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Etude contrastive français-anglais et langue générale-langue spécialisée, de la prosodie sémantique: quelques exemples

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par Myriam Hamza Chaà¢r
Paris7 Diderot - Master 2 en langues appliquées 2010
  

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b) Caractéristiques de la prosodie sémantique :

D?après les études qui ont été faites sur ce phénomène, nous distinguons entre prosodie sémantique négative, positive et neutre. Selon Louw (1993:171), il semble y avoir plus d?unités lexicales à prosodie sémantique négative que d?unités lexicales à prosodie sémantique positive ou neutre. En effet, les linguistes ont détecté beaucoup plus de mots qui entrent en cooccurrence avec des mots négatifs, tels que les verbes « set in " et « happen " (Sinclair 1991:74-75, 112), « symptomatic", « bent on" et « utterly " (Louw 1993:169), « cause" et « break out " (Stubbs 1995, 1996:173-174), « commit " , « peddle " et l?adjective « rife" Partington (1998: 66-67), etc.

Partington (2004:133) tente d?expliquer cela par le fait que les humains ont plus tendance à communiquer au sujet des mauvaises que des bonnes choses. D?autre part, Partington (1998 : 66) souligne qu?il y a des unités lexicales qui possèdent un sens exprimant des valeurs ou des attitudes. Par exemple, le choix de l?utilisation de « to be stubborn " ou « to be pig headed " (qui veulent tous les deux dire « être entêté "), dépend de la situation du locuteur (si ça le gene beaucoup que l?autre sois entété, il va utiliser le terme « pig headed " en le décrivant. Sinon il choisira plutôt « stubborn »). De plus, comme l?a mentionné Hunston (2007), il est important de prendre en compte le point de vue de la personne qui décide s?il s?agit d?une prosodie négative ou positive, chose que beaucoup de linguistes tendent à ignorer :

»The concepts of positive and negative evaluation may themselves be oversimplification, and in any case rest crucially on a notion of point of view» Hunston (2007: 256)

En d?autres termes, une personne peut percevoir un mot comme ayant une connotation négative, et une autre personne, ne vivant pas dans le méme pays ou n?ayant pas les mémes goûts, peut le considérer comme ayant une connotation positive ou neutre. Néanmoins,

Partington et Morley (2009) ne partagent pas vraiment l?avis de Hunston (2007). Ils notent que:

«In conversation, the default point-of-view (...) is normally that of the speaker (...). It is reasonable, then, when attempting a lexical-grammar description of the prosodic priming information associated with an item, to assume the default point of view is the speaker?s»

Partington et Morley (2009: 150)

Par ailleurs, Partington (2004 : 153), comme Hunston et Thompson (1999), affirme que la prosodie sémantique n?est pas toujours absolue, et qu?elle aurait des degrés de négativité ou de positivité. Par exemple, « bent on » et « set in » ont tous les deux une prosodie sémantique négative, mais il y a plus de mots défavorables qui entrent en cooccurrence avec « set in » (presque 100% des contextes) que ceux avec « bent on », qui, bien que rarement, apparait dans quelques contextes neutres et positifs.

Plusieurs linguistes parlent aussi du rôle important que jouent les corpus pour détecter le phénomène. En l?occurrence, Louw (1993) affirme que la prosodie sémantique n?est pas facilement accessible par l?intuition, et que l?usage des corpus en lexicographie facilite son étude :

«Li]t may well turn out to be the case that semantic prosodies are less accessible through human intuition than most other phenomena to do with language». Louw (1993 : 173)

Encore plus radical, Stubbs (1995 : 249) déclare que les corpus constituent les seuls moyens fiables pour explorer le phénomène. Partington (2004 : 155) de son côté, a un avis plutôt nuancé sur le sujet. D?une part il affirme qu?il y a des unités lexicales qui avaient déjà une prosodie positive ou négative, avant même que l?on ne le découvre grâce aux corpus. Et il donne comme exemples « commit » et « perpetrate », qui ont été décrits dans le dictionnaire « Oxford Advanced Learner?s Dictionnary (edition 1980) »5, comme ayant une connotation négative. D?autre part, il admet que les corpus ont permis beaucoup de révélations sur le phénomène et qu?ils sont donc pertinents. Quant à Whitsitt (2005), il pense

5 Un dictionnaire qui n?est pas fondé sur des corpus

que sans l?intuition, les linguistes auraient eu des difficultés à sélectionner des mots comme « set in » pour l?étude. De plus, il souligne que l?intuition est la base du corpus :

«But then the next question we would be prompted to ask is why in the first place did the semantic prosodist ever want to observe a word like set in? For the semantic prosodist, such a question presents considerable difficulties, and the reason why he or she would do everything to not answer this question is because the answer can hardly avoid referring to the very mental faculty corpus linguists criticize most: intuition.(...) Moreover, it seems that intuition is not only at work at the beginning of any inquiry, but is the very thing that makes a corpus possible, for it is surely the collection of people?s intuitive use of language that makes it possible for a corpus to contain «real» language.» (Whitsitt 2005: 294)

Whitsitt (2005) critique aussi l?étude7 menée par Louw (1993) sur ce sujet, en déclarant qu?elle est mal fondée. Pour lui, le fait que des élèves réfléchissent sur l?utilisation d?un mot, enlève toute forme d?intuition.

Autre remarque intéressante au sujet de la prosodie sémantique, c?est qu?elle peut titre liée à un phénomène de colligation. Par exemple, Louw (1993) a constaté que le verbe « build up » a une prosodie sémantique positive quand il est transitif (e.g. build up confidence), et qu?il a une prosodie négative quand il est utilisé intransitivement, (e.g. resistance builds up)

Toutes ces caractéristiques nous ont aidé à détecter plus facilement la prosodie sémantique des mots sélectionnés à l?étude. Par ailleurs, le fait que ce phénomène ne soit pas facilement accessible par l?introspection, comme le soulignent Stubbs (1995) et Louw (1993), nous a incité à choisir des mots anglais qui ont été déjà étudiés par d?autres linguistes, pour les analyser en français et en langue spécialisée. D?autre part, la notion du « point de vue » évoquée par Hunston (2007) nous a bien aidé dans notre analyse des mots, surtout dans le Corpus des Sciences de la Terre (CST)8. Nous verrons cela dans la partie « Analyses et discussions ».

7 Cette étude visait à comparer les résultats du corpus, avec des propositions de candidats sur l?utilisation d?un terme

8 Corpus des Sciences de la Terre

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"Je voudrais vivre pour étudier, non pas étudier pour vivre"   Francis Bacon