Section 2 : Les perspectives politiques et
économiques
Nous envisagerons dans cette section les différentes
perspectives à entreprendre afin de créer un environnement
politique et économique optimal pour la réalisation d'une
véritable intégration régionale en Afrique de l'Ouest.
Paragraphe 1 : Les perspectives politiques
L'environnement politique de l'ensemble de la
sous-région est un facteur crucial pour la réalisation de
l'intégration régionale. Il est urgent alors d'oeuvrer pour la
démocratisation des régimes politiques des Etats membres. A
l'évidence, les Etats bénéficiant d'une
légitimité démocratique paraissent mieux disposés
à la concertation collective que les Etats autoritaires. Ainsi, en
l'absence de volontés politiques internes pouvant assurer le processus
de démocratisation des Etats membres, la coopération politique
interétatique apparaît comme une
48 Article 77 du traité révisé
Les initiatives d'intégration régionale en
Afrique de l'Ouest : analyse du cadre institutionnel de la CEDEAO
alternative permettant d'atteindre ce but
(A). Par ailleurs, afin de renforcer cette coopération
politique, les Etats membres pourront envisager la définition d'une
politique extérieure commune au niveau de la sous-région
(B).
A. La coopération politique
interétatique, condition de l'intégration régionale
De toute évidence, la solidité d'un processus
d'intégration régionale dépend du degré
d'implication des Etats membres et de la cohésion politique entre ces
derniers. Les échecs passés de nombreuses initiatives
d'intégration régionale en Afrique doivent beaucoup à
l'instabilité politique des Etats membres. Il importe alors de renforcer
la coopération politique entre les Etats en dehors du champ de
l'organisation régionale. Dans ce cadre, il pourrait être
envisagé d'encourager et surtout de perpétuer les initiatives de
médiation entreprises par certains politiques ayant permis de subjuguer
certaines crises politiques dans la sous-région. De telles initiatives
ont l'avantage non seulement de renforcer la coopération politique entre
les Etats membres mais aussi d'assurer la stabilité politique interne
des Etats membres et la pacification de leurs relations interétatiques.
Cette dernière constitue également une seconde condition
évidente pour donner quelque chance d'avenir au processus
d'intégration dans la région. Car l'expérience a
montré que des tensions interétatiques ont remis en cause
certaines initiatives de regroupement sur le continent. A titre illustratif,
nous évoquerons les difficultés avérées dans les
relations entre les pays d'Afrique centrale qui ne facilitent pas les
progrès de la CEEAC.
Pour finir, la nécessité d'une
coopération interétatique est aujourd'hui d'actualité car
elle permet d'instaurer un équilibre géopolitique dans la
région. Il serait en effet légitime de penser que des
déséquilibres géoéconomiques trop importants
pourraient transformer la zone d'intégration en une zone d'influence
géopolitique. De toute évidence, la CEDEAO est polarisée
autour du Nigéria qui représente à la fois une puissance
économique et démographique dans la communauté. Ainsi, une
coopération politique entre les Etats membres pourra biaiser
considérablement cette hégémonie nigériane au sein
de la communauté. De cette façon, les Etats membres pourront
être sur un même pied d'égalité
Les initiatives d'intégration régionale en
Afrique de l'Ouest : analyse du cadre institutionnel de la CEDEAO
dans leurs relations dans l'organisation régionale. Au
final, cette coopération politique devra aboutir à la
définition d'une politique extérieure commune au sein de la
communauté. La nouvelle logique supranationale adoptée par
l'organisation régionale facilitera énormément la
réalisation de cet idéal.
B. Vers une politique extérieure
commune
La dimension supranationale de l'intégration
régionale devra amener les Etats membres de la CEDEAO à unifier
leurs points de vue à travers la définition d'une politique
extérieure commune. Dans cette logique, il ne sera plus question de
convergences sporadiques ou d'alliances occasionnelles mais plutôt de
procéder à une institutionnalisation de ces alliances. Au reste,
on peut retrouver dans le traité révisé une base à
ce projet. Aux termes de l'article 85 de celui-ci, « les Etats membres
s'engagent à formuler, et à adopter des positions communes au
sein de la communauté sur des questions relatives aux
négociations internationales avec les parties tierces ». Quelques
exemples peuvent être donnés à cet égard. Dans le
cadre des opérations de maintien de la paix, la CEDEAO a pu se poser en
partenaire de l'ONU. C'est une position unique que la communauté a
toujours défendue en la matière. Dans ce contexte, il ne serait
pas exagéré de soutenir que, de moins en moins, la
définition de la politique sécuritaire dépend des Etats
membres de l'organisation. Cette collaboration avec l'ONU atteste de la
crédibilité naissante de la communauté dans le domaine de
la préservation de la paix et de la sécurité
internationales. En outre, la CEDEAO a noué en 2004 un partenariat avec
le FMI dans le cadre des politiques de convergence macroéconomiques, des
réformes fiscales et douanières ainsi que pour la mise en oeuvre
du tarif extérieur commun et de la zone de libre échange de la
CEDEAO. A travers cette coopération, la CEDEAO devra représenter
ses Etats membres en exprimant leur volonté dans les négociations
avec le FMI. Ce sont autant d'exemples qui prouvent que c'est en s'exprimant
d'une seule voix que les Etats membres de l'organisation sous régionale
se font mieux entendre. L'autre pas à franchir consistera en
l'érection d'organes permanents voués à l'exécution
des politiques communes adoptées par les Etats membres. Dans ce cadre,
il faudrait envisager la création des représentations de
l'organisation dans les Etats membres. Ces représentations pourront
faire office de missions diplomatiques dans les Etats membres.
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