1.2.3 Fondements empiriques de l'étude
Les travaux relatifs à l'impact du CA sur le risque de
crédit ont été réalisés empiriquement par
plusieurs chercheurs avec des résultats parfois tantôt
convergents, tantôt divergents.
Lipton et Lorsch (1992) trouvent que la taille
appropriée ne doit pas dépasser huit (8) à neuf (9)
administrateurs pour permettre l'efficacité et réduire la
discrétion managériale. Jensen aussi abonde dans le même
sens que Lipton en suggérant un CA de taille réduite. Par contre
Booth (2002) et surtout Adams et Mehran (2003 et 2005), après avoir
étudié 35 banques et holdings bancaires aux Etats-Unis de 1986
à 1999, constatent que les CA des banques ont une taille en moyenne de
seize (16) membres. Ils trouvent que ces banques n'ont pas une faible
performance par rapport aux autres lorsque cette dernière est
mesurée par le Q de Tobin.
Toujours dans le cadre de l'impact de la composition du CA sur
la performance ou la prise de risque des travaux ont été
effectués sur la dualité, la présence d'administrateurs
étrangers, l'impact de la présence de l'Etat et des
établissements publics puis de la présence des institutions.
En se basant sur un échantillon composé des
banques américaines, durant la période 1987-1990, Pi et Timme
(1993) constatent que le rendement des actifs est plus élevé dans
les entreprises qui ont séparé les fonctions du président
de CA et du directeur générale par rapport à celles qui
associent les deux. Dans une étude réalisée en Grande
Bretagne, McKnight et Mira (2003) montrent une relation négative entre
le cumul des fonctions du président de CA et de directeur
général et la performance de la firme mesurée par Q de
Tobin. Pendant que certains trouvaient une relation négative entre la
dualité et la performance, d'autres trouvaient une relation neutre.
Chaganti, Mahajan et Sharma (1985) ont été parmi les premiers
chercheurs à montrer empiriquement l'absence de relation entre la
dualité et la performance de l'entreprise. Par contre Berg et Smith
(1978), dans une étude réalisée aux Etats-Unis, ont
montré une association positive et significative entre dualité et
uniquement l'un des trois indicateurs de performance utilisé: la
rentabilité des capitaux propres. En Tunisie, Mamoghli et Dhouibi (2009)
ont empiriquement montré que le risque d'insolvabilité des
banques augmente lorsqu'il y a cumul des deux rôles.
Les travaux de Oxelheim et de Randoy (2003) montrent un impact
positif de la présence des administrateurs étranger dans la
gouvernance des firmes. Ils ont travaillé sur un échantillon de
200 firmes dont les sièges sont en Suède et en Norvège en
utilisant le Q de Tobin de 1996 à 1998. Selon leurs résultats, le
marché financier accueille favorablement l'intégration d'un
étranger au sein du CA et voit cela comme un signe de transparence et de
volonté d'améliorer la gouvernance. De plus les banques faisant
partir d'un holding bancaire présentent en leur sein des administrateurs
étrangers et bénéficient d'économie
d'échelle en étant sur plusieurs marchés financiers
géographiquement séparés et profitant d'un meilleur
accès aux capitaux. Dans les pays en voie de développement, la
vague des privatisations orchestrée sous l'égide de FMI et de la
Banque Mondiale ont vu les rachats de plusieurs banques par des holdings
étrangers d'où la présence fréquente d'actionnaires
étrangers au sein CA de ces banques.
L'impact de l'Etat et des établissements publics peut
être vu sous deux angles; celui des banques étatiques et celui des
banques privées avec la présence d'institutions étatiques.
Dans le premier cas les banques concernées connaissent une faible
efficience dans la gestion de leurs portefeuilles de crédits bancaires.
La Porta, Lopez-de-Silanes et Shleifer (2002) ont révélé
que dans tous les pays, surtout ceux en voie de développement,
l'actionnariat de l'Etat dans les banques commerciales constitue un fait commun
et une cause claire de leurs manques d'efficacité. Dans le second cas
les études effectuées sur la gouvernance des banques dans les
pays émergents par des chercheurs tels que Khalid et Hanif (2005) au
Pakistan, Koh et Soon (2004) en Malaisie, Lin et Chen (2004) au Taiwan tendent
à émettre l'hypothèse selon laquelle la présence
des représentants étatiques dans les CA des banques a un effet
négative sur leurs performances. Ce cas est presque identique dans les
pays Africains et en particulier au Togo pour ce qui concerne le premier cas.
Les effets semblent plus limités pour les banques privées.
Les investisseurs institutionnels ont la pression de leurs
propres actionnaires ou sociétaires qui sont exigeants quant à
leur profit. Ils doivent donc réaliser des placements pour le compte
d'autres. Vu leur mission, ils se sont donnés les moyens de leur
politique ce qui fait qu'ils ont de l'expertise en la matière (Jensen,
1993). Ils ont également une grande capacité de recherches et de
gestion d'informations financières et sont les mieux placés pour
influencer positivement la stratégie des dirigeants en les supervisant
directement ; [W.T. Carleton et al., 1998] et [Agrawal et
Knoeber, 1996] nomment cette situation «l'hypothèse
d'investissement actifs». Néanmoins, Paquerot (1997) remarque que
les montants élevés investis par les investisseurs
institutionnels accroissent leur dépendance à l'égard des
dirigeants qui au finish sont chargé de mettre en exécution la
stratégie des entreprises. De ce fait l'inquiétude de perte des
rentes et des quasi-rentes peut les contraindre à soutenir les
dirigeants. Mais dans la plupart des cas la présence des institutions a
un effet positif sur le contrôle de risques des institutions
bancaires.
Les conditions de la réglementation concernant le fonds
propre imposé au secteur bancaire, permet d'accroître leur
capacité d'absorption des pertes. Un niveau élevé du fonds
propre permet donc de réduire le risque de défaillance provenant
des crédits. Les études de Berger (1995), Kim et Santomero (1998)
montrent que l'hétérogénéité des
préférences en matière de risques au sein de l'industrie
bancaire implique une relation négative entre risque des actifs et le
taux de fonds propre. La littérature bancaire montre qu'une banque
sous-capitalisée détient moins de fonds propre par rapport
à ses actifs ce qui représente un coussin de
sécurité plus fragile. En revanche Goyeau et al, (1999) ont
montré que la capitalisation exerce une influence positive significative
sur les risques des banques de la Pologne, de la République
Tchèque, de la Hongrie et de l'Estonie. Ces auteurs conclurent qu'une
capitalisation plus élevée au regard de la quantité de
crédit octroyés est compensée pour ces pays par une
tarification plus élevée des prêts ceci pour supporter les
charges.
Quant à l'impact de la taille de la banque sur le
risque, il existe deux tendances ; une vers l'effet négatif de la
taille de la banque sur le risque et une vers l'effet positif. Plusieurs
auteurs ont trouvé une relation négative entre le risque et la
taille de la banque (Ceboyan et al, 1999 ; Chen et al, 1998 ;
Saunders et al, 1990). L'effet de la diversification par taille et
d'économie d'échelle semble mettre les banques à l'abri
des risques. En effet les banques de grande taille ont une meilleure
qualité de diversification de risque supérieure à celle
des petites banques. L'effet positif de la taille de la banque sur le risque
est dû à l'environnement institutionnel des banques vu leur
position dans l'économie et dans le domaine financier et bancaire ce qui
leur donne l'assurance d'être sauvées de la faillite par l'Etat
(To big to fail). Plusieurs auteurs ont testé empiriquement les
deux théories. Boyd et Runkle (1993) conclurent que si les grandes
banques sont effectivement plus diversifiées, leur probabilité de
faillite n'est pas inférieure à celle des banques moins
grandes.
Par ailleurs, l'âge de la banque est
un autre facteur qui pourrait influencer considérablement aussi bien le
niveau des risques de l'établissement de crédit que sa
performance. Les banques qui ont une longue histoire devant elles
présentent une meilleure performance du fait de leur
longévité et des économies d'échelle.
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