CONCLUSION PARTIELLE :
En somme, il faudrait dire que les essais de regroupement des
Etats de l'Afrique de l'Ouest remontent à la période coloniale. A
ce titre, la grande Afrique Occidentale Française (AOF) voulue et
réalisée par l'ex-puissance colonisatrice est bel et bien
illustrative de ces propos. Même après leur accession à la
souveraineté internationale en 1960, les Etats ouestafricains n'ont pas
rompu avec cette tendance orientée vers la réalisation des
regroupements étatiques. Plusieurs tentatives d'intégration
verront le jour dans cette partie du continent. Mais les plus importantes
remontent aux années 1959 et 1966 pendant lesquelles les Etats ont mis
en place deux unions douanières : l'UDAO et l'UDEAO en vue
d'accroître et d'intensifier leur coopération économique.
Ces deux Unions ont permis plus tard en 1972 la création d'une CEAO un
peu plus ambitieuse que les précédentes initiatives. Cependant,
il faudrait remarquer que ces différentes initiatives ont souvent
été très parcellaires c'est-à-dire ne regroupant
pas tous les Etats de la sous-région. C'est ainsi qu'en 1975, les seize
Etats de la sous-région vont mettre de côté leurs
différends et leur « égoïsme » et créer une
organisation plus complète et plus vaste : la CEDEAO. Cette
dernière une fois de plus était orientée vers
l'intégration économique, préalable indispensable à
la mise en place à long terme d'une organisation supranationale et
politique.
Trente-cinq ans après la création de la CEDEAO,
le bilan de ses réalisations au regard de ses objectifs reste
mitigé en dépit de ses nobles ambitions et de son cadre
institutionnel a priori bien pourvu.
Ainsi, il est donc patent que la CEDEAO est mise à
l'épreuve en ce qui concerne l'efficacité pratique de son cadre
institutionnel. Il importe donc d'analyser les causes et les éventuelles
solutions en vue de résorber cette contre-performance.
Les initiatives d'intégration régionale en
Afrique de l'Ouest : analyse du cadre institutionnel de la CEDEAO
La CEDEAO, une organisation mise à
l'épreuve
Les initiatives d'intégration régionale en
Afrique de l'Ouest : analyse du cadre institutionnel de la CEDEAO
Face à la mondialisation sans cesse accrue de la
société interétatique, il importe pour la CEDEAO de
s'acclimater à cette nouvelle donne afin de permettre à ces Etats
membres de mieux s'insérer dans l'économie mondiale et de leur
assurer un véritable développement. Pour atteindre cet objectif,
il est impératif pour l'organisation régionale de dépasser
la simple intégration économique voulue par son traité
constitutif afin de pouvoir s'engager dans un maximum de domaines à
l'origine relevant des compétences étatiques et favoriser
davantage un certain partage de souveraineté. Pour le moment, il
semblerait que le cadre institutionnel de l'organisation ne permette pas
vraiment le passage à une dimension supranationale tant attendue.
Dans cette partie, nous procéderons d'abord à un
diagnostic des insuffisances institutionnelles et des défis
politiques auxquels est confrontée la CEDEAO dans son élan vers
l'intégration
politique (Chapitre 1). Ensuite, à
l'issue de cette analyse, nous suggérons certaines réformes afin
de permettre la réalisation de l'intégration politique à
travers la CEDEAO (Chapitre 2).
Les initiatives d'intégration régionale en
Afrique de l'Ouest : analyse du cadre institutionnel de la CEDEAO
Des insuffisances institutionnelles aux défis
politiques
Les initiatives d'intégration régionale en
Afrique de l'Ouest : analyse du cadre institutionnel de la CEDEAO
Le diagnostic des insuffisances et des défis politiques
dont souffre la CEDEAO se fera dans une logique comparative entre le cadre
institutionnel de ladite organisation et celui de l'Union Européenne. Le
choix de cette démarche méthodologique se justifie par le fait
les communautés économiques régionales (CER) en Afrique
restent majoritairement des copies conformes d'autres modèles
d'organisations venus d'ailleurs. Les initiatives d'intégration
régionale africaine n'étant pas la plus part du temps des projets
endogènes, c'est-à-dire nés d'une volonté politique
autonome et non soumise à une pression extérieure
déterminante, on assiste très souvent à un
mimétisme institutionnel dans la configuration institutionnelle des CER
africaines. De ce fait, le cadre institutionnel de ces CER n'est pas toujours
compatible avec les réalités sociales ou
politico-économiques des Etats membres. Ce qui occasionne au final des
dysfonctionnements ou des contre-performances au niveau du rendement de ces
CER. La CEDEAO, quoiqu'étant l'initiative la plus avancée en
matière d'intégration régionale sur le continent africain,
ne fait pas exception à ce constat. Ainsi, certaines
insuffisances institutionnelles (Section 1)
peuvent être décelées autant dans son traité
originel de 1975 que dans la version révisée de 1993. A ces
insuffisances institutionnelles viennent s'ajouter des défis politiques
(Section 2) qui s'imposent aujourd'hui dans la pratique
méme de l'organisation régionale.
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