I.2.4. CHANGEMENTS CLIMATIQUES ET
L'AGRICULTURE
Diverses tentatives ont été faite en vue
d'évaluer l'impact quantitatif des changements climatiques sur la
sécurité alimentaire. Inévitablement, les projections sont
hasardeuses, car les changements climatiques eux-mêmes sont soumis
à des variations considérables. Pourtant les signes
avant-coureurs apparaissent clairement dans les résultats des exercices
de modélisation
La plupart d'entre-eux suggèrent que les changements
climatiques pourraient accroître la malnutrition mondiale de 15 à
26% ce qui augmenterait le nombre absolu de personnes souffrant de malnutrition
de 75 à 125 millions d'ici l'an 2080 par la modification des relations
entre la plante et son environnement.
Plusieurs tendances ont déjà été
observées en qui concerne l'agriculture à savoir :
Ø l'augmentation de la croissance de certains
végétaux nuisibles pour la plupart ;
Ø la précocité de la floraison et des
divers stades phrénologiques ;
Ø la modification du calendrier agricole pour les
cultures annuelles ;
Ø l'extension géographique des
phytopathogènes et des ravageurs, etc.
Si ces hypothèses se vérifient,
l'agriculture, secteur largement touché, connaîtrait une baisse
significative de ses rendements. Les pertes de production dans le secteur
agricole auront des effets multiplicateurs qui s'étendront à des
économies entières transmettant la pauvreté des zones
rurales vers les zones urbaines (PNUD, 2006).
Les principales questions sont de connaître
avec précision le degré d'augmentation de la température
qui entraînerait des conséquences d'ampleur différente,
ainsi que la réaction du système climatique qui tendra rapidement
vers un équilibre ou au contraire continuera à diverger de sa
position actuelle. Si l'augmentation de l'effet de serre et le
réchauffement du climat peuvent être bénéfiques pour
la croissance à moyen terme des forêts, les pluies acides et les
attaques des insectes peuvent entraîner une disparition totale de
certains agrosystèmes (ENCARTA, 2006).
Dans tous les cas, le
« déséquilibre » engendré par les
activités humaines ne fait que débuter. Cette modification se
poursuivra sur une durée inconnue mais sans doute relativement longue,
et ceci même si les rejets anthropiques étaient stoppés
rapidement, ce qui ne sera probablement pas le cas dans un proche avenir (GIEC,
2001).
CHAPITRE II : APERÇU SUR LE BANANIER
ET LE CHARANÇON
II. 1. BANANIER
II.1.1. ORIGINE ET BOTANIQUE
Le bananier est originaire
des régions tropicales de l'ancien monde (Asie et Afrique), mais les
espèces comestibles ont leur berceau en Asie Sud Orientale, l'Archipel
malais et les Iles philippines. La taxonomie du bananier est assez complexe.
Les bananiers appartiennent à l'embranchement des Spermaphytes,
à la classe des angiospermes, l'ordre des
Zingiberales, famille de Musaceae, au genre Musa dont les
espèces fréquemment rencontrées sont: Musa
paradisiaca et Musa sapientum (KATANGA, 2004)
Les variétés des bananes actuellement
cultivées (cultivars) dérivent de deux espèces
sauvages : Musa acuminata et Musa balbisiana
possédant respectivement les génomes AA et BB. La parthenocarpie
et la stérilité résulteraient des mutations diverses que
ces espèces ont subies au fil du temps (TEZENAS de MONTCEL, 1979).
VANDEN PUT (1981), rapporte que la culture du bananier serait
introduite au Congo (RDC) au XIVe siècle. Les explorateurs la
trouvèrent chez les riverains du fleuve Congo. Le deux espèces de
bananier les plus cultivées au Congo sont : la banane plantain ou
Musa paradisiaca et la banane de table ou Musa
sapientum.
Le « tronc » du bananier
est formé par les gaines de feuilles imbriquées les unes dans les
autres. À maturité, ce pseudo-tronc atteint une hauteur de 3
à 12 m. Il est surmonté d'une couronne de grandes feuilles
à épaisse nervure centrale ; celles-ci peuvent atteindre
3 m de long. Les fleurs sont groupées autour de la tige florale,
qui prend naissance au centre de la couronne de feuilles. Les fleurs femelles
se trouvent à la base de la tige florale, les fleurs mâles au
sommet.
Le bananier est une plante vivace tropicale de
la taille d'un arbre, cultivée pour son fruit (la banane), ses fibres ou
son feuillage. Le bananier est une des plantes les plus précieuses des
pays tropicaux. Les fruits ne contiennent pas de graines, la
reproduction de la plante se fait par multiplication végétative.
La longueur des fruits varie de 10 à 40 cm selon les
espèces ; les plus gros étant ceux des bananiers plantains.
Le poids moyen d'un régime est de10 kg, mais certains
régimes peuvent peser jusqu'à 70 kg (VANDENPUT, 1981).
II. 1. 2 EXIGEANCES ECOLOGIQUES ET
RENDEMENTS
Le bananier est une plante
exigeante en eau, sensible aux basses températures et aux vents. Le sol
doit être sain, aéré, riche et suffisamment pourvu en eau,
les racines n'absorbant aisément que le tiers de la tranche dite utile.
En climat chaud et humide les besoins en eau sont évalués
à 125 à 150 mm par mois. L'optimum thermique est voisin de
28°C. Au-de là de 35°C, les anomalies surviennent, en dessous
de 24°C, la vitesse de croissance baisse pratiquement de manière
linéaire avec la température jusqu'à15-16°C et elle
s'annule vers 10-11°C (CIRAD-GRET, 2002).
La moitié de la récolte
mondiale de bananes est produite en Afrique, où une grande partie est
consommée localement. Les principales régions exportatrices de
bananes sont l'Amérique centrale et le nord de l'Amérique du Sud.
En Afrique, les cultivars d'exploitation ont un rendement moyen de 30
Tonnes/ha, ceci pour le poids des mains coupées et non pour les
régimes entiers, alors que ce rendement est de 45 Tonnes /ha en
Amérique centrale. La production Africaine est presque exclusivement
destinée aux consommations locales (CIRAD-GRET, 2002).
II. 1. 3. UTILISATION
Certains bananiers fournissent les bananes
sucrées ; le bananier plantain produit
des bananes à cuire moins sucrées que les
précédentes. Les autres espèces sont cultivées pour
les fibres de leurs feuilles, utilisées pour fabriquer du papier et des
cordages ; une espèce produit les cordes d'abaca (VANDENPUT, 1981).
II.1.4. MALADIES ET RAVAGEURS
Exception faite de la
cercosporiose jaune du bananier qui ne touche que le bananier à
fruits de dessert, ce sont les mêmes maladies et ravageurs que l'ont
trouve sur tous les types de bananiers. La sensibilité de bananiers
plantain, bananiers de dessert et bananiers d'altitude peut néanmoins
être différente. Les principales maladies qui causent les pertes
les plus importantes sont celles reprises au tableau 1:
Tableau 1 : Principales maladies du
bananier
Maladies
|
Agent causal
|
Contamination
|
Symptômes
|
Traitement
|
Cercosporiose
|
Mycosphaerella musicola
|
Par contact avec le champignon
|
-Tâches foliaires jaunes ou noires
- raies foliaires noires
|
Fongicides de contact et systémiques
|
fusariose
|
Fusarium oxysporum
|
Par contact avec le champignon
|
- jaunissement des feuilles
- flétrissement des feuilles
|
Variétés résistantes ou jachère
|
bunchy top
|
Virus
|
Vecteur (pucerons)
|
- feuilles en bouquet serré
- feuilles naines et étroites
|
Eradication des pieds et rejets atteints
|
Mosaïque
en tirets
|
Virus
|
Vecteurs
|
- stries chlorotiques
- mort des feuilles dès l'émergence
|
Eradication des pieds et rejets atteints
|
stries
du bananier
|
Virus
|
Vecteurs
|
- stries jaunes sur les feuilles
- stries noires
|
Eradication des pieds et rejets atteints
|
Source : Raemaekers,
2001.
En ce qui concerne les ravageurs, outre les nématodes,
le seul insecte causant des dégâts significatifs aux bananiers en
Afrique est le charançon (C. sordidus). On estime que 50% de
tous les bananiers sont infectés en Afrique de l'Ouest, 75% en Afrique
centrale et 100% en Afrique de l'Est. Les plantains sont plus sensibles que
les bananiers à fruits de dessert (RAEMAEKERS, 2001).
II.2. CHARANÇON DU BANANIER
II.2.1. ORIGINE
Originaire de l'Asie du
Sud-est, le charançon s'est diffusé dans toutes les
régions tropicales et subtropicales productrices de bananes dessert et
plantain. En Afrique, Le charançon du bananier a été
signalé pour la première fois dans la région du Mayombe au
Bas - Congo (RDC), en 1916. Il serait d'après diverses publications, le
plus nuisibles de tous les ravageurs qui attaquent le bananier (SEBASIGARI,
1983 ; GATSINGI, 1987).
II. 2 .2. DESCRIPTION ET
BIOLOGIE
Le charançon adulte
est noir brillant, et mesure 9 à 10 mm de long. Les pattes sont robustes
avec des fémurs élargis. Les adultes sont nocturnes et peu
résistants à la sécheresse. Les femelles déposent
les oeufs isolement dans des cavités qu'elles creusent à la base
des pseudo-troncs, généralement au niveau du collet (bulbe), et
dans les stipes tombés sur le sol. Les larves qui sont du type
curculionidé sont blanchâtres et molles (LEMA, 2006).
La nymphose se passe dans le pseudo-tronc dans une logette
faite au bout d'une galerie larvaire. La nymphe est d'abord blanchâtre,
mais devient brunâtre avant l'éclosion. Le cycle vital, de l'oeuf
à l'adulte dure 4-9 semaines selon la température et le
développement de l'insecte est favorisé par une humidité
supérieure à 80% et une température d'environ 25°C.
En dessous de 24°C, la vitesse de croissance baisse pratiquement de
manière linéaire avec la température jusqu'à
s'annuler vers 12-13°C. Le charançon adulte peut vivre
jusqu'à quatre ans (FOGAIN, 2001).
II. 2. 3. ECOLOGIE
Le nombre de stades larvaires, forme nuisible de
l'espèce, varie selon la température et l'alimentation. Vers
25°C, le stade nymphal est atteint en 30 jours contre 40 jours à
22°C. L'adulte est sédentaire et se nourrit de déchets
végétaux. Les élevages au laboratoire fournissent
l'essentiel des données disponibles sur la biologie du charançon.
Le seuil thermique de développement serait de 12°C pour les oeufs,
et d'environ 9°C pour la larve. Le développement embryonnaire et
les taux d'éclosion les meilleurs sont observés entre 25 et
30°C (FRUITS, 1997).
Les trois facteurs qui influent sur le développement
des foyers d'infection sont : la température, l'hygrométrie
et l'attraction alimentaire. L'insecte recherche les endroits humides à
atmosphère saturée en eau, et où l'eau libre est
présente. Les températures trop faibles, inférieures
à 12°C ou trop élevées, supérieures à
35°C ainsi que des variations thermiques importantes semblent perturber la
biologie de l'insecte (ARLEU et AL, 1984 ; MESQUITA et ALVES, 1986).
II. 2.4. DEGATS
En principe les charançons du bananier sont lucifuges;
d'habitude ils fuient la lumière et sont actifs la nuit. La
présence des charançons ne se manifeste pas toujours par des
symptômes apparents d'attaque. Souvent même leurs
dégâts peuvent se confondre avec la pauvreté du sol,
l'attaque de taupes ou la destruction des tissus vasculaires par les
micro-organismes divers. Ainsi, ce n'est que par des observations minutieuses
que l'on peut s'assurer de la présence du charançon.
(VANDERWEYEN, 1962)
Les femelles creusent des cavités de ponte dans les
stipes, mais les dégâts les plus importants sont causés par
les larves qui font des galeries dans les bulbes et dans les rhizomes. On
constate alors un étiolement des feuilles périphériques.
Les plantes sévèrement attaquées semblent souffrir de
sécheresse et produisent des régimes de petite taille. Puisque le
système racinaire est détruit, ces plantes sont facilement
déracinées par les vents violents. Les charançons du
bananier sont des insectes plutôt sédentaires qui volent
très peu, mais se déplacent facilement à la surface du sol
(LEMA, 2006).
Une mesure du risque que représentent les ravageurs des
cultures est constituée par les pertes de rendement qu'ils peuvent
occasionner. En ce qui concerne le charançon du bananier, les
estimations effectuées en Côte d'Ivoire et au Cameroun font
état de baisse de rendements pouvant atteindre 20% en premier cycle de
production, 60% en deuxième cycle et 90% en troisième cycle
(FOGAIN, 2001).
VANDERWEYEN (1962) a démontré qu'il existe une
relation entre le nombre d'insectes sur pied, le coefficient d'infestation et
le pourcentage de pertes ; comme consigné au tableau (2) :
Tableau 2 : Relations entre le nombre d'insectes,
le coefficient d'infestation et le pourcentage des pertes.
Nombre d'insectes
|
Coefficient d'infestation (%)
|
Pourcentage de perte
|
0 - 1
|
0 - 5
|
0 - 5
|
1 -1,5
|
10
|
10
|
1,5 - 2
|
20
|
20
|
> 2
|
>25
|
>30
|
Source : Vanderweyen,
1962.
|