A. Les réalisations de la CEDEAO
Dans le cadre des réalisations de la CEDEAO, il
faudrait retenir que beaucoup d'efforts ont été
déployés dans la poursuite des objectifs de la communauté.
Ces réalisations remontent surtout à la décennie 1990
pendant laquelle le traité constitutif de l'organisation a connu une
révision. Les réformes institutionnelles apportées par le
Traité révisé ont permis certaines réalisations
pratiques des objectifs de la communauté. Le schéma de
libération des échanges de la CEDEAO a connu un démarrage
d'application à partir de cette décennie. C'est ainsi qu'à
ce jour, 2627 produits industriels fabriqués par 897 entreprises de la
communauté ont été agréés au schéma
de libéralisation des échanges. En plus, les chefs d'Etat et de
gouvernement ont décidé de l'extension du tarif extérieur
commun (TEC) de l'UEMOA à l'ensemble de la CEDEAO. Cela implique que
même les Etats qui ne sont pas membres de l'UEMOA devront appliquer cette
norme afin de parvenir à une uniformisation de la législation
douanière dans toute la sous-région. Dans le cadre de la mise en
application de cette décision, des mesures nécessaires ont
été prises pour parvenir à l'adoption d'un tarif
extérieur commun (UEMOA/CEDEAO) au cours de la période 2005-2008.
En outre, des mécanismes de financement de la communauté ont
été établis notamment par le biais d'un
prélèvement sur la valeur totale des importations des pays tiers.
Aussi, la coopération entreprise par la communauté avec de
nombreux bailleurs de fonds (Union Européenne, France, les institutions
de Bretton Woods, USAID, Club du Sahel, etc.) a-t-elle permis le financement et
la réalisation de nombreux projets multisectoriels. En outre, il a
été prévu de
Les initiatives d'intégration régionale en
Afrique de l'Ouest : analyse du cadre institutionnel de la CEDEAO
mettre en place ou de renforcer les mécanismes de
prévention et de résolution des conflits intra-étatiques
ou interétatiques. A titre illustratif, nous pouvons évoquer la
mise en place d'une force d'interposition, le groupe de contrôle de la
communauté économique des Etats de l'Afrique de l'ouest (ECOMOG)
et les nombreuses opérations de maintien ou d'instauration de la paix
réalisées par cette force au Libéria (1990-1999), en
Sierra-Léone (1997-2000) et en Guinée (1998-2000).
B. Les chantiers de la CEDEAO
Nonobstant ces efforts, il faudrait dire que certains
obstacles subsistent encore dans certains secteurs d'intervention de la CEDEAO.
Le programme communautaire en matière de liberté de circulation,
de résidence et d'établissement des citoyens de la CEDEAO a subi
une succession de revers depuis son lancement et faute de ratifications
nécessaires, son entrée en vigueur demeure parcellaire dans la
communauté. Mais sur les routes inter-Etat, d'innombrables postes de
douanes et de gendarmeries sont apparues et participent à une grande
corruption. Les pays enclavés, comme le Niger ou le Burkina Faso en font
les frais. La route nationale Cotonou --Niamey, longue de 1 036 km,
empruntée par les camions de transit, est jonchée d'une trentaine
de postes de contrôle. Entre le port de Lomé et Ouagadougou, 989
km, la situation est identique malgré l'engagement pris par les Etats
côtiers de remédier à cette situation et malgré
aussi la création des Comités nationaux de suivi des programmes
de la CEDEAO sur la libre circulation des personnes et des transports. En plus,
le projet de création d'une zone monétaire unique à
l'horizon 1994, puis reporté à l'horizon 2000 n'a aucunement
progressé depuis son adoption en 1983. Pour preuve, jusqu'à ce
jour, tous les Etats de la CEDEAO ne font pas encore partie de l'UEMOA, une
autre organisation en charge de la création de la zone monétaire
unique dans la sous-région ouest-africaine. La convergence des
politiques économiques et financières, semble pour l'instant, un
objectif difficile à atteindre au vu des énormes
disparités qui existent, par exemple entre le Nigeria et le Liberia,
tout juste sorti d'une guerre civile de dix ans. Par ailleurs, s'il est vrai
que la CEDEAO a été mandatée par son traité
constitutif de la réalisation d'une intégration économique
entre les Etats de la sous-région, trente-cinq ans après la
création de cette organisation, la part du commerce
intra-régional officiel dans les exportations demeure
Les initiatives d'intégration régionale en
Afrique de l'Ouest : analyse du cadre institutionnel de la CEDEAO
insignifiante : le commerce et les échanges à
l'intérieur de l'espace sont restés très faibles et
n'atteignant que péniblement le seuil de 11% par rapport au
commerce32.
Selon l'avis de nombreux analystes, cette contre-performance
est liée à certains égards aux déficiences du cadre
institutionnel de l'organisation. Ces déficiences peuvent aller du
simple manque de coordination entre les organes décisionnels et
d'exécution de l'organisation jusqu'au manque de volonté
politique imputable aux Etats membres. Mais de cette étude sur
l'évolution historique du processus d'intégration
régionale en Afrique de l'ouest, que pouvons-nous retenir en conclusion
?
32 Rapport du centre africain pour les politiques
commerciales, Décembre 2005.
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Afrique de l'Ouest : analyse du cadre institutionnel de la CEDEAO
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