1.2.4.3. Santé
mentale et la jouissance du droit à la santé
a) Santé mentale
Dans ce travail, nous nous référons à la
définition classique de l'OMS. Selon cette institution
spécialisée du système de l'ONU, la
« santé » est un état de complet
bien - être physique, mental et social et pas simplement l'absence de
maladie ou d'infirmité. Cependant, la santé définie de
cette manière relève de questionnement à savoir :
qu'est - ce qu'est la santé mentale qui nécessite
d'être relative au corps biologique et aux corps social dans l'ensemble
du comportement d'une personne ?
La santé mentale se définit donc comme
« l'état de bien - être mental
sain ».
Pour Health net TPO (2007), la santé mentale est donc
une composante de la santé en général, qui est
principalement centrée sur les fonctions mentales d'une personne.
C'est la façon dont une personne :
Pense (pensée) cognition
Sent (sentiment) affection
Agit (comportement) praxis
Se perçoit et perçoit le monde autour d'elle
(sensation psychosociale du réel).
La santé mentale n'est pas synonyme de l'absence de
folie. En effet, la santé mentale est une partie importante de la
santé. Beaucoup de gens, à un certain moment de leur vie,
souffriront d'un problème mental. La santé mentale est un
état de bien - être d'une personne caractérisée
par :
L'intégrité : avoir une position
par rapport à soi - même et par rapport à son environnement
social et physique ;
L'adaptabilité : surmonter les tensions
normales de la vie ;
La sociabilité : contribuer à la
vie de sa communauté et avoir des relations sociales adaptées.
Pour ce, une maladie mentale est une affection qui perturbe la
personne sur plusieurs plans, notamment :
· la pensée (plan cognitif) ;
· le sentiment (plan émotionnel) ;
· le comportement (verbal ou non verbal) ;
· la perception (imagination et
représentation).
A ce titre, une maladie mentale n'est pas
caractérisée seulement par des symptômes psychologiques,
psychiatriques ou physiques mais aussi, par une altération des
facultés adaptatives sur les plans social, professionnel ou scolaire
(perception-communication), qui rendent problématique son
intégration sociale, personnelle et interpersonnelle, tel est le cas des
professionnels de santé des CUK.
La notion de santé mentale n'est pas univoque, elle
soulève l'équivoque. Elle est fonction de la culture, de la
tranche d'âge, de la catégorie sociale, de la religion, de la
croyance ...
L'on note une forte association et de relation de cause
à effet entre la pauvreté et les troubles mentaux et de
comportement.
Dans notre recherche, nous avons observé
un cercle vicieux qui part de la pauvreté sociale aux troubles mentaux
et de comportement vers les violations des droits de l'homme, celles-ci sont
entretenues par ces troubles et la pauvreté sociale même. Il
caractérise notre société congolaise qui n'a ni structures
d'accueil et/ou de déconditionnement psychosociologique suffisamment
intégrées.
b) Ampleur du problème de santé mentale sur la
jouissance du droit à la santé
La pauvreté, les violations des droits et les troubles
mentaux constituent un système incohérent et un cercle vicieux
qui représente une impasse relationnelle et institutionnelle et,
possède de nombreuses répercussions dans l'organisation des
établissements de santé publique en RDC.
Les soins de santé mentale (psychiatriques) et les
soins des troubles de comportement (psychothérapiques) sont
coûteux, d'une lourde charge puisqu'ils exigent de longs traitements et
entraînent de perte de productivité par l'invalidation
psychosociale selon l'OMS et Health.net TPO, (2007). Ces troubles appauvrissent
les patients et leurs familles. Les facteurs tels que
l'insécurité, un niveau bas d'éducation, de mauvaises
conditions de logement et de nutrition favorisent l'apparition des troubles
mentaux et de comportement courants.
Dans une population, la prévalence de la
dépression est d'une fois et demie à deux fois plus
élevée parmi les groupes à bas revenu. Chez les groupes
humains vivant dans la pauvreté, la violence et les mauvais traitements
sont fréquents, en termes de psycho traumatisme et maltraitance physique
ou morale. L'insuffisance des investissements bien ciblés dans la
politique de santé publique, spécialement dans le domaine de
santé mentale, ne permettent pas de briser le cercle vicieux de la
pauvreté au trouble mental afin de faire reculer leurs effets sur le
développement harmonieux et le respect des droits humains.
En ce qui concerne tous les systèmes des soins, il y a
plusieurs raisons de faire de la santé mentale et du comportement humain
une des priorités, à savoir :
- Dans tous les pays du monde, beaucoup de gens ont des
problèmes de santé mentale qui vont de troubles
sévères comme les psychoses, aux moins sévères,
comme les troubles anxieux (névroses réactionnelles). Selon les
estimations de l'OMS, 450 millions de personnes dans le monde souffrent de
troubles mentaux. Pour les pays en voie de développement
spécialement, on estime les valeurs suivantes :
schizophrénie : 0,5 - 1 % ;
épilepsie : 1 - 1,5 % ;
dépression/anxiété grave : 2 - 5
% ;
déficience mentale : 1 %.
- Dans les pays ayant les problèmes
sécuritaires, ravagés par la guerre, les conflits,
l'instabilité politique et socioprofessionnelle, l'ampleur des
problèmes mentaux peut être élevée ; tel est le
cas de la DRC.
- Beaucoup de patients qui consultent les hôpitaux et
les centres de santé ont souvent des problèmes de santé
mentale et de comportement ayant une forte association à des
désordres physiques. D'après les recherches effectuées en
cette matière en occident et dans les pays d'outre - mer, elles ont
montré qu'environ 30 % des malades qui consultent en médecine
générale ont des problèmes de santé mentale.
Beaucoup présentent les plaintes physiques, alors qu'ils ont les
problèmes de santé mentale tels que : sommeil, fatigue,
douleurs, maux de tête ou maux d'estomac, liés à la
somatisation.
- D'autres facteurs sont liés à la
stigmatisation et attitudes négatives associées aux troubles
mentaux qui entraînent la discrimination aux soins de qualité,
à l'adaptation socioprofessionnelle et scolaire qui limitent les
libertés individuelles.
- Le lourd fardeau lié aux troubles mentaux :
improductivité, invalidation, problèmes d'intégration
familiale et financière liée à sa longue prise en charge
et / ou son ignorance.
C' est pourquoi, l'OMS renseigne que la schizophrénie,
la dépression et l'alcoolisme sont les troubles les plus invalidants.
Près d'un million de personnes se suicident chaque année, sous la
dépression.
Les problèmes de santé mentale
représentent 11 % du fardeau global des maladies en recrudescence. Les
projections de l'OMS en 2020 prédisent que les problèmes de
santé mentale représenteront 15 % du coût global des
maladies. Globalement, une famille sur quatre a au moins un membre qui
souffre de troubles de santé mentale. Il sied de signaler que les
membres de la famille sont souvent les plus concernés dans la prise en
charge des personnes atteintes de troubles de santé mentale. Une maladie
mentale dans une famille a de profondes répercussions sur la
qualité de vie de toute la famille.
Pour notre travail, nous considérons qu'une maladie
mentale et trouble de comportement ou troubles physiques ont des
répercussions sévères sur la qualité de vie et de
l'existence authentique des intervenants à savoir : les
professionnels médecins, en l'absence de leur prise en charge
adéquate ; ce qui expliquerait les violations flagrantes des droits
des patients dans les hôpitaux. En effet, les gens pensent que les
problèmes de santé mentale ne peuvent pas être
traités ; au contraire, des options thérapeutiques efficaces
existent, notamment :
- La sensibilisation au sujet de la santé mentale et du
comportement dans la communauté ;
- Le counslling et la psychothérapie ;
- Les conseils et l'éducation aux malades et à
leur famille ;
- Les médicaments accessibles, efficaces, disponibles
et les génériques existent.
A ce titre, Frédéric Dubas (2004), en abordant
la question du sujet, enjeux éthiques et économiques en pratique
médicale, s'interroge sur la santé individuelle. Il affirme que
la santé est bien une curieuse notion.
Son caractère à la fois individuel et collectif
s'atteste quotidiennement ; la santé est liée au bien
suprême en valeur :« la vie ». Comme
« l'être malade »,
« l'être en bonne santé »
dépend de références aux normes sociales.
La santé prend le sens plus qu'une
valeur éthique, bonne ou mauvaise. Elle est une capacité, une
marge d'adaptation disponible quand une maladie survient, selon Georges
Canguilhem (1966) cité par J. Bergeret et al. (op. cit.). Finalement, il
en va de la santé comme de la maladie ; et les définitions
différent : il y a celles conçues par les médecins
comme absence de maladie clinique, prévention et celles vécues
par des malades. Les deux ne se recouvrent ni s'accordent que très
partiellement quant aux échelles de qualité de vie.
Pour Hyman (2000), au cours de la vie de personne, toute
expérience traumatique peut, en dehors d'une communication correcte,
modifier la structure de la connexion synaptique et remodeler le processus
moléculaire (neurochimique) qui déterminerait le remaniement dans
l'édifice psychique et, peut inférer les troubles mentaux et du
comportement aux victimes. D'autre part, l'OMS (2001), définit le
comportement sanitaire, selon les indicateurs ou variables, à
contrôler ci - dessous :
· état de sommeil ;
· état d'alimentation (nutrition) ;
· utilisation des services de santé par
habitant ;
· consommation des drogues ;
· loisir et sport ;
· sexualité et le contenu sexuel.
En RDC, l'utilisation des services de santé a un taux
d' indice de 0,15 consultation par habitant et par an, pour une population
générale de 54 % ; c'est - à - dire une Consultation
au moins par personne tous les 6 ans. Aussi, 35% en 1980 de consultation par
habitant et 15% en 2001 par habitant pour les usagers des services de
santé publique.
Ceci signifie que 2/3 des patients en RDC ne consultent pas
les services publics de santé, et leurs systèmes pour
bénéficier de soins et en jouir en tant que titulaires, ni la
capacité d'exercer en le revendiquant et en le défendant,
à cause de leur insuffisance ou manque de disponibilité,
accessibilité et acceptabilité. En plus, l'impact socio -
économique (pauvreté extrème) et culturel, entrave la
jouissance du droit et l'accès aux soins de santé ; selon le
« Diagnostic de la pauvreté en RDC », dans un
rapport de l'analyse participative de la pauvreté nationale (Juillet,
2005), cité par Katima Kipulu (2008).
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