I.2. Emergence de nouvelles catégories d'acteurs
On assiste donc à l'émergence des nouvelles
classes d'acteurs, parmi lesquelles on trouve celle des «
agro-éleveurs », combinant dans des proportions
divergentes, les deux activités. Celle-ci est à la fois
constituée d'éleveurs Peuhls d'origine, mais aussi d'agriculteurs
ayant progressivement accumulé un certain cheptel,
phénomène qu'on rencontre notamment dans l'Ouest du pays (Nana
Mambéré et l'Ouham). Ici, la proportion des agro-éleveurs
par rapport à l'ensemble des ménages en milieu rural a
augmenté de 47,7% en 1997 à 60% en 2002.
23
GANABO, P., cité dans BLANC, F. et al., ouvrage
cité ;
24 Marchés tropicaux 15 mars 2002, spécial
Centrafrique ;
On assiste également à une importance
grandissante des « éleveurs-commerçants ». Le commerce
du bétail, ainsi que celui des diamants constituent un autre palliatif
par rapport au déstockage des troupeaux. En 2001, la catégorie
des éleveurscommerçants représentait 12% de la population
rurale au Centre et à l'Ouest, contre 5,9% en 1997. Si parmi ceux-ci, on
retrouve une grande proportion des personnes pouvant être
qualifiées de « petit débrouillard », il y a aussi des
gros propriétaires de bétail, qui confient leurs troupeaux
à des bergers salariés. La proportion de ces troupeaux par
rapport au cheptel national n'est par contre pas connue. Le déstockage
massif des troupeaux d'éleveurs laisse cependant présager un
processus important de transfert de propriété au profit de cette
catégorie d'acteurs.
I.2.1. Afflux important d'éleveurs transhumants
provenant des pays limitrophes
Parallèlement à ces importantes mutations au
sein de la société des éleveurs centrafricains, le pays
assiste à une forte augmentation de la pénétration
interannuelle d'éleveurs transhumants provenant du Tchad et du Soudan,
dont l'importance, en termes de nombre et de taille des troupeaux semble
très importante25. Ceux qui viennent du Tchad et traversent
le centre et l'ouest du pays, sont constitués en majorité par des
Peuhl couramment désignés par le terme « Anagambas ».
Leur terminus se trouve de plus en plus dans la Lobaye, donc dans les zones
forestières au sud du pays, où leur présence se heurte
à des graves conflits avec les populations autochtones.
Il n'existe aucune véritable étude sur les
itinéraires et le mode de vie de ces transhumants, ils sont
généralement occultés dans les études
socio-économiques. Du fait de leur passage loin des
agglomérations, leur présence est souvent difficile
25
Des statistiques précises là-dessus ne sont pas
disponibles
à saisir pour les services de l'élevage. La
figure 5 illustre assez schématiquement les mouvements de transhumance
opérés par les éleveurs en provenance/ou direction des
pays limitrophes.
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