SECTION II : DES MODIFICATIONS SUR LES ELEMENTS
CONSOLIDANT DE L'ETAT.
Par éléments consolidant de l'Etat soudanais,
nous faisons allusion aux éléments qui pourront aider aujourd'hui
le régime de Khartoum à asseoir sa démocratie. En effet
dire que la démocratie n'existe pas au Soudan relèverait d'une
exagération de notre part. car « dans la littérature sur
la démocratie, la transition est considérée comme
terminée après la tenue des premières élections
libres. On entre alors dans la phase de consolidation
»102. Or en 1996, après la prise du pouvoir par le
Général AL- Béchir on a eu à organiser des
élections « libres » ce qui constitue déjà une
avancée en matière de démocratie. Cependant il est
important de souligner que cette démocratie soudanaise n'a pas
réussi à cultiver un climat de paix dans le pays. Ce qui signifie
que le Soudan a besoin non seulement de revoir le mode d'organisations de ses
élections (paragraphe I) mais aussi d'apporter des
réformes sur le plan économique (paragraphe
II).
PARAGRAPHE I : LA TENUE D'ELECTIONS LIBRES
ET DEMOCRATIQUES.
En 1996 et en 2000 des élections ont été
organisées au Soudan conformément au calendrier qui a
été établi par la conférence nationale. Cependant
ces élections ont fini de plonger le Soudan dans une anarchie totale. En
effet non seulement celles-ci n'ont pas permis à résoudre le
conflit du Sud Soudan pire encore au lendemain de ces élections la crise
du Darfour éclata. Ce qui nous amène à s'interroger
d'abord sur la nécessité d'organiser à nouveau des
élections en 2009 ? (A), ensuite sur
l'opportunité d'avoir les mêmes acteurs politiques au Soudan
(B) ?
102 M Gazibo, Introduction à la politique
africaine,.op. , cit. p 181
A / La révision du calendrier
électoral.
Le 18 Août 2008 le président soudanais
déclarait que « les élections nationales, prévues
au plus tard en 2009 et cruciales pour le processus démocratique du
pays, se tiendront à la date prévue »103.
Cette déclaration intervient suite à l'Accord de Paix
Général (APG) signé le 9 janvier 2005 à Nairobi
entre le Gouvernement soudanais et la SPLA et dans lequel il était
prévu un recensement général de la population du Soudan
mais aussi la tenue d'élections générales à mis-
parcours de la période transitoire. Cependant tout laisse à
croire qu'aujourd'hui, le Soudan n'est pas prêt pour organiser des
élections libres et démocratiques. En effet plusieurs facteurs
illustrent, que la tenue d'élections en 2009 au Soudan « serait de
la pêne perdue » :
D'abord à cause de la crise qui sévit
actuellement au Darfour. En effet cette crise ne favorise pas la tenue des
élections de 2009. En outre l'organisation de ces élections
signifierait que l'entité du Darfour en serait exclue car le climat qui
règne dans cette partie occidentale n'est pas propice pour la tenue
d'élections apaisées. Comme en illustre l'organisation du
recensement qui n'a pu se tenir au Darfour à cause de
l'insécurité qui y règne. Aujourd'hui la priorité
au Darfour c'est plutôt l'arrêt des hostilités.
Ensuite parce que l'absence d'unanimité sur les accords
ayant prévu la tenue d'élections libres et transparentes en 2009
est notoire. En effet comme le souligne Gérard Prunier « les
signataires des accords de Nairobi n'ont derrière eux qu'environ 30 %
des masses soudanaises »104. Il poursuit en demandant «
qu'en est- il des 70 % restant ? »105. Il termine en estimant
que « c'est bien évidemment la grande inconnue des prochaines
élections »106. Tout ceci
103 Le Soleil Multimédia, Elections au Soudan : la date
sera maintenue, édition du Mardi 19 Août 2008,
www.lesoleil.sn
104 G Prunier, Paix fragile et partielle au Soudan, le Monde
diplomatique février 2005,
www.mondediplomatique.fr
105 G Prunier paix fragile...ibid
106 G Prunier Paix fragile...ibid
démontre le manque d'unanimité sur la
crédibilité de ces accords. Parallèlement sur l'absence
d'unanimité quant à la tenue des élections de 2009.
Enfin parce que la poursuite du Président AL
Béchir ne favorise pas la tenue d'élections libres et
transparentes. En effet le président soudanais est menacé d'un
mandat d'arrêt international lancé par le procureur de la CPI pour
génocide, crimes de guerre et crimes contre l'humanité au
Darfour. Cette poursuite pourrait rendre les élections non
démocratiques. En outre sachant que la perte du pouvoir l'exposerait
à la justice internationale, le Président Omar AL Béchir
risque d'utiliser toutes les prérogatives dont il dispose pour
s'accrocher au pouvoir. Alors même que sa légitimité est
contestée depuis plusieurs années par les régions
périphériques du Soudan.
Ainsi tous ces facteurs favorisent aujourd'hui la
révision du calendrier électoral et la prise en compte des
nouvelles donnes qui, soit ont été négligées lors
de la signature des accords de Nairobi soit ont tout simplement fait leur
apparition au lendemain de ces accords. Parmi ces nouvelles donnes, nous avons
l'arrivée de nouveaux acteurs dans la vie politique soudanaise.
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