DISCUSSIONS ET LIMITES
I. DISCUSSIONS
v Méthodologie :
Cette étude comparative du
Diaspot®-Malaria-Pf avec la GE (référence) est la
première réalisée à Bafoussam dans la
région de l'Ouest du Cameroun, Elle fait néanmoins suite à
celle réalisé par Sayang et al (2009) à
Yaoundé qui a comparé le même
Diaspot®-Malaria-Pf avec la GE mais sur une population
pédiatrique. Nous avons tenu à réaliser cette
étude ici compte tenu du fait que Yaoundé et Bafoussam abritent
des faciès épidémiologiques différents. De plus,
avec la diversité génétique de la HRP2 chez le Plasmodium,
ainsi que d'autres contraintes opérationnelles (WHO, 2009 et Sayang,
2010), il n'est pas évident qu'un TDR (HRP2) évalué et
validé ailleurs garde sa validité diagnostique ici. Or pour aller
dans le même sens que l'OMS qui recommande les TDR dans les situations
particulières, il faut être sûr de ses performances sur le
terrain et donc, il faut l'évaluer.
Notre population d'étude était constituée
par un échantillon exhaustif de 336 patients. Cette taille était
semblable à celle des études similaires réalisées
en RDC par Swarthout (2007) ; soit 358 patients. Par contre cette taille
est largement en deçà de celle des études faites par
Tarekegn (2008) au Kenya soit 78 454 patients. Cependant, au Cameroun,
Sayang (2010) réalisa son étude sur 153 patients. Notre
étude s'est déroulée en pleine saison des pluies
mêmes, changements climatiques oblige, cette pluviométrie
n'atteint plus aujourd'hui les niveaux connus dans la littérature. Pour
être plus complet, une pareille étude aurait pu se tenir
également en saison sèche pour observer l'impact des saisons sur
la prévalence du paludisme et sur les performances du test
Diaspot®-Malaria-Pf. Paradoxalement, il existe très peu de
données sur la prévalence (microscopique) du paludisme au
Cameroun en général. Les données disponibles au niveau du
Programme National de Lutte contre le Paludisme (PNLP) et dans la
délégation régionale de la santé de l'Ouest
à Bafoussam concernant la morbidité palustre sont
généralement recueillies sur la base d'un diagnostic avant tout
clinique. Cette tendance est la même à l'échelle de tout le
pays. Du coup, il ne nous a pas été possible de les exploiter
pour calculer la taille de notre échantillonnage. Face à cette
difficulté, nous avons choisi pour la présente étude de
réaliser un échantillonnage par convenance. C'est une
méthode non probabiliste avec l'inconvénient que les
résultats obtenus ne peuvent pas de façon logique être
extrapolés à l'échelle de la population cible. Pour
l'analyse de la fréquence de la maladie dans notre population
d'étude, nous avons expressément défini quatre (4) classes
d'âges. La classe [1 - 5] ans qui est la plus vulnérable
(OMS, 2008 ; OMS, 2009 ; MSP, 2007 et MSP, 2010) ; la classe [6
- 10] , la classe [11 - 15] (toutes les 3 classes précédentes
appartiennent à la tranche pédiatrique) et la classe > 15 qui
regroupe adolescents et adultes .
v Caractéristiques
sociodémographiques de notre population
d'étude.
- Sexe et âge de notre population
d'étude :
Dans cette étude, 56% (187/336) de sujets
étaient de sexe féminin contre 44% (149/336) de sexe masculin;
soit un sex-ratio (Féminin/Masculin) de 1,3 (Figure
14). Contrairement à une étude similaire faite par Amos
(2006) au Mali où le sex ratio (H/F) était de 1,05. La tranche
d'âge la plus représentée était celle de [1-5] ans
avec environs 15% (54/336) alors que la moins représentée
était celle de >65 ans. Plus du tiers de l'effectif (124/336)
était constitué des < 15 ans (Consultations
pédiatriques). Cette sur représentativité de la tranche
pédiatrique dans cette étude pourrait s'expliquer par le fait que
les parents seraient plus enclin à les amener dès l'apparition
des symptômes en consultation, par contre, ils
préfèreraient se tourner vers d'autres solutions
(automédication...) pour les plus grands et eux même. D'autre
part, excepté dans les classes d'âge [6-10] et [31-35], les filles
étaient majoritaires dans toutes les classes d'âge (Figure
15). Ces caractéristiques de notre population d'étude
notamment en ce qui concerne les < 5ans et les femmes ont
généralement été observées dans les
études similaires à l'instar de celles de Bechem et al
(1999) et Wanji et al (2008).
v Prévalence du paludisme dans notre
population d'étude.
- Prévalence générale
Rappelons-nous que notre population d'étude
était constituée uniquement de cas suspects de paludisme venus au
laboratoire pour un diagnostic de confirmation. Il s'est agi donc ici de
prévalence hospitalière. En effet nous savons aujourd'hui que la
majorité des cas de paludisme en Afrique n'arrivent pas à
l'hôpital pour des raisons diverse (OMS, 2003 ; MSP, 2005). Au
final, seulement 94 cas de paludisme ont été confirmées
par la GE soit une prévalence de 28%, tandis que le
Diaspot®-Malaria-Pf a confirmé 100 cas pour une
prévalence estimée à 29,8% (Tableau 2).
En considérant la GE comme référence, la vraie
prévalence était la première (28%) encore que la
différence entre celle-ci et celle avec
Diaspot®-Malaria-Pf n'a pas été jugée
statistiquement significative (P=0,75). Ce qui revient à dire que 242
personnes auraient donc eu une parasitémie nulle malgré la
présomption clinique. Personnes qui non seulement devraient suivre un
traitement abusif à base d'ACT, mais dont le diagnostic réel des
motifs de consultation serait retardé (Shillcutt et al, 2007
Tarekegn et al, 2008 et WHO, 2008). En tant que test de
référence, nous avons considéré que la
spécificité de la GE était par définition absolue.
Cette référence est valide en ce qui concerne la comparaison avec
les TDR (WHO, 2008). Elle peut être discutée pour affirmer le
diagnostic de paludisme, en raison de l'existence de porteurs asymptomatiques
de P. falciparum (Munier et al, 2009). Compte tenu du fait
que notre étude s'est déroulée au mois de juillet,
(période de haute transmission), il est possible que cette
prévalence soit encore plus faible en saison sèche
(période de faible transmission.). Il serait intéressant
d'envisager une étude de ce genre pendant les deux périodes
(saison sèche et saison des pluies) afin de mieux apprécier les
variations saisonnières du paludisme et leur impact sur les TDR.
P. falciparum a été retrouvé
chez 91 sujets parmi les 94 testés positifs à la GE soit 96,8%.
Par contre P. malaria a été rencontré seulement 3
fois, soit 3,2%. Et malgré que P.ovale n'aie pas
été détecté dans notre population d'étude,
ces chiffres sont en concordance avec les données d'Impact-malaria
et du MSP (2010) qui estiment les proportions des différentes
espèces plasmodiales dans le faciès d'altitude au Cameroun entre
91,5 % et 96% pour P. falciparum ; 1,7% et 7,0% pour P.
malaria et entre 0 et 6,8% pour P. ovale. Cette
forte proportion de P. falciparum dans notre population d'étude
crédibilise d'avantage le choix que nous avons porté sur le TDR
Diaspot®-Malaria-Pf qui est un TDR(HRP2) détectant P.
falciparum seul. D'autant plus qu'il a l'avantage sur les autres types de
TDR d'être plus sensible, plus stable aux variations de
température et moins coûteux (OMS, 2003).
- Prévalences par rapport au sexe et aux classes
d'âge pour les deux tests (Tableau 3)
Dans la tranche [1-5] ans, on a remarqué une parfaite
concordance entre les valeurs de prévalences selon la GE et le
Diaspot®-Malaria-Pf et ceci tant dans la population mixte
(55,5%), que dans chacun des deux sexes (70% chez les garçons contre
47,5% chez les filles). Cette absence de discordance nous suggère qu'il
n'y aurait eu ni de faux positifs, ni de faux négatifs dans cette
tranche. L'absence des faux positifs ici s'expliquerait par un suivi plus
rigoureux des parents qui s'abstiendraient de pratiquer l'automédication
de leurs enfants et quand ce serait le cas, ils l'avoueraient plus volontiers
en consultation. D'autre part, la présence des facteurs rhumatoïdes
responsables de certains FP est exceptionnelle dans cette tranche d'âge
(Meyer , 1989). L'absence des FN serait le fait d'un système
immunitaire encore jeune, par encore à même de produire des Ac
monoclonaux anti-HRP2 (Lee et al, 2006). Par ailleurs, ces
résultats montrent que dans cette tranche d'âge, les
garçons sont de loin plus affectés que les filles. Simple
coïncidence ou particularité établie ? La
littérature n'est pas prolifique pour expliquer cela.
Dans toutes les autres classes d'âge on a noté
que de légères discordances commençaient à
apparaitre entre les prévalences à la GE et au
Diaspot®-Malaria-Pf . En général, les
prévalences au Diaspot®-Malaria-Pf étaient plus
élevées que celles données par la GE ; sauf dans la
classe [6-10] où cette prévalence était estimée
à 35,7% pour la GE contre 33,3% pour le
Diaspot®-Malaria-Pf . Une prévalence par rapport
au Diaspot®-Malaria-Pf supérieure celle à la GE
comme dans la tranche d'âge > 10 ans, suggère l'existence de
faux positifs dans cette tranche. Par contre, les faux négatifs de notre
population d'étude ont été répertoriés dans
la classe [6-10] ans. Par ailleurs, on a remarqué que dans la tranche
des > 5 ans, les filles étaient plus touchées que les
garçons. Alors que c'est exactement l'inverse dans la tranche < 5
ans. Des études ultérieures devraient être menées
pour essayer d'expliquer ce constat.
En général pour les deux tests la
prévalence diminuait avec l'âge (tableau 3)
passant de 55% chez les [1-5] ans pour la GE et le
Diaspot®-Malaria-Pf à 16,5% et 19,8% chez les > 15 ans
pour la GE et le Diaspot®-Malaria-Pf respectivement. Ces
observations ont été faites dans plusieurs études
similaires notamment celle de Wanji et al ( 2008), dans la
région du Sud-Ouest-Cameroun qui montrait que la classe d'âge
de 0 à 9 ans était la plus infectée avec 51% de
prévalence contre 15% seulement chez les sujets de plus de 20
ans. Seulement, il faut signaler qu'il s'agissait d'une population de personnes
cliniquement asymptomatique. Cette baisse de la prévalence avec
l'âge pourrait s'expliquer par la mise en place graduelle chez les
populations exposées en permanence aux infections palustres à
répétition, d'une certaine immunité (Aubry et
Jaffar-Bendjee, 2001 ; McKenzie et al, 2003).
v Comparaison des deux méthodes de
diagnostic (GE et Diaspot®-Malaria-Pf)
- Par rapport aux cibles.
ü Les deux méthodes de diagnostic n'exploraient
pas les mêmes caractéristiques du Plasmodium. L'une (la GE) a
consisté en la détection par observation microscopique des
caractéristiques morphologiques du Plasmodium et l'autre (TDR) agissant
par réaction immunochromatographique détectait la HRP2, Ag
libéré pendant le développement de P. falciparum
dont il est spécifique.
- Par rapport à leur exécution
pratique
ü La GE nous a permis de pouvoir identifier deux
espèces Plasmodiales. Permettant à la même occasion de
détecter chez deux patients une association de formes parasitaires
(trophozoïtes + gamétocytes). Elle nous a permis également
d'estimer avec une relative précision la parasitéme.
Contraintes rencontrées : Un entretien
quotidien rigoureux du microscope au était de mise car sa performance en
dépendait. Ce microscope servait également pour le diagnostic des
autres maladies infectieuses et parasitaires. Il n'était pas toujours
évident de confirmer certains cas malgré l'expérience du
technicien microscopiste (17 ans). En effet, pour 13 lames, nous avons dû
re confectionner et re colorer les GE alors que pour 2 lames, un frottis mince
a été nécessaire pour trancher sur l'espèce
parasitaire. Le temps minimum pour réaliser une GE était
d'environ 45 minutes quand la lame était fortement positive alors que le
maximum était d'environ 120 minutes (lames mal colorées et/ou
avec parasitémie très faible). Ce délai de
réalisation ne tient pas compte des éventuelles coupures
d'électricité assez fréquentes au laboratoire pendant
notre étude. Le tout sans oublier l'expertise du
Médecin-Biologiste pour le contrôle de qualité
journalier.
ü L'outil pour la réalisation des
Diaspot®-Malaria-Pf était simple (pas d'appareillage
supplémentaire car tout était dans la trousse). Le test
était relativement facile à exécuter (Annexe
7) et le temps de rendu des résultats variait entre 5 et 25
minutes.
Contraintes rencontrées : Nous avons
dû reprendre un test dont le résultat était invalide.
.
- Par rapport à la recherche entre d'association
entre les résultats des tests (Diaspot®-Malaria-Pf / GE)
et chacun des cinq principaux symptômes du paludisme.
Notre étude a montré que :
- L'état fébrile n'était associé,
ni au résultat de la GE (P=0,44), ni au résultat du
Diaspot®-Malaria-Pf (P=0,56) comme nous pouvons le voir dans le
tableau 4. Et pourtant la fièvre est et a toujours
été considéré comme signe majeur du paludisme. Sans
être une contradiction, ceci nous permet de comprendre que le diagnostic
de cette maladie ne saurait être basé sur ce seul signe, fusse - t
- il une signe jugé majeur. Surtout que la fièvre est commune
à de nombres autres pathologies dans notre contexte (Sayang et
al, 2000 ; Dicko et al, 2005 et Lubell et al,
2007).
- Les associations entre chacun des deux tests (GE et
Diaspot®-Malaria-Pf) et chacun des symptômes suivants
à savoir : les céphalées, les courbatures et la
fatigue (Tableaux 5, 6 et 7) n'ont pas été
jugées significatives pour l'un comme pour l'autre test ; aucune
des valeurs P n'ayant été inférieures à 0,05. Comme
avec la fièvre, et dans un contexte de maladies émergentes et
réémergences (SIDA, arboviroses, tuberculose, salmonelloses,
etc...), tous ces signes/symptômes pris isolément ne suffisent
plus pour prédire de façon isolée le paludisme. Cette
thèse renforce encore plus s'il en était encore besoin, la
nécessité d'un diagnostic biologique pour confirmer
systématiquement tout paludisme clinique que ce soit par goutte
épaisse ou par un TDR aux performances avérées. L'enjeu
ici est double : Ne mettre sous traitement que des cas réellement
confirmés (économies d'ACT et d'autres antipaludéens) et
Prendre en charge correctement et rapidement tous les cas infirmés parce
qu'on réoriente le diagnostic vers d'autres affections possibles. (OMS,
2006 ; Lubell et al, 2007 ; Drakeley et al, 2009 et
Msllem et al, 2009)
- Par contre, nous avons pu trouver une association
statistiquement significative (P=0,01) entre la GE et les frissons
(Tableau 8) ce qui suggère qu'en présence des
frissons, on a plus de chance d'avoir une GE positive (souffrir de paludisme).
Mais cette association cesse d'être significative lorsqu'il s'agit du
Diaspot®-Malaria-Pf (P=0,06) ! Cette légère
discordance statistique peut à notre avis s'expliquer par le fait que
par rapport à la GE, un nombre plus élevés de positif
aurait été retrouvée chez les des personnes ne
présentant pas de frissons, probablement des faux positifs.
v Performances diagnostiques du
Diaspot®-Malaria-Pf par rapport à la GE
(gold)
Des données du tableau 9, deux ont
retenu notre attention : Les 11 faux positifs et les 5
faux négatifs. Par ailleurs le tableau 10 nous donne
avec leurs intervalles de confiance 95% les paramètres de
validité du Diaspot®-Malaria-Pf par rapport à la
GE.
· Sensibilité et Spécificité
(valeurs intrinsèques du Diaspot®-Malaria-Pf
)
Ces deux paramètres mesurent la validité
intrinsèque d'un test par rapport à une référence.
Si la sensibilité mesure la capacité d'un test à
détecter les vrais positifs et par conséquent à exclure
les faux négatifs, la spécificité (Sp) quant à elle
mesure la capacité d'un test à détecter les vrais
négatifs et donc à exclure les faux positifs.
La Sensibilité du
Diaspot®-Malaria-Pf a été estimée dans la
présente étude à 94,7% avec un intervalle de confiance
à 95% (IC 95%) de [88,0 - 98,3]. Elle se situe donc entre les bornes
d'acceptabilité recommandées par l'OMS pour un TDR (> 95%).
Cette valeur indique que dans la pratique sur 100 GE positives, le
Diaspot®-Malaria-Pf sera capable d'en
confirmer environs 95 ! En d'autres
termes il ne sera pas capable de confirmer 5 cas positifs à la GE.
D'où les 5 faux négatifs obtenus sur les 98 GE positifs. Cette
sensibilité est légèrement inférieure à
celle trouvée à Yaoundé par Bechem et al (1999)
qui était de 98%, avec le Paracheck® (HRP2). Par contre elle est
supérieure à celle trouvée par Sayang et al en
2009 à Yaoundé (71,1%) avec le Diaspot®-Malaria-Pf.
La variation des données de sensibilité obtenues des trois
études précédemment citées ayant pourtant toutes
été réalisées au Cameroun nous interpellent. Si la
littérature s'accorde à reconnaitre qu'en général
les TDR (HRP2) ont des meilleures sensibilités (WHO, 2003) et que par
conséquent, ils donnent relativement moins de faux négatifs.
Qu'est ce qui peut expliquer que sur le terrain on trouve parfois des
sensibilités si variables pour des TDR ciblant pourtant le même Ag
(la HRP2) ? Les essais d'explication évoquées sont : La
possible variété génétique de la HRP2 (Kilian
et al, 1997 ; Beker et al, 2005
et Amos, 2005), la production des anticorps anti-HRP2 qui chez
certains patients seraient à l'origine de la neutralisation de la HRP2
produite par des Plasmodiums (Biswas et al, 2005 ; Lee
et al, 2006), et enfin les très faibles
parasitémies. Cette dernière option nous a semblé
très peu plausible dans un contexte comme le nôtre où, avec
l'exposition régulière aux infestations Plasmodiales, une franche
importante de la population tolèrerait une certaine parasitémie
(resterait asymptomatique). Il faudrait donc un taux de parasites sanguin plus
élevé, généralement au-dessus du seuil de
détection des TDR à base de HRP2 pour tomber malade (Munier
et al, 2009). Sayang et al (2009) avaient déjà
essayé de justifier le faible niveau de sensibilité du
Diaspot®-Malaria-Pf évalué à Yaoundé
(71,1%) par les conditions de température qui aurait été
régulièrement supérieure à 30° (Son
étude ayant été réalisée en saison
sèche). Cela nous a semblé acceptable car, à Bafoussam,
les températures au moment de notre étude (juillet) atteignaient
exceptionnellement les 30° (température maximale
recommandée pour la conservation des
Diaspot®-Malaria-Pf). La concordance relative entre les
sensibilités obtenues par Bechem et al (1999) avec la
Paracheck® et dans la présente étude avec le
Diaspot®-Malaria-Pf, dilue notre conviction par rapport à
un problème de polymorphisme de la HRP2 à moins que les
populations de Plasmodium de Yaoundé diffèrent
génétiquement de celles de Bafoussam en ce qui concerne la HRP2.
Par contre le problème d'existence d'Ac anti-HRP2 reste à
éclaircir. Par ailleurs, nous avons noté dans la présente
étude une augmentation de la Sensibilité de
Diaspot®-Malaria avec la parasitémie (Tableau
11). Cette situation a été également
retrouvée dans certaines études publiées (Iqball et
al, 2000 ; Wanji et al, 2006 et Wonsrichanalai,
2007). Enfin, rappelons que le
Diaspot®-Malaria-Pf n'a pu détecter que P.
falciparum seul. Or dans la présente étude, nous avons pu
identifier 3 fois P. malaria grâce à la GE. Ce qui
revient à dire que la sensibilité spécifique de notre test
par rapport à la détection de P. falciparum seul est de
97,8% (89/91) avec un IC95% de [91,4-99,7]. C'est dire que la
sensibilité du Diaspot®-Malaria-Pf ainsi trouvée
peut encore être améliorée avec la diminution de la
proportion des autres espèces non P. falciparum dans la
population.
La spécificité du
Diaspot®-Malaria-Pf a été chiffrée dans la
présente étude à 95,5% avec un IC95% de [92,0-97,7]. Ce
qui signifie en d'autres termes que sur 100 sujets réellement
négatifs (GE négatif), le Diaspot®-Malaria-Pf n'a
pas été capable d'en confirmer entre 4 et 5 sujets. D'où
les 11 faux positifs enregistrés sur les 242 négatifs à la
GE. Cette valeur est supérieure aux 88,8% de spécificité
qu'avaient obtenue Bechem et al (1999) lors de l'évaluation du
Paracheck®(HRP2) à Yaoundé, ainsi qu'à celle
trouvée par Sayang et al en 2009 (82,2%). Par contre cette
spécificité est comparable à celles qu'avaient obtenues
Grobusch et al (1999) pour deux TDR détectant la
protéine HRP2 (ParaSight-F® et ICT Malaria®) et dont les
spécificités étaient de 97,1% et 99,2% respectivement.
Wanji et al (2006) avaient aussi trouvé une
spécificité quasi-semblable (95,5%) avec Hexagon®, un TDR
(pLDH) et pourtant, en général, ces TDR (pLDH) sont
réputés en général plus spécifiques que les
TDR(HRP2). De nombreuses explications sur cette propension des TDR(HRP2)
à donner des taux relativement élevés de faux positifs
vont de la présence des facteurs rhumatoïdes chez les malades,
(Grobusch et al, 1999 ; Iqbal et al, 2000) à la
persistance de la HRP2 dans le sang plusieurs jours après la
clairance des Plasmodium (Wonsrichanalai, 2007 ; Rakotonirina,
2008 et WHO, 2008). Nous avons tenu compte de ce
problème dans la présente étude en excluant
systématiquement de notre échantillon tous les patients sous
traitement antipaludique dans la semaine précédent la demande
d'analyse. Seulement, dans un contexte d'automédication ambiant
dans notre région, il n'est pas sûr que ce filtrage clinique des
cas ayant commencé un traitement antipaludique avant la consultation ou
ayant dans un passé assez récent traité à domicile
un paludisme clinique ait été efficace à 100% ; les
malades ne disant toujours pas la vérité pendant les
consultations. Donc certains faux positifs retrouvés dans la
présente étude pourraient bien malgré tout être le
fait de la rémanence de la HRP2. Cette éventualité est
plus plausible chez les > 11 ans où la prévalence selon
Diaspot®-Malaria-Pf était toujours supérieure
à celle donnée par la GE. L'hypothèse des faux positifs
dus aux facteurs rhumatoïdes n'est pas à écarter aussi.
· Valeurs Prédictives Positive et
Négatives (VPP et VPN) (valeurs dépendantes de la
prévalence)
Les valeurs prédictives sont également les
paramètres de performances d'un test mais ces valeurs sont
étroitement liées à la prévalence de la maladie
dans la région où le test est utilisé. Elles sont d'un
intérêt plus important pour le clinicien/prescripteur ou
l'utilisateur du résultat du test.
La valeur prédictive positive (VPP),
qui mesure la probabilité qu'un patient testé au
Diaspot®-Malaria-Pf ait le Paludisme (GE positive) quand le
résultat est positif a été estimée dans la
présente étude à 89,0% avec un IC95% de [81,2-94,4].
Cette valeur est relativement faible car, elle signifie en d'autre terme que 11
fois sur 100, dans la présente étude, une personne dont le
Diaspot®-Malaria-Pf était positif n'avait pas le Paludisme
(avait une GE négative). Ce qui est un problème assez
préoccupant pour l'utilisateur des résultats
(Prescripteur/Patient) qui en s'y fiant non seulement prendra la
décision de traiter inutilement ledit patient (dépenses inutiles)
mais aussi et surtout négligera un poursuite d'investigation qui aurait
peut-être permis de diagnostiquer une autre maladie. Cette VPP
était semblable à celle trouvée par Munier et al
(2009) à Dakar lors d'une évaluation du Core®
Malaria-Pf (HRP2) avec une VPP de 90%. Elle était encore meilleure que
celle trouvée pour le même Diaspot®-Malaria-Pf
à Yaoundé par Sayang et al en 2009 (73,8%).
La discussion sur les valeurs prédictives (VPP et VPN)
est délicate à faire par ce que, ces valeurs dépendent
toujours de la prévalence de la maladie dans la localité
d'étude. En effet, pour un test ayant une sensibilité et une
spécificité donnée, il y aura autant de valeurs
prédictives (VPP et VPN) que les différentes prévalences
dans la population d'étude (MacMarrow, 2008).
La Valeur Prédictive Négative
(VPN) qui est la probabilité qu'un patient n'ait pas le
Paludisme (GE négatif) quand le Diaspot®-Malaria-Pf est
négatif, a été de 97,9% avec un IC95% de [85,1-99,3].
Cette valeur indique que sur 100 patients testés négatifs au
Diaspot®-Malaria-Pf, environs 98 étaient effectivement
indemne de Paludisme (GE négative). En d'autre terme, pour un
clinicien/utilisateur se fiant aux résultats des
Diaspot®-Malaria-Pf, sur 100 patients se présentant avec un
résultat négatif, il sera induit en erreur 2 fois
seulement, c'est-à-dire qu'il ne prescrira pas à tort
d'antipaludéens chez deux patients seulement. Ceci est très
intéressant pour le clinicien dans un contexte où dans la
présente étude, sur les 336 patients suspects, 236 ne devraient
pas d'après les résultats du Diaspot®-Malaria-Pf
bénéficier d'un traitement antipaludéen dont 5 à
tort. Autant de médicaments économisés avec des
perspectives de recherche d'autres causes de maladies. Seulement, pour les 5
patients qui ne seront pas traités à tort, il y a un risque
réel de décès dû au Paludisme qu'il faudrait
chercher à éliminer en améliorant les performances du
Diaspot®-Malaria-Pf .
Cette VPN de 97,9% était inférieure à
celle trouvé par Sayang et al en 2009 à Yaoundé
pour le même Diaspot®-Malaria-Pf qui était de 80,4%
avec une prévalence dans la population d'étude estimée
à 31,3%. A la même prévalence, notre VPN aurait
été plus faible que celle que nous avons trouvée.
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