B / L'ouverture à de nouveaux acteurs.
En Afrique de façon générale plusieurs
obstacles gangrènent les processus démocratiques. Ces obstacles
ne favorisant pas la continuité du processus démocratique
enclenchée, méritent une attention particulière surtout
dans des Etats comme le Soudan ou les facteurs identitaires et
économiques ont souvent été à l'origine des guerres
civiles.
Aujourd'hui le processus démocratique
déclenché au Soudan depuis sa conférence nationale tenue
en 1995 est confronté à d'énormes difficultés qui
ont fini d'installer le pays dans un chaos total. Seule l'ouverture à de
nouveaux acteurs pourrait ramener la stabilité du pays. En effet, le
Soudan à besoin aujourd'hui d'un consensus national sur ses institutions
qui ont été fragilisées par les nombreux conflits dans
lesquels le pays vit depuis plusieurs années. Et
pour cela les « lassés en rade » du processus
démocratique doivent faire leur entré dans l'espace politique
soudanais avant la tenue de toute élection. Parmi ceux-ci nous avons
:
En premier lieu les chefs des différentes
confréries du pays. En effet dans un pays ou l'appartenance tribale et
confrérique a toujours joué un rôle extrêmement
important à toutes les raisons d'avoir une écoute
particulière aux dignitaires religieux. Mieux encore la plupart des
partis politiques soudanais trouvent leurs racines dans ces confréries.
Aujourd'hui au Soudan on a beaucoup de mal à se détacher du
confrérisme107. Cependant l'ouverture à ces
confréries ne remettra aucunement en cause l'instauration d'un
système laïc au Soudan que nous avons évoqué plus
haut.
En deuxième lieu les chefs des mouvements rebelles
opérant dans la région du Darfour. En effet des hommes comme
Abdel Wahid An- Nur, Minni Minnawi Arkoi (chefs des deux mouvements
séparés ALS) ou comme Khalil Ibrahim (chef du MJE) sont devenus
aujourd'hui incontournables dans tout processus de démocratisation du
Soudan en raison de l'influence qu'ils jouissent au sein de la population
darfourienne et de leur importance dans ces mouvements. Il est également
important à noter que des Etat comme l'Angola ou le Mozambique
l'intégration des anciens rebelles dans le jeu politique a permis le
déclenchement du processus démocratique. Il serait dès
lors opportun pour le régime soudanais de copier sur ces modèles
en faisant appel à ses chefs rebelles dans le champ politique du
pays.
En dernier lieu faire appel aux oubliés du Sud Soudan.
En effet lors des accords de 2005 entre Khartoum et la SPLA, les divers partis
politiques sudistes qui existaient depuis 1986 ont été
écartés de l'accord alors que ces derniers constituent «
des forces non négligeables »108. Par ailleurs,
l'APLS, qui est
107 Christian Lochon in, Compte-rendu conférence «
Soudan : récurrence des crises sur fond de richesses »,
Organisée le 10 novembre 2004 par la Coordination pour l'Afrique de
demain (CADE)
108 G Prunier, Paix fragile et partielle au Soudan, le Monde
diplomatique février 2005 op. , Cit.
désignée comme l'unique partenaire politique du
régime, est loin de contrôler l'ensemble du Sud.
Pour terminer nous dirons que le Soudan est loin d'être
prêt pour organiser des élections libres et démocratiques
en 2009. Seul le report du calendrier électoral consécutif
à une plus grande souplesse du champ politique du pays permettrait la
tenue d'élections « bénéfiques » pour tout le
peuple soudanais. Cependant pour parachever ses modifications, l'Etat soudanais
doit accepter de faire des concessions sur le domaine économique.
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