CONCLUSION ET SUGGETIONS
Ce travail effectué
sur l'influence des changements climatiques sur le charançon du bananier
dans la région de Luki et ses environs a poursuivi trois objectifs:
élucider les changements climatiques à Luki et ses environs,
analyser la corrélation entre la recrudescence des dégâts
dus au charançon et les changements climatiques ; enfin simuler
l'évolution du climat jusqu'en 2020.
Pour le premier objectif, il s'est avéré que le
climat a effectivement changé. En effet les résultats obtenus
dans les figures 2 à 4 montrent une évolution
nette pour les trois paramètres sous étude ; de 24,4°C
en 1960 à 26°C en 1999 pour la température, soit une
augmentation de 1,6°C ; de 1131,5 mm en 1960 à 1412,4 mm en
1999 pour la pluviométrie, soit une augmentation de 319 mm et de 82,1%
à 85,1% pour l'humidité relative, soit une augmentation de 3%.
En ce qui concerne l'influence de ces changements sur le
charançon du bananier, les résultats obtenus dans les
figures 2 à 10 et ceux obtenus
après extrapolation dans les figures 11 et 12 montrent
que le charançon du bananier se trouve à Luki et ses environs
dans des conditions climatiques favorables en ce qui concerne la
température, la pluviométrie et l'humidité. Et il va
l'être encore pendant les deux décennies à venir,
c'est-à-dire jusqu'en 2020.
Avec des températures moyennes mensuelles comprises
entre 25 et 27°C ; une pluviométrie croissante et une
humidité relative supérieure à 80% en saison humide
à Luki et ses environs, les changements climatiques de ces
dernières décennies expliquent la prolifération des
populations de charançon du bananier ; ce qui est probablement
à l'origine de la recrudescence des dégâts récemment
constatés sur le bananier dans la région de Luki.
En effet, la reproduction et le développement de
charançon du bananier étant plus rapides à une
température qui se situe entre 25°C et 30 °C et que les
températures pendant la saison humide à Luki oscillent autour des
ces valeurs. Il en résulte que cet insecte se trouve dans des conditions
adéquates pour sa prolifération particulièrement en saison
humide. Les températures moyennes annuelles en saison humide de 1960
à 1999, sont comprises entre 25°C et 27°C, cela place Luki et
ses environs dans l'intervalle des températures favorables au
charançon.
Si l'allure d'une augmentation moyenne de 0,2 par
décennie se confirme, la région de Luki va présenter
encore pour long temps des conditions climatiques favorables au
charançon, à moins qu'il n'arrive un autre facteur perturbateur.
L'intégration des paramètres liés aux peuplements des
plantes-hôtes, à ceux des populations des ravageurs et aux
conditions environnementales crée une gamme variée des situations
de contraintes phytosanitaires, et complique quelque peu la
détermination des priorités de recherche à l'égard
des faibles ressources généralement disponibles (Foko, 1994).
Il était donc important de s'intéresser à
ce ravageur et d'essayer d'élucider, l'impact qu'a eu dans un
passé récent, aujourd'hui et quel rôle auront dans l'avenir
les changements des principaux facteurs climatiques sur la prolifération
des populations de charançon du bananier. S'il est possible d'influer
au niveau international sur l'ampleur du futur changement climatique, au niveau
local, il faut développer des stratégies de soutien à
l'adaptation aux modifications inévitables du climat, car d'après
le Groupe Intergouvernemental d'Experts sur l'Evolution du Climat, le point de
non retour est d'ores et déjà atteint, c'est-à-dire qu'un
changement climatique dangereux pour l'agriculture sous toutes ses formes est
désormais inévitable (GIEC, 2001)
Un fait important à rappeler est que : les
insectes ravageurs des cultures comme le charançon vivent dans un
écosystème. Ils ne sont pas seulement dépendants des
facteurs abiotiques essentiellement climatiques mais aussi des facteurs
biotiques tels que la prédation, le parasitisme, Etc.
Ce la dit, outre le climat, d'autres facteurs tels que :
la résistance acquise contre ses agents pathogènes (Bacillus
thuringiensis, Beauveria bassiana,...), voir même l'inadaptation
d'un ou de plusieurs prédateurs naturels du charançon à la
station de Luki et ses environs peuvent être aussi à l'origine de
la prolifération de C. sordidus ce qui peut aussi expliquer en
partie la recrudescence des dégâts constatée ces
dernières années .
C'est ainsi que, les méthodes de lutte à mettre
à la disposition des paysans doivent être : efficaces,
disponibles, bon marché, rentables et durables. Très souvent,
c'est parce qu'ils ne font pas intervenir d'intrants extérieurs que les
systèmes de protection traditionnelle des cultures sont perçus,
d'une manière un peu romantique
comme « durables ». Ils ne le sont pas en
réalité, parce qu'incapables de protéger efficacement et
durablement les cultures.
Effectué dans l'esprit d'éveiller la conscience
des chercheurs sur la recrudescence des dégâts dus au
charançon du bananier à la station agronomique de Luki et ses
environs, ce travail aura atteint son but si la recherche permet de mettre au
point, des méthodes efficaces et durables de lutte contre cet insecte
dans cette région.
Ainsi comme suggestions :
1. Aux chercheurs
Ø Qu'un système d'avertissement climatique soit
développé pour être utilisé dans la lutte contre le
charançon. Ce système devra se baser sur l'évolution des
dégâts en fonction des conditions climatiques ;
Ø Que des études soient effectuées sur la
dynamique spatiale du charançon, l'évolution des
dégâts en fonction de l'âge de la bananeraie et se
penchent sur les ennemis éventuels de charançon du bananier et
l'influence des facteurs climatiques sur leur prolifération ;
Ø Que des études similaires soient faites pour
d'autres cultures avec d'autres ravageurs et dans d'autres localités ou
pour la même culture et le même ravageur mais, dans d'autres
régions bananières de la République Démocratique du
Congo.
2. Aux agriculteurs
concernés
Ø D'installer les plantations avec du matériel
exempt des ravageurs et de faire chaque fois la propreté des plantations
par des sarclages réguliers ;
Ø D'enterrer au tant que possible les résidus de
la récolte et d'éclairer les alentours des pieds des
bananiers ;
Ø En cas d'infestation, butter les pieds et utiliser
les pièges fabriqués à l'aide des pseudo-troncs.
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