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à‰tude comparative d'un Test de Diagnostic Rapide du paludisme (TDR) avec la Goutte Epaisse (GE) a l'hôpital régional de Bafoussam au Cameroun

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par Norbert TANKE DONGMO
Université Dschang - Cameroun - Master en biologie (option parasitologie) 2012
  

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DISCUSSIONS ET LIMITES

I. DISCUSSIONS

v Méthodologie :

Cette étude comparative du Diaspot®-Malaria-Pf avec la GE (référence) est la première réalisée à Bafoussam dans la région de l'Ouest du Cameroun, Elle fait néanmoins suite à celle réalisé par Sayang et al (2009) à Yaoundé qui a comparé le même Diaspot®-Malaria-Pf avec la GE mais sur une population pédiatrique. Nous avons tenu à réaliser cette étude ici compte tenu du fait que Yaoundé et Bafoussam abritent des faciès épidémiologiques différents. De plus, avec la diversité génétique de la HRP2 chez le Plasmodium, ainsi que d'autres contraintes opérationnelles (WHO, 2009 et Sayang, 2010), il n'est pas évident qu'un TDR (HRP2) évalué et validé ailleurs garde sa validité diagnostique ici. Or pour aller dans le même sens que l'OMS qui recommande les TDR dans les situations particulières, il faut être sûr de ses performances sur le terrain et donc, il faut l'évaluer.

Notre population d'étude était constituée par un échantillon exhaustif de 336 patients. Cette taille était semblable à celle des études similaires réalisées en RDC par Swarthout (2007) ; soit 358 patients. Par contre cette taille est largement en deçà de celle des études faites par Tarekegn (2008) au Kenya soit 78 454 patients. Cependant, au Cameroun, Sayang (2010) réalisa son étude sur 153 patients. Notre étude s'est déroulée en pleine saison des pluies mêmes, changements climatiques oblige, cette pluviométrie n'atteint plus aujourd'hui les niveaux connus dans la littérature. Pour être plus complet, une pareille étude aurait pu se tenir également en saison sèche pour observer l'impact des saisons sur la prévalence du paludisme et sur les performances du test Diaspot®-Malaria-Pf. Paradoxalement, il existe très peu de données sur la prévalence (microscopique) du paludisme au Cameroun en général. Les données disponibles au niveau du Programme National de Lutte contre le Paludisme (PNLP) et dans la délégation régionale de la santé de l'Ouest à Bafoussam concernant la morbidité palustre sont généralement recueillies sur la base d'un diagnostic avant tout clinique. Cette tendance est la même à l'échelle de tout le pays. Du coup, il ne nous a pas été possible de les exploiter pour calculer la taille de notre échantillonnage. Face à cette difficulté, nous avons choisi pour la présente étude de réaliser un échantillonnage par convenance. C'est une méthode non probabiliste avec l'inconvénient que les résultats obtenus ne peuvent pas de façon logique être extrapolés à l'échelle de la population cible. Pour l'analyse de la fréquence de la maladie dans notre population d'étude, nous avons expressément défini quatre (4) classes d'âges. La classe [1 - 5] ans qui est la plus vulnérable (OMS, 2008 ; OMS, 2009 ; MSP, 2007 et MSP, 2010) ; la classe [6 - 10] , la classe [11 - 15] (toutes les 3 classes précédentes appartiennent à la tranche pédiatrique) et la classe > 15 qui regroupe adolescents et adultes .

v Caractéristiques sociodémographiques de notre population d'étude.

- Sexe et âge de notre population d'étude :

Dans cette étude, 56% (187/336)  de sujets étaient de sexe féminin contre 44% (149/336) de sexe masculin; soit un sex-ratio (Féminin/Masculin) de 1,3 (Figure 14). Contrairement à une étude similaire faite par Amos (2006) au Mali où le sex ratio (H/F) était de 1,05. La tranche d'âge la plus représentée était celle de [1-5] ans avec environs 15% (54/336) alors que la moins représentée était celle de >65 ans. Plus du tiers de l'effectif (124/336) était constitué des < 15 ans (Consultations pédiatriques). Cette sur représentativité de la tranche pédiatrique dans cette étude pourrait s'expliquer par le fait que les parents seraient plus enclin à les amener dès l'apparition des symptômes en consultation, par contre, ils préfèreraient se tourner vers d'autres solutions (automédication...) pour les plus grands et eux même. D'autre part, excepté dans les classes d'âge [6-10] et [31-35], les filles étaient majoritaires dans toutes les classes d'âge (Figure 15). Ces caractéristiques de notre population d'étude notamment en ce qui concerne les < 5ans et les femmes ont généralement été observées dans les études similaires à l'instar de celles de Bechem et al (1999) et Wanji et al (2008).

v Prévalence  du paludisme dans notre population d'étude.

- Prévalence générale

Rappelons-nous que notre population d'étude était constituée uniquement de cas suspects de paludisme venus au laboratoire pour un diagnostic de confirmation. Il s'est agi donc ici de prévalence hospitalière. En effet nous savons aujourd'hui que la majorité des cas de paludisme en Afrique n'arrivent pas à l'hôpital pour des raisons diverse (OMS, 2003 ; MSP, 2005). Au final, seulement 94 cas de paludisme ont été confirmées par la GE soit une prévalence de 28%, tandis que le Diaspot®-Malaria-Pf a confirmé 100 cas pour une prévalence estimée à 29,8% (Tableau 2). En considérant la GE comme référence, la vraie prévalence était la première (28%) encore que la différence entre celle-ci et celle avec Diaspot®-Malaria-Pf n'a pas été jugée statistiquement significative (P=0,75). Ce qui revient à dire que 242 personnes auraient donc eu une parasitémie nulle malgré la présomption clinique. Personnes qui non seulement devraient suivre un traitement abusif à base d'ACT, mais dont le diagnostic réel des motifs de consultation serait retardé (Shillcutt et al, 2007 Tarekegn et al, 2008 et WHO, 2008). En tant que test de référence, nous avons considéré que la spécificité de la GE était par définition absolue. Cette référence est valide en ce qui concerne la comparaison avec les TDR (WHO, 2008). Elle peut être discutée pour affirmer le diagnostic de paludisme, en raison de l'existence de porteurs asymptomatiques de P. falciparum (Munier et al, 2009). Compte tenu du fait que notre étude s'est déroulée au mois de juillet, (période de haute transmission), il est possible que cette prévalence soit encore plus faible en saison sèche (période de faible transmission.). Il serait intéressant d'envisager une étude de ce genre pendant les deux périodes (saison sèche et saison des pluies) afin de mieux apprécier les variations saisonnières du paludisme et leur impact sur les TDR.

P. falciparum a été retrouvé chez 91 sujets parmi les 94 testés positifs à la GE soit 96,8%. Par contre P. malaria a été rencontré seulement 3 fois, soit 3,2%. Et malgré que P.ovale n'aie pas été détecté dans notre population d'étude, ces chiffres sont en concordance avec les données d'Impact-malaria et du MSP (2010) qui estiment les proportions des différentes espèces plasmodiales dans le faciès d'altitude au Cameroun entre 91,5 % et 96% pour P. falciparum ; 1,7% et 7,0% pour P. malaria et entre 0 et 6,8% pour P. ovale. Cette forte proportion de P. falciparum dans notre population d'étude crédibilise d'avantage le choix que nous avons porté sur le TDR Diaspot®-Malaria-Pf qui est un TDR(HRP2) détectant P. falciparum seul. D'autant plus qu'il a l'avantage sur les autres types de TDR d'être plus sensible, plus stable aux variations de température et moins coûteux (OMS, 2003).

- Prévalences par rapport au sexe et aux classes d'âge pour les deux tests (Tableau 3)

Dans la tranche [1-5] ans, on a remarqué une parfaite concordance entre les valeurs de prévalences selon la GE et le Diaspot®-Malaria-Pf et ceci tant dans la population mixte (55,5%), que dans chacun des deux sexes (70% chez les garçons contre 47,5% chez les filles). Cette absence de discordance nous suggère qu'il n'y aurait eu ni de faux positifs, ni de faux négatifs dans cette tranche. L'absence des faux positifs ici s'expliquerait par un suivi plus rigoureux des parents qui s'abstiendraient de pratiquer l'automédication de leurs enfants et quand ce serait le cas, ils l'avoueraient plus volontiers en consultation. D'autre part, la présence des facteurs rhumatoïdes responsables de certains FP est exceptionnelle dans cette tranche d'âge (Meyer , 1989). L'absence des FN serait le fait d'un système immunitaire encore jeune, par encore à même de produire des Ac monoclonaux anti-HRP2 (Lee et al, 2006). Par ailleurs, ces résultats montrent que dans cette tranche d'âge, les garçons sont de loin plus affectés que les filles. Simple coïncidence ou particularité établie ? La littérature n'est pas prolifique pour expliquer cela.

Dans toutes les autres classes d'âge on a noté que de légères discordances commençaient à apparaitre entre les prévalences à la GE et au Diaspot®-Malaria-Pf . En général, les prévalences au Diaspot®-Malaria-Pf étaient plus élevées que celles données par la GE ; sauf dans la classe [6-10] où cette prévalence était estimée à 35,7% pour la GE contre 33,3% pour le Diaspot®-Malaria-Pf . Une prévalence par rapport au Diaspot®-Malaria-Pf supérieure celle à la GE comme dans la tranche d'âge > 10 ans, suggère l'existence de faux positifs dans cette tranche. Par contre, les faux négatifs de notre population d'étude ont été répertoriés dans la classe [6-10] ans. Par ailleurs, on a remarqué que dans la tranche des > 5 ans, les filles étaient plus touchées que les garçons. Alors que c'est exactement l'inverse dans la tranche < 5 ans. Des études ultérieures devraient être menées pour essayer d'expliquer ce constat.

En général pour les deux tests la prévalence diminuait avec l'âge (tableau 3) passant de 55% chez les [1-5] ans pour la GE et le Diaspot®-Malaria-Pf à 16,5% et 19,8% chez les > 15 ans pour la GE et le Diaspot®-Malaria-Pf respectivement. Ces observations ont été faites dans plusieurs études similaires notamment celle de Wanji et al ( 2008), dans la région du Sud-Ouest-Cameroun qui montrait que la classe d'âge de 0 à 9 ans était la plus infectée avec 51% de prévalence contre 15% seulement chez les sujets de plus de 20 ans. Seulement, il faut signaler qu'il s'agissait d'une population de personnes cliniquement asymptomatique. Cette baisse de la prévalence avec l'âge pourrait s'expliquer par la mise en place graduelle chez les populations exposées en permanence aux infections palustres à répétition, d'une certaine immunité (Aubry et Jaffar-Bendjee, 2001 ; McKenzie et al, 2003).

v Comparaison des deux méthodes de diagnostic (GE et Diaspot®-Malaria-Pf)

- Par rapport aux cibles.

ü Les deux méthodes de diagnostic n'exploraient pas les mêmes caractéristiques du Plasmodium. L'une (la GE) a consisté en la détection par observation microscopique des caractéristiques morphologiques du Plasmodium et l'autre (TDR) agissant par réaction immunochromatographique détectait la HRP2, Ag libéré pendant le développement de P. falciparum dont il est spécifique.

- Par rapport à leur exécution pratique

ü La GE nous a permis de pouvoir identifier deux espèces Plasmodiales. Permettant à la même occasion de détecter chez deux patients une association de formes parasitaires (trophozoïtes + gamétocytes). Elle nous a permis également d'estimer avec une relative précision la parasitéme.

Contraintes rencontrées : Un entretien quotidien rigoureux du microscope au était de mise car sa performance en dépendait. Ce microscope servait également pour le diagnostic des autres maladies infectieuses et parasitaires. Il n'était pas toujours évident de confirmer certains cas malgré l'expérience du technicien microscopiste (17 ans). En effet, pour 13 lames, nous avons dû re confectionner et re colorer les GE alors que pour 2 lames, un frottis mince a été nécessaire pour trancher sur l'espèce parasitaire. Le temps minimum pour réaliser une GE était d'environ 45 minutes quand la lame était fortement positive alors que le maximum était d'environ 120 minutes (lames mal colorées et/ou avec parasitémie très faible). Ce délai de réalisation ne tient pas compte des éventuelles coupures d'électricité assez fréquentes au laboratoire pendant notre étude. Le tout sans oublier l'expertise du Médecin-Biologiste pour le contrôle de qualité journalier.

ü L'outil pour la réalisation des Diaspot®-Malaria-Pf était simple (pas d'appareillage supplémentaire car tout était dans la trousse). Le test était relativement facile à exécuter (Annexe 7) et le temps de rendu des résultats variait entre 5 et 25 minutes.

Contraintes rencontrées : Nous avons dû reprendre un test dont le résultat était invalide.

.

- Par rapport à la recherche entre d'association entre les résultats des tests (Diaspot®-Malaria-Pf / GE) et chacun des cinq principaux symptômes du paludisme.

Notre étude a montré que :

- L'état fébrile n'était associé, ni au résultat de la GE (P=0,44), ni au résultat du Diaspot®-Malaria-Pf (P=0,56) comme nous pouvons le voir dans le tableau 4. Et pourtant la fièvre est et a toujours été considéré comme signe majeur du paludisme. Sans être une contradiction, ceci nous permet de comprendre que le diagnostic de cette maladie ne saurait être basé sur ce seul signe, fusse - t - il une signe jugé majeur. Surtout que la fièvre est commune à de nombres autres pathologies dans notre contexte (Sayang et al, 2000 ; Dicko et al, 2005 et Lubell et al, 2007).

- Les associations entre chacun des deux tests (GE et Diaspot®-Malaria-Pf) et chacun des symptômes suivants à savoir : les céphalées, les courbatures et la fatigue (Tableaux 5, 6 et 7) n'ont pas été jugées significatives pour l'un comme pour l'autre test ; aucune des valeurs P n'ayant été inférieures à 0,05. Comme avec la fièvre, et dans un contexte de maladies émergentes et réémergences (SIDA, arboviroses, tuberculose, salmonelloses, etc...), tous ces signes/symptômes pris isolément ne suffisent plus pour prédire de façon isolée le paludisme. Cette thèse renforce encore plus s'il en était encore besoin, la nécessité d'un diagnostic biologique pour confirmer systématiquement tout paludisme clinique que ce soit par goutte épaisse ou par un TDR aux performances avérées. L'enjeu ici est double : Ne mettre sous traitement que des cas réellement confirmés (économies d'ACT et d'autres antipaludéens) et Prendre en charge correctement et rapidement tous les cas infirmés parce qu'on réoriente le diagnostic vers d'autres affections possibles. (OMS, 2006 ; Lubell et al, 2007 ; Drakeley et al, 2009 et Msllem et al, 2009)

- Par contre, nous avons pu trouver une association statistiquement significative (P=0,01) entre la GE et les frissons (Tableau 8) ce qui suggère qu'en présence des frissons, on a plus de chance d'avoir une GE positive (souffrir de paludisme). Mais cette association cesse d'être significative lorsqu'il s'agit du Diaspot®-Malaria-Pf (P=0,06) ! Cette légère discordance statistique peut à notre avis s'expliquer par le fait que par rapport à la GE, un nombre plus élevés de positif aurait été retrouvée chez les des personnes ne présentant pas de frissons, probablement des faux positifs.

v Performances diagnostiques du Diaspot®-Malaria-Pf par rapport à la GE (gold)

Des données du tableau 9, deux ont retenu notre attention : Les 11 faux positifs et les 5 faux négatifs. Par ailleurs le tableau 10 nous donne avec leurs intervalles de confiance 95% les paramètres de validité du Diaspot®-Malaria-Pf par rapport à la GE.

· Sensibilité et Spécificité (valeurs intrinsèques du Diaspot®-Malaria-Pf )

Ces deux paramètres mesurent la validité intrinsèque d'un test par rapport à une référence. Si la sensibilité mesure la capacité d'un test à détecter les vrais positifs et par conséquent à exclure les faux négatifs, la spécificité (Sp) quant à elle mesure la capacité d'un test à détecter les vrais négatifs et donc à exclure les faux positifs.

La Sensibilité du Diaspot®-Malaria-Pf a été estimée dans la présente étude à 94,7% avec un intervalle de confiance à 95% (IC 95%) de [88,0 - 98,3]. Elle se situe donc entre les bornes d'acceptabilité recommandées par l'OMS pour un TDR (> 95%). Cette valeur indique que dans la pratique sur 100 GE positives, le Diaspot®-Malaria-Pf sera capable d'en confirmer environs 95 ! En d'autres termes il ne sera pas capable de confirmer 5 cas positifs à la GE. D'où les 5 faux négatifs obtenus sur les 98 GE positifs. Cette sensibilité est légèrement inférieure à celle trouvée à Yaoundé par Bechem et al (1999) qui était de 98%, avec le Paracheck® (HRP2). Par contre elle est supérieure à celle trouvée par Sayang et al en 2009 à Yaoundé (71,1%) avec le Diaspot®-Malaria-Pf. La variation des données de sensibilité obtenues des trois études précédemment citées ayant pourtant toutes été réalisées au Cameroun nous interpellent. Si la littérature s'accorde à reconnaitre qu'en général les TDR (HRP2) ont des meilleures sensibilités (WHO, 2003) et que par conséquent, ils donnent relativement moins de faux négatifs. Qu'est ce qui peut expliquer que sur le terrain on trouve parfois des sensibilités si variables pour des TDR ciblant pourtant le même Ag (la HRP2) ? Les essais d'explication évoquées sont : La possible variété génétique de la HRP2 (Kilian et al, 1997 ; Beker et al, 2005  et Amos, 2005), la production des anticorps anti-HRP2 qui chez certains patients seraient à l'origine de la neutralisation de la HRP2 produite par des Plasmodiums (Biswas et al, 2005 ; Lee et al, 2006), et enfin les très faibles parasitémies. Cette dernière option nous a semblé très peu plausible dans un contexte comme le nôtre où, avec l'exposition régulière aux infestations Plasmodiales, une franche importante de la population tolèrerait une certaine parasitémie (resterait asymptomatique). Il faudrait donc un taux de parasites sanguin plus élevé, généralement au-dessus du seuil de détection des TDR à base de HRP2 pour tomber malade (Munier et al, 2009). Sayang et al (2009) avaient déjà essayé de justifier le faible niveau de sensibilité du Diaspot®-Malaria-Pf évalué à Yaoundé (71,1%) par les conditions de température qui aurait été régulièrement supérieure à 30° (Son étude ayant été réalisée en saison sèche). Cela nous a semblé acceptable car, à Bafoussam, les températures au moment de notre étude (juillet) atteignaient exceptionnellement les 30° (température maximale recommandée pour la conservation des Diaspot®-Malaria-Pf). La concordance relative entre les sensibilités obtenues par Bechem et al (1999) avec la Paracheck® et dans la présente étude avec le Diaspot®-Malaria-Pf, dilue notre conviction par rapport à un problème de polymorphisme de la HRP2 à moins que les populations de Plasmodium de Yaoundé diffèrent génétiquement de celles de Bafoussam en ce qui concerne la HRP2. Par contre le problème d'existence d'Ac anti-HRP2 reste à éclaircir. Par ailleurs, nous avons noté dans la présente étude une augmentation de la Sensibilité de Diaspot®-Malaria avec la parasitémie (Tableau 11). Cette situation a été également retrouvée dans certaines études publiées (Iqball et al, 2000 ; Wanji et al, 2006 et Wonsrichanalai, 2007). Enfin, rappelons que le Diaspot®-Malaria-Pf n'a pu détecter que P. falciparum seul. Or dans la présente étude, nous avons pu identifier 3 fois P. malaria grâce à la GE. Ce qui revient à dire que la sensibilité spécifique de notre test par rapport à la détection de P. falciparum seul est de 97,8% (89/91) avec un IC95% de [91,4-99,7]. C'est dire que la sensibilité du Diaspot®-Malaria-Pf ainsi trouvée peut encore être améliorée avec la diminution de la proportion des autres espèces non P. falciparum dans la population.

La spécificité du Diaspot®-Malaria-Pf a été chiffrée dans la présente étude à 95,5% avec un IC95% de [92,0-97,7]. Ce qui signifie en d'autres termes que sur 100 sujets réellement négatifs (GE négatif), le Diaspot®-Malaria-Pf n'a pas été capable d'en confirmer entre 4 et 5 sujets. D'où les 11 faux positifs enregistrés sur les 242 négatifs à la GE. Cette valeur est supérieure aux 88,8% de spécificité qu'avaient obtenue Bechem et al (1999) lors de l'évaluation du Paracheck®(HRP2) à Yaoundé, ainsi qu'à celle trouvée par Sayang et al en 2009 (82,2%). Par contre cette spécificité est comparable à celles qu'avaient obtenues Grobusch et al (1999) pour deux TDR détectant la protéine HRP2 (ParaSight-F® et ICT Malaria®) et dont les spécificités étaient de 97,1% et 99,2% respectivement. Wanji et al (2006) avaient aussi trouvé une spécificité quasi-semblable (95,5%) avec Hexagon®, un TDR (pLDH) et pourtant, en général, ces TDR (pLDH) sont réputés en général plus spécifiques que les TDR(HRP2). De nombreuses explications sur cette propension des TDR(HRP2) à donner des taux relativement élevés de faux positifs vont de la présence des facteurs rhumatoïdes chez les malades, (Grobusch et al, 1999 ; Iqbal et al, 2000) à la persistance de la HRP2 dans le sang  plusieurs jours après la clairance des Plasmodium (Wonsrichanalai, 2007 ; Rakotonirina, 2008 et WHO, 2008). Nous avons tenu compte de ce problème dans la présente étude en excluant systématiquement de notre échantillon tous les patients sous traitement antipaludique dans la semaine précédent la demande d'analyse. Seulement, dans un contexte d'automédication ambiant dans notre région, il n'est pas sûr que ce filtrage clinique des cas ayant commencé un traitement antipaludique avant la consultation ou ayant dans un passé assez récent traité à domicile un paludisme clinique ait été efficace à 100% ; les malades ne disant toujours pas la vérité pendant les consultations. Donc certains faux positifs retrouvés dans la présente étude pourraient bien malgré tout être le fait de la rémanence de la HRP2. Cette éventualité est plus plausible chez les > 11 ans où la prévalence selon Diaspot®-Malaria-Pf était toujours supérieure à celle donnée par la GE. L'hypothèse des faux positifs dus aux facteurs rhumatoïdes n'est pas à écarter aussi.

· Valeurs Prédictives Positive et Négatives (VPP et VPN) (valeurs dépendantes de la prévalence)

Les valeurs prédictives sont également les paramètres de performances d'un test mais ces valeurs sont étroitement liées à la prévalence de la maladie dans la région où le test est utilisé. Elles sont d'un intérêt plus important pour le clinicien/prescripteur ou l'utilisateur du résultat du test.

La valeur prédictive positive (VPP), qui mesure la probabilité qu'un patient testé au Diaspot®-Malaria-Pf ait le Paludisme (GE positive) quand le résultat est positif a été estimée dans la présente étude à 89,0% avec un IC95% de [81,2-94,4]. Cette valeur est relativement faible car, elle signifie en d'autre terme que 11 fois sur 100, dans la présente étude, une personne dont le Diaspot®-Malaria-Pf était positif n'avait pas le Paludisme (avait une GE négative). Ce qui est un problème assez préoccupant pour l'utilisateur des résultats (Prescripteur/Patient) qui en s'y fiant non seulement prendra la décision de traiter inutilement ledit patient (dépenses inutiles) mais aussi et surtout négligera un poursuite d'investigation qui aurait peut-être permis de diagnostiquer une autre maladie. Cette VPP était semblable à celle trouvée par Munier et al (2009) à Dakar lors d'une évaluation du Core® Malaria-Pf (HRP2) avec une VPP de 90%. Elle était encore meilleure que celle trouvée pour le même Diaspot®-Malaria-Pf à Yaoundé par Sayang et al en 2009 (73,8%).

La discussion sur les valeurs prédictives (VPP et VPN) est délicate à faire par ce que, ces valeurs dépendent toujours de la prévalence de la maladie dans la localité d'étude. En effet, pour un test ayant une sensibilité et une spécificité donnée, il y aura autant de valeurs prédictives (VPP et VPN) que les différentes prévalences dans la population d'étude (MacMarrow, 2008).

La Valeur Prédictive Négative (VPN) qui est la probabilité qu'un patient n'ait pas le Paludisme (GE négatif) quand le Diaspot®-Malaria-Pf est négatif, a été de 97,9% avec un IC95% de [85,1-99,3]. Cette valeur indique que sur 100 patients testés négatifs au Diaspot®-Malaria-Pf, environs 98 étaient effectivement indemne de Paludisme (GE négative). En d'autre terme, pour un clinicien/utilisateur se fiant aux résultats des Diaspot®-Malaria-Pf, sur 100 patients se présentant avec un résultat négatif, il sera induit en erreur 2 fois seulement, c'est-à-dire qu'il ne prescrira pas à tort d'antipaludéens chez deux patients seulement. Ceci est très intéressant pour le clinicien dans un contexte où dans la présente étude, sur les 336 patients suspects, 236 ne devraient pas d'après les résultats du Diaspot®-Malaria-Pf bénéficier d'un traitement antipaludéen dont 5 à tort. Autant de médicaments économisés avec des perspectives de recherche d'autres causes de maladies. Seulement, pour les 5 patients qui ne seront pas traités à tort, il y a un risque réel de décès dû au Paludisme qu'il faudrait chercher à éliminer en améliorant les performances du Diaspot®-Malaria-Pf .

Cette VPN de 97,9% était inférieure à celle trouvé par Sayang et al en 2009 à Yaoundé pour le même Diaspot®-Malaria-Pf qui était de 80,4% avec une prévalence dans la population d'étude estimée à 31,3%. A la même prévalence, notre VPN aurait été plus faible que celle que nous avons trouvée.

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"Enrichissons-nous de nos différences mutuelles "   Paul Valery