SECTION II : LES OBLIGATIONS DES DIFFERENTES PARTIES
SOUDANAISES.
La communauté internationale a un devoir moral de
s'immiscer dans la crise du Darfour pour un retour de la paix dans cette partie
ouest du Soudan. Cependant cette paix ne pourra s'obtenir qu'avec la
volonté des parties qui sont en conflit notamment l'Etat soudanais et
les mouvements rebelles. Partant de là Khartoum
80 X Zeebroek, P Sebahara et F Santopinto, Darfour,
Tchad, Centrafrique des processus de paix à l'épreuve du feu, op.
Cit. p 3
doit revoir sa position (paragraphe I) et les
mouvements rebelles de leur côté ont une grande
responsabilité pour le retour de la paix (paragraphe
II).
PARAGRAPHE I : UN NECESSAIRE ASSOUPLISSEMENT DE
LA POSITION DE KHARTOUM.
La recherche de la paix au Darfour n'est pas une chose
aisée. En effet pendant longtemps l'intervention de la communauté
internationale au Soudan n'a pas été acceptée par Khartoum
pour plusieurs raisons. Aujourd'hui cette intervention est admise cependant
pour un succès de celle-ci Khartoum doit la « laisser faire son
travail » (A). Le régime de BECHIR doit
également accepter de désarmer les milices janjawids
(B).
A / La facilitation de la communauté
internationale dans son travail.
Une intervention d'une force onusienne n'a jamais
été acceptée par le Soudan. Iia fallu que l'idée
d'une hybridation soit émise. En effet Khartoum a tout temps
refusé l'intervention sur son territoire d'une
opération de maintien de la paix confiée uniquement au CS des
Nations Unies. Aujourd'hui la force qui a pris le relais de la MUAS est
composée de soldats africains qui étaient sur place et de
contingents venus de l'extérieur. Cependant cet accord donné
à Khartoum pour le déploiement de la force hybride ONU/U.A peut
être analysé comme étant partiel. En effet le Soudan a
posé des actes qui vont dans le sens d'une limitation de l'immixtion de
la communauté internationale dans le conflit du Darfour. Parmi ces
conditions, nous avons :
- la force de la MINUAD doit être composée de
contingents militaires venus majoritairement de pays africains.
- Le retard du déploiement des effectifs. En effet ce
déploiement qui était fixé au plus tard le 31
décembre 2007 n'a pas était respecté à cause des
obstacles posés par Khartoum. « Il a entre autres imposé
des couvre-feux,
interdit les vols de nuit et n'a pas, semble-t-il,
attribué les emplacements pour les bases de la mission
»81.
- La non-acceptation des forces de certains Etats. En effet le
Soudan a certes donné son accord pour le déploiement de la MINUAD
mais au départ Khartoum souhaitait que seuls les contingents provenant
des Etats islamiques tels que l'Indonésie, le Pakistan, l'Inde~et bien
sftr des contingents venus d'Afrique composent la mission..
Cette position du Soudan ne semble pas favoriser un retour de
la paix au Darfour. En effet la complexité de la crise nécessite
une mobilisation de l'ensemble des acteurs de la communauté
internationale pour un retour définitif de la paix dans cette province
soudanaise. Cependant Khartoum qui est réticent à toute
intervention de la communauté intervention sur son territoire semble
avoir certaines craintes parmi lesquelles :
l'exploitation du pétrole. En effet le régime
soudanais craint que cette force soit qu'une « couverture pour que les
occidentaux s'emparent du pétrole soudanais »82.
La poursuite de certains dirigeants par la justice
internationale. En effet Khartoum craint que l'intervention onusienne favorise
l'appréhension de certains ténors du régime soudanais qui
sont aujourd'hui poursuivi par la CPI. Il s'agit entre autres de M Ahmed
Haroun, ancien responsable de la sécurité au Darfour et actuel
secrétaire d'Etat aux affaires humanitaires, Ali Kosheib, l'un des
principaux chefs milices janjawids et tout récemment avec le Mandat
d'arrêt international qui a était lancé par le Procureur de
la CPI M Moreno- Ocampo contre le Président Al Bachir. Car le fait qu'il
existe une séparation entre l'immunité d'exécution et
81 X Zeebroek, P Sebahara et F Santopinto, Darfour,
Tchad, Centrafrique des processus de paix à l'épreuve du feu, op.
Cit. p 8
82 G Prunier, Darfour la chronique d'un «
génocide ambigu », le Monde diplomatique,
www.mondediplomatique.fr
l'inviolabilité personnelle et réelle des agents
de l'Etat83 consécutif au développement de la justice
internationale, aucun dirigeant n'est aujourd'hui à l'abri d'une
poursuite.
Tous ces facteurs ne favorisent pas la paix au Darfour et
Khartoum a aujourd'hui un devoir de collaboration avec la MINUAD pour un
succès de celle-ci, étant donné que la force est
composée en grande partie de soldats venus d'Afrique comme il le
souhaitait. L'autre obligation qui s'impose au régime soudanais et le
désarmement des milices.
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