CHAPITRE II : LE CONTEXTE DE L'UTILISATION DE L'ESPACE
AGROPASTORAL
Les règlements foncières et du pâturage
liés au secteur de l'élevage sont réglementés par
les lois n° 64/32 et 64/33 du 20 novembre 1964 portant création et
organisation des collectivités territoriales et des circonscriptions
administratives en République Centrafricaine. Le titre III de la loi
n° 64/32 a trait à la formation des communes rurales de zone
d'élevage et la désignation des maires et la gestion du conseil
municipal. Ces deux textes sont complétés par la loi n°
65/61du 3 juin 1965, portant réglementation de l'élevage en
République Centrafricaine. Dans son titre III concernant l'alimentation
animale, l'article 7 stipule que "le droit de vaine pâture appartient
à la généralité des habitants".
Cependant la loi prévoit aussi des limitations en ce
qui concerne la vaine pâture. L'article 7 prévoit que « toute
la vaine pâture ne peut s'exercer sur aucune terre ensemencée, ou
couverte d'une culture quelconque faisant l'objet d'une récolte, ni sur
un terrain clos, ni en forêt classée, ni dans les parcs et
réserves et de flore ». Plus loin, il est mentionné que
« quiconque fera pâturer ou laissera pâturer en contravention
avec les dispositions du présent article sera puni des peines
prévues par les articles 288, 289 (paragraphe 12) et 291 (paragraphe 4)
du code pénal ».
Dans les communes d'élevage et dans les zones
d'élevage classées, « le Ministre chargé de l'Elevage
peut réglementer les cultures et rendre obligatoire la clôture des
terrains sur lesquels elles sont pratiquées, les terrains non clos
retomberont dans le domaine de la vaine pâture et
leurs propriétaires, ou leurs occupants, seront punis
des peines prévues à l'article 379 de la
présente loi ». L'article 8 de la même loi parle des
sanctions concernant la divagation du bétail hors des zones
réservées à la vaine pâture et dit ceci : «
Hors les cas expressément prévus par la loi 62/33 du 7/12/1962,
lorsque les animaux domestiques sont trouvés errant sur des terrains
affranchis de la vaine pâture en vertu de l'article
précédent, nul ne doit abattre ou blesser ces animaux, de quelque
façon que ce soit ». Mais ces animaux doivent être conduits
en fourrière désignée par le maire. Les infractions
à ces dispositions seront des peines prévues aux articles 277 et
292 (paragraphe 10) du code pénal. La divagation des animaux domestiques
sur la voie publique est réglementée et sanctionnée par
arrêté du Ministre chargé de l'élevage conjointement
avec le Ministre des travaux publics.
Il faut cependant souligner qu'en dehors de la loi de 1965,
aucune disposition précise n'est prévue dans le cas de conflits
entre agriculteurs et éleveurs.
Section I: Agriculture en Centrafrique
Combinée aux activités d'élevage, de
chasse et de pêche, l'agriculture représente près de la
moitié du PIB centrafricain. La part relative de l'agriculture et de
l'élevage est d'environ 29% pour les productions végétales
et 9% pour les productions animales. A coté de cela, l'exploitation du
bois et les activités minières (diamant et l'or)
représentent respectivement 16% et 7% du PIB10.
9
Seront punies d'une amende de 1000 à 2000 francs et d'une
peine de 1 à 5 jours de prison, les infrac-tions à l'article 4
(alinéa
3) de la présente loi. Seront punies d'une amende de
2000 à 4000 francs et de 1à 8 jours de prison, les infractions
aux articles 6 et 7 (alinéa 5) de la présente loi. En cas de
récidive, les peines pourront être doublées. Ces
contraventions peuvent donner lieu à paiement immédiat d'une
amende, payable entre les mains de l'agent verbalisateur.
10
Source : IZF-Net, Division géographique du
Ministère français des affaires étrangères ;
77% de la population active totale vit des secteurs primaires.
Située à cheval sur deux grandes zones climatiques,
sahélienne au nord et équatoriale au sud, la Centrafrique
dispose, a priori, de conditions assez favorables du milieu (du point de vue de
son climat, de ses sols, et sa disponibilité foncière). En
dépit de cela, la population centrafricaine fait partie des populations
les plus démunies du monde. 57% de la population rural vit en dessous du
seuil de pauvreté11. Divers facteurs structurels propres au
pays partiellement évoqués dans les sections
précédentes, accentuées par les facteurs conjoncturels
liés à l'évolution sociopolitique interne, ainsi
qu'à l'environnement international, expliquent cette situation.
Les produits vivriers, qui constituent le socle de la
production agricole centrafricaine, dominent largement la production primaire.
Les principales cultures vivrières sont le manioc, l'arachide, et le
maïs. Localement, on trouve aussi les cultures de riz, de mil et de sorgho
dans le Nord, et les tubercules, le palmier à huile et les bananes
plantains dans le Sud. Le manioc occupe environ 40% des terres cultivées
et représente plus de 70% de la production en volume. Environ 40- 45% de
l'ensemble des quantités vivrières produites sont
commercialisés.
Les principaux produits agricoles de rente et d'exportation
sont le coton et le café. Un zonage schématique,
élaboré lors de la consultation sectorielle de 1989, permet
d'illustrer la répartition spatiale de la production agricole
centrafricaine12 :
· Zone « forêt-café », qui
correspond au Sud-ouest et au Centre Sud
· Zone « vivrier-élevage », qui
correspond aux zones de savane du Centre Ouest, caractérisée par
des systèmes de production agricoles exclusivement vivriers
11AMOUDOU, A., BARANGER, C., PIERROT, J., WYBRECHT,
B. : République Centrafricaine, Note de secteur Monde Rural
12
SODETEG, Bilan Diagnostic et Stratégie de
développement du secteur agricole 1999 - 2004
· Zone « coton-vivrier-élevage », qui
correspond aux savanes du Centre Est et Nord Ouest
· Zone « cynégétique et touristique
», qui correspond à toute la partie est du pays,
caractérisée par une très faible densité de la
population et des activités agricoles.
I.1. Structuration du milieu agricole dans les zones
cotonnières
Les zones cotonnières comprennent les
préfectures de la Ouaka, de l'OuhamPendé, de l'Ouham, de la
Nana-Gribizi et de la Kémo. En complément aux actions techniques
de la Société Cotonnière de Centrafrique (SOCOCA) dans les
domaines de la production, de la distribution des intrants et de la collecte du
coton, les efforts conjugués de plusieurs projets13 ont
permis l'émergence dans ces régions de plus de 1 200 groupements,
dont environ 830 Groupements d'Intérêt Ruraux (GIR) coton, qui
regroupent plus de 100 000 agriculteurs, et une amorce de structuration des
regroupements communaux et des fédérations
préfectorales.
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