Section 2. Présentation de notre modèle
2.1. Présentation des variables du modèle
Les variables que nous aurons à utiliser dans
le modèle sont le crédit, les bons BRH, les taux débiteurs
et les taux directeurs.
Le crédit et les bons BRH sont les deux
variables d'intérêt de notre étude. Le crédit est un
atout majeur de la croissance économique via l'investissement mais, se
trouve obstruer par les bons BRH du fait qu'ils sont moins risqués. Ces
données sont collectées auprès de la Banque de la
République d'Haïti.
L'utilisation du taux directeur, dans ce
modèle, est d'importance étant donné le rôle
joué par cette variable dans le mécanisme de transmission d'un
choc du taux débiteur sur le crédit. Les données du taux
directeur proviennent également de la Banque Centrale
d'Haïti.
Le taux débiteur est une variable très
importante dans l'explication du crédit par le fait que du point de vue
théorique, il est un déterminant de la demande de crédit.
Ses données viennent aussi de la Banque des banques (BRH).
Nous utiliserons des données mensuelles du
crédit, des bons BRH, des taux débiteurs et des taux directeurs
relatives à l'économie haïtienne. Notre base de
données couvre la période octobre 1996 à septembre 2010,
les données relatives à ces variables se trouvent en annexe aux
tableaux 9, 10, 11 et 12. Les données sont transformées en taux
de croissance afin de faciliter l'estimation du modèle. Elles sont ainsi
notées :
TXBBRH : Taux croissance mensuelle des bons
BRH
TXCRED : Taux croissance mensuelle du
crédit
TXTDB : Taux de croissance mensuelle des taux
débiteurs
TXTDR : Taux de croissance mensuelle des taux
directeurs.
2.2. Test de stationnarité ou de racine unitaire
La plupart des propriétés statistiques
des méthodes d'estimation s'appliquent à des variables
stationnaires, c'est-à-dire qu'elles ne sont valables pour n'importe
quel type de données.
Or, on applique indifféremment ces
méthodes d'estimation à des variables stationnaires et à
des variables non stationnaires. D'où la possibilité que ces
propriétés statistiques ne soient valables pour des variables non
stationnaires. Donc avant d'effectuer des tests spécifiques sur des
séries chronologiques, plusieurs étapes préliminaires sont
nécessaires. Il convient d'étudier ses caractéristiques
stochastiques c'est-à-dire il est nécessaire de vérifier
que, pour les séries étudiées, l'espérance et la
variance restent stables au cours du temps.
En clair, nous allons effectuer des tests de
stationnarité ou de racine unité parce que l'utilisation des
séries temporelles consiste à rechercher dans l'histoire de la
variable des régularités susceptibles d'aider à
prévoir ses valeurs futures. Pour que cette démarche ait un sens,
il faut que le processus présente une certaine stabilité ou un
certain degré d'invariance au cours du temps. C'est cette idée
d'invariance au cours du temps qui est traduite par la notion statistique de
stationnarité29.
Une première intuition concernant la
stationnarité est fournie par l'étude du graphique des
séries représentées en taux de croissance. Les quatre
graphiques de la page suivante font ressortir que les différentes
valeurs des séries (exprimées en taux de croissance)
s'écartent provisoirement de leurs moyennes mais reviennent toujours
à l'équilibre. Cette remarque laisse présager que ces
séries sont stationnaires. Nous nous proposons de
vérifier cette intuition que donnent les graphiques par l'application du
test de Dickey-Fuller augmenté (ADF).
29 Une série
stationnaire est celle qui fluctue autour de sa moyenne sans jamais trop s'en
écarter.
Graphique # 12- Evolution du taux de croissance des bons BRH
(en pourcentage)
100 80 60 40 20 0 -20 -40
|
|
1998 2000 2002 2004 2006 2008 2010
TXBBRH
Graphique # 13- Evolution du taux de croissance du credit
(en pourcentage)
1998 2000 2002 2004 2006 2008 2010
TXCRED
Graphique # 14- Evolution du taux de croissance des taux
debiteurs (en pourcentage)
40 30 20 10 0 -10 -20 -30
|
|
1998 2000 2002 2004 2006 2008 2010
TXTDB
Graphique # 15- Evolution du taux de croissance des taux
directeurs (en pourcentage)
1998 2000 2002 2004 2006 2008 2010
TXTDR
2.2.1. Test de Dickey-Fuller (1979, 1981)
Pour appréhender la stationnarité d'une
série, on applique des tests de racine unitaire. Il existe de nombreux
tests de racine unitaire. Nous présenterons uniquement le test de Dickey
et Fuller visant à tester l'hypothèse nulle de non
stationnarité contre l'hypothèse alternative de
stationnarité. On teste ainsi :
- Ho : la série est non stationnaire,
c'est-à-dire qu'elle comporte au moins une racine unitaire.
- H1 : la série est stationnaire,
c'est-à-dire qu'elle ne comporte pas de racine unitaire.
Test de Dickey-Fuller simple (DF)
Dickey et Fuller considèrent trois modèles
de base pour la série Yt , t = 1, ... , T. - Random walk : modèle
sans constante ni tendance déterministe :
Yt = ñYt_i + Et ou (1 -
piq)Yt = Et (1)
- Random walk with drift : modèle avec constante
sans tendance déterministe : Yt = a + pYt_i+ Et ou (1 -
piq)(Yt - a) = Et (2)
- Random walk with drift and trend : modèle avec
constante et tendance déterministe : Yt = a + iqt+ pYt_i+ Et
ou (1 - piq)(Yt - a - iqt) = Et (3)
Dans chacun des trois modèles(1), (2) et (3), on
suppose que Et~ BB(0, ok~).
Si p = 1 , cela signifie qu'une des racines du
polynôme retard est égale à 1. On dit
alors qu'on est en présence d'une racine unitaire.
En d'autres termes, Yt est un processus non stationnaire.
On teste l'hypothèse nulle de présence
de racine unitaire (Yt est intégrée d'ordre 1, c'està-dire
non stationnaire, p = 1) contre l'hypothèse alternative d'absence racine
unitaire (Yt est intégrée d'ordre 0, c'est-à-dire
stationnaire, |p| < 1).
Afin de faciliter l'application du test, on estime en
pratique les modèles (1), (2) et (3) sous la forme suivante30
:
En retranchant Yt-1 aux de membres on aura :
Yt - Yt_1 = ñYt_i -
Yt_i + Et ? ?Yt = (ñ - 1)Yt_i +
Et
- - -
?Yt = (pYt_i + Et
|
(1)
|
?Yt = a + (pYt_i + Et
|
(2)
|
?Yt = a + iqt + (pYt_i +
Et
|
(3)
|
|
avec (p = ñ - 1 et Et est un bruit blanc. On
teste l'hypothèse nulle (p = 0 (non
stationnarité) contre l'hypothèse
alternative cp < 0 (stationnarité). Pour cela, on calcule la
statistique de Student du coefficient (p. On compare cette statistique aux
valeurs tabulées par Dickey et Fuller. Dans la mesure où les
valeurs critiques sont négatives, la règle de décision est
inversée :
- Si la valeur calculée de la
t-statistique associée à (p est
inférieure à la valeur critique : on rejette l'hypothèse
nulle, la série est stationnaire.
- Si la valeur calculée de la
t-statistique associée à (p est
supérieure à la valeur critique : on ne rejette pas
l'hypothèse nulle, la série est donc non
stationnaire.
Les modèles utilisés dans le test DF sont
restrictifs dans la mesure où on suppose que Et
est un bruit blanc. Or il arrive très
fréquemment que cette hypothèse soit remise en cause du fait de
la présence d'autocorrélation et/ou
d'hétéroscédasticité. Afin de résoudre ce
problème, Dickey et Fuller ont proposé une correction
paramétrique conduisant au test de Dickey-Fuller
Augmenté.
30 Les modèles en
différence première permettent en effet de se ramener à
des tests usuels de significativité des coefficients ; les valeurs
critiques étant tabulées par Dickey et Fuller.
Test de Dickey-Fuller Augmenté
(ADF)
Afin de tenir compte d'une éventuelle
autocorrélation des erreurs (donc Et n'est pas un bruit blanc), on
introduit des retards sur la variable endogène31. Comme
précédemment, trois modèles sont distingués
:
- Modèle sans constante ni tendance
déterministe :
P
?Yt = yYt_i + 1 S?Yt_i
1=1
|
+ Et (4)
|
- Modèle avec constante sans tendance
déterministe :
P
?Yt = a + yYt_i +1
S?Yt_i + Et (5)
1=1
- Modèle avec constante et tendance
déterministe :
P
?Yt = a + ft + yYt_i +
D?Yt-i + Et (6)
1=1
Le test ADF se déroule de manière similaire
au test de DF simple. En outre, il convient de noter que l'application du test
ADF nécessite au préalable de choisir le nombre de retards
p à
introduire de façon à ce que les
résidus (Et) soient un bruit blanc. Le nombre de retards
p est choisi en utilisant un des critères
d'information précités.
La strategie sequentielle
Il est fondamental de noter que l'on n'effectue pas le
test sur les trois modèles. Il convient en effet de pratiquer le test de
Dickey-Fuller sur un seul des trois modèles. En pratique, on adopte une
stratégie séquentielle en trois étapes.
31 Rappelons que l'une des
causes de la présence d'autocorrélation des erreurs réside
dans l'oubli de variables explicatives. La correction apportée par
Dickey-Fuller consiste ainsi à rajouter des variables explicatives
représentées par les valeurs retardées de la variable
endogène.
Étape 1. On estime le modèle (6). On teste
la significativité du coefficient du trend ou de la tendance en se
référant à la statistique de Dickey-Fuller.
Deux cas peuvent se présenter :
Si le trend n'est pas significatif, on passe à
l'étape 2.
Si le trend est significatif, on conserve le
modèle et on teste alors l'hypothèse de racine unitaire
c'est-à-dire Ho : (to = 0 en
comparant la t-statistique de co aux valeurs
tabulées par Dickey-Fuller.
On a alors deux possibilités :
Si l'on accepte l'hypothèse nulle
(Ho), Yt est non stationnaire. Dans ce cas, il faut
différencier et recommencer la procédure de test sur la
série en différence première.
Si l'on rejette l'hypothèse nulle
(Ho), Yt est stationnaire. Dans ce cas, la
procédure s'arrête et l'on peut directement travailler sur
Yt.
Étape 2. En partant du fait que le trend du
modèle (6) ne soit pas significatif, on estime le modèle (5) et
l'on commence par tester la significativité de la constante
(á).
Si la constante n'est pas significative, on passe
à l'étape 3.
Si á est significative, on teste alors
l'hypothèse de racine unitaire, c'est-à-dire
Ho :
(to = 0 en comparant la
t-statistique de (to aux valeurs
tabulées par Dickey-Fuller. On a alors deux possibilités
:
Si l'on accepte l'hypothèse nulle
(H0), Yt est non stationnaire. Dans ce
cas, il faut différencier et recommencer la procédure de test
sur la série en différence première
(?~~).
Si l'on rejette l'hypothèse nulle
(Ho), Yt est stationnaire. Dans ce cas, la
procédure s'arrête et l'on peut directement travailler sur
Yt.
Étape 3. Cette étape ne doit être
appliquée que si la constante á dans le modèle
précédent n'est pas significative. On estime le modèle (3)
et on teste l'hypothèse nulle de racine unitaire en utilisant les
valeurs critiques de Dickey-Fuller.
Si l'on accepte l'hypothèse nulle
(Ho), Yt est non stationnaire. Dans ce cas, il
faut différencier et recommencer la procédure de test sur la
série en différence première
(AYt).
Si l'on rejette l'hypothèse nulle
(Ho), Yt est stationnaire. Dans ce cas, la
procédure s'arrête et l'on peut directement travailler sur
Yt.
Les resultats empiriques du test Dickey-Fuller
Augmente (ADF)
Le test de racine unitaire de Dickey-Fuller
Augmenté (ADF), suivant la stratégie séquentielle
élaborée plus haut, est effectué sur les variables TXBBRH,
TXCRED, TXTDB et TXTDR. Un résumé du tableau ci-dessous prouve
que celles-ci sont stationnaires, si la valeur calculée est
inférieure à la valeur critique pour un seuil de 5%. Dans ce cas
on rejette H0 et on accepte H1.
Tableau # 13 Résumé des
résultats des tests de Dickey-Fuller Augmentés
Variables
|
Modèle32
|
Valeur Calculée
|
Valeur critique
|
Décision
|
TXBBRH
|
5
|
-16.93709
|
-2.878937
|
H1
|
TXCRED
|
5
|
-11.62529
|
-2.878829
|
H1
|
TXTDB
|
4
|
-19.56422
|
-1.942757
|
H1
|
TXTDR
|
4
|
-8.829446
|
-1.942818
|
H1
|
Source : L'auteur à partir d'Eviews
4.1
Puisque les variables sont stationnaires en niveau,
c'est-à-dire intégré d'ordre 0, I (0), il est donc
possible de modéliser en utilisant le processus VAR. Les
résultats de ces tests sont plus approfondis en annexe (tableau 14
à 17).
32 Pour plus d'information
page 73 du travail.
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