4. Etudes de la prosodie sémantique entre les
langues :
Des équivalents de deux langues, se développent
parfois différemment. C?est ce que les linguistes appellent « les
faux amis ». Cette question a beaucoup intéressé les
linguistes, notamment les traducteurs. Selon Partington (1998: 78):
«The pitfalls for translators unaware of such prosodic
differences are evident».
Mais malgré l?importance et les implications du sujet,
peu d?études ont été menées pour examiner la
prosodie sémantique entre les langues. Ces exceptions ont
été faites par des chercheurs tels que Berber-Sardinha (2000),
Tognini-Bonelli (2001), Xiao & McEnery (2006), Partington (1998),
Kübler & Volanschi (à paraître).
Xiao et McEnery (2006) ont analysé la prosodie
sémantique de quatre quasisynonymes en anglais outcome/result,
consequence, et aftermath, ainsi que de leurs équivalents en
chinois. Et ils ont constaté que ces quasi-synonymes anglais pouvaient
être évalués sur une échelle sémantique de
positive à négative. La même chose a été
observée pour leurs équivalents quasi-synonymes en chinois. Il
conviendrait de noter par ailleurs, que ces constatations ne figurent nulle
part dans les dictionnaires pour les définitions de ces mots.
Néanmoins, d?autres études ont
démontré que la prosodie sémantique n?est pas identique
entre des équivalents de deux langues. Ainsi, Partington (1998) a
examiné l?adjectif anglais « impressive » et son
équivalent italien « impresionante ». Il a
remarqué que « impressive » était très souvent
associé à des mots à connotation positive tels que:
achievement, talent et dignity, et donc « impressive
» a une prosodie sémantique positive. Tandis que son
équivalent italien «impresionante » est souvent en
occurrence avec des mots à connotation neutre, voir même
négative. D?autre part, le méme résultat a
été observé par l?étude de Berber-Sardinha (2000),
qui vise à comparer des unités lexicales équivalentes en
anglais et en portugais. A titre d?exemple, il a comparé la prosodie
sémantique du verbe "set in"15, avec ses
équivalents en portugais16
"manifestar-se","estabelecer-se", "entrar" et
"cair".
15 Qui a une prosodie sémantique
négative, selon l?étude de Sinclair (1991).
Il a constaté qu'aucun de ces mots n'avait la
même prosodie sémantique que "set in" et donc aucun
d'entre eux ne pouvait remplacer ce verbe en portugais. Par conséquent,
il a conclu qu'il était primordial pour un traducteur de connaitre la
prosodie sémantique d?une unité lexicale, que ce soit dans sa
langue secondaire ou dans sa langue maternelle, pour pouvoir choisir le mot
équivalent approprié selon sa connotation?:
"In order to avoid inadequacies, the translator should
have access to information on semantic prosodies in the target language, so
that s/he could check whether the choices available to him are connotationally
appropriate. [...J it is important that translators have access to corpus-based
semantic prosody information in their mother tongue as well"
(Berber-Sardinha 2000: 106)
Et bien que les résultats aient tantôt
montré que la prosodie sémantique était tantôt la
méme d?une langue à une autre, tantôt différente, la
conclusion est toujours la méme; la prosodie sémantique des mots
équivalents de deux langues est imprévisible. Par
conséquent les linguistes devraient s?intéresser beaucoup plus
à la prosodie sémantique entre les langues, ce qui devrait
apporter énormément d?aide aux traducteurs, qui traduisent d?une
langue source qui n?est généralement pas leur langue maternelle.
Par conséquent, ne pas connaître la prosodie sémantique
d?un mot peut les induire en erreur. Pour toutes ces raisons, des linguistes
tel que Louw (1993), ont insisté sur l?utilité d?introduire des
informations relatives à la prosodie sémantique dans les
dictionnaires. Ainsi, lexicographes, terminologues, traducteurs, enseignants ou
méme écrivains pourraient en bénéficier. C?est
aussi ce que nous allons tenter de prouver dans notre présente
étude sur corpus, en comparant des équivalents en anglais et en
français, non seulement en langue générale, mais aussi en
langue de spécialité .
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