Chapitre III : L'impact de la politique commerciale sur
la croissance Economique.
Il s'agit de voir dans ce chapitre, le rôle des
échanges extérieurs dans li croissance. Les économistes se
demandent si la croissance ne pouvait être
« entraînée » ou tout au moins entretenue
par le développement des
exportations. Les études historiques permettent de penser
que le commerce
extérieur a joué un rôle important dans le
décollage et le développement des
pays industrialisés surtout dans le cas de la Grande
Bretagne. Les études
théoriques sur la question restent très
fragmentaires et leur portée limitée car
elles s'appuient sur des modèles de croissance qui
n'échappent pas à la critique, les modèles
d'Harrod-Domari.
Section 1 : Analyse de la problématique de la
libéralisation des échanges commerciaux.
échanges commerciaux est souvent utilisée comme
preuve de l'engagement des
gouvernements des pays en voie de développement (PVD) en
faveur des
réformes économiques et de la réduction de
la pauvreté. En effet, les barrières
commerciales sont généralement
considérées comme un obstacle à l'intégration aux
marchés internationaux. On suppose que la libéralisation des
échanges
On suppose également que la libéralisation du
commerce est forcément profitable aux pays en développement.
D'autres ont cherché des corrélations entre l'ouverture
commerciale d'une part, et d'autre part, la croissance et la réduction
de la pauvreté à travers des analyses
économétriques.
L'ouverture commerciale, la libéralisation des
échanges au sens large et
finalement la participation à la vague de mondialisation
constituerait pour
beaucoup, un vecteur de développement rapide. Le
modèle de développement
tourné vers l'extérieur, s'il a, semble t il
plutôt bien réussi aux anciens pays en
développement d'Asie du Sud- Est (aujourd'hui
qualifiés de nouveaux pays
industrialisés) n'est cependant pas une
panacée. Au regard des performances de l'Afrique de l'Ouest, on
ne peut s'empêcher de se poser certaines questions : est-ce que
l'ouverture commerciale est-elle bénéfique pour tout le monde ?
Est-elle mal maîtrisée dans certaines zones ?
Selon la théorie économique, l'ouverture
commerciale favorise globalement la croissance. En effet, les importations
peuvent agir comme des externalités
positives car elles contiennent un savoir faire, une technologie
non forcément
maîtrisée par les PED. On peut dans ce cas parler de
transfert de technologie du
Nord vers le Sud. Cela s'est particulièrement
avéré dans le cas d'importations de biens intermédiaires
ou de capital physique via l'investissement direct
entrant. la nature des échanges
est sans doute plus importante que leur intensité dans l'explication de
la croissance.
Pour autant, la plupart des économistes rappellent
également que ce lien
positif entre
ouverture et croissance n'est pas automatique. Grossman et
Helpman (1991) soulignent d'ailleurs que l'effet du commerce international sur
la croissance peut être parfois ambigus et même néfaste,
notamment dans le cadre d'échanges Nord-Sud.
Le problème vient alors de l'incapacité des
études empiriques à établir une relation claire entre
ouverture et croissance. Il a autant de débats et de controverses parce
que la relation entre croissance économique et commerce extérieur
n'est pas bien établie, tant sur le plan des faits que sur le plan
théorique. Le débat entre croissance
économique et libéralisme est loin d'être
récent. Cependant il a pris un tour nouveau, car les
économies sont devenues
plus ouvertes et plus intégrées que jamais. Cest
à l'intérieur de ces nouveaux
paramètres que sont aujourd'hui définies les
politiques économiques nationales.
Les pays de l'Afrique de l'Ouest, comme bien d'autres
pays, ont fait du libre-échange et de la promotion des exportations deux
pièces maîtresses de leur politique économique
internationale. Cependant, la question que l'on se pose est da savoir les liens
entre le commerce et la
croissance. ? Pourquoi les pays
échangent-ils entre eux ? Pourquoi ne se contentent-ils pas des
échanges à l'intérieur des frontières ?
D'où vient la corrélation positive et
significative entre commerce et croissance ? Quel est le sens causal de la
relation ?
Il est impossible de déterminer si l'ouverture provoque la
croissance ou si les pays s'ouvrent au fur et à mesure de leur
croissance.
Les inégalités initiales ont une interaction
avec le schéma de croissance économique pour déterminer le
taux auquel l'augmentation des revenus moyens peut se traduire en
réduction de la pauvreté. Lorsque la croissance se trouve
concentrée sur les domaines où les pauvres sont fortement
représentés, comme les secteurs de produits manufacturés
ou l'agriculture faisant appel à une main d'oeuvre abondante, elle
réduit vraisemblablement la pauvreté plus rapidement que dans
d'autres domaines comme les industries à fort coefficient de capital. En
effet, selon la théorie dominante, l'ouverture au commerce a pour effet
l'accroissement des revenus moyens, le commerce est tout aussi bon pour la
croissance que pour les pauvres. Si les pauvres ne touchent qu'une petite
partie de revenu national, ils ne capteront qu'une faible part de
l'augmentation.
Il existe une double interaction entre la répartition
et la croissance économique. La recherche indique que les fortes
inégalités ralentissent le taux de réduction de la
pauvreté et amoindrissent également le taux de croissance
économique. Il y a plusieurs raisons à cela. Les
inégalités extr~mes sont l'une des causes majeures de la
pauvreté, car elles limitent les investissements, ralentissent le
développement des marchés et empêchent les innovations.
Cela infère que la redistribution pourrait avoir un
bénéfice double pour la réduction de la pauvreté,
en accroissant la part de la croissance affectée aux pauvres tout en
augmentant la production/développement.
Etant donné l'importance vitale de la répartition
des revenus, l'une des premières questions que l'on doit se poser
avant d'élaborer une politique de réforme commerciale serait
la manière dont elle affectera les pauvres : soit plus
précisément, quelle politique peut
accroître non seulement la croissance globale, mais également la
part de la croissance captée par les populations qui vivent au dessous
du seuil de pauvreté ? Si sur le plan théorique,
l'hypothèse commune prônant la libéralisation pour stimuler
la croissance et donc réduire la pauvreté, peut itre remise en
cause, l'impact probable des APE sur les pays ACP, est aussi source
d'inquiétude de la part de ces derniers.
Pour les pays africains, la libéralisation du commerce
extérieur s'inscrit dans le cadre des exigences de certaines
organisations internationales auxquelles ils appartiennent. Pourtant, les gains
en termes de croissance de l'appartenance à de telles organisations ne
semblent pas rigoureusement établis. En effet, aucune étude
empirique n'a permis jusqu'à présent de montrer que les pays qui
adhèrent à des accords régionaux ou multilatéraux
bénéficiaient systématiquement d'un surcroît de
croissance.
Ainsi, pour les institutions de financement ou de
coopération ainsi que pour l'Union européenne, les
économies du Sud se marginalisent de plus en plus et dans ces
conditions, seule l'économie de marché et une
libéralisation du commerce extérieur plus poussée leur
permettra de gagner une place plus importante dans l'économie
mondiale.
C'est pourquoi, durant ces vingt dernières
années, le rythme de la libéralisation du commerce
extérieur dans les pays en développements, a été
extraordinaire. Depuis le milieu des années 80, la libéralisation
accélérée et généralisée des
échanges commerciaux n'a pas été réalisée
dans le cadre des négociations multilatérales de l'OMC, mais sous
la supervision et l'encadrement de la Banque mondiale et du Fonds
Monétaire International dans le cadre des programmes unilatéraux
d'ajustement structurels, En effet, ce fut une libéralisation
unilatérale et forcée allant même au-delà de ce que
prévoient les dépositions des Accords de l'OMC.
Dès le milieu des années cinquante, les pays
africains se sont engagés dans différents dispositifs du
système commercial multilatéral (BENSIDOU I.,
CHEVALLIER A. et GAULIER G., 2001) qui leur assure un traitement
différencié à travers :
> l'accès préférentiel aux marchés
des pays développés, dans le cadre du système
généralisé de préférences,
> le principe de non réciprocité, autrement
dit le droit pour les pays en développement de bénéficier
des accords multilatéraux (notamment sur l'abaissement des tarifs
douaniers, selon le principe de la nation la plus favorisée) sans
être tenus à offrir des concessions en échange ;
> la flexibilité dans l'application des engagements
pris afin de pouvoir protéger les industries naissantes ou éviter
les déséquilibres de balance des paiements. Mais, à partir
du milieu des années 80, l'accent est mis sur un abandon des accords
internationaux de produits, au profit de tendances libérales. Il va sans
dire que cette libéralisation immédiate qui est
prônée pose un certain nombre de problèmes pour les pays en
développement.
En effet :
'V l'ouverture des pays aujourd'hui développés
ou émergents a été progressive. Plusieurs pays
émergents, notamment en Asie, qui ont connu les trajectoires de
convergence les plus remarquables, n'ont ouvert leurs marchés
intérieurs qu'après que leurs exportations de produits
manufacturés aient fortement progressé et que leurs institutions
aient été renforcées ;
v' la mise en oeuvre des normes et des règlements qui
découlent des accords de l'OMC requiert souvent des capacités
économiques et institutionnelles dont les PVD ne disposent pas ;
v' enfin, dans la définition des règles communes,
les intérêts économiques du Nord peuvent entrer en conflit
avec ceux du Sud.
v' bien plus, Au regard du nouveau cadre défini par les
Accords de Cotonou qui poussent les pays ACP à davantage de
libéralisation, on peut se demander si le niveau actuel de protection
est si élevé, en Afrique de
l'Ouest, au point de considérer la
libéralisation comme un élément incontournable dans la
recherche de bonnes performances économiques.
Pourquoi les pays de l'Afrique de l'Ouest ont de si
mauvaises performances économiques malgré leur ouverture au
commerce ? La réponse est à trouver
L'ouverture commerciale ne peut être
considérée comme un moteur de la croissance pour les pays de
l'Afrique l'Ouest, comme d'ailleurs pour les autres PED. Il est
nécessaire de prendre en considération les déterminants
internes de la croissance qui justifient sans doute, les difficultés de
développement de zones comme l'Afrique ou l'Europe de l'est. Pour ces
zones, l'ouverture ne peut compenser les défaillances des fondements
internes de la croissance. L'ouverture ne peut pas pallier l'absence de
conditions internes favorables à la croissance. Si ces conditions
n'existent pas, l'ouverture peut figer des situations de
sous-développement et se révéler inefficace, voire contre
productive dans certains cas (Cardebat J.-M, 2000).
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