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Impacts du changement climatique sur la recrudescence des dégà¢ts dus au charançon du bananier (cosmopolites sordidus) dans la région de Luki au bas-Congo/RDC

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par Chrispin Ngombo Vangu
Université de Kinshasa - Ingénieur agronome en phytotechnie 2007
  

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II.3. INFLUENCE DES FACTEURS ENVIRONNEMENTAUX SUR LE CHARANÇON

II.3.1. GENERALITES

Les facteurs environnementaux qui ont une influence directe sur le charançon comme sur tous les insectes sont de deux ordres ; il s'agit des facteurs abiotiques et des facteurs biotiques. Dans le cadre de ce travail, les facteurs abiotiques considérés sont des facteurs climatiques ; il s'agit de : la température, l'humidité relative et la pluviométrie. Alors que le seul facteur biotique pris en compte est l'attraction alimentaire.

L'activité biologique du charançon est très dépendante des conditions climatiques. Deux données climatiques fondamentales caractérisent la zone tropicale : la constance de la chaleur et l'abondance des précipitations. En plus, du fait de la couverture nuageuse fréquente, l'humidité atmosphérique moyenne y est très élevée. Le charançon du bananier trouve en zone tropicale des basses altitudes des conditions optimales de croissance (SEBASIGARI, 1983).

Des travaux réalisés sur l'écologie du charançon (C. sordidus), ont montré que les trois facteurs les plus importants influant sur le développement des foyers d'infestation et sur la prolifération de l'insecte sont : la température, l'hygrométrie et l'attraction alimentaire (ARLEU et AL, 1984 ; ARLEU et COLL, 1987).

II.3.2. INFLUENCE DE LA TEMPERATURE SUR LE CHARANÇON

La température est en somme une mesure de l'état thermique déterminé par les rayons calorifiques provenant principalement du soleil. Ainsi les températures élevées traduisent l'abondance des rayonnements calorifiques tandis que les températures basses traduisent l'insuffisance de ces rayonnements. On observe que les températures sont élevées de manière régulière au cours de l'année, particulièrement dans les climats dits tropicaux (KATANGA, 2006).

En effet, la température influence la vitesse du développement, la durée de la vie et la fécondité du charançon. Il existe une limite supérieure et une limite inférieure au-delà desquelles la température produit les effets létaux sur les insectes. En d'autres termes, pour une espèce d'insecte donnée, il existe une zone létale supérieure et une zone létale inférieure entre lesquelles se trouvent un intervalle de température tolérable. La chance pour la survie et la reproduction augmente dans cet intervalle où se trouve aussi une zone de température préférée appelée le préférendum thermique (LEMA, 2005).

L'étude, à cinq températures échelonnées de 16 à 30°C, du développement postembryonnaire du charançon du bananier, a révélé l'existence de six stades larvaires, dont les durées diminuent en général avec l'augmentation de la température. Le cycle vital du charançon du bananier dure 4 à 9 semaines selon la température et le développement de l'insecte est favorisé par un intervalle des températures d'environ 25 à 30°C, conditions rencontrées dans les régions tropicales des basses altitudes (FRUITS, 1997).

Des travaux de recherche réalisés ont montré que : l'activité déprédatrice des C. sordidus est très intense à une altitude inférieure à 1000 m. Cette activité diminue selon un gradient régulier de 1000 m à 1500 m et devient nulle au dessus de 1500 m ceci s'expliquerait par le fait que la température diminue inversement avec l'augmentation de l'altitude et le charançon ne supporte pas des températures inférieures à 13°C (SEBASIGARI, 1983 ; MESQUITA et ALVES 1986 ; GATSINGI, 1987).

II.3.3. INFLUENCE DE L'HYGROMETRIE SUR LE CHARANÇON

Si la température est le facteur déterminant les activités vitales de l'insecte, l'humidité est le facteur le plus sensible du fait qu'il dépend d'autres facteurs comme : la température et les précipitations. L'humidité exerce un effet direct sur la survie et la reproduction des insectes, il existe les deux zones extrêmes et une zone préférée. En outre, l'humidité exerce des effets indirects sur les insectes par son influence directe sur la végétation limitant ainsi la distribution des insectes.

D'ailleurs C. sordidus recherche constamment les endroits humides, à atmosphère saturée en eau, et où l'eau libre est présente dans le sol, sur les végétaux et d'autres débris (CUILLE, 1950).

II.3.4. INFLUENCE DE L'ATTRACTION ALIMENTAIRE

Le bananier est cultivé sur toute la ceinture tropicale où les conditions éco-climatiques sont favorables à cette culture. Les oeufs du charançon sont pondus en raison d'un oeuf par semaine en moyenne selon la disponibilité de la nourriture. Cosmopolites sordidus se nourrit presque exclusivement de bulbes de bananier, l'abondance de la culture du bananier permet une multiplication rapide des populations de l'insecte (FRUITS, 1997).

CHAPITRE III : APPROCHE METHODOLOGIQUE

III.1. INTRODUCTION

Les principales opérations réalisées pour élucider l'influence des changements climatiques sur la prolifération de charançon du bananier sont celles reprises ci-après:

1. L'analyse des données climatiques de quatre dernières décennies à la station de recherche de l'INERA à LUKI ;

2. L'interprétation de ces données pour la mise en évidence du changement climatique et son influence sur le charançon ;

3. L'extrapolation de ces données pour les 20 années avenir à partir de 2000.

III.2. ANALYSE DES DONNEES CLIMATIQUES

L'analyse des données climatiques de la station de LUKI a été faite à partir des données décadaires situées en annexes de ce travail. Du fait de l'influence prépondérante de la température, l'humidité et la pluviométrie sur le charançon, ce sont ces trois paramètres qui ont fait l'objet des analyses.

Les analyses ont consisté à regrouper les données décadaires en données mensuelles, celles-ci en données annuelles pour ensuite obtenir les données décennales.

III.3. INTERPRETATION DES DONNEES CLIMATIQUES

L'interprétation a été faite paramètre par paramètre par rapport à l'importance relative de chaque paramètre sur le charançon du bananier.

Les courbes d'évolution des paramètres obtenues après analyse sur tableur ont été comparées aux exigences spécifiques du charançon pour en déterminer l'influence. C'est ainsi que la température a été comparée à l'intervalle des températures optimales favorables à cet insecte et aux extrémités en dessous desquelles ou au-delà desquelles le cycle vital du charançon s'arrête.

III.4. EXTRAPOLATION DE LA TEMPERATURE

Diverses méthodes existent pour faire l'extrapolation des données climatiques. Parmi ces méthodes, les principales sont :

*La méthode des moindres carrés ;

*La méthode des moyennes mobiles ;

*La méthode graphique ;

*La méthode des semi-moyennes.

Par principe, les moyennes des paramètres doivent être prises par décennies ou d'avantage pour être considérées valables. En plus l'évolution d'un paramètre climatique ne peut être démontrée qu'en considérant des valeurs prises sur une durée d'au moins 30 années successives. Les données prises sur une durée de quatre décennies successives répondent bien à cette exigence.

En outre, les données à extrapoler doivent couvrir une période plus longue que la période à estimer ce qui a été parfaitement le cas dans ce travail car la période à estimer est de 20 ans alors que les données à extrapoler couvrent une période de 40 années. Dans le cadre de ce travail, il a été utilisé la méthode des moyennes mobiles pour effectuer les estimations. Cette méthode a consisté à calculer la variation moyenne de la température mensuelle pour les quatre décennies. Cette variation a été additionnée à chaque température mensuelle dont on voulait estimer la valeur dix ans plus tard.

Y= x + Ät

Avec : Y : Température mensuelle estimée

x : Température mensuelle à extrapoler

Ät : Variation moyenne totale du mois concerné

 Pour ce faire, il a fallu :

1. Regrouper les valeurs décadaires en valeurs mensuelles et les valeurs mensuelles en valeurs annuelles et celles-ci en valeurs décennales ;

2. Calculer la variation moyenne des valeurs mensuelles pour chaque décennie ;

3. Calculer la variation moyenne des valeurs mensuelles pour les quatre décennies, pour obtenir la variation moyenne totale pour chaque mois ;

4. Additionner à chaque valeur mensuelle dont on veut exprimer la variation dix ans plus tard la variation moyenne qui correspond à ce mois et ainsi de suite.

III. 5. VALIDITE ET LIMITES DU MODELE

Le test de validité de cette méthode a consisté en premier lieu à générer les valeurs annuelles déjà disponibles de la décennie 1990 à partir des données des trois autres décennies. En second lieu, ce test a consisté à générer les valeurs annuelles déjà disponibles de la décennie 1960 à partir des données des trois autres décennies. Les résultats comparés du premier test sont consignés dans la figure1:

Fig. 1 : Vérification de la validité du modèle

Dans ces deux cas, la similitude évaluée par l'analyse de la concordance sur tableur entre valeurs disponibles et valeurs générées a été respectivement de 92% pour le premier test et 89% pour le second soit une moyenne de fiabilité de 90,5%. Cette méthode est fiable à un peu moins de 10% près et a été jugée acceptable.

Les limites dans l'utilisation de cette méthode sont dues aux faits suivants :

1. elle ne prend pas en compte les composantes cycliques et saisonnières ;

2. elle n'intègre pas les composantes irrégulières ;

3. elle ne conserve que l'effet de la tendance.

CHAPITRE IV: RESULTATS ET DISCUSSION

IV.1. EVOLUTION DES PRINCIPAUX FACTEURS CLIMATIQUES

IV.1.1. INTRODUCTION

La température, la pluviométrie et l'humidité relative sont les facteurs les plus importants dans la survie et la distribution des insectes. Les données climatiques en annexes, régulièrement enregistrées à la station de recherche de l'INERA/Luki, de 1960 jusqu'en 1999 ont servi pour établir les courbes de comportement des principaux facteurs climatiques qui ont une influence directe sur la prolifération des populations de charançon du bananier.

IV.1.2. EVOLUTION DE LA TEMPERATURE ANNUELLE

La température moyenne annuelle a variée dans le sens de l'augmentation telle que illustrée dans la figure 2.

Fig. 2 : Evolution de la température moyenne annuelle

D'après les données climatiques analysées, la température moyenne annuelle à Luki varie dans le sens de l'augmentation. En effet, les températures qui étaient en majorité entre 24°C et 25°C, sans jamais franchir la barre de 25°C de 1960 à 1977 ont variées jusqu'à dépasser plusieurs fois les 25°C de 1978 à 2000. A la fin du siècle dernier, la température a atteint une valeur décennale de 24,8°C jamais atteinte au paravent.

L'augmentation de la température telle qu'illustrée à la figure 2 n'est pas régulière, mais plutôt en dents de scie avec une tendance générale à la hausse. Cette élévation constatée va dans le même sens que les observations des experts internationaux qui stipulent que le climat général change dans le sens d'un réchauffement de la planète (GIEC, 2001).

IV.1.3. EVOLUTION DE LA PLUVIOMETRIE ANNUELLE

Comme la température moyenne annuelle, la pluviométrie a aussi variée dans le sens de l'augmentation telle que le montre la figure 3.

Fig.3 : Evolution de la pluviométrie annuelle

La figure 3 montre que le volume des pluies qui tombent annuellement à Luki a varié dans le sens de l'augmentation. En effet, la pluviométrie annuelle qui oscillait autour de 1150 mm à la fin de la décennie 1960, est passée à 1230 mm à la fin de la décennie 1990.

L'allure de la courbe des précipitations annuelles évolue aussi en dents de scie comme celle des températures moyennes annuelles mais, ici aussi la tendance générale va dans le sens de l'augmentation. Les années 1990 sont les plus pluvieuses avec un pic de 1600 mm de hauteur des pluies en 1995, alors que cette hauteur n'avait jamais été atteinte auparavant.

IV.1.4. EVOLUTION DE L'HUMIDITE ANNUELLE

La figure 4 montre une variation nette vers l'augmentation de l'humidité relative au cours des années considérées.

Fig. 4 : Evolution de l'humidité moyenne annuelle

Au regard de la figure 4, l'humidité moyenne annuelle à la station de l'INERA/Luki est au tour de 82%. L'humidité relative montre aussi une variation nette au cours des années et n'est plus descendue en dessous de 80% depuis 1978.

Le fait que l'humidité relative dépende de la température et de la pluviométrie, et que celles-ci ont variées dans le sens de l'augmentation, il n'est donc pas étonnant que l'humidité varie tant soit peu. Malheureusement la complexité des relations qui lient les trois facteurs ne permet pas de déterminer le supplément de l'humidité qui peut être due à une variation donnée de la température et de la pluviométrie.

IV. 2. COMPARAISON DES FACTEURS PAR DECENNIES

Les changements climatiques sont aussi employés dans un sens plus restreint pour désigner un changement significatif des valeurs moyennes d'un élément météorologique au court d'une période donnée, les moyennes sont prises sur des durées de l'ordre de la décennie ou d'avantage pour souligner un changement significatif (GIEC, 2001).

Les comparaisons suivantes concernent : les moyennes des données de la température, la hauteur des pluies et l'humidité relative prises par décennie.

IV. 2. 1. TEMPERATURE

La température moyenne décennale a variée dans le sens de l'augmentation comme la température moyenne annuelle dont elle dérive, telle qu'illustrée par la figure 5.

Fig. 5 : Températures moyennes décennales

Comme la température annuelle, la température décennale a évolué également avec une nette tendance à la hausse. Au regard de la figure 5, la température décennale n'a cessée d'évoluer pendant les quatre décennies. En effet la température moyenne décennale qui était de 24,11°C à la décennie 1960 est passée à 24,3°C à la décennie 1970, puis à 24,7°C à de la décennie 1980, pour atteindre 24,77°C à de la décennie 1990.

IV. 2. 2. PLUVIOMETRIE

Comme la température moyenne décennale, la pluviométrie décennale a aussi variée dans le sens de l'augmentation, telle que le montre la figure 6.

Fig. 6: Pluviométrie décennale 

La pluviométrie décennale a varié vers la hausse au cours de quatre décennies. Mais contrairement à la température décennale, la pluviométrie décennale montre une variation moins marquée et en dents de scie. En effet, au regard de la figure 6, la décennie 1970 est la moins pluvieuse avec seulement 1111,4 mm des pluies, moins que les autres décennies. Ce là s'explique par le fait qu'il y avait eu sècheresse au cours de la saison B de 1978, jusqu'à la saison A de 1979 sur toute l'étendue du district du Bas-fleuve. Cette baisse de la pluviométrie est donc un cas particulier n'entrant pas en compte dans le cas d'une décennie pluvieuse normale, c'est-à-dire sans sécheresse comme les autres.

IV. 2. 3. HUMIDITE RELATIVE

La variation de l'humidité relative vers la hausse est nette comme elle est présentée à la figure 7 :

Fig. 7 : Humidité moyenne décennale

La variation de l'humidité relative décennale est aussi en dents de scie comme celle de la hauteur des pluies. Cette humidité a varié de 82,9% au cours de la décennie 1960 pour atteindre 84,03 % au cours de la décennie 1990.

IV. 3. IMPACT DES VARIATIONS DES FACTEURS CLIMATIQUES SUR LE CHARANÇON

IV. 3. 1. IMPACT DE LA TEMPERATURE

Du fait de l'influence directe de la température sur le charançon du bananier, une variation dans le sens de l'augmentation comme établie à la figure 2, ne peut qu'entraîner un changement dans la vitesse de croissance, la prolifération et la distribution de l'insecte. La température moyenne annuelle qui était autour de 24,1°C les années 1960 est passée autour de 24,3°C au cours de la décennie 1970 ; puis atteindre 24,7°C en 1984, une température moyenne jamais atteinte auparavant ; pour se stabiliser autour de 24,8°C au cours de la décennie 1990.

Etant donné que le thermopreferendum du charançon du bananier va de 25 à 30°C, le charançon du bananier s'est retrouvé dans des conditions thermiques idéales de croissance particulièrement à la fin des années 1990. Car la température de 24,8°C est proche de l'intervalle thermique favorable au charançon.

IV. 3. 2. IMPACT DE LA PLUVIOMETRIE

Le charançon ne supporte pas la sécheresse, même de courte durée. Pour sa survie, l'eau libre doit être présente sur les débris végétaux qui l'entourent. L'augmentation de la pluviométrie annuelle comme élucidée à la figure 6, va dans le sens d'optimisation des conditions de vie favorable au charançon du bananier.

D'après Lemaire (1996), l'irrigation localisée commencée en 1992 s'est accompagnée par des fortes attaques de Cosmopolites sordidus. Cela serait du à l'apport de l'eau favorable à la prolifération de cet insecte, car le charançon adulte est capable de résister pendant des mois sans se nourrir s'il est entouré des débris végétaux humides. C'est ainsi qu'on affirme que charançon aime une atmosphère saturée en eau. Bien que la pluviométrie optimale favorable au charançon ne soit pas connue, une augmentation de la pluviométrie lui est supposée favorable.

IV. 3. 3. IMPACT DE L'HUMIDITE

La teneur en humidité qui était autour de 80% de 1960 jusqu'en 1970, a atteint 85% à la fin de la décennie 1990. Cette humidité proche de la saturation est favorable au développement du charançon du bananier qui peut vivre ainsi plusieurs mois sans se nourrir.

IV. 4. DETERMINATION DE LA PERIODE PROPICE AU DEVELOPPEMENT DU CHARANÇON

III. 4. 1. SAISON SECHE

Les conditions climatiques optimales propices à la prolifération des populations de charançon du bananier, ne sont pas compatibles avec les conditions climatiques qui règnent en saison sèche à la station de recherche de l'INERA/Luki et ses environs. Comme le montre la figure 8.

Fig. 8: Températures moyennes quinquennales en saison sèche

En effet, si la température moyenne quinquennale de 23,1°C observée en saison sèche au dernier quinquennat du siècle passé est compatible à la vie du charançon, il n'en est pas ainsi pour la pluviométrie. En effet les mois de Juin, Juillet et Août sont secs à Luki avec une pluviométrie mensuelle inférieure au double de la température.

Le charançon du bananier qui aime l'eau et une humidité proche de la saturation se retrouve en saison sèche, dépourvue de l'eau, avec des amplitudes thermiques très importantes jusqu'à 6°C de différence entre les températures diurnes et les températures nocturnes. Or selon GATSINGI (1987), le charançon est très sensible à des variations importantes d'amplitudes thermiques et à la présence des conditions de sécheresse même modérées, ce qui expliquerait son absence à des altitudes supérieures à 1500 m en région tropicale. Car, à ces altitudes, la température nocturne est inférieure à 13°C et l'humidité ne dépasse guère les 75%.

IV. 4. 2. SAISON HUMIDE

Les conditions climatiques rencontrées à la station de Luki en saison humide sont plus proches des conditions climatiques optimales pour la croissance et la prolifération du charançon du bananier. D'après la figure 9 :

Fig. 9 : Températures moyennes quinquennales en saison humide

La température moyenne autour de 26°C, la présence des pluies et une humidité supérieure à 80%, observées lors du dernier quinquennat en saison humide, sont favorables au charançon pour sa prolifération.

Selon Mesquita et Alves (1983), les températures proches mais légèrement supérieures à la température optimale, ont pour effet de raccourcir le cycle de ponte du charançon et on atteint plus d'un oeuf par semaine et la durée d'incubation des oeufs passe de plus de 40 à 30 jours.  Ainsi, il en résulte l'accroissement de la fécondité, la réduction de la durée de croissance au détriment de la qualité de vie. C'est-à-dire qu'une température moyenne de 26°C est favorable à la multiplication du charançon tout en étant défavorable à la longévité de sa vie.

IV. 4. 3. MOIS LES PLUS FAVORABLES

La courbe ombrothermique de la station de Luki montre que les mois de Janvier, Février, Mars, Avril, Novembre et Décembre réunissent les conditions requises pour la prolifération de populations de charançon du bananier.

Fig 10: Courbe ombrothermique de Luki (1960-1999)

Du fait d'une humidité proche de la saturation, des températures situées dans l'intervalle thermique favorable au charançon et de la présence des pluies, les mois de la saison humide sont les mois de multiplication intense du charançon à Luki. Pendant ces mois, le stade nymphal nuisible au bananier est atteint en 30 jours au lieu de plus de 40 jours pendant les mois de saison sèche où la température est inférieure à 22°C et la présence des conditions de sècheresse même modérée.

En plus les taux d'éclosion et le développement embryonnaire les meilleurs se passent pendant les mois de Janvier, Février, Mars, Avril, Novembre et Décembre qui présentent des températures comprises entre 25 et 27°C ; une pluviométrie abondante et une humidité relative supérieure à 80%.

Néanmoins, l'humidité relative varie peu pendant l'année suite au brouillard matinal qui caractérise la région de Luki en saison sèche. Selon LUBINI (1988), ce phénomène serait responsable de la présence de la forêt ombrophile à Luki et ses environs au regard de la faible pluviosité dont bénéficie toute la région du Mayombe.

IV. 5 EXTRAPOLATION ET PERSPECTIVES

Les problèmes agronomiques, quoique considérés quelques fois sous un angle purement technique, font intervenir de très nombreuses variables aussi bien d'ordre climatique, édaphique que celles qui se rapportent au matériel végétal. Une solution globale permettant de les appréhender à l'échelle régionale ne peut qu'être présentée en acceptant quelques simplifications représentant l'aspect moyen du territoire sous étude (DUPRIEZ, 1954).

IV. 5. 1 EXTRAPOLATIONS DES TEMPERATURES

Du fait de son influence relativement plus grande sur les insectes en général et le charançon du bananier en particulier ; et aussi du fait qu'elle conditionne l'impact des autres paramètres sous étude (pluviométrie et humidité), la température est le seul paramètre qui a fait l'objet des estimations futures. Les résultats obtenus pour une extrapolation des températures moyennes annuelles jusqu'en 2020 se présente comme suit :

Fig 11: Extrapolation de la température moyenne annuelle.

D' après les résultats des estimations obtenus à la figure 11, la température va encore augmenter au cours de deux décennies obtenues par extrapolation. En effet, la majorité de valeurs se situe entre 25 et 26°C. Alors qu'elles oscillaient entre 23,5 et 24,5°C de 1960 jusqu'au début des années 1980 et entre 24 et 25°C de 1982 à 1999.

Les valeurs moyennes comprises entre 25 et 26°C telles que obtenues après extrapolations des températures moyennes annuelles sont favorables au charançon du bananier. Si ces hypothèses se vérifient, c'est précisément au cours de la décennie 2000-2009 que les températures moyennes décennales basculent dans l'intervalle des températures optimales favorables au charançon du bananier, tel que le montre les résultats obtenus à la figure 12.

Fig. 12: Prévision de la tendance décennale de la température (2000-2020).

Au regard de la figure 12, les valeurs estimées de la température moyenne décennale lors des décennies 2000-2009 et 2010-2019 sont respectivement de 25 et 25,2°C. La tendance est à la hausse avec une augmentation moyenne de l'ordre de 0,2 °C par décennie. Il s'avère que les amplitudes thermiques sont faibles à Luki, particulièrement en saison des pluies inférieures à 2,5°C. Ce qui conduit à penser que les températures moyennes annuelles au cours de ces décennies oscilleront au tour des valeurs décennales obtenues.

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"Ceux qui rêvent de jour ont conscience de bien des choses qui échappent à ceux qui rêvent de nuit"   Edgar Allan Poe