CHAPITRE V
ANALYSE DE LA PART DU REVENU
AGRICOLE REINVESTIE DANS LES
ACTIVITES DE PRODUCTION AGRICOLE
5- ANALYSE DE LA PART DU REVENU ANNUEL REINVESTIE DANS
LES ACTIVITES DE PRODUCTION AGRICOLE
L'analyse de la part des revenus agricoles annuels
réinvestie par les producteurs ruraux constitue le deuxième
objectif de la présente étude. Il était donc
nécessaire dans le chapitre précédent d'évaluer les
revenus agricoles et d'analyser leurs variations selon le sexe, le type
d'activité ou le niveau d'éducation. L'autofinancement
représente l'un des moyens privilégiés de financement de
n'importe quelle entreprisse, elle constitue une stratégie de
financement fortement utilisée par les producteurs ruraux (hommes et
femmes). Alors dans le présent chapitre, il s'agira essentiellement
d'apprécier les variations de la part moyenne de réinvestissement
des revenus agricoles annuels dans les activités de production agricole
par les femmes et les hommes
5-1- Analyse des charges propres à chaque type
d'activité
La pratique des activités agricoles est soit purement
sociale, soit économique, soit social et économique. Car certains
producteurs visent tout simplement la survie de leurs familles en cherchant
seulement à garantir l'autosuffisance alimentaire au sein du
ménage et disposer d'un peu de liquidité pour faire face à
certains besoins sociaux. D'autres, par contre, font de l'agriculture, de
l'élevage ou les transformations agro-alimentaires dans un but
économique et c'est le profit maximum qui est visé. Tout se joue
pratiquement au niveau de la quantité des facteurs de productions mis en
oeuvre et des principales charges financières engagées dans les
pratiques des différentes activités. L'agriculteur a le choix
entre solliciter beaucoup de main d'oeuvre salariée ou peu de main
d'oeuvre salariée, il peut opter pour une agriculture intensive ou une
agriculture extensive. Un éleveur peut trouver judicieux d'utiliser des
compléments alimentaires qui sont relativement chères tandis
qu'un autre n'alimentera ces animaux qu'à partir des herbes disponibles
dans les prés. Une femme peut opter pour une activité de
transformation nécessitant des inputs très chers tandis qu'une
autre choisira une activité nécessitant moins de dépense.
L'un ou l'autre n'investisse pas les mêmes quantités d'argent dans
les différentes activités de production exercées.
L'analyse du tableau 5.1 montre que l'agriculture et les
activités de transformation agricole constituent les activités
qui nécessitent le plus d'investissement de la part des producteurs
ruraux. En effet, à l'échelle communale, les femmes
dégagent en moyenne 1.173.740 Fcfa pour faire face aux charges relatives
aux activités de transformation agro-alimentaires. Les agriculteurs
doivent débourser en moyenne 586.330 Fcfa. L'élevage
représente l'activité qui
nécessite le moins de charges car les animaux se
nourrissent facilement dans la nature. Les éleveurs de Gogounou
dépensent donc seulement 69.420 Fcfa en moyenne pour les soins
vétérinaires et les compléments alimentaires (sac de sels,
pierre à lécher...).
Tableau 5.1 : Charges relatives aux
différentes activités de productions
Niveau village et communal
|
Minimum
|
Maximum
|
Moyenne
|
Agriculture
|
Elevage
|
Transformation
|
Agriculture
|
Elevage
|
Transformation
|
Agriculture
|
Elevage
|
Transformation
|
Lougou
|
53.300
|
6.850
|
115.200
|
2.712.000
|
1.070.000
|
1.278.000
|
751.295
|
176.545
|
687.800
|
Zougou
|
0
|
5.900
|
84.000
|
1.430.160
|
57.000
|
19.550.000
|
552.315
|
29.545
|
2.708.990
|
Wèrè
|
31.500
|
12.000
|
171.000
|
2.115.800
|
140.000
|
1.692.000
|
484.805
|
41.890
|
648.950
|
Boro
|
43.200
|
0
|
32.400
|
4.480.540
|
456.500
|
3.120.000
|
530.770
|
64.370
|
831.300
|
Gogounou
|
0
|
0
|
32.400
|
4.480.540
|
1.070.000
|
19.550.000
|
586.330
|
69.420
|
1.173.740
|
Dans tous les villages à l'exception de Lougou, les
charges des activités de transformations agricoles sont
supérieures aux charges des autres activités de production
agricole (voir figure 5.1). Les postes de dépenses au niveau de
l'agriculture se résument à la rémunération de la
main-d'oeuvre pour les différentes opérations culturales,
l'acquisition des intrants agricoles. Or les agriculteurs ont la
possibilité de réduire considérablement les
dépenses, par exemple un agriculteur mobilisant fortement la
main-d'oeuvre familiale baissent de façon significative les coûts
liés aux activités agricoles. Tandis que dans le secteur des
transformations agroalimentaires, la plupart des dépenses sont
incompressible et inévitable. Une femme qui fait par exemple le fromage
de soja a nécessairement besoin d'acheter pendant toute l'année
le soja pour le faire. Ce qui nécessite énormément de
dépense surtout que le prix du soja fluctue énormément au
cours de la même année et que les revenus issus de cette
activité sont par ailleurs relativement faibles. Même si elle doit
disposer elle-même de son champ de soja, elle n'a souvent pas la force de
cultiver de grande superficie dont elle exploitera la récolte pour la
transformation. Même si elle a de l'argent pour payer de la main-d'oeuvre
pour l'aider, cette main-d'oeuvre (c'est l'une des contraintes liées au
financement agricoles soulevées par les femmes) n'est pas toujours
disponible car les manoeuvres préfèrent travailler d'abord dans
le champ des hommes. Et quand ils sont prêt pour travailler le champ de
femme, les bonnes
périodes de labour ou de semis sont déjà
passer car la pluie s'arrête déjà en se moment. En
conclusion, les femmes doivent engager de grandes dépenses pour pouvoir
mener continuellement leurs activités de transformations
agroalimentaires. Ces raisons expliquent à notre avis le niveau
élevé des charges relatives aux activités de
transformations par rapport aux charges relatives à l'agriculture et
à l'élevage.
Figure 5.1 : Niveau moyen des charges
relatives aux différentes activités de productions agricoles
3000000 2500000 2000000
|
|
|
|
1500000 1000000 500000 0
|
|
Agriculture Elevage Transformation
|
|
|
|
Lougou Zougou Wèrè Boro
|
|
|
|