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La nature, le fonctionnement et les implications sociales, économiques et politiques de la microfinance en RDC

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par Denis Mushiya
Université de Kinshasa - Licence 2006
  

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II.3.UN NOUVEAU CANAL SPECIFIQUE : LA MICROFINANCE

II.3.1. Le contexte historique international

La microfinance est née dans les années 80, en réponse aux interrogations et aux conclusions d'études concernant l'offre publique de crédit subventionné destiné aux pauvres paysans. Dans les années 70, les organismes gouvernementaux se trouvaient à l'origine des principaux crédits à la production octroyés aux personnes qui n'avaient au par avant aucun accès aux institutions de crédits - et étaient obligées de recourir à des usuriers ou de louer leur force du travail.

Gouvernement et bailleurs des fonds internationaux ont reconnu le besoin des pauvres à accéder à un crédit peu coûteux et y ont perçu un moyen de promouvoir la production agricole par les petits propriétaires terriens.

Les bailleurs des fonds ont proposé du crédit agricole subventionné et crée en outre, des coopératives d'épargne et de crédit inspirées par le modèle RAIFFEISEN développé en Allemagne en 1864 ;ces coopératives financières se sont

concentrées essentiellement sur la mobilisation de l'épargne dans les zones rurales afin « d'apprendre aux paysans pauvres à épargner ».

A partir du milieu des années 80, le modèle de crédit ciblé subventionné préconisé par des nombreux bailleurs des fonds a fait l'objet des critiques sérieuses. En effet, la plupart de programmes accumulaient des pertes importantes et avaient recours à la capitalisation pour continuer de fonctionner.

Il devenait de plus en plus évident que les solutions fondées sur la loi du marché devraient être envisagées, ce qui a conduit à une approche de microfinance considérée dès lors comme partie intégrante du système financier global. L'accent ne fut plus mis sur l'octroi rapide des crédits subventionnés aux populations cibles, mais sur la création d'institutions locales pérennes au service des pauvres.

Parallèlement, des ONG locales ont commencé à rechercher une approche du développement à plus long terme que celle préconisant la généralisation de revenu sans perspective de viabilité. En Asie, le docteur MOHAMMED YUNUS aujourd'hui « Prix Nobel de la paix 2006 », au Bangladesh a montré la voie au projet-pilote des crédits de groupe destinés aux paysans non propriétaires. Cette institution devenue par la suite la Gramen bank, compte aujourd'hui plus de 2,4 millions des clients, dont 94% de femmes et, tient lieu de modèle dans des nombreux pays.

En Amérique latine23, ACCION international a soutenu le développement du crédit solidaire destiné aux petits commerçants en zones urbaines tandis que FUNDACION CARVAJAL a développé avec succès un système de crédit et de la formation pour les entrepreneurs individuels.

Le secteur financier formel a également connu des changements. La Bank Ra kyat Indonesia, une banque agricole détenue par l'Etat, est passée d'une politique du crédit subventionné à une approche institutionnelle se fondant sur les principes du marché. Elle a également mis en place un système transparent de mesures incitatives qui récompense ses emprunteurs (des petits paysans) et son personnel lorsque les délais de remboursement sont respectés. Ses ressources provenaient essentiellement de l'épargne volontaire.

Depuis les années 1980, la microfinance connaît un essor considérable. Les activités de microfinance sont activement soutenues et encouragées par les bailleurs des fonds, ces derniers ciblent particulièrement les IMF qui ont pour objectifs de toucher le plus grand nombre et d'atteindre la pérennité financière. Dans les années 70 et largement encore les années 80, les IMF proposaient des services

23 JOANNA LEDGERWOOD ,Manuel de microfinance, Perspective institutionnelle et financière, BM,Washington DC 1999,p.33

comprenant à la fois du crédit et de la formation, pour lesquels elles avaient des subventions. Aujourd'hui l'accent est mis avant tout sur les services financiers.

Récemment, des ONG de microfinance (notamment PRO DEM/Banco sol en Bolivie ; K-REP au Kenya et ADEMI/Banco-ademi en République Dominicaine), ont entamé leur conversion pour devenir financières formelles, reconnaissant la nécessité de proposer des services d'épargne à leurs clients et de recourir aux sources des financement commerciales plutôt que de dépendre des fonds octroyés par les bailleurs des fonds.

Cette reconnaissance de la nécessité d'atteindre la pérennité financière a conduit à l'approche qui prévaut actuellement en microfinance, celle des « système financiers », elle se fonde sur les principes suivants :

Le crédit subventionné nuit au développement ;

Les pauvres sont en mesure de payer des taux d'intérêts suffisamment élevés pour couvrir les coûts des transactions et les coûts induits par le fait que les prêteurs se trouvent dans un environnement de marché où l'information est imparfaite ;

L'objectif de pérennité (qui consiste à couvrir les coûts et à dégager enfin de compte un bénéfice) est fondamental, non seulement pour la continuité de l'activité de crédit, mais également pour améliorer l'efficacité des IMF.

Les sommes accordées aux pauvres sont modestes ,aussi ; pour devenir pérenne les IMF doivent opérer une échelle suffisamment large ;

La croissance de l'activité du client ou l'impact du crédit sur la pauvreté étant difficile à évaluer, la portée et le taux de remboursement tiennent lieu d'impact

Cette approche repose sur l'hypothèse essentielle que des nombreux pauvres sont des demandeurs des crédits productifs et sont en mesure de les absorber et les utiliser. Or, le développement de la microfinance s'est accompagné de la découverte dans biens des cas que les pauvres ont besoin d'actifs sûrs et des crédits à la consommation au moins autant, voir davantage parfois, que les crédits productifs. Les IMF ont commencé à répondre à ces besoins en proposant de service d'épargne volontaire et d'autres types des crédits.

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"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon