1.2.5. Etudes
antérieures sur santé mentale et droits de l'homme
Dans la même perspective, un compendium
pédagogique de la Faculté de Médecine de
l'Université de Genève était focalisé sur la
santé mentale et les droits humains ; il fut réalisé
par E. Kabengele Mpinga à l'Institut de Médecine Sociale et
Préventive (IMSP, 2009) et à l'Institut Universitaire de Kurt
Bosch-Sion (2009). L'étendue de la problématique a
été circonscrite autour des questionnements suivants :
L'état des droits de l'homme comme facteur de risque de
santé mentale et quelles actions entreprendre pour y faire
face ?
Situées hors de bases biologiques mais en interaction
avec elles, les conditions sociales et économiques, politiques et
environnementales dans lesquelles naissent, vivent, travaillent et meurent des
personnes atteintes des maladies mentales, constituent des obstacles majeurs
à la prévention, à l'organisation et à
l'accès aux soins, au financement et à la recherche sur la
santé mentale. La question fondamentale relève de l'état
des droits de l'homme au niveau individuel et communautaire et, au niveau des
actions réelles à entreprendre en vue de la reconquête des
droits humains et de la préservation (épargne) de santé
mentale comme capital - ressource.
Les travaux actuels sont orientés vers la formation
pédagogique et recherche scientifique dans le cadre du projet
santé mentale et droits humains. Les résultats de l'étude
démontrent que les troubles mentaux et de comportement constituent une
charge énorme et une source de préoccupation pour les individus,
les familles, les communautés et les Etats. De ce fait, l'état
des droits humains est un déterminant de la santé mentale d'une
part, et de l'autre, les violations des droits de personnes souffrant de
maladies mentales aggravent leur état de santé,
déclenchent des troubles chez des proches et alimentent le poids
énorme de ces affections au sein de nos sociétés. Elles
s'appuient sur deux de recommandation de l'OMS relatives à la
santé mentale, à savoir : l'éducation du grand
public et le développement de la recherche en vue de
l'amélioration de la santé mentale dans le monde.
En effet, considérée comme le fondement du
« bien - être » individuel et collectif qui
suppose les droits individuels et collectifs, la santé mentale est
actuellement, plus qu'hier, sujet des préoccupations pour des raisons
probantes à savoir :
· Son indissociable lien avec la santé physique
qui limite les possibilités de réalisation d'un bien être
complet. Les troubles mentaux altèrent la perception de la personne,
bloquent toute communication avec son environnement, constitue un handicap
à une vie sociale pleine ;
· Les niveaux de morbidité et de mortalité
des troubles mentaux et de comportement, en terme de prévalence et
incidence au niveau mondial ; on estime qu'environ 450 millions de
personnes souffrent des troubles mentaux et de comportement et que les
problèmes de santé mentale constituent 5 à 10 principales
causes d'incapacité, et représentent environ 12 % de la charge
mondiale de morbidité totale. A l'intérieur des nations, leurs
prévalences varient en fonction d'affection, de population
concernée, et des contextes socio - culturels, économiques et
politiques (OMS, 2001) ;
· L'inexistence et les faiblesses des politiques
nationales de santé mentale, de la législation ou politiques de
santé inopérationnelle ;
· Les coûts économiques et sociaux des soins
énormes et inaccessibles pour les familles et proches, face aux
coûts alimentaires et des soins du patient ;
· La discrimination négative et la stigmatisation
dont souffrent les malades et les familles dans tous les secteurs de la vie
sociale et aux soins ;
· Les violations des droits humains civils et politiques,
socio - culturels et économiques, de même que les discriminations
dont les malades et leurs familles sont victimes en appellent aux
préoccupations des systèmes de l'ONU ; tel l'OMS au niveau
international et régional de protection de ces droits.
Une autre étude montre que la récession
économique avec la suppression de postes de travail et compression
continue des effectifs altèrent l'état de santé mentale et
de comportement des populations.
Une abondante littérature établit que la
pauvreté, le chômage sont des indicateurs de l'altération
et de l'aggravation de la santé, parce qu'ils entraînent la perte
de revenus, limitent les moyens de survie, la satisfaction des besoins
primaires et les inégalités d'accès aux soins qui
entraînent la perte de l'estime de soi (autonomie) et conduisent à
des perceptions négatives, tel un obstacle à l'accomplissement
personnel et aux responsabilités sociales selon Artazcoz L, Banach J.
et al.( 2004 ;cités par Haelth.net TPO ).
Aussi, les droits des personnes souffrant de maladies
mentales sont constamment et systématiquement violés dans un
cadre de famille, école, entreprise, les structures de vie sociale et
surtout dans les hôpitaux et d'autres lieux des soins :
psychiatrisations forcées, actes délibérés de
mauvais traitement, négligences manifestes, atteintes à la
sphère privée, les rançoonnements et/ou les refus de
soins, les isolements, les incarcérations à vie. Les auteurs de
ces actes agissent soit de manière individuelle, soit au nom et pour le
compte d'un Etat policier et/ou de l'Etat de police.
Actuellement, aucun Etat au monde n'est à l'abri de
ces pratiques inhumaines et dégradantes. D'autres études
réalisées par l'OMS, santé mentale : nouvelle
conception, nouveaux espoirs, un rapport sur la santé dans le
monde, Genève (2001). Elle a formulé dix recommandations
destinées à briser le cercle vicieux et infernal entre droits et
santé -pauvreté, au moyen duquel, l'amélioration de la
situation passe par l'éducation publique, l'information de statistique
épidémiologique des troubles mentaux, de moyens de traitements,
de chances de guérison et surtout des droits des patients.
En plus, la nécessité urgente est de mener des
recherches dans un contexte vaste, international et diversifié, en vue
de comprendre les variations de cette problématique entre les
différentes communautés et, d'appréhender avec
précision les facteurs qui influencent sur l'apparition,
l'évolution et l'issue des troubles mentaux et de comportement qui,
constitueraient un obstacle réel au comportement de jouissance du droit
de l'homme à la santé.
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