de l'équivalence
établie par Leibniz entre la cause pleine et l'effet entier, que :
« étant donné une connaissance approximative des
conditions initiales du système et une compréhension des lois de
la Nature, on peut déterminer le comportement approximatif du
systèmes. »71
En fait, c'est sur cette base philosophique que tout
l'édifice de la science classique a été construit. En
effet, comme le souligne si bien Arthur Winfree, « L'idée
maîtresse de la science occidentale, est que vous n'avez pas à
tenir compte de la chute d'une feuille sur une planète dans une autre
galaxie, lorsque vous voulez décrire le mouvement d'une bille sur un
billard terrestre. Vous pouvez négliger les influences imperceptibles.
Il y a convergence dans la façon dont se passent les choses, et des
causes arbitrairement petites ne s'amplifient pas pour engendrer des effets
arbitrairement grands. »72. Cette croyance à
l'approximation, était
70 Karl Popper, L'univers irrésolu,
Hermann, 1984, p 37
71 James Gleick, La théorie du chaos,
Flammarion, 1991, p 31
72 A. Winfree, cité par J. Gleick, in La
théorie du chaos, Flammarion, 1991, pp 31-32
dans une certaine mesure justifiée au regard des lois
de la dynamique classique. Car dans cette branche particulière de la
science, une erreur minime dans la détermination des conditions
initiales, ne peut qu'engendrer une petite erreur dans la prédiction du
futur. Comme l'a si bien noté Arthur Winfree, la science classique
considérait notre système physique comme un ensemble clos,
fermé, n'interagissant nullement avec l'extérieur. C'est sous la
bannière d'une telle croyance, que Newton et Laplace ont
déterminé les systèmes physiques. Selon ces deux chantres
de la science classique, les systèmes physiques sont tous régis
par une évolution dynamique, et donc par une suite d'équations
linéaires.
Cependant, contrairement à ce que croyait Newton, on
sait de nos jours que tous les systèmes dynamiques ne sont pas
identiques. C'est ainsi que nous distinguons deux types de systèmes :
les systèmes stables et les systèmes instables. Parmi les
systèmes instables, on reconnaît désormais une classe
particulièrement intéressante, qui est associée au chaos
déterministe. En fait, même si dans ce type de systèmes,
les lois microscopiques restent déterministes, les trajectoires qui
décrivent ces systèmes prennent quant à elles un aspect
aléatoire. La raison de ce fait est due à ce que les
scientifiques ont appelé « la dépendance sensitive aux
conditions initiales », aussi nommée DSCI. En langage
plus clair, la DSCI signifie que l'évolution des
systèmes sensibles aux conditions initiales, peut être
complètement bouleversée par une modification de comportement
d'un de leurs éléments qui peut sembler tout à fait
insignifiante au départ.
C'est à ce problème de dépendance
sensitive aux conditions initiales, que Lorenz s'était confronté,
lorsqu'il essaya dans les années soixante d'entreprendre son projet sur
les prédictions météorologiques. Même s'il est
possible en météo, de prédire le temps qu'il fera demain
ou après demain, une limite reste tout de même tracée
lorsqu'on veut s'aventurer dans les prédictions à long terme. Ce
fait, facilement constaté de nos jours, était dans le
passé aussi bien ignoré par les scientifiques que par les
météorologues eux-mêmes. En effet jusqu'aux années
60, avant que Lorenz ne découvrit l'imprédictibilité
météorologique, on croyait que le temps de même que le
climat, étaient des faits que l'on pouvait prédire aussi bien
à terme qu'à long terme. Mais, avant de raconter l'histoire qui
fit suite à la découverte par Lorenz de l'effet
papillon, essayons de rappeler brièvement la situation dans
laquelle se trouvait la météorologie à cette
époque.
L'objet de la météorologie est l'étude et
la prévision du déplacement des masses d'air dans
l'atmosphère. Conformément à la tradition classique, on se
servait, en matière de prévision,
des équations différentielles de la
mécanique classique pour résoudre toute équation portant
sur l'étude des mouvements. Il faut rappeler que les équations
différentielles, à côté des différents
comportements qu'elles pouvaient décrire, permettaient aussi de
prévoir le mouvement des objets tels que les planètes, les
comètes, les flux et reflux de marée etc. Ainsi, par ces
équations différentielles, il devenait possible de prévoir
le futur ; car il suffisait pour se faire, de traduire le mouvement en
équations puis de résoudre ces dernières.
Dans de telles circonstances, la météorologie
consistait donc à prévoir au fil du temps le mouvement de
déplacement des masses d'air. Il suffisait selon la logique de la
mécanique classique, de traduire par des équations
différentielles, le mouvement des masses d'air et ensuite de les
résoudre. Ce qui revient à dire que le temps pouvait être
aussi prévisible que le mouvement des planètes ou des
comètes. Jusqu'avant sa fameuse découverte de
l'imprédictibilité météorologique, Lorenz et avec
lui la grande partie de la communauté des météorologues,
marchait encore dans le sillage de cette conception mécanique de
l'évolution du temps.
En fait, c'est dans le domaine de la prévision du temps
que l'effet papillon a été mis en évidence de
manière mathématique. Comme le raconte le journaliste
scientifique James Gleick, tout a commencé pendant un jour d'hiver de
l'année 1961 au Massachusetts Institude of Technology (M.I.T). Dans son
bureau du département de météorologie ce jour là,
Edward Lorenz venait de remettre en marche le programme de simulation
météorologique qui tournait dans son ordinateur. Selon Gleick,
Lorenz était un spécialiste réputé qui
s'intéressait aussi bien aux mathématiques qu'à la
météo. Ce dernier dit-on, avait conçu un logiciel au moyen
duquel il était possible de simuler l'évolution du temps sur de
longues périodes, à partir d'une série d'équations
de base. Ces équations reproduisaient en fait, les relations qui
existent entre les différents éléments déterminant
les conditions atmosphériques à savoir : la température,
l'humidité de l'air, sa pression, la vitesse des vents etc. Pour se
faire, Lorenz faisait entrer les données de départ dans son
ordinateur, puis laissant à ce dernier la charge d'examiner comment ces
paramètres de sa météo numérique, évoluaient
au cours du temps.
En effet se disait-il, puisque la météorologie
est régie par les lois de la nature, et que le monde suit une
trajectoire déterministe ; il suffit d'introduire des données
plus ou moins précises dans un ordinateur, pour que celui-ci donne une
prévision climatique plus ou moins précise. Lorenz constata,
à la suite de ces techniques, que ses équations reproduisaient de
façon satisfaisante les fluctuations du climat qui pouvait être
observé dans la nature.
L'histoire de la découverte de l'effet papillon raconte
que c'est à ce jour d'hiver 1961 que Lorenz, en voulant vérifier
les calculs d'un bulletin météo interrompu
prématurément, apporta son coup de grâce. En effet, ce
dernier voulut reconstituer des résultats, mais cette fois-ci en
mutilant pour chaque nombre les trois dernières décimales. Car se
disait-il, après tout, l'incertitude, en raison du principe de
causalité, ne serait que très minime du fait que de petites
causes ne peuvent créer que de petites conséquences.
Il entra dans son ordinateur, ces chiffres retranchés
afin que la machine poursuive les calculs. Lorsqu'il revint quelques heures
plus tard, quelque chose de très étrange venait de se produire. A
sa grande surprise les deux bulletins étaient si différents, au
point que le premier pouvait représenter une tempête sur le
pôle Nord et le second une sécheresse sous les Tropiques.
Après avoir beau chercher les raisons de cette disparité
fondamentale, Lorenz comprit que cette divergence des résultats, ne
pouvait venir que de la présence de termes non linéaires dans les
équations du modèle. En effet, Lorenz venait de découvrir
que dans des systèmes non linéaires, d'infimes différences
dans les conditions initiales engendraient à la longue des
systèmes totalement différents. Il comprit alors qu'il serait
à jamais impossible de prédire la météo à
long terme. Ce qui remettait ainsi en cause, les belles certitudes de la
physique classique. Car certains phénomènes dynamiques non
linéaires sont si sensibles aux conditions initiales que, même
s'ils sont régis par des lois rigoureuses et parfaitement
déterministes, les prédictions exactes y deviennent
impossibles.
Dans les systèmes climatiques, tous les
éléments sont étroitement dépendants les uns les
autres. Ce qui implique qu'une variation de température peut
entraîner des différences de pression, qui elles mêmes
peuvent modifier la vitesse des vents etc. c'est à cause de ces
relations, qu'une petite modification d'un des éléments peut se
communiquer aux autres et aboutir, à des effets qui s'amplifieront de
manière extraordinaire au bout d'un certain temps. Ce qui veut dire que,
si les éléments ne sont pas étroitement reliés,
l'effet papillon ne pourra pas subsister. A la suite de cette
remarque, Lorenz déduisit que les lois de la météo sont si
sensibles aux conditions initiales, que le simple battement d'ailes d'un
papillon au Brésil peut déclencher une tornade au Texas. Ce qu'il
veut dire par là, c'est qu'une donnée infime, imperceptible,
peut, si elle s'amplifie de poche en poche, aboutir à une situation
météorologique complètement différente de celle qui
aurait prévalu, compte non tenu de cette donnée infime.
Ce que nous apprend le modèle de Lorenz, c'est que
dorénavant aucune incertitude, aussi négligeable puisse-t-elle
paraître, ne doit être négligée ; lorsqu'on veut
prédire un système doté d'une sensibilité aux
conditions initiales, au regard des conséquences que cette incertitude
peut engendrer à long terme. Parallèlement à ce fait, le
modèle de Lorenz nous apprend aussi que la prédiction à
long terme n'a pas de sens, étant donné que de nombreuses
perturbations minimes mais incontrôlées sont toujours
sous-jacentes non seulement en météorologie, mais aussi dans
beaucoup d'autres systèmes physiques. De tels systèmes sont ceux
que les scientifiques appellent les systèmes chaotiques.
Lorsque Lorenz constata l'impuissance de la science de la
météorologie à prédire le temps, il rechercha des
moyens encore plus simples de décrire le mouvement complexe des
systèmes chaotiques. Ce qui l'amena à mettre en place le premier
système chaotique expérimental : la roue hydraulique de
Lorenz qui en fait, est un système susceptible d'être
décrit par trois équations non linéaires. Pour analyser le
comportement de cette roue, Lorenz transposa son système dans un espace
abstrait aux dimensions multiples ; une construction mathématique
appelée l'espace des phases. Ce concept mathématique
traduit nous l'avons déjà dit, la manière suivant laquelle
il est possible de suivre l'évolution de l'état d'un
système physique dans le temps. Pour le faire, le physicien
américain construisit d'abord un modèle avec les lois physiques
et les paramètres nécessaires et suffisants à la
détermination du système. Constitué par des
équations différentielles, ce modèle permettra de
caractériser dans un repère, l'évolution du système
au fur du temps. Les points de ce repère détermineront donc
l'état du système dans l'espace. Cet espace a été
appelé par Poincaré « l'espace des phases ». Lorsque le
temps s'écroule, le point figurant l'état du système
décrit en générale une courbe dans cet espace. On parle
alors de son orbite.
Ce qu'il faut ici comprendre, c'est qu'il n'existe aucune
relation entre notre espace physique tridimensionnel, et un cas d'espace des
phases à trois dimensions. Il s'agit là d'un espace purement
mathématique qui, comporte autant de dimensions qu'il y a de
paramètres dans le système dynamique considéré. La
particularité de cet espace est, comme nous le montre si bien James
Gleick, qu'aussi nombreux que puissent être les acteurs d'un tel
système, un seul point dans cet espace abstrait suffit à
représenter la totalité du système. Après avoir
construit son modèle, Lorenz constata que, « La courbe
présentait en fait une complexité infinie. Elle restait contenue
dans certaines limites, sans déborder de la page ni repasser sur
elle-même. Elle décrivait une forme étrange, très
particulière, une sorte de double spirale en trois dimensions, comme les
ailes d'un papillon. Cette forme signifiait la présence d'un
désordre à
l'état pur : aucun point ou groupe de points ne
réapparaissaient deux fois. Pourtant, elle signalait également la
présence d'un ordre insoupçonné. »73
Cette double spirale à l'allure d'un
lépidoptère adulte sera plus tard appelée l'attracteur
de Lorenz. Ce dernier était stable, de faible dimension et non
périodique. Jamais il ne pouvait se recouper, c'est ce qui, en fait, lui
donnait toute sa beauté. Ses boucles et ses spirales se serraient
à l'infini, sans jamais réellement se joindre, sans jamais
s'intersecter. Toutefois, il faut reconnaître que la notion même
d'attracteur, n'a intégré le domaine de la science que
tardivement. En effet, c'est grâce aux travaux du mathématicien
Suisse David Ruelle et de son homologue Néerlandais Floris Takens, que
cette notion sera connue. Ces deux mathématiciens ont été
les premiers, à constater que de nombreux phénomènes
considérés jusque-là comme uniquement marqués par
le désordre, se comportent en fait comme s'ils étaient
guidés par un ordre sous-jacent invisible. Dans l'espace des phases, la
représentation de ces phénomènes produisait des
attracteurs aux formes complexes, d'où le nom « d'attracteurs
étranges » que ces auteurs leur donnèrent.
Par définition, la théorie du chaos nomme par
attracteur étrange, un phénomène de
régulation se produisant derrière l'anarchie apparente
dictée par le hasard. L'attracteur étrange est en effet
une figure qui, représente l'ensemble des trajectoires d'un
système marqué par un mouvement chaotique. L'attracteur
étrange peut être défini comme étant la carte
des états imprévisibles et chaotiques. L'attracteur
étrange révèle en fait un ordre, une contrainte
cachée, un espace des phases vers lequel convergent des
phénomènes chaotiques.
Pour revenir à notre concept de l'effet
papillon, nous avons vu que, lorsque les effets d'une variation infime,
peuvent s'amplifier jusqu'à produire des changements énormes au
bout d'un certain temps, les prédictions à long terme deviennent
impossible. C'est ce phénomène appelé effet papillon, qui
explique pourquoi les météorologues ne peuvent pas prédire
l'évolution du temps au-delà de quelques jours. Cependant,
découvert dans le cadre de la prévision
météorologique, l'effet papillon présente des
conséquences qui dépassent largement le secteur de la
météorologie. En l'étudiant de plus prés, des
chercheurs ont montré qu'il existe de nombreux domaines dans lesquels
l'effet papillon entre en jeu.
En effet, ces derniers ont montré, qu'il existe dans
l'évolution de certains systèmes des points de bifurcation,
c'est-à-dire des états de crise durant lesquels une infime
modification
73 James Gleick, La théorie du chaos,
Flammarion, 1991, p 50
peut tout faire basculer. Par contre, lorsque le
système ne se trouve pas dans un de ces points, les petites variations
de ses éléments n'ont pas d'effets significatifs : elles sont
amorties ou annulées et n'engendrent pas de changements notables. Des
études faites au cours de ces dernières décennies, ont
montré que même notre système solaire sévissait aux
coups de l'effet papillon
Comme on le sait, Newton et Laplace pensaient que le
système solaire était une mécanique huilée, dont le
futur, le présent et le passé, pouvaient être
déterminés avec une certitude approximative. Cependant, de nos
jours l'astronome Français de l'observatoire de Paris Jacques Laskar a
démontré que notre système solaire tout entier est
chaotique. Ce dernier a montré en effet, que la séparation entre
deux trajectoires d'une planète, avec des conditions initiales
très légèrement, double tous les 3.5 millions
d'années. Ce qui, selon Laskar, voudrait dire que les trajectoires
planétaires ont un passé indéfini et un futur incertain
car les mesures des positions des planètes ne sont jamais parfaitement
précises. Il en arrive à déduire qu'on ne pourra jamais
être absolument sûr, que la Terre restera éternellement sur
son orbite présente. Toujours est-il donc, qu'une incertitude plane
continuellement sur son destin futur.
Un autre astronome Français, cette fois-ci de
l'observatoire de Nice, Michel Hénon a lui aussi consacré une
partie de ses recherches à étudier le mouvement des
étoiles dans le disque de la galaxie. En se servant de la méthode
géométrique du plan vertical de Poincaré,
Hénon a montré que, tant que l'énergie de mouvement des
étoiles ne dépasse pas une certaine valeur critique, les orbites
stellaires resteront stables. Comme Lorenz, Michel Hénon essaya lui
aussi de représenter, les trajectoires de l'amas globulaires qu'il
étudiait, dans un espace des phases. Comme cela a
été avec Lorenz, l'image produite par sa représentation
géométrique décrit elle aussi un attracteur
étrange. Dans le cas du mouvement des étoiles, la
visualisation montre une courbe en forme d'oeuf qui se déforme en une
figure plus compliquée, épousant des figures en formes de huit ou
bien, se morcelant en boucles distinctes. Cependant, lorsque l'énergie
de mouvement des étoiles dépasse la dite valeur critique, alors
les orbites deviennent chaotiques, et les trajectoires décrivent
dés lors des dessins où des zones de stabilité sont
entremêlées avec des zones de chaos. C'est ce qui manifeste la
marque du chaos : changeant tant soit peu l'énergie des étoiles,
leurs orbites deviennent imprévisibles.
Mais comme dans le cas du système de Lorenz, chaos ne
signifie pas désordre total. Car dans l'espace abstrait des phases, les
points ne s'éparpillent pas au hasard : ils sont attirés vers des
courbes à la forme bien définie nommées attracteurs
étranges. Michel Hénon découvrit
que l'attracteur étrange des orbites stellaires a la
forme d'une banane, dont l'agrandissement d'une partie montre un
dédoublement sans fin des lignes. A la base de ses recherches,
Hénon affirma que le mouvement des étoiles est lui aussi
chaotique, car il est impossible de prédire à l'avance, sur
laquelle de ces géodésiques et à quelle localisation, le
point correspondant à l'orbite stellaire suivante tombera.
Au cours de cette dernière décennie, certains
historiens et même des philosophes ont tenté d'appliquer à
nos sociétés humaines cette caractéristique propre aux
systèmes chaotiques. De nombreux écrivains ont jugé notre
fin de siècle comme l'avènement d'un « âge
chaotique ». En effet, le téléphone, la radio et la
télévision ont transformé notre monde en un immense
village planétaire. Car de nos jours, des événements qui
se déroulent à des milliers de kilomètres, nous sont
connus dans les heures qui suivent ; un conflit local dans le golf Persique a
une influence quasi immédiate sur le prix de l'essence à Londres
ou à Paris. Avec l'entrée en scène des réseaux
informatiques, la transmission d'une multitude de données se fait de
manière instantanée d'un point à l'autre du globe. De nos
jours, il est possible d'affirmer que, les sociétés humaines sont
entrées dans l'ère de l'hyper connexion.
Dans ce nouveau millénaire que nous traversons, nous
nous rendons compte qu'une perturbation qui a lieu dans une localité
stratégique de la vie politique ou économique internationale, va
en moins de quelques semaines créer un chamboulement dans presque tous
les autres pays du globe. L'exemple le plus révélateur d'une
telle situation, est celui des attentats survenus les 11 Septembre 2001 aux
Etats-Unis. En effet depuis que cette grande puissance a été
meurtrie par ces attentats, nous avons assisté au cours de ces deux
dernières années à un bouleversement total de l'ordre
géopolitique. Car ces attentats les plus meurtriers de l'histoire de ce
pays, ont conduit les autorités de ce géant militaire à
entreprendre une guerre, contre ce qu'elles ont appelé le terrorisme.
Sans parler des multiples civils innocents, tués lors des deux invasions
américaines en Afghanistan et en Irak, on voit aujourd'hui que ces
fameux attentats ont eu pour conséquence dans ces deux pays,
l'émergence de nouveaux régimes démocratique. Revenant
à l'idée de « l'effet papillon », qu'une cause plus ou
moins minime a conduit à l'écart de quelques années,
à l'apparition d'une crise totale l'ordre géopolitique.
Ce qui montre que nous sommes en crise, crise non seulement de
l'économie, mais aussi des valeurs, des croyances et des normes de la
vie sociale. L'aspect positif de cette crise, c'est qu'elle ouvre la voie
à un renouveau possible, à l'émergence d'un monde
différent. Sera-t-il
pire ou meilleur ? Seul l'avenir nous le dira. Puisque notre
système a atteint un point de bifurcation, tout se jouera sur des
éléments qui sembleront insignifiants au départ.
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