5. Etudes dans le cadre des langues de
spécialité :
Selon Tribble (2000), il existe une prosodie sémantique
globale (que nous trouvons dans la langue générale, ainsi que
dans une langue de spécialité) et une prosodie sémantique
locale (que nous ne trouvons uniquement dans une langue de
spécialité donnée). Il a démontré cela avec
le mot « experience » qu?il a analysé dans le corpus
« European project proposals ».
16 Selon le dictionnaire : "Dicionaro
Ignles-Português"
Ainsi, et dans le cadre de la terminologie, d?autres
linguistes se sont intéressés à la prosodie
sémantique dans une langue de spécialité, notamment Nelson
(2000), Partington (2004), Bowker (2009) et Kubler&Volanschi (à
paraître).
L?étude menée par Nelson (2000) qui a
comparé des mots anglais dans la langue générale avec
l?anglais des affaires, a démontré par exemple, que le mot
« package » n?avait pas une connotation aussi positive dans
l?anglais général que dans l?anglais des affaires, où il
formait des collocations avec des unités lexicales tels que
competitive package, excellent package, effective package, etc.
Bowker (2007) de son côté a examiné le
verbe anglais «identify " dans un corpus de langue
générale (BNC) ensuite dans une langue de
spécialité (la sécurité informatique). Elle a
constaté que dans la langue générale il y avait 83,2% de
cooccurrences neutres, contre 59,8% dans la langue de spécialité.
Seulement 12,6% de cooccurrences négatives dans la langue
générale et presque la moitié (40,2%) dans la langue de
spécialité ont été signalés. Quant aux
cooccurrences positives, il y avait 4,2% dans la langue générale
et aucune dans la langue de spécialité. Ces résultats
l?ont conduite à la conclusion que la prosodie sémantique
existait aussi dans les langues de spécialité et que
l?hypothèse de Partington (2004)17, était vraie.
Toutefois, comme l'a souligné Bowker (2009) :
"bien que la prosodie sémantique soit maintenant un
domaine de recherche très actif en langue générale, il n'y
a pas eu, à notre connaissance, d'étude sérieuse du
phénomène en terminologie ou dans les langues de
spécialité" (Bowker 2009: 192).
D?autre part, la recherche menée par Kübler et
Volanschi (à paraître), s?est porté sur les mots « to
commit ", « to cause " et « to provide " ainsi que leurs
équivalents français, dans la langue générale et
dans le CST18. Dans leur étude, elles ont testé les
hypothèses de Hunston (2007) et de Louw et Château (2010). Hunston
(2007) soutient, en donnant des exemples du corpus « New Scientist ", que
le mot « to cause " devient neutre en science. Elle souligne aussi que ce
dernier a une connotation négative uniquement quand il implique des
êtres humains. Louw et Château (2010) de leur coté, rejette
cette hypothèse. De plus, ils
17 Selon laquelle une unité
lexicale utilisée en langue générale et en langue de
spécialité pourrait avoir des prosodies sémantiques
différentes
18 Corpus des sciences de la
terre
mettent en question les exemples donnés par Hunston
(2007), soutenant que le verbe « to cause » a été
employé dans des contextes neutres parce que il n y avait pas d?autres
alternatives, ou bien tout simplement parce que l?auteur de ces phrases est un
non natif de la langue anglaise. Quoi qu?il en soit, l?étude de
Kübler et Volanschi (à paraître) a confirmé
l?hypothèse avancée par Hunston (2007) en soulignant que :
«The pervasiveness of semantic prosody makes it
difficult even for a native speaker to rely on intuition to judge the
acceptability of specialized uses of verbs such as cause? or
cause? » Kübler et Volanschi (à paraître: 25)
Parcourir ces recherches variées, nous ont permis non
seulement de nous enrichir sur le sujet, de tirer profit des différentes
méthodologies suivis par chacun des linguistes, mais aussi de constater
le manque d?études sur la prosodie sémantique dans les langues de
spécialité et dans d?autres langues que l?anglais. Ce qui nous a
incité à mener une recherche des mots dans la langue
française pour les comparer à la langue anglaise, mais aussi sur
des mots dans les CST, en les comparant avec des corpus de langue
générale. Nous avons pu ainsi démontrer
l?intérêt de se pencher sur ces études qui ont longtemps
été négligées. De plus, nous avons pu
décider s?il serait suffisant, pour les traducteurs notamment,
d?introduire des renseignements relatifs à la prosodie sémantique
dans des dictionnaires de langue générale, ou s?il est
nécessaire de faire de méme pour les dictionnaires de langue
spécialisée.
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