II. Création de plates-formes ou commissions
mixtes « éleveurs-agriculteurs »
Le processus visant la « création de capital social
» ne pourra pas se limiter aux simples ateliers de concertation, qui ne
sont pas une fin en soi et qui ne constituent,
en réalité, qu'une étape. Ils ne doivent
donc pas rester des initiatives vides mais s'insérer dans une
stratégie plus à long terme. Dans cet esprit, les réunions
pourraient converger vers des plates-formes ou cadres permanents de
réflexion et de concertation. Composées de
manière paritaire par des représentants des deux groupes en
place, en particulier des sages, ces plates-formes pourront jouer un rôle
primordial dans les réflexions sur l'avenir de la cohabitation,
c'est-à-dire la détermination des modalités pratiques et
des mesures à prendre pour la prévention de futurs conflits. Les
chefferies locales des deux côtés, étant les acteurs
classiques dans le traitement des conflits, doivent de préférence
être des membres à part entière de ces cadres, pouvant
aussi être appelés « commissions mixtes », à
l'instar de l'expérience de l'AFD en la matière dans l'Est
tchadien.
Les Associations Eleveurs-Agriculteurs (AEA,) correspondent
tout à fait à cet esprit de plate-forme. Au niveau de l'AEA de
Didango-Mandjo ou, l'entente mutuelle entre agriculteurs et éleveurs
paraît parfaite, ce qui se manifeste à travers l'extrême
rareté de dégâts champêtres et l'absence quasi-totale
des cas d'abattage d'animaux. Dans le cadre de cette AEA, les individus
étant impliqués dans ce genre de pratiques ont été
expulsés de la zone par suite des concertations entre les deux
parties.
II.1. Appuyer l'élaboration, au niveau
décentralisé, des codes locaux
Depuis quelques années, l'établissement de
conventions locales constitue un outil privilégié pour des
nombreux intervenants en Afrique, afin de formaliser des accords locaux sur le
partage de l'espace et des règles de conduite en matière de
l'utilisation des ressources naturelles. De telles dispositions pourraient
être un des produits possibles des plates-formes agriculteurs et
éleveurs en RCA. Il s'agit d'une forme juridique souple (un « code
local ») pour réglementer la cohabitation des deux groupes, qui est
à la hauteur des acteurs locaux et qui s'intègre bien dans
le contexte de la décentralisation entamée.
L'avantage réside notamment dans le degré élevé
d'appropriation des dispositions de gestion par les principaux acteurs
concernés, à cause du caractère conjoint de leur
élaboration. De ce fait, l'acceptabilité et la probabilité
d'être respectés risquent d'être comparativement beaucoup
plus élevées qu'au niveau des dispositions de type classique
telles que les « cahiers de charge » imposés par
décrets ministériels ou présidentiels.
La validation juridique de ces conventions locales et leur
reconnaissance en tant que réglementations obligatoires posent parfois
problèmes. A priori, les collectivités locales détentrices
de la personnalité morale sont les lieux privilégiés pour
leur adoption finale. Au cas où les compétences
nécessaires ne seraient pas encore transférées, une
caution administrative par co-signature au niveau des Maires est souvent
préconisée pour obtenir l'officialisation nécessaire des
conventions.
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