1.4. Quelques obstacles à l'expansion du
crédit en Haïti
L'encours des prêts du système bancaire
pour la période sous étude (1997-2010) atteignait un montant
d'environ 3 366.38 milliards de gourdes, ce qui signifie que, pour chaque
gourde de dépôt du système (7 437.72 milliards de gourdes
pour les années 1997 à 2007), les banques prêtent moins de
la moitié d'une gourde soit 45 centimes (bulletin statistique de la BRH,
1997 à 2010). C'est pourquoi le crédit bancaire en Haïti ne
facilite pas la formation du capital ; et ces entreprises financières
officielles travaillent quasi uniquement avec les couches sociales les plus
aisées de la société haïtienne.
Rien ne prouve que les banques commerciales n'ouvrent
pas les possibilités de crédits, mais un agent économique
qui veut emprunter doit avoir la signature d'un répondant ou
présenter des garanties. Cette situation aggrave les
inégalités entre la minorité qui peut signer et donner des
garanties et la très forte majorité analphabète qui ne
peut répondre à ces exigences des banques commerciales. Il est
vrai qu'en finance : « le prix que l'emprunteur est prêt à
payer n'est pas un bon indicateur de sa solvabilité. » D'autre
part, les banques commerciales haïtiennes utilisent leurs ressources en
prêts dans des activités qui concourent en général
à une détérioration de la balance commerciale de
l'économie haïtienne.
D'ailleurs, ces dernières années,
signale la Commission Économique pour l'Amérique Latine et les
Caraïbes (COPAL), le crédit en Haïti a comme fin principale le
financement des biens de consommation des secteurs à haut revenu, de
sorte qu'il n'est pas possible d'évaluer l'effet de cette mesure sur les
décisions d'investissement des chefs d'entreprises
nationaux26. » Les grandes banques haïtiennes financent
peu les entreprises haïtiennes, ainsi, elles ne jouent point leur
rôle d'intermédiation qui est de mettre l'épargne au
service de l'investissement et du développement économique du
pays.
26 DOURA Fred. Op.cit. p. 229.
D'autre part, signale la BRH de septembre 1997
à mars 1999, les banques commerciales ont affecté 10% de leurs
propres fonds à l'achat des bons BRH, dont l'encours est de 26.61
milliards de gourdes sur la période précitée. Le total de
l'encours des bons BRH sur notre période de travail (1997-2010)
s'élevait à 785.53 milliards de gourdes, cela veut dire que les
banques commerciales dépensent en moyenne chaque année 71.41
milliards gourdes à l'achat des bons BRH (bulletin statistique de la
BRH, 1997 à 2010). Elles gardent aussi des liquidités importantes
pour les besoins de la spéculation et, selon la BRH, les banques
réalisent d'importantes transactions sur le marché des changes
pour leur compte propre.
Les banques commerciales haïtiennes effectuant
des opérations sur le marché des changes ont ainsi acheté
une total de 9 991.27 millions de dollars ÉU et vendu 10 081.42 millions
de dollars ÉU de 1997 à 2007. Pour l'exercice fiscal 1998, les
banques ont acheté un total de 804 millions de dollars ÉU et en
ont vendu 797 millions. En 1997, les banques avaient acheté et vendu
622.4 et 619.3 millions de dollars ÉU, respectivement. Au cours de
l'année fiscale 1999, les banques ont acheté 1 043.9 millions de
dollars ÉU et en ont vendu 1 058.3 millions. En 2000, les banques ont
acheté 956.6 millions de dollars ÉU et ont vendu 951.6 millions.
La tendance à la baisse des opérations de change constatée
en 2000 s'est poursuivie en 2001. Les achats de devises ont chuté de
26.16 % pour atteindre 706.3 millions de dollars ÉU et les ventes de 23%
pour se situer à 732.7 millions de dollars ÉU. Les transactions
de change se sont contractées au cours de l'exercice fiscal 2003. En
effet, 738.2 millions de dollars ÉU ont été achetés
contre 753.4 millions de dollars vendus alors qu'en 2002 les valeurs
correspondantes ont été respectivement 858.45 millions et 866.92
millions de dollars ÉU. Le volume des transactions de change au cours de
l'exercice 2005 a évolué à la hausse par rapport à
celui de l'exercice passé. En effet, 1 027.2 millions de dollars
ÉU ont été achetés contre 1 018.5 millions de
dollars vendus, alors qu'en 2004 les valeurs correspondantes ont
été respectivement de 919.9 millions et de 923.7 millions de
dollars ÉU. Au cours de l'exercice 2007, les volumes transigés
tant à l'achat qu'à la vente ont connu une nette augmentation.
Par rapport à l'année dernière (2006), les achats de
devises se sont accrus de 14.54% (+156.87 millions de dollars ÉU) pour
s'établir à 1 235.61 millions de dollars EU pendant que les
ventes se sont élevées à 1 250.3 millions de dollars EU
suite à une croissance de 16.24 % (+122.60 millions de dollars
ÉU) (rapport BRH, 1998 à 2007).
Les banques commerciales font aussi d'autres
placements qui sont composés principalement d'instrument sur le
marché monétaire américain, de valeurs mobilières
ou de titres de participation, pour des montants qui s'élevaient 62 168.
19 millions de gourdes pour la période allant de 1997 à 2007. Les
placements des banques sont passés de 1 060 millions de gourdes en 1997
à 1 067 millions de gourdes en 1998, soit une légère
hausse de 0,6%. En 1999, Ils ont progressé de 28.3 % par rapport
à leur niveau de l'exercice précédent pour atteindre 1
369.1 millions de gourdes. Les placements en 2000 a connu une variation
positive de 119.1 %, passant de 1 369.2 millions de gourdes à 2 999.2
millions gourdes. Pour l'exercice 2001, ils se sont élevés
à 2 511.71 millions de gourdes, accusant ainsi une baisse de 16.26 % par
rapport à l'exercice précédent. Ils ont crû de
manière substantielle (130.1 %) au cours de l'exercice 2003 (7447.28
millions de gourdes), maintenant la tendance haussière amorcée
depuis l'exercice 2002 (3236.54 millions de gourdes). Pour baisser en 2004 de
1.90 % soit une chute de 141.5 millions de gourdes. Ils ont
crû de 41.80 % au cours de l'exercice 2005 et ont atteint 10 359.6
millions de gourdes. Enfin de 12 684.07 millions gourdes en 2006, ils ont
évolué à la baisse (-4.40 %) pour atteindre 12 128.58
millions de gourdes en 2007 (rapport BRH, 1998 à 2007).
Il nous faut constater qu'au lieu les banques
commerciales accordent des crédits aux entreprises, aux consommateurs
qui en ont besoin pour qu'ils financent leurs investissements et leurs
consommations qui sont deux moteurs de la croissance économique en plus
des exportations, elles préfèrent spéculer sur le taux de
change de la gourde c'est-à-dire se jeter dans l'achat et la vente de
devises, réaliser des profits en achetant les bons BRH, placer leurs
avoirs sur le marché monétaire américain (valeurs
mobilières ou titres de participation) ou financer des opérations
d'import-export, favorisant ainsi des sorties de devises.
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