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Stratégies de financement des activités agricoles développées par les producteurs ruraux dans la commune de Gogounou (Nord Bénin)

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par Hermann ALINGO
Université de Parakou - Diplôme d'ingénieur agronome: option économie et sociologie rurale 2009
  

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2-3- Le financement agricole

Le terme financement agricole est large et recouvre des domaine de nature différente :

- le financement de l'exploitation agricole (campagne agricole, équipement, soudure...) ; - le financement des organisations agricoles ;

- le financement de la commercialisation des produits agricoles ;

- le financement des services d'appui à l'agriculture (vulgarisation, recherche, infrastructure ...)

D'après Sossoh et Varlag (1997), le terme de financement fait référence à la nécessité d'avoir accès à certains éléments pour produire et améliorer le bien-être; il s'agit tout simplement de facteurs indispensables aux personnes pour bien mener les activités qui sous-tendent leur existence quotidienne. La prise en compte de ces facteurs à travers leur financement serait d'un grand atout pour la redynamisation des activités des pauvres ruraux. Actuellement, la microfinance est la solution proposée à ces ruraux en vue du financement de leurs activités agricoles. Or, le financement agricole ne se résume pas seulement à la mobilisation des ressources de production (terre, main d'oeuvre, intrants agricoles, capital). Il doit aussi prendre

en compte les facteurs qui permettent d'avoir la possibilité de combiner ces ressources pour obtenir un produit dont l'utilisation concoure à l'amélioration du bien-être. Pour cet auteur, lorsque vous remettez du crédit à un pauvre producteur qui n'a pas fini de résoudre ses problèmes de faim ou de santé, il l'utilisera pour le faire au lieu d'acquérir des ressources nécessaires à la production agricole. C'est cette triste réalité du monde rural qui a expliqué en grande partie l'échec des politiques de microfinance en milieu rural africain.

Selon Goodland et al. (1999), les types de financements dont ont besoin les pauvres peuvent donc être classés de la manière suivante :

- Le crédit de production : les pauvres ont besoin de financement pour la production afin de générer des revenus de leurs activités, que ce soit des activités de court terme comme le petit commerce ou des investissements à long terme comme l'amélioration des outils agricoles ou la terre.

- Le crédit de consommation : les risques liés à la production agricole notamment dans les régions marginalisées et donc l'incertitude des revenus agricoles contribuent à la vulnérabilité des moyens de survie et sont des menaces pour la consommation. Le crédit serait nécessaire pour réguler un temps soit peu les déficits de consommation.

- L'épargne : il joue plusieurs rôles importants bien qu'étant encore négligé par certains programmes de réduction de la pauvreté ; en renonçant à la consommation, les ménages augmentent leurs options dans le futur, aussi bien pour l'investissement que la consommation. L'épargne protège contre les déficits futurs, réduit la vulnérabilité et permet un investissement futur pour les activités de production.

- L'assurance : la fragilité et le risque de survivance entraînent la nécessité d'assurance. Pour se protéger contre le risque, les ménages pauvres emploient un certain nombre de stratégies qui sont en fait des formes d'assurance. Il s'agit de : l'épargne (argent ou actif pouvant être récupéré en cas de besoin) ; des comportements réduisant le risque (exemple : choix de culture à faible rendement mais tolérant la sécheresse) ; et l'investissement dans le capital social (exemple : sécurité sociale informelle telle que le développement des liens avec des pairs ou des parents afin de bénéficier d'une certaine assistance en cas de besoin).

Comme on le voit, cet auteur distingue des pratiques endogènes (comportements pour réduire le risque, investissement dans le capital social) qui peuvent être considérées comme des stratégies locales de financement agricole. Les politiques agricoles gagneraient à améliorer ces pratiques.

Les effets du crédit ont pu être mesurés à divers niveaux notamment celui du ménage, de l'entreprise et de la société. En ce qui concerne les ménages, un accroissement du revenu, une sécurité alimentaire des individus, et en particulier des enfants (Sharma et Zeller, 1998) peuvent être ressentis. Le crédit agricole peut être un facteur de développement du secteur agricole car permettra de couvrir en partir les besoins en financement agricole des producteurs en Afrique. Les agricultures familiales ont besoin de se moderniser, de s'intensifier, de financer l'innovation technique et organisationnelle et les besoins de financement sont immenses

Mais paradoxalement, même si toutes les conditions sont réunies pour faciliter la disponibilité du crédit, certains producteurs préfèrent ne pas en prendre. L'une des raisons est qu'ils pensent qu'un endettement les enliseront de plus belle, vu qu'ils doivent nécessairement rembourser le crédit et qu'ils vivaient déjà dans une situation financière précaire. C'est alors qu'ils optent pour des pratiques endogènes ou développent diverses stratégies pour pouvoir mener leurs activités agricoles qui nécessite quand même d'importants investissements. Ces stratégies développées par les producteurs, visent un contournement des difficultés crées par leur vulnérabilité matérielle et financière. Néanmoins, en dépit de la mise en oeuvre des différentes stratégies, les revenus issus des activités des ménages ruraux pauvres sont encore largement inférieurs à leur besoin en financement (Yègbémey, 2007).

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