2. Caractéristiques des exploitants
Les principaux facteurs de production dans l'agriculture sont
la terre, l'équipement agricole et la force de travail disponible.
Compte tenu de la faible mécanisation dans les régions
d'Ambatondrazaka12, les modalités d'accès à la
terre et à la main d'oeuvre sont les principaux critères
discriminants entre les exploitations agricoles.
2.1. Importance de métayage : un des freins à
l'accès au crédit agricole
Des inégalités très nettes sont
enregistrées dans la répartition foncière. Plus de tiers
des paysans travaille sur une surface rizicole moins de 3 ha par ménage.
La superficie moyenne est de 2,1 ha dans la classe 3. De cette dernière,
seules les 1,2 ha qui sont en mode de faire-valoir direct. 34,3% des
rizières utilisées sont acquis par location et/ou par
métayage à mi-fruit. Enfin, environ 7,4% des surfaces en
propriété est, soit mis en sous-traitement par son
éloignement ou insuffisance des moyens d'exploitation, soit
inexploitable par inondation ou ensablement.
Les surfaces agricoles moyennes utilisées par les
exploitants de la région sont de 5 ha pour les rizières et 0,9 ha
pour l'ensemble de tanety et baiboho cultivables.
Le faible accès à la terre des petits
producteurs et l'importance de métayage et de location forment un
handicap pour leur transition vers l'économie de marché. Elles ne
permettent pas l'investissement à long terme en constituant un frein
à l'accès au crédit bancaire. En effet, les banques ne
disposent d'aucune garantie matérielle de recouvrement, à part
les charrues attelées de faible valeur marchande.
Le crédit accordé à un paysan n'est pas
fonction de la valeur des biens qu'il présente comme garantie; mais il
est certain qu'un petit producteur ne possédant que des biens peu
significatifs ne bénéficiera pas de crédit à long
voire à moyen terme. Cela oblige la grande majorité
12 En 2000, le nombre de tracteurs à
Ambatondrazaka est de 117, et les charrues attelées de 7 264, pour les
31 500 ha de rizières cultivables existantes. Monographie des
régions d'Ambatondrazaka et d'Andilamena - DIRDR Circonscription de
l'Agriculture Ambatondrazaka, 2001.
des paysans d'Ambatondrazaka à se limiter à la
culture de subsistance, à la diversification des cultures sur des petits
périmètres de baiboho et de tanety, et à
l'utilisation des petits outillages sans procéder à
l'intensification des cultures.
2.2. Des salariés à la récolte
nécessitant 235 000 fmg et 334 kg de paddy par ha de rizière
Dans les conditions de sous-équipement, la force de
travail constitue avec la terre, le principal facteur de production agricole.
Sa mobilisation dépend des ressources disponibles des exploitants, aussi
bien humaines que financières. Elle est de trois formes :
- la main d'oeuvre familiale disponible à l'agriculture
;
- la main d'oeuvre salariée permanente et temporaire,
nécessaire pour réaliser un certain
nombre de travaux spécialisés dont la main d'oeuvre
familiale ne possède pas la maîtrise ;
- enfin, l'entraide qui est peu fréquente dans la
région mais peut jouer quand même un rôle non
négligeable d'apport en travail.
Malgré la mobilisation massive de la main d'oeuvre
familiale, les paysans sont toujours contraints de faire appel à des
salariés, notamment en périodes hautes de cycle cultural
(repiquage, sarclage, récolte, mise en meule et piétinement des
moissons en riziculture). Dans l'ensemble, 67,2% de la taille nette de la
famille - main d'oeuvre salariée permanente comprise - seulement
constitue en fait les actifs familiaux ; et ceux qui sont disponibles aux
travaux d'agriculture ne font que 47,7%.
Les tableaux suivants développent les dépenses
d'exploitation sur la main d'oeuvre salariée temporaire au cours d'une
campagne de riziculture à Ambatondrazaka :
Tableau 1 : Dépenses sur la MOS
temporaire durant la pré-récolte
Mois Itinéraire technique Classe
1
Classe 2 Classe 3 Ensemble Taux
(%)*
|
Nov-déc
|
Nov-déc
|
Déc-jan
|
Déc-jan
|
Déc-jan
|
Déc-jan
|
Fév
|
LABOUR (Fmg/ha)
|
CANALISATION (Fmg/ha)
|
HERSAGE (Fmg/ha)
|
DIGUETTE (Fmg/ha)
|
ARRACHAGE (Fmg/ha)
|
REPIQUAGE (Fmg/ha)
|
SARCLAGE (Fmg/ha)
|
95 875 97 542 144 661
|
21 852 30 321
22 967
|
127 903
87 674
128 453
|
28 948 12 061 26 529
|
36 397 33 627 45 334
|
144 926 134 886 134 418
|
92 293
72 898 63 739
|
119 319
|
25 366
|
114 747
|
22 592
|
39 356
|
136 150
|
73 271
|
46,2
|
16,0
|
36,8
|
28,3
|
84,0
|
95,3
|
58,5
|
* Pourcentage des exploitants faisant appel
à la MOS temporaire
Source: Auteur/ Enquêtes auprès des
paysans - Août 2003.
Tableau 2: Dépenses sur la MOS temporaire
à la récolte
Mois Itinéraire technique
Classe 1 Classe 2 Classe 3 Ensemble Taux
(%)*
|
Mai
|
Mai
|
Juin
|
Juin
|
COUPE
|
MISE EN MEULE
|
PIETINEMENT
|
TRANSPORT
|
Fmg/ha
|
Kg de paddy/ha
|
Fmg/ha
|
Kg de paddy/ha
|
Fmg/ha
|
Kg de
Fmg/ha
paddy/ha
|
Kg de paddy/ha
|
116 276 103 135 114 202
|
63,0 65,3 67,8
|
72 900
68 750
66 039
|
112,3 109,3 104,3
|
52 693 39 315 94 059
|
119,8 62,7 66,5
|
61 442 52 778 47 864
|
0,0 82,9 95,9
|
110 575
|
65,5
|
67 514
|
108,2
|
72 312
|
80,1
|
51 973
|
88,7
|
81,1
|
63,9
|
25,4
|
18,8
|
* Pourcentage des exploitants faisant appel
à la MOS temporaire
Source: Auteur/ Enquêtes auprès des
paysans - Août 2003.
Il faut remarquer qu'à la récolte, les
salariés temporaires sont payés en liquide en plus des
quantités de paddy qu'on leur doit céder. Le travail de mise en
meule y fait exception, pour lequel l'employeur peut payer les salariées
soit exclusivement en nature (82,3% des cas), soit en espèce.
Ainsi, de la récolte au transport de
paddy jusqu'au village, la main d'oeuvre salariée coûte
en tout une somme de 234 860 de fmg et 333,5 kg de paddy par
hectare de rizière exploitée, au paysan.
Toutefois, ce dernier n'est pas obligé d'appeler des
salariés pour chaque itinéraire technique pour des raisons
suivantes :
? Insuffisance de moyens financiers
? Faible production n'exigeant pas trop de tâches
? Existence d'entraide entre famille
? Main d'oeuvre familiale assez nombreuse ?
Disponibilité de moyens matériels pour le piétinement et
le transport des produits
|