L'union africaine et la crise du darfour( Télécharger le fichier original )par Saà¯dou Baldé Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Sénégal) - Master de Recherche en Science Politqiue 2009 |
B / Le désarmement des milices janjawids.Avant tout il est important de savoir qui sont ces milices janjawids ? En effet le mot janjawid est un mot composé qui signifie approximativement « cavaliers du diable, armés de kalachnikovs »84. En 2003, quand survenait l'insurrection au Darfour, la plupart des effectifs de l'armée soudanaise étaient stationnés dans le sud du pays. L'armée elle-même enregistre un nombre significatif de désertions de soldats originaires du Darfour. Pour faire face à cette montée en puissance des rebelles qui gagnent de plus en plus de terrains, Khartoum procède à un recrutement d'une milice parmi les tribus Abbala et un soutien leur est demandé pour mater les révoltés de l'ouest85. Aujourd'hui toute tentative de pacification du Darfour doit passer au préalable par le désarmement de ces milices par le régime de Khartoum. Et ceci pour plusieurs raisons : D'abord parce que ce sont les janjawids qui ont la plus grande responsabilité dans les graves violations des droits humanitaires. En effet selon Amnesty International « les miliciens pénètrent dans les camps des déplacés et tuent, violent ou harcèlent ces derniers »86. 83 J Combacau et S Sur, Droit International Public, Paris Montchrestien 1995 pp. 245- 246 84 J L Peninou, Désolation au Darfour, le Monde diplomatique Mai 2004 pp 16 et 17, www.mondediplomatique.fr 85Amnesty International Soudan « questions et réponses » au sujet de la crise du Darfour, www.amnesty.org 86 Amnesty International Soudan « questions et réponses » au sujet..., Ibid. Ensuit parce que ce sont les janjawids qui sont souvent à l'origine des tensions qui se créent entre N'Djaména et Khartoum. En effet ces derniers mènent souvent des attaques transfrontalières visant les réfugiés ou le bétail tchadien. Parfois même il arrive qu'il ait un certain nombre d'affrontements entre ces janjawids et l'armée tchadienne. Enfin parce que les janjawids ne respectent pas les accords de paix. En effet ils ont poursuivi leurs attaques contre les villages après l'Accord de cessez-le-feu humanitaire signé à N'Djaména le 8 avril 2004. Cependant malgré tout, il est important de souligner que Khartoum refuse de reconnaître qu'il reçoit un soutien venant de ces milices. Mais deux facteurs illustrent que l'Etat soudains bénéficie d'une assistance de la part de ces janjawids. Le premier facteur tient aux nombreux témoignages effectués par les villageois victimes des attaques. En effet comme le déclare cette jeune fille Zeinab, 25 ans village de Miramta, 7 février 2004 : « les forces gouvernementales et les arabes sont arrivés ensemble à 8h du matin [...]. Les janjawids portaient des uniformes de l'armée. Ils se sont mis à brûler le village et à tirer sur les civils »87. Le deuxième facteur réside à la neutralité de Khartoum vis-à-vis des exactions commises par les milices. En effet malgré les nombreuses attaques qui sont perpétrées par les janjawids, l'Etat soudanais n'a fait que déclarer ces derniers « hors-la-loi » mais jamais il a posé des actes allant dans le sens de faire cesser ces derniers de leurs forfaits. En définitive pour une paix au Darfour, l'Etat soudains doit non seulement avoir une plus grande ouverture à la communauté internationale mais également, il doit accepter de désarmer les milices locales qui ont une large responsabilité dans la persistance du conflit. Cependant les deux mouvements rebelles ont également leur part à apporter dans la tentative de résolution de la crise du Darfour. 87 A M Impe, Sos pour le Darfour, Enjeux Internationaux no 4 www.enjeuxinternationaux.org |
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