2-3- Le financement agricole
Le terme financement agricole est large et recouvre des domaine
de nature différente :
- le financement de l'exploitation agricole (campagne agricole,
équipement, soudure...) ; - le financement des organisations agricoles
;
- le financement de la commercialisation des produits agricoles
;
- le financement des services d'appui à l'agriculture
(vulgarisation, recherche, infrastructure ...)
D'après Sossoh et Varlag (1997), le terme de
financement fait référence à la nécessité
d'avoir accès à certains éléments pour produire et
améliorer le bien-être; il s'agit tout simplement de facteurs
indispensables aux personnes pour bien mener les activités qui
sous-tendent leur existence quotidienne. La prise en compte de ces facteurs
à travers leur financement serait d'un grand atout pour la
redynamisation des activités des pauvres ruraux. Actuellement, la
microfinance est la solution proposée à ces ruraux en vue du
financement de leurs activités agricoles. Or, le financement agricole ne
se résume pas seulement à la mobilisation des ressources de
production (terre, main d'oeuvre, intrants agricoles, capital). Il doit aussi
prendre
en compte les facteurs qui permettent d'avoir la
possibilité de combiner ces ressources pour obtenir un produit dont
l'utilisation concoure à l'amélioration du bien-être. Pour
cet auteur, lorsque vous remettez du crédit à un pauvre
producteur qui n'a pas fini de résoudre ses problèmes de faim ou
de santé, il l'utilisera pour le faire au lieu d'acquérir des
ressources nécessaires à la production agricole. C'est cette
triste réalité du monde rural qui a expliqué en grande
partie l'échec des politiques de microfinance en milieu rural
africain.
Selon Goodland et al. (1999), les types de financements dont
ont besoin les pauvres peuvent donc être classés de la
manière suivante :
- Le crédit de production :
les pauvres ont besoin de financement pour la production afin de
générer des revenus de leurs activités, que ce soit des
activités de court terme comme le petit commerce ou des investissements
à long terme comme l'amélioration des outils agricoles ou la
terre.
- Le crédit de consommation :
les risques liés à la production agricole notamment dans les
régions marginalisées et donc l'incertitude des revenus agricoles
contribuent à la vulnérabilité des moyens de survie et
sont des menaces pour la consommation. Le crédit serait
nécessaire pour réguler un temps soit peu les déficits de
consommation.
- L'épargne : il joue
plusieurs rôles importants bien qu'étant encore
négligé par certains programmes de réduction de la
pauvreté ; en renonçant à la consommation, les
ménages augmentent leurs options dans le futur, aussi bien pour
l'investissement que la consommation. L'épargne protège contre
les déficits futurs, réduit la vulnérabilité et
permet un investissement futur pour les activités de production.
- L'assurance : la fragilité
et le risque de survivance entraînent la nécessité
d'assurance. Pour se protéger contre le risque, les ménages
pauvres emploient un certain nombre de stratégies qui sont en fait des
formes d'assurance. Il s'agit de : l'épargne (argent ou actif pouvant
être récupéré en cas de besoin) ; des comportements
réduisant le risque (exemple : choix de culture à faible
rendement mais tolérant la sécheresse) ; et l'investissement dans
le capital social (exemple : sécurité sociale informelle telle
que le développement des liens avec des pairs ou des parents afin de
bénéficier d'une certaine assistance en cas de besoin).
Comme on le voit, cet auteur distingue des pratiques
endogènes (comportements pour réduire le risque, investissement
dans le capital social) qui peuvent être considérées comme
des stratégies locales de financement agricole. Les politiques agricoles
gagneraient à améliorer ces pratiques.
Les effets du crédit ont pu être mesurés
à divers niveaux notamment celui du ménage, de l'entreprise et de
la société. En ce qui concerne les ménages, un
accroissement du revenu, une sécurité alimentaire des individus,
et en particulier des enfants (Sharma et Zeller, 1998) peuvent être
ressentis. Le crédit agricole peut être un facteur de
développement du secteur agricole car permettra de couvrir en partir les
besoins en financement agricole des producteurs en Afrique. Les agricultures
familiales ont besoin de se moderniser, de s'intensifier, de financer
l'innovation technique et organisationnelle et les besoins de financement sont
immenses
Mais paradoxalement, même si toutes les conditions sont
réunies pour faciliter la disponibilité du crédit,
certains producteurs préfèrent ne pas en prendre. L'une des
raisons est qu'ils pensent qu'un endettement les enliseront de plus belle, vu
qu'ils doivent nécessairement rembourser le crédit et qu'ils
vivaient déjà dans une situation financière
précaire. C'est alors qu'ils optent pour des pratiques endogènes
ou développent diverses stratégies pour pouvoir mener leurs
activités agricoles qui nécessite quand même d'importants
investissements. Ces stratégies développées par les
producteurs, visent un contournement des difficultés crées par
leur vulnérabilité matérielle et financière.
Néanmoins, en dépit de la mise en oeuvre des différentes
stratégies, les revenus issus des activités des ménages
ruraux pauvres sont encore largement inférieurs à leur besoin en
financement (Yègbémey, 2007).
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