PARAGRAPHE II : DES REFORMES SUR LE
DOMAINE ECONOMIQUE.
Sur le plan économique, les richesses du pays sont mal
réparties. En effet comme le souligne M Gonidec, « la politique
mise en oeuvre avant et après l'indépendance a profité
essentiellement au nord du pays. C'est dans cette région que des plans
d'irrigations ont été appliqués afin de moderniser
l'agriculture et de l'orienter vers de nouvelles cultures commercialisables
(coton, blé, canne à sucre, arachide)»109.
En outre le Soudan regorgerait aujourd'hui d'énormes ressources
naturelles, cependant les retombées de ces dernières sont
inégalement distribuées sur le territoire national. Car comme
l'ont souvent dénoncé les régions
périphériques du pays, seule la partie nord qui en tire des
avantages alors qu'une grande partie de la production notamment du
pétrole se trouve dans ces régions « oubliées ».
Cela a poussé plusieurs mouvements à prendre les armes pour
réclamer leur part du gâteau. Partant de là seule la prise
en compte de ces revendications pourrait ramener une paix définitive au
Soudan. En outre le régime en place doit accepter non seulement de
partager les revenus de la manne pétrolière (A),
mais aussi d'envisager des politiques de développements pour
résorber les disparités régionales
(B).
109 P F Gonidec, Les relations internationales africaines..,
op.., cit. , p. 153
A / Le partage des revenus de la manne
pétrolière.
Les véritables causes des guerres civiles au Soudan,
que ce soit les deux premières et celle du Darfour c'est bien sftr le
partage des ressources pétrolières. En effet les rebelles de
l'Armée Populaire de Libération du Soudan avaient posé
comme condition pour leur signature du Protocole de Machakos la meilleure
répartition des revenus pétroliers. Après la satisfaction
de leur revendication deux mouvements du Darfour (ALS et le MJE)
réclamèrent à leur tour une meilleure distribution des
ressources. Démontrant ainsi que le problème du Soudan peut
être analysé sous « l'angle du néopatrimonialisme
» comme d'ailleurs la plupart des conflits qui se déroulent en
Afrique110 selon la formule du Professeur Mamoudou Gazibo. Par
ailleurs, aujourd'hui le Soudan doit accepter de faire des concessions
économiques pour ses régions. En effet pour deux raisons
essentielles, Khartoum doit procéder à des réformes
économiques profondes qui iront dans le sens d'une plus grande ouverture
à l'accès des régions aux revenus du pétrole.
La première raison tient à l'origine même
du Pétrole. En effet la grande production du pétrole soudanais
provient dans des régions telles que le Sud Soudan, Darfour, Abeyï
(province de l'ouest- Kordofan qui détient presque six champs
pétrolifère111) etc. Malgré tout, ces
régions périphériques n'ont que peu profité de ces
revenus pétroliers comme en illustre la pauvreté qui règne
au Darfour ou seulement un tiers des filles va à
l'école112. Aujourd'hui le régime de Khartoum pourrait
passer par une redistribution équitable de ces revenus. Ainsi les
régions dans lesquelles les productions sont faites pourront recevoir
des investissements de leur « produit ». Ce qui atténuerait
considérablement la teneure de leur revendication.
110 M Gazibo, Introduction à la politique
africaine, .op. .cit. , p 128
111 Nicolas Vescovacci, Le Soudan veut briser son isolement, le
Monde diplomatique, mars 2000,
www.mondediplomatique.fr
112 Article de Wikipédia, Guerre Civile au Darfour ;
www.wikipedia.org
La deuxième raison réside au lien qui existe
entre les conflits et le pétrole. En effet que ce soit au Soudan, au
Nigeria ou encore au Tchad voisin, la découverte du pétrole est
synonyme d'un début de conflit en Afrique. Ceci s'explique en grande
partie par les convoitises auxquelles le produit est victime surtout pendant
cette période ou le prix du baril de pétrole ne cesse de flamber.
Cet état de fait doit pousser le pouvoir en place à traiter avec
beaucoup d'acuité les revenus de sa manne pétrolière. En
outre des Etats comme le Soudan ou le pouvoir est fragile en raison des
nombreuses guerres auxquelles il fait face, toute revendication des masses
populaires doit être prise avec beaucoup de délicatesse.
Ainsi Khartoum doit envisager des réformes
économiques pour un meilleur partage des revenus pétroliers. Par
ailleurs le pétrole constitue aujourd'hui la première richesse du
pays mais aussi la principale cause des conflits au Soudan. Cependant des
politiques de développement des régions pourront également
constituer des solutions de sortie de crise pour l'Etat soudanais.
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