WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

La nature, le fonctionnement et les implications sociales, économiques et politiques de la microfinance en RDC

( Télécharger le fichier original )
par Denis Mushiya
Université de Kinshasa - Licence 2006
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

I.2. : LES FACTEURS EXPLICATIFS DE MICROFINANCEMENT

Pourquoi la pauvreté est - elle encore si répandue dans le monde ? Cette question fondamentale du développement est au coeur des analyses. Nous estimons en effet que, cette persistance de la pauvreté est en grande partie due à des graves imperfections de marché qui, associées à des inégalités dans la répartition des actifs conduit souvent à enfermer des gens dans des trappes à pauvreté, d'où il leur est difficile de sortir que d'entrer.

Un examen de données de base actuelles de la République Démocratique du Congo étayé par des exemples tirés d'une analyse microéconomique empirique, nous permet de relever trois facteurs explicatifs, c'est à dire trois types de défaillance du marché, qui contribuent probablement à la pauvreté et sur lesquels se fondent le microfinancement. Les imperfections du marché de crédit ; les externalités géographiques et autres et les imperfections qui tiennent au marché

des assurances. Le microfinancement apparaît donc comme un moyen, un outil d'extraire ou de sortir les populations de ces trappes à pauvreté.

I.2.1. Défaillances du marché du crédit et pauvreté.

L'une des défaillances de marchés les plus faciles à observer, concerne l'incapacité du marché de crédit à se conformer aux hypothèses d'un marché parfaitement concurrentiel. Dans un marché parfait quiconque a un projet rentable devrait pouvoir obtenir un prêt aux taux d'intérêt en vigueur. Si les marchés étaient parfaits et efficaces, les banques n'exigeraient pas des garanties de leurs clients.

Or, dans la pratique, il est impossible d'obtenir un prêt sans garantie. Cette condition peut être perçue comme moyen permettant au marché du crédit, de gérer les problèmes majeurs qui le perturbent, à savoir : l'asymétrie de l'information (à l'instar du risque moral et de l'anti-sélection ou sélection adverse ), ainsi que le contrôle de l'exécution.

En effet, comme l'asymétrie de l'information signifie que les prêteurs n'ont pas forcement les moyens de savoir , quels sont parmi les nombreux projets risqués, ceux qui entraînent le plus des risques ou si les emprunteurs ne mettront pas en oeuvre une fois le prêt accordé, des actions différentes de celles prévues par le contrat, les garanties collatérales peuvent être exigées .Ces garanties peuvent également contribuer au remboursement des emprunts.

Par le concept de marché imparfait nous l'expliquons en fonction de la difficulté qu'éprouvent les populations pauvres dans notre pays à entrer sur le marché de crédit les poussant à développer les avantages spécifiques leur permettant de contourner ces imperfections. Ce concept peut être également développé sous l'angle des coûts qu'occasionnent le marché de crédit pour les pauvres. Pour éviter ces coûts, ces derniers ont intérêt à créer leur propre marché de crédit.

Quelles sont donc ces imperfections, J. DUNNING les classe en deux types, celles naturelles constituant les conditions de l'offre et de la demande sur un marché, et celles structurelles résultant des actions des participants intérieurs ou extérieurs au marché, qui influencent les conditions de l'offre et de la demande.13

En premier lieu, les imperfections naturelles du marché de crédit portent sur deux thèmes : les coûts de transaction et reposent sur la prémisse que, toute action effectuée sur un marché coûte de l'argent que cela soit en recherche - trouver un bon prêteur ou emprunteur - en communication, en négociation, en

transport ou en taxe. La deuxième imperfection naturelle provient du fait qu'un prêteur ou un emprunteur doit détenir plusieurs informations difficiles à obtenir sur le marché ; cette lacune amène une peur, un risque pour l'utilisateur, créant un sentiment d'incertitude sur le marché.

TABLEAU N° 1 : LE MARCHE IMPARFAIT

Imperfections naturelles
(Condition de l'offre et de la demande sur un
marché du crédit.)

Les coûts de transactions :

Base : toutes actions exercées sur un marché de crédit occasionnent un coût (en recherche - trouver un bon prêteur ou emprunteur - en communication, en négociation, en transport...)

La connaissance du marché :

Bases :a) incertitude sur l'obtention des informations sur le marché de crédit (un grand nombre de joues cherchant la meilleure opportunité) ;

b) la protection du savoir (les brevets et les droits de propriété intellectuelle.)

Imperfections structurelles
(Actions des participants intérieurs et
extérieurs au marché de crédit influençant
les conditions de l'offre et de la demande.)

Base : le pouvoir sur le marché de crédit en détenant la position favorable (elle peut jouer sur les taux d'intérêt, le contrôle, la réglementation, la liquidation....)

Le gouvernement :

Base : les règles étatiques (impôts, tarifs imposés ou autres barrières économiques.)

La position dominante de la BCC.

Source : adapté de DUNNING op cit p. 6

De plus, un grand nombre de joueurs résident dans le marché, chacun recherchant des opportunités favorables pour ses propres intérêts, ce qui entraîne des inconvénients pour certaines institutions financières et les force à être constamment à l'affût des renseignements, susceptibles de mieux les positionner sur un marché.

Finalement le « savoir » comme tel devient un bien souvent protégé soit par les brevets et des droits de propriété intellectuelle, soit par tout autre instrument imposant des règles restrictives sur le marché.

En deuxième lieu, le marché de crédit recèle en lui des imperfections structurelles forçant les pauvres à vouloir contourner ces obstacles. La première repose sur la situation dominante de la banque centrale, celle - ci par sa mission, sa taille imposante et la localisation décentralisée dans les provinces de ses activités,

détient le pouvoir sur toute la République Démocratique du Congo. Elle peut jouer sur le taux ou autre cible monétaire rendant la vie difficile aux pauvres et autres IFS.

La deuxième imperfection structurelle provient du gouvernement. Ce dernier impose des règles au marché de crédit qui ne satisfont pas toujours les établissements de crédit et les pauvres, comme par exemple les impôts et les barrières économiques.

Le modèle simple d' ESWARAN et KOTWAL14

Si l'on considère les inégalités de dotations initiales en actif, il est évident qu'il s'agit probablement là d'une défaillance du marché particulièrement dangereuse pour les pauvres qui, au-delà de considérations de équité peut signifier que ceux-ci sont incapables d'utiliser leurs autres actifs aussi efficacement que les riches. Dans un texte devenu classique, ESWARAN et KOTWAL développent un modèle simple permettant d'en illustrer les conséquences.

Nous en donnons dans ce travail une version plus simplifiée : prenons un village de fermiers possédant tous de superficies de terrain et de quantités de main d'oeuvre différentes. Une technologie de production efficace implique d'utiliser comme intrants de base : la terre, la main d'oeuvre et les engrais chimiques. On part du principe que le marché du travail, de la terre et des engrais fonctionnent correctement : au prix du marché les échanges se font sans restrictions.

Cependant, comme le marché du crédit n'est pas parfait, le seul moyen d'obtenir un emprunt est d'utiliser la terre comme garantie, tous les intrants devant être payés en espèce. De par sa nature, l'activité agricole exige que l'on utilise tous les intrants en début de saison. Autrement dit, il faut avoir un fonds de roulement pour pouvoir acquérir les intrants.

L'exploitant riche en terre peut facilement se procurer des engrais et, si besoin, louer d'autres terres et de la main d'oeuvre supplémentaire afin d'assurer une utilisation optimale des ressources. Le fermier pauvre en terre doit de son côté trouver d'autres moyens pour réunir l'argent nécessaire à son activité. Il peut le faire en travaillant pour d'autres fermiers ou en louant ses propres terres.

De façon générale, on constate que le fermier pauvre utilise ses actifs (terre et main d'oeuvre) de manière moins efficace que le riche ; il utilisera moins d'engrais que le niveau optimal et consacrera plus de travail par unité de terre que le

minimum requis pour être efficace. Le fait qu'il soit pauvre en actifs le rend inefficace.

Dans cet exemple, l'inégalité des actifs combinée aux défaillances du marché provoquent une différence d'efficacité entre riche et pauvre. Non seulement le riche gagne puisque il possède plus de ressources, mais en outre il peut les utiliser plus efficacement. Les défaillances du marché renforcent les inégalités initiales. Si le marché du crédit fonctionne mieux ou/et s'il y avait une distribution des ressources plus équitable, on constatera une amélioration de l'efficacité et de l'équité.

L'intérêt de ce modèle stylisé dans ce travail ne se limite pas aux activités agricoles ; de façon générale ; si la participation aux activités lucratives nécessite un versement initial ou des frais d'établissement, ceux qui ont un accès limité au marché de crédit pourraient être exclus.

Le cas de la République Démocratique du Congo est intéressant à cet égard. Alors que les activités non agricoles sont réputées pour l'enrichissement qu'elles peuvent entraîner, l'accès à certains activités tout a fait banales - l'élevage de bétail et de volaille, les échanges, le petit commerce ou l'artisanat - exige des investissements relativement importants.

Les résultats de plusieurs recherches empiriques menées à Kinshasa où le revenu tiré des activités non agricoles joue un rôle vital dans plusieurs ménages montrent que les individus les moins dotés en actifs limitent leurs activités non agricoles à des activités de ramassage des caillasses, des bois de chauffage, des cartons ou à la fabrication d'objets artisanaux nécessitant peu d'investissement initial, alors que d'autres arrivent à des activités non agricoles rentables ( petite boutique, petit magasin, cybercafé, Bureautique, cabine téléphonique,...)

Ce modèle, certes statique, présente des implications dynamiques potentielles qui semblent être intuitivement très séduisantes. Les individus ayant un patrimoine limité ne peuvent pas accéder aux activités lucratives et se trouvent piégés dans leurs professions respectives.

Rappelons que l'on appelle « trappe à pauvreté » une situation d'équilibre dans la pauvreté dont on ne peut sortir sans soutien extérieur - a travers un appui exceptionnel apporté à ce groupe comme une politique de redistribution ou même une aide internationale - ou sans un changement radical du fonctionnement des marchés, comme marché de crédit dont il est question dans cette étude.

En République Démocratique du Congo, les trappes à pauvreté et pertes d'efficacité globales et de croissance dues à la pauvreté et aux inégalités, se combinent aux défaillances de marché de crédit, de sorte que, certaines personnes ne peuvent pas saisir les occasions d'investissements propices à la croissance

économique du pays - non seulement dans le capital physique ou dans les activités rentables, mais aussi dans le capital humain.15

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Ceux qui rêvent de jour ont conscience de bien des choses qui échappent à ceux qui rêvent de nuit"   Edgar Allan Poe