Section 2 : Analyse des politiques sectorielles
Le domaine de pertinence de la politique commerciale reste
l'économie toute entière qui est un tout indivisible. Une analyse
complète d'une telle politique nécessite, compte tenu de
l'interdépendance des phénomènes économiques, une
meilleure compréhension des politiques menées au niveau des
secteurs qui ont un potentiel d'offres exploitables ou un effet induit sur
le commerce.
Les efforts actuels du gouvernement du Mali s'inscrivent dans
la
dynamique du modèle de développement
prônée par notre pays depuis bientôt quelques années.
Il s'agit de poursuivre le désengagement de l'Etat dans certains
secteurs clés au profit du secteur privé conformément aux
objectifs fixés dans le Cadre Stratégique de Lutte contre la
Pauvreté. Cette situation confère à ce secteur, une
responsabilité nouvelle et un rôle prépondérant dans
l'activité économique nationale. Ainsi, l'Etat,
conformément à cet esprit, se désengage
progressivement de certains maillons en faveur du secteur
privé. Pour cette raison, plusieurs sociétés et
entreprises d'Etat ont été privatisées où sont en
cours de l'~tre.
La résultante de toutes ces actions visent à
soutenir des mesures de libéralisation commerciales destinées
à stimuler la production dans les différents secteurs et
d'accroître la confiance des milieux internationaux dans
l'économie.
1. Secteur rural:
Le secteur rural, avec une part prépondérante
d'environ 45% dans le produit intérieur brut occupe une place importante
dans l'économie. La politique de développement et de
libéralisation est définie par le schéma directeur du
développement rural.
Les objectifs assignés au secteur du
développement rural à l'horizon 2010 s'inscrivent dans les
objectifs généraux de développement et de lutte contre la
pauvreté au Mali qui sont :
> augmenter la contribution du secteur à la
croissance économique du pays dans l'accroissement durable du volume de
la production agricole et alimentaire;
> renforcer la sécurité et l'autosuffisance
alimentaire en créant un environnement économico social et
institutionnel du secteur rural favorable à la production durable de
bien et services par des acteurs motivés et organisés;
> améliorer les revenus et les conditions de vie des
populations rurales par la promotion des filières agroalimentaires et
des services financiers d'intermédiation appropriés et par
l'accès aux services sociaux et agricoles de base;
> protéger l'environnement et assurer une meilleur
gestion de ressources naturelles par le développement d'un corps de loi,
règlement et d'institution impliquant la participation de tout les
acteurs et le renforcement des capacités des acteurs.
1.1 Agriculture :
L'agriculture constitue l'épine dorsale de notre
économie. Elle reste fortement tributaire des aléas
climatiques.
Concernant le coton il constitue la principale production
agricole de rente au Mali et occupe directement près de 3 millions de
personnes. Le secteur cotonnier apparaît donc le premier pourvoyeur
d'emploi. Le coton représente environ 14% du PIB au Mali et fournie
98.8% des recettes d'exportation agricole.
A coté des emplois liés à sa culture, le
coton, de part ces effets induits, génèrent de nombreux autres
emplois dans nos usines d'égrainage, de textiles, les huileries et
fabrique d'aliment bétail, le transport et l'artisanat.
Le développement de la culture du coton a
contribué à l'aménagement des infrastructures dans les
zones rurales par la construction des pistes rurales, des ponts, des points
d'eau potable, des écoles, des centres de santé et autres
infrastructures communautaires. La culture du coton contribue également
à l'autosuffisance alimentaire par la promotion des cultures
vivrières qu'elle assure.
Toutes ces actions ont contribue à améliorer les
conditions de vie des populations vivant dans ces régions et favoriser
leur intégration dans le processus de développement
économique et social. La production d'huile de coton et de savon limite
les importations de ces produits avec une incidence positive sur la balance de
paiement.
Le tourteau de coton joue un rôle important dans
l'alimentation du cheptel.
Ces différents éléments montrent à
suffisance la dépendance de l'économie malienne du coton et
témoigne du coût l'intérêt affiché par le
Gouvernement du Mali à la recherche de solution aux distorsions dont est
sujet ce produit dans le commerce international.
L'importance qu'occupe ce produit dans les exportations d'une
part et dans l'économie nationale d'autre part oblige les
responsables à la réorganisation de
cette activité.
1.2- Elevage et Pêche :
L'élevage occupe une place importante dans notre
économie. Le bétail est le troisième produit d'exportation
après l'or et le coton.70% de la surface du territoire se prétend
à l'élevage. Cette activité fait vivre 30% de la
population. Le cheptel est compose de bovins, d'ovins, caprins, camelin,
d'équins, de porcins et volaille.
Le Mali exporte des animaux sur pied vers les pays voisins au
lieu de la viande. Le manque d'infrastructure de transformation, de transport
explique cette situation qui empêche au pays de tirer meilleur profit de
son cheptel.
Sur les marchés de la sous région la viande
sahélienne se trouve confronter à la concurrence de la viande
subventionnée européenne et sud américaine qui affecte
considérablement sa compétitivité.
Depuis l'indépendance jusqu'aux années 1970, la
pêche occupait une place de choix dans les exportations du Mali. Elle a
connu un recul suite aux années de sécheresse à
répétition. Aujourd'hui avec une faible production annuelle
estimée à 100000 tonnes, elle suscite un regain
d'intérêt des autorités avec l'organisation de la
journée de la pêche présidée par le chef de
l'état en personne.
2. Secteur industriel :
Le secteur industriel est l'un des maillons faibles de notre
économie.
Les activités manufacturières ne fournissent
qu'un faible apport à l'activité économique du Mali.
Celles ci sont, pour l'essentiel, dans les secteurs liés à la
transformation de matières premières, notamment l'engrenage du
coton graine et le décorticage du riz.
L'agro-alimentaire est le deuxième pole de
l'activité industrielle (sucre, farines, biscuits, pâtes
alimentaires, bonbons, produits laitiers, bières et boissons), suivi par
l'industrie du tabac. Le Mali a également en place des entreprises
manufacturières de produit de grande consommation (éditions,
emballages en carton, savons, produits de beauté à base de beurre
de karité, chaussures, piles,
tabac, cigarettes), de constructions en métal et de
médicaments.
Conforment à la déclaration de politique
générale du premier ministre 2002, la politique
d'industrialisation que l'état envisage de mettre en place sera
axée sur l'augmentation rapide de la contribution de ce secteur à
la croissance économique.
L'état projette la diversification des tissus
industriels en donnant la priorité au bien durable. Toutefois, cela
nécessite au préalable la mise en place d'un programme de
formation professionnelle et le renforcement des infrastructures de base y
compris l'aménagement des zones industrielles.
Les objectifs spécifiques de la politique industrielle du
gouvernement visent : ? Le développement du sous secteur textile ;
? La concrétisation du projet industriel de production
de sucre afin de créer un nouveau pool de développement
industriel dans le pays et de couvrir au moins les besoins nationaux ;
? La relance de la production de ciment, de chaux et de marbres
sur le site de Diamou.
3. Secteur mine et énergie :
3.1- Mine
Le Mali est troisième producteur d'or après
l'Afrique du sud et le Ghana, il a réalisé au cours des 5
dernières années de performance remarquable. Cette forte
croissance de l'activité minière n'a pas eu d'effet
d'entraînement important sur le reste de l'économie.
Le plan d'action de l'état prévoit des mesures
visant à consolider l'apport de ce métal qui représente
depuis 1999 le premier produit d'exportation.
L'état envisage de développer et de diversifier
les ressources minières en améliorant l'environnement
réglementaire du secteur. Il prévoit d'entreprendre des travaux
de recherche pétrolière, de mettre en place un mécanisme
régulier de suivi, de contrôle et d'évaluation des
activités et projets miniers et pétroliers, d'encadrer et
d'organiser l'artisanat minier et de renforcer la capacité des
acteurs.
L'état se fixe en plus comme tache d'identifier les
causes des phénomènes géologiques existant en certains
endroits du pays, d'assainir le marché des hydrocarbures.
En plus de l'or et du pétrole,l'état s'engage
à entreprendre des recherches sur les
métaux de base(le cuivre,le plomb,le zinc,le nickel),les
minéraux industriels ( la chaux,les argiles,les phosphates et le
gypse),les matériaux de construction(les argiles,les marbres) et les
pierres précieuses. Il sera procédé aussi à
l'adoption d'un code pétrolier.
3.2- Energie :
La consommation énergétique du Mali est encore
très faible et reste basée pour
modernes (hydrocarbures et électricité) ne
représentent que 10% de la consommation énergétique
globale.
3.2.1- Electricité :
Le gouvernement a entamé un programme d'extension du
réseau de distribution
interconnecte jusqu'à Sikasso en passant par le bassin
rizicole de l'office du
Niger. Cette extension permettra l'interconnexion avec la
côte d'ivoire, ce qui
s'inscrit dans le cadre du programme d'échange
énergétique de la CEDEAO. L'objectif vise à travers
cette politique d'extension des capacités est de porter le
taux de desserte de la population en électricité de
8 à 20% en 2007 et d'oeuvrer
Pour les populations situées en dehors du tracé
électrique, les énergies dites
nouvelles et renouvelables seront développées pour
leur besoin. La stratégie sera
basée sur la promotion et la diffusion des technologies
solaires, éoliennes et de
biomasse. Le gouvernement a institué une agence
spécialisée pour le développement de l'énergie
domestique et de l'électrification rurale.
3.2.2- Eau :
Concernant le secteur eau, la politique gouvernementale en la
matière en chantier depuis 2000 à pour objectif de permettre
au plus grand nombre de
maliens d'avoir accès à l'eau potable et de
vivre dans un environnement assaini. Il est matérialisé, par la
mise de l'eau à la disposition de tous les centres de plus de 2000
habitants par la réalisation d'adduction d'eau.
La politique dans le secteur de l'eau portera également
sur le suivi et la protection environnementale des ressources en eau du
pays.
3.2.3- Pétrole :
Dans le sous secteur des hydrocarbures, le défi
réside dans le développement des capacités de stockage et
la diversification des sources d'approvisionnement du pays en produits
pétroliers.
Le Mali ne produit pas de pétrole et la prospection
semble avoir établi d'indices favorables à la recherche et
à l'exploitation pétrolière. Les produits du
pétrole essentiellement couvrent les besoins nationaux en ce qui
concerne les transports et la production de
l'électricité, ils subissent une taxation forte au
Mali en raison des droit de douane imposes au titre du TEC de l'UEMOA, la TVA
et surtout les taxes intérieures sur les produits pétroliers
(TIPP).
6- Secteur de la communication et des nouvelles
technologies de l'information :
Le secteur de la communication écrite et audiovisuelle
a connu une véritable explosion après les
événements de mars 1991.Nous enregistrons aujourd'hui une
multitude de journaux, de radios rurales et privées. Cette situation
hisse notre pays au rang de pays pilote dans la sous région.
Le gouvernement s'attache à consolider ces acquis
considérables. En matière de communication audiovisuelle, le
gouvernement procède à l'extension des réseaux de
diffusion TV-FM à l'ensemble du territoire national. Dans le domaine
postal, le gouvernement poursuit la consolidation et la modernisation de
l'Office National des Poste grâce aux nouvelles Technologies de
l'information, pour le maintien du service public, tout en adaptant le cadre
réglementaire actuel à l'environnement national et
international.
Les télécommunications constituent un domaine
dans lequel le Mali tient
difficilement la comparaison par rapport aux pays de la sous
région. Notre handicap se situe aussi bien dans la faiblesse de
l'accès du plus grand nombre aux différents types de technologies
de la communication que dans le coût d'usage de ces services.
L'ouverture du capital de la Société des
télécommunications du Mali (SOTELMA) est réalisée.
L'état a trouvé un partenaire de référence, qui
aura en charge la mobilisation des ressources nécessaires au
développement de cette société. Outre la SOTELMA, une
autre société, ORANGE-MALI, est installée au Mali depuis
2002 et est opérationnelle dans le cadre de la téléphonie
mobile et fixe.
Les nouvelles technologies de l'information constituent une
opportunité pour notre pays aussi bien pour l'administration, les
collectivités décentralisées que pour les entreprises
compte tenu de l'entendue du territoire et de son enclavement.
7- Secteur des transports :
Les infrastructures de transport demeurent encore très
faibles au regard de l'immense besoin que représente l'évacuation
tant à l'intérieur qu'à l'extérieur du Mali des
produits agricoles et industriels.
La politique du gouvernement en matière de transport
routier consiste à accélérer l'aménagement des
routes principales et des pistes agricoles pour consister un réseau
interconnecté reliant les centres de production aux marchés
nationaux et sous-régionaux. Les objectifs spécifiques dans ce
domaine porteront sur la poursuite du désenclavement intérieur.
Des actions sont en cours pour relier le pays avec tous les ports des pays
voisins.
Pour les transports ferroviaires et aériens. Les
reformes entreprises concernent : la mise en concession du chemin de fer
(effectué depuis septembre 2003); la session de la gestion des
aéroports du Mali (ADM) à un concessionnaire privé
(encours); de l'institution des mécanismes de financement de l'entretien
routier par les usagers à travers un système de péage
(effectué depuis ).
Dans le cadre du transport fluvial, l'accent sera mis sur
l'amélioration de la navigabilité du fleuve Niger, notamment
à travers les travaux de dragage, l'aménagement du port, quais et
l'acquisition de moyens de navigation.
8- Secteur de l'artisanat :
L'importance de l'artisanat est bien perçue en tant
que pourvoyeur d'emploi et créateur de richesse nationale, capable donc
de contribuer pleinement au développement socio-économique;
à titre indicatif, il contribue à hauteur de 10 à 20% du
PIB, emploi de 100000 à plus de 500000 personnes, contribue à la
formation de 54000 à 1140000 apprentis et offre un large éventail
de métier dont le nombre varie de 91 à 171 au Mali (source
UEMOA).
Au Mali, le secteur de l'artisanat est considère comme
un pole de croissance et une priorité dans la recherche des voies et
moyens pour réaliser les objectifs nationaux dans la réduction de
la pauvreté.
Dans le souci d'améliorer sa contribution dans le PIB
dès 1993, le gouvernement du Mali, grâce à l'appui du PNUD
a commandité une étude, réalisée par le CCI
(Genève) dont le thème était « développement
de l'artisanat par l'exportation ». Aujourd'hui, il existe une urgence de
mise en synergie entre toutes les politiques économiques et celle de
l'artisanat.
Toutes ces politiques économiques et
financières créent un environnement favorable à la
mobilisation des initiatives et des opportunités pour l'éclosion
des entreprises artisanales, fondement des industries.
D'ores et déjà, le Mali a intégré le
système d'information sous régional sur l'artisanat (SIRA)
proposé par l'UEMOA.
Sous l'égide du Ministère de l'Artisanat et du
Tourisme grâce à un appui technique et financier du BIT, le
gouvernement va se doter prochainement d'un schéma directeur de
l'artisanat.
9- Secteur du Tourisme :
Le Mali a un grand potentiel touristique notamment le tourisme
de loisirs à destination du Pays Dogon, Tombouctou, Djenné,
Gao, Mopti, Ségou, Sikasso,
Kayes, Kidal. Le tourisme est la première source de
recettes d'exportations des services évaluées à 49, 085
milliards de Fcfa soit environ 90 Millions de dollars. Ce potentiel est
difficilement exploitable en raison de la faiblesse des infrastructures de
communication et d'accueil, du manque de professionnalisme des acteurs
concernés, du coût du transport international à destination
du Mali ainsi que des difficultés liées au système de
transport domestique, qu'il soit terrestre, fluvial ou aérien.
Afin de privilégier le développement du secteur
du tourisme, un code des investissements touristiques et hôteliers permet
d'offrir aux investisseurs potentiels des avantages tels que
l'exonération de la patente, de la taxe sur les bénéfices
industriels et commerciaux (BIC) et des droits de douanes sur les
équipements. Les établissements de tourisme et les organisateurs
de voyages ou de séjours sont tenus d'obtenir une autorisation
d'exercice auprès du Guichet Unique.
L'Aménagement des sites d'intérêts
touristiques, la Promotion Extérieure (participation aux manifestations
internationales : Foires, Salons, Conférences et autres Rencontres
professionnelles), l'appui au Secteur de l'Hôtellerie et de la
Restauration, l'appui aux Agences de Voyages, la formation du personnel de
l'Administration, du secteur privé y compris des guides du Tourisme,
sont les engagements spécifiques principaux du Mali au titre de l'Accord
Général sur le Commerce des Services (AGCS).
Dans le cadre du tourisme, l'Etat a élaboré un
plan d'action qui vise la promotion des produits artisanaux en vue de leur
écoulement sur le marché national et international. Ce plan vise
également la diversification des activités et la mise en place
d'un système fiable de collecte et de traitement des données
statistiques.
L'objectif que se fixe le gouvernement est d'accroître
considérablement la fréquentation de la destination Mali. Cela
doit passer par la mise en place d'un
plan d'orientation stratégique de développement en
cours d'élaboration dont les
objCe
diversifier et consolider la qualité de l'offre ;
développer la formation professionnelle ;
encourager l'initiative et les investissements privés
nationaux et
étrangers ;
développer la coopération du secteur privé
et la collaboration avec les autres partenaires ;
renforcer la structure administrative en charge du tourisme etc.
10- Secteur de la culture :
Capitalisant plusieurs siècles de culture musicale
vivace, le Mali a accumulé un riche héritage musical, lui offrant
un grand potentiel économique. Le développement de l'industrie de
la musique peut avoir d'importante implication sur la balance des paiements du
pays, tant pour l'exportation que pour l'investissement.
Toute fois, cette industrie musicale nécessite beaucoup
de réglage interne enfin qu'elle puisse se développer. Pour mieux
cerner tous ces problèmes, il a été crée depuis
1984 le bureau malien des droits d'auteur (BUMDA) dont les textes de
création et de fonctionnement sont présentement en relecture au
niveau des différents partenaires (producteurs, artistes,
éditeurs etc.).
Le retard dans la révision semble être
attribué à l'inexécution de la promesse des programmes
d'assistance promis par l'OMPI au BUMDA.
Entre temps, les fonctions d'observation et de surveillance des
activités de propriétés intellectuelles au Mali
relèvent de la compétence à la fois du bureau malien du
droit d'auteur (pour la propriété littéraire et
artistique) et du centre malien de propriété industrielle
(pour la propriété industrielle)
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