Chapitre II : APPROCHE METHODOLOGIQUE
Dans ce chapitre nous développons notre démarche
méthodologique en vue de la validation des résultats. Nous
retenons deux catégories des variables. D?une part les variables
mesurant le développement financier et celles mesurant la croissance la
croissance économique, d?autre part.
En effet, nous utilisons une méthodologie proche de
celle utilisée par Raffinot, Joseph et Venet (1998). Dans leur
étude, ces auteurs ont cherché à établir une
relation entre l?approfondissement financier et croissance sur un
échantillon constitué par les pays de l?U.E.M.O.A. Il s?agit d?un
échantillon relativement homogène, tant par le niveau de revenu
que par les dispositions institutionnelles qui règlent la politique
monétaire et la politique de change. L?avantage méthodologique de
cette étude est celui de démontrer que les deux
phénomènes sont intimement liés et que la direction de
causalité peut jouer dans le deux sens.
Ce chapitre comporte deux sections : la première est
consacrée à la présentation des variables et la seconde se
focalisera à l?exploitation de la démarche de mise en oeuvre du
test de causalité.
II .1. PRESENTATION DES VARIABLES
Dans cette section, nous présentons les variables du
modèle d?analyse. Les variables utilisées sont d?une part, celles
du développement financier, et d?autre part celle de la croissance
économique (le PIB réel par habitant):
II.1.1. Les mesures du développement financier
Il s?agit du :
- Le taux de liquidité ou ratio M2/PIB :
traduit le niveau de développement de la sphère financière
dans la mesure où un faible degré de monétisation de
l?économie serait la résultante d?un niveau de
sophistication élevée du système financier
qui permet aux individus de détenir moins de monnaie.
- Ratio de monnaie (M2/M1), variable destinée
à rendre compte des progrès de l?intermédiation
financière dans la mesure où c?est au travers de la croissance
des dépôts à terme et de l?épargne que les
intermédiaires financiers sont supposés pouvoir pleinement jouer
leur rôle de promoteur de l?accumulation de l?épargne domestique
et d?orientation des ressources vers l?allocation optimale des ressources
(Joseph, Raffinot et Venet, 1998).
- Ratio des crédits accordés à
l'économie sur le PIB : cette variable renseigne sur le
degré de canalisation des fonds au secteur privé et public dans
le but de financer les investissements productifs.
II.1.1.1 le taux de liquidité
Le taux de liquidité ou ratio M2/PIB est
constitué des disponibilités monétaires (circulation
fiduciaire et dépôts à vue en monnaie nationale) et la
quasimonnaie (dépôts à terme en monnaie nationale,
dépôts en devises et les provisions pour paiement des
importations).
En effet, M2 est un agrégat intermédiaire
correspondant à une définition plus large de la masse
monétaire constitué de la monnaie au sens étroit (M1)
ainsi que des engagements. Nous distinguons d?une part, des engagements
représentatifs de dépôts pouvant être rapidement
transformés sans coût en moyens de paiement et d?autre part, des
engagements à court terme (à moins de deux ans) dont la
transformation en moyens de paiement est stipulé à
l?échéance du contrat (Dépôt à terme). Ces
engagements sont proches d?une utilisation de la monnaie comme «
réserve de valeur ». Cette variable rend compte du niveau
d?intermédiation financière en conséquence des ressources
injectées dans l?économie.
Les Pays de Grands Lacs étant notre champ
d?investigation, les différents graphiques ci-dessous font ressortir les
phases essentielles de l?évolution du taux de liquidité par
rapport au PIB.
Graphique 1 : Evolution du taux de liquidité en RDC
![](Approfondissement-financier-et-croissance-economique-dans-les-pays-de-la-C-E-P-G-L1.png)
Source : Banque Mondiale, CD-ROM, 2004
Ce graphique permet de mettre en évidence trois
principales phases dans l?évolution du taux de liquidité. La
première phase va de 1970 à 1983, la seconde de 1984 à
1993 et la troisième de 1994 à 2002.
Au cours de la première phase (1970-1983), le taux de
liquidité atteint une moyenne de 10%. Dans cette phase, il y a eu une
monétisation excessive des déficits budgétaires par le
gouvernement qui a donné lieu à un ratio M2/PIB de 39% en
1983.
Au cours de la seconde phase (1984-1993), le ratio M2/PIB
connaît une certaine stabilité ainsi qu?une baisse relative ayant
fait chuté le taux de liquidité de 6%. Disons également
qu?à cette époque, les programmes d?ajustements structurels ont
été appliqués en RDC dans le but d?assainir les
déficits publics et stabiliser l?économie.
La troisième phase qui va de 1994 à 2002
enregistre une stabilité du taux de liquidité car
l?économie était devenue dollarisée13 et plus
de 85% des dépôts bancaires étaient libellés en
monnaies étrangères.
13 La raison principale de cette dollarisation tient
également à la faible crédibilité de la monnaie
nationale, alors que le pays a connu des taux d?inflation annuels de plus de
500% en 1999 et 2000.
Graphique 2 : Evolution du taux de liquidité au Rwanda
![](Approfondissement-financier-et-croissance-economique-dans-les-pays-de-la-C-E-P-G-L2.png)
Source : Banque Mondiale, CD-ROM, 2004
Ce graphique retrace trois phases importantes dans
l?évolution du ratio M2/PIB ou taux de liquidité. La
première phase va de 1970 à 1974, la deuxième de 1975
à 1982 et troisième de 1983 à 2002.
Dans la première phase, le taux de liquidité est
haussière et oscille autour de 14% et atteint plus de 18% en 1974. Cette
période coïnciderait avec la stabilité économique et
l?absence des déficits budgétaires.
La seconde phase (1975-1982), on enregistre une tendance à
la baisse du
LIQ UD T ENDANCE
ratio M2/PIB, soit 11% en 1975 mais en 1979 il atteint plus de
14%.
Au cours de la dernière phase (1983-2002), il y a eu
une forte augmentation du taux de liquidité et c?est
précisément en 1994 où il atteint 20%. Cet accroissement
serait vraisemblablement le fait de l?instabilité politique qui a
caractérisé le pays ayant produit des effets néfastes qui
contribueraient à la détérioration du cadre
macroéconomique.
Graphique 3 : Evolution du taux de liquidité au
Burundi
![](Approfondissement-financier-et-croissance-economique-dans-les-pays-de-la-C-E-P-G-L3.png)
Source : Banque Mondiale, CD-ROM, 2004
Le graphique ci-dessus permet de distinguer trois phases dans
l?évolution du ratio M2/PIB. La première va de 1970 à
1980, la seconde de 1981 à 1986 et la troisième phase de 1987
à 2002.
Au cours de la première phase, le taux de liquidité
oscille entre 10% et 14% ; et en 1974 on constate une tendance haussière
d?environ plus de 16%.
Dans la seconde phase, le taux de liquidité atteint des
niveaux de plus en plus
70 75 80 85 0 95 00 Années
élevés par rapport à la phase
précédente car c?est en 1984, l?année au cours de
LIQ UI T ENDANCE
laquelle ce taux connaît une hausse considérable et
enregistre plus de 15%.
C?est au cours de la 3ème phase que le taux
de liquidité enregistre un taux de progression très
élevé ; celui-ci s?affaiblit cependant à partir de 1996 si
bien que le taux de liquidité tend à se stabiliser autour de 22%,
son niveau de l?an 2000.
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