Les externalités sont une autre cause fréquente
des imperfections de marché, qui apparaissent lorsque les interactions
économiques, sociales ou autres, provoquent des gains ou des coûts
sociaux supérieurs à ceux envisagés par les acteurs
impliqués.
Nous nous intéressons dans cette analyse aux
externalités qui, en interagissant avec les inégalités,
perpétuent et exacerbent la pauvreté. La lutte contre les
externalités permettrait là encore, non seulement
d'accroître l'efficacité mais aussi de réduire la
pauvreté. L'analyse des externalités se révèle
utile pour un phénomène plus général dans notre
pays - celui des disparités géographiques où l'on voit des
communes, des quartiers, voire même des provinces ou des territoires
entiers rester à la traîne ; et ne bénéficient pas
de la croissance globale, ni en terme de revenu, ni en terme de lutte contre la
pauvreté.
Cette disparité peut s'expliquer dans le cadre de la
théorie moderne de la croissance de Strand par les effets de
concentrations ou de localisation des institutions et des
entreprises.16 Ce modèle prédit une exploitation par
des entreprises des rendements croissants résultant des
externalités en s'implantant dans les mêmes provinces et, partant
dans les pôles d'activités.
Ce qui signifie que d'autres provinces similaires ou moins
attractives, ont probablement raté le coche : non seulement elles n'ont
pas pu obtenir les institutions bancaires ou non bancaires et les
investissements nécessaires mais, en outre elles risquent de perdre des
capitaux potentiels, avides d'obtenir ailleurs une plus grande
rentabilité. Pour ces provinces « perdantes » les
succès des autres est une externalité négative pour elles;
c'est la situation de Kinshasa ; Katanga ; Bascongo et Kisangani à
l'instar du reste de la République Démocratique du Congo .
D'autres explications illustrent les externalités
liées à un contexte donné - la faiblesse de dotations en
bien public de communautés locales, les ressources collectives et la
détention des actifs, des infrastructures routières et de
communications ces disparités rendent par conséquent la
République Démocratique du Congo sous bancarisée et sous
financiarisée.
15 -AGHION , P. et P. BBOLTON :A Trickle-Down
Theory of growth and development with debt overhand ;Review of economics
studies, 1997,64, 2 :151-62.
-GALOR,O. et J. ZEIRA, Income distribution and
macroeconomics. Review of economics studies, London 1993, 60 : ».
16 STEFAN DERCON, Analyse micro-économique
de la pauvreté et des inégalités, in Afrique
Contemporaine ; Automne 2004 P4
En effet, en Asie et en Amérique du sud, le taux de
densité bancaire est de 8000 à
30.000hab/succursale ; en Afrique ce taux est de l'ordre de
100.000 à 420.000hab/succursale17.
En République Démocratique du Congo
particulièrement ce taux est de 512.820
habitants/guichet.
Il s'agit là clairement d'une trappe à
pauvreté ; même si, initialement les différentes provinces
de la République Démocratique du Congo étaient similaires
; celles qui ont raté le coche ne pourront s'en sortir qu'à la
suite d'un choc exogène important ou grâce à une
énorme effort. La microfinance constitue un moyen efficace de faire
sortir ces provinces de la République Démocratique du Congo dans
des trappes géographiques à pauvreté
qui sont engendrées par les externalités.