1.2.3. Organisation actuelle du
système sanitaire congolais
Un système sanitaire est défini par l'OMS,
(2000), comme un ensemble d'activités ayant pour but essentiel de
promouvoir, restaurer ou entretenir la santé. Les services de
santé du secteur public ou privé sont inclus à
l'intérieur du système de santé. La pyramide du
système de santé comprend trois niveaux :
· nation : niveau central (concept et
planification) ;
· district : niveau intermédiaire
(coordination et encadrement) ;
· zone : niveau périphérique :
socle d'opération et exécution de stratégies
sanitaires.
Nous constatons le dysfonctionnement dans la pyramide de
système de santé en RDC car le financement des soins de
santé en RDC, provient de l'Etat congolais, du secteur privé, de
l'aide internationale (humanitaire), de communautés. Toutefois, le
rôle principal de l'Etat est en perdition, en ce qui concerne
l'obligation de garantir le droit à la santé de population.
À l'instar de ce sommaire sur le droit à la
santé, nous pouvons dire que la santé ne concerne pas le seul
aspect physique, mais aussi elle devrait inclure l'esprit, la mentalité
culturelle et le comportement des personnes. Dans les paragraphes suivants
nous traitons de la santé mentale et du comportement au regard du droit
à la santé et aux garanties des droits des patients.
1.2.4. Santé mentale et
droits de l'homme
Dans le contexte de notre travail, nous allons parler de la
santé mentale en tant qu'un des aspects importants et essentiels du
concept « santé » et du droit à la
santé des patients. Nous traiterons du droit à la santé
mentale des professionnels de santé, comme acteurs des droits de l'homme
et fournisseurs des services des soins de santé ; par l'entremise
de l'obligation de l'Etat à la santé publique.
A ce titre, O. Tshende Njimbi (2009) pense
que l'exercice de la profession médicale et soignante constitue une
pratique moralement éthique du fait de leur agir sur les personnes
humaines. Tout compte fait, la pratique médicale est attachée aux
valeurs de la vie telles que la vérité, la justice, la paix, la
santé, l'honnêteté, l'ordre, en plus de la dignité
humaine.
1.2.4.1 Santé
mentale vue sous l'angle de la santé publique
L'OMS pour sa part, fournit un cadre de
référence pour la compréhension du concept
« santé ». En reprenant la même
définition de l'OMS (1946) la « santé est un
état complet de bien- être physique, mental et social, ne consiste
pas en l'absence de la maladie ou de l'infirmité ».
C'est pourquoi, pour mieux comprendre la santé mentale comme un des
aspects majeurs de la santé, elle a été définie
par des auteurs issus de cultures différentes. Parmi les concepts de la
santé mentale figurent : le bien être subjectif,
l'auto-perception de l'efficacité personnelle, l'autonomie, la
compétence, la dépendance intergénérationnelle,
l'auto - actualisation du potentiel intellectuel et affectif.
Selon E. Kabengele Mpinga (Forum, 2003), la santé
mentale est définie comme un état de bien- être
indissociable de la santé physique et sociale et, dont la
détérioration de la perception et de communication possède
un impact sérieux sur l'état des droits de l'homme et du droit
élémentaire à la santé.
Aussi, la santé individuelle et/ou
collective dépend de la définition donnée au concept
« santé". Et ce, dans le pays où coexistent un
secteur public et un secteur privé, la santé publique (public
Health) est un ensemble de services et d'efforts organisés de la
collectivité dans le domaine de la santé et de la maladie ;
la thérapeutique individuelle en est plus ou moins exclue.
Autrement, dans les pays où tous les services de
santé sont publics, l'expression du concept de santé publique
prend une signification générale et s'étend pratiquement
à tous les domaines, concernant de près ou de loin la
santé de l'individu, conçu essentiellement comme membre de la
collectivité (L. Manuila et al. 2001). La santé publique est une
synthèse de toutes les activités spécifiques qui ont pour
but de rétablir, maintenir et promouvoir la santé d'une
population.
Nous pensons que la santé mentale
des prestataires des soins de santé relève d'une
problématique de l'organisation des services ainsi que des efforts en
santé publique, de l'Etat et de la collectivité
concernée.
Par ailleurs, si l'on se place dans une optique
transculturelle, il est pratiquement impossible de donner une définition
complète de la santé mentale.
Toutefois, elle va au - delà de la
simple absence de troubles mentaux. Il importe mieux de comprendre la
santé mentale et les fonctions mentales, car elles constituent la base
d'une connaissance plus complète de la survenue et de l'évolution
des troubles mentaux et de comportement.
A propos du bien être mental, ces
dernières années, les informations nouvelles en provenance des
neurosciences et de la médecine de comportement ont fait progresser la
compréhension des fonctions mentales. Il devient manifeste que des
fonctions mentales, ont une base neurobiologique, psychologique et sont
indissociables de fonction physique, sociale, culturelle et des issus
sanitaires.
Il est évident que les pensées, les sentiments
et les comportements ont une incidence majeure sur la santé
physique ; inversement, la santé physique possède une
incidence sur la santé mentale ou le bien- être mental (OMS,
2001).
Pour Philippe Lecorps et al. (Cités par le Collectif,
op. cit, p .42), l'Etat a un rôle dans la gestion de la
« vie nue » en vue d'établir son pouvoir
« biopolitique ».
Les textes juridiques de santé publique ont
nuancé actuellement l'axe central, dans la construction des
systèmes de la santé collective ou individuelle ; la
dimension biomédicale est devenue un élément d'un tout,
comprenant les dimensions psychiques, sociales, culturelles et plus
généralement politiques.
Pour ce faire, une éthique du sujet
en santé publique (Bioéthique), relève le paradoxe de
reconnaître d'une part, l'humain singulier et d'autre part, de respecter
sa capacité de choix tout en l'appelant (invitant), à construire
les modalités du vivre ensemble qui, nécessite souvent un
remaniement des positions psychiques. La pensée opératoire
possède un sens du vécu singulier, c'est - à - dire
d'exercer sa responsabilité aux prise dans son addiction aux exigences
d'un « monde commun », selon l'expression de
Hannah Arendt.
En effet, quand on parle de santé
publique, de santé ou mesure de santé, chacun a sa propre vision
qui interfère avec les autres valeurs qui lui paraissent importantes et,
on ne se donne pas de moyens collectifs pour aller au - delà de ces
contradictions. La liberté individuelle viendrait faire obstacle
à la liberté publique ou à la démarche de
santé publique (bio droit).
Pour Donnet Descartes E. et al. (Cités par le
Collectif, op. cit, pp.11 - 12), le concept de santé publique est un
ensemble de mots, santé et publique... Dans le mot santé, il y a
bien entendu la définition de l'OMS, très large :
« état de complet bien - être physique, mental et
social et non simple absence de maladie ».
Or, le bien- être social des individus dépasse
largement le cadre de la santé et relève de la politique dans la
cité. Si l'on adjoint au terme santé, l'adjectif public, on doit
en premier lieu se référer aux institutions onusiennes, et
à la constitution congolaise, aussi au préambule de la
constitution française, à la charte de l'OMS de 1945, toutefois
d'un point de vue théorique important. En effet, la santé
publique peut être abordée de mille façon et chacun selon
sa propre représentation à priori.
Selon une approche sanitaire, sociologique
et anthropologique de systèmes de santé, elle montre que la
société est composée des individus et leurs valeurs
culturelles ou civilisation, dont les professionnels de santé et les
usagers avec leurs familles ; par là, la santé est
considérée comme état de bien - être de la
population. Ceci, suppose des comportements normalisés et une
organisation sociale que les gens ne souhaitent pas, parce que contraignant la
liberté individuelle. (Le Collectif, op. cit, pp.11 - 15). En effet,
« ce n'est pas sa cause qui fait qu'une maladie est mentale,
c'est la manifestation au niveau de la personnalité et de relations
sociales ou des communautés inter - humaines ».
Autrement, « la maladie du cerveau dont les
symptômes prédominants sont comportementaux ne serait une maladie
mentale. Elle regroupe les maladies de la pensée ou de la
personnalité, trouble du comportement social. Elle regroupe des maladies
psychiques diverses qui déterminent la perception et la
communication ». A ce titre, nous pensons que :
· aucune définition n'est
généralement acceptée, ni aucun standard objectif ne peut
pas être donné, d'après de nombreux spécialistes. Un
concept de base de la maladie mentale universellement applicable est
impossible, car les comportements différent selon les valeurs
culturelles et selon les mesures strictement médicales, ce qui exige une
interdisciplinarité aux applications de ce concept, santé
mentale.
· Les problèmes de santé mentale se
rencontrent dans le domaine de l'éducation, de l'emploi, des relations
personnelles, de juridiction. Aussi le rejet social, l'intégration, la
discrimination y sont associés. La peur liée à la
méconnaissance de la santé mentale entraîne
également des abus ou des violations dans le domaine des droits
humains, tels que la privation de liberté pour motif médical,
privation des droits de propriété, droits civils et des
attitudes des professionnels qui sapent l'accès aux soins offerts par
des structures de santé en place, surtout dans le tiers monde. C'est
dans un tel contexte que l'ONU adopte les principes en 1991 pour la protection
des groupes des personnes vulnérables.
En outre, une définition de la « maladie
mentale » selon un compendium pédagogique de
l'Université de Genève (2008), il est stipulé que le terme
de maladie mentale englobe plusieurs catégories des symptômes ou
des pathologies qu'il n'est possible de les résumer en une
définition.
L'OMS dans son rapport (2001) sur la santé mentale
propose cette définition : « que par troubles mentaux
et du comportement, on entend des affections cliniquement significatives qui se
caractérisent par un changement du mode de pensée, de l'humeur
(affect) ou de comportement associé à une
détresse psychique et/ou une altération des fonctions
mentales ». Les troubles mentaux et du comportement ne
sont pas de simples variations à l'intérieur des limites de la
« normalité », mais des
phénomènes manifestement anormaux ou pathologiques »
C.I.M - 10 (OMS, 1992).
La maladie mentale est une affection dont les
symptômes les plus apparents se situent au niveau des fonctions mentales
mais également au niveau corporel, par exemple : l'anorexie.
Il peut s'agir d'une maladie liée à une atteinte organique du
cerveau, par exemple : la démence, que d'un trouble du comportement
lié à une anomalie fonctionnelle plus ou moins subtile, telle
qu'une perversion. Enfin, elle peut être liée à des
troubles de l'intelligence, de mémoire...
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