Conclusion et remarques :
En somme, les objectifs de notre étude ont pu
être accomplis grâce aux différents corpus utilisés.
Sans ces derniers et sans les différents outils informatiques qui nous
ont permis de les interroger, l?analyse aurait été quasiment
impossible. Nous avons donc pu, à travers nos résultats,
démontrer l?importance de l?étude du phénomène de
la prosodie sémantique, et les problèmes qu?il peut causer
à ceux qui n?en ont pas connaissance.
En effet, à part le terme français «
impressionnant ", dont la prosodie sémantique reste neutre dans la
langue générale et dans la langue de spécialité et
à part le verbe anglais « provide " et son équivalent
français « fournir ", qui gardent la même prosodie
sémantique positive dans les corpus de langue générale et
dans le CST, le reste des résultats confirment bien l?hypothèse
de Partington (2004), selon laquelle une unité lexicale utilisée
en langue générale et en langue de spécialité,
pourrait avoir une prosodie sémantique différente. En
l?occurrence, l?adjectif anglais « impressive " a une prosodie
sémantique positive dans la langue générale, mais dans le
CSTen sa prosodie sémantique devient neutre. Pour les verbes anglais
« to lead to " et « to cause ", ainsi que pour leurs
équivalents français « entraîner " et « causer ",
la prosodie sémantique est passé de « négative " en
langue générale à « neutre " en langue de
spécialité. Ce qui devrait pousser les terminologues, les
lexicographes, ainsi que les traducteurs à insister sur l?introduction
d?informations relatives à la prosodie sémantique dans les
dictionnaires spécialisés. Il devrait même y avoir ces
informations pour des mots de la langue générale, plus
particulièrement si ceux ci changent de prosodie d?un domaine à
un autre. Un traducteur qui travaille sur un texte des sciences de la terre par
exemple, devrait savoir que le verbe « to cause » n?a pas toujours
une prosodie sémantique négative dans ce domaine. Et par
conséquent, peut être adéquatement utilisé pour
évoquer des phénomènes totalement neutres. Ainsi,
terminologues et traducteurs pourraient choisir plus facilement les mots et
équivalents les plus pertinents, en fonction du domaine et du contexte
approprié. L?utilité de ces informations est incontestable et la
volonté de les voir apparaitre dans les dictionnaires, est
partagée par tous les « prosodistes ".
Par ailleurs, à part le verbe « impressive " qui a
une prosodie sémantique positive alors que son équivalent
français « impressionnant " a une prosodie sémantique
neutre, le reste des résultats sont allés à l?encontre de
la deuxième hypothèse de notre étude (Partington 1998),
qui soutient que deux unités lexicales équivalentes de deux
langues pourraient avoir
une prosodie sémantique différente. En effet,
les deux équivalents « provide " et « fournir " ont une
prosodie sémantique positive, tandis que « to lead to " et «
entraîner " partagent la même prosodie négative, tout comme
leurs quasi-synonymes « to cause " et « causer ". Toutefois,
Partington (1998) parle de la possibilité d?une modulation de prosodie
d?une langue à une autre, et non pas de nécessité. Par
conséquent, nous estimons, qu?un seul exemple (impressive vs.
impressionnant) suffit pour affirmer l?utilité d?introduire des
informations sur la prosodie sémantique dans les dictionnaires bilingues
et ceux destinés à l?appréhension d?une langue
étrangère.
Pour conclure, nous estimons que la présente
étude a été assez satisfaisante en ce qui est de
démontrer les véritables enjeux de ce phénomène. En
effet, nous avons pu montrer que la prosodie sémantique peut varier
d?une langue à une autre et d?un domaine à un autre. Par
conséquent, nous avons prouvé l?utilité des renseignements
relatifs à la prosodie sémantique, qui doivent figurer dans les
dictionnaires, que ce soit de la langue générale ou de la langue
de spécialité, pour aider les traducteurs notamment, à
éviter les « pièges " de ce phénomène. Et
c?est d?ailleurs dans ce sens que va le projet ARTES, qui est un outil d?Aide
à la Rédaction des Textes Scientifiques. Il s?agit d?un
dictionnaire bilingue (français-anglais) développé par
Pecman, Kubler et al. (2010), et dans lequel les étudiants de Langues de
Spécialité, Corpus et Traductologie à Paris Diderot, ont
eu le privilège de participer. En effet, cette base de données
terminologique et phraséologique en ligne, vise à donner des
informations linguistiques sur des termes. Parmi ces informations, nous
pourrons nous renseigner sur la prosodie sémantique des mots, de langue
générale, comme de langue de spécialité. Ce qui
serait encore plus intéressant, c?est qu?en cherchant à connaitre
la prosodie sémantique d?un mot donné, nous puissions aussi avoir
une liste de ses collocations les plus fréquentes, ses synonymes, ses
équivalents (anglais-français), la prosodie sémantique de
ces derniers, et même sa prosodie sémantique dans d?autres
domaines. Quoiqu?il en soit, il reste encore du chemin à faire, surtout
dans la partie qui concerne la prosodie sémantique, mais ce qui est
sûr, c?est que ce dictionnaire va bien servir aux usagers de langues,
notamment aux traducteurs spécialisés.
Il est vrai que les objectifs visés dans ce
mémoire ont été atteints. Néanmoins, il
conviendrait de noter, que notre présente étude a
été réalisée avec quelques lacunes. Comme nous
l?avons déjà mentionné, le corpus français de
l?université de Leipzig, bien qu?utile et simple à utiliser, est
loin d?être aussi pertinent que le corpus anglais BNC. Il ne donne pas
accès à toutes les concordances trouvées, et son interface
n?est pas très sophistiquée. De plus
ces deux corpus ne sont pas vraiment comparables au niveau de
la taille (BNC 100 millons de mots et Leipzig 700 millions de mots). Mais c?est
actuellement le seul corpus relativement représentatif de la langue
française disponible en ligne. De plus, il nous a fourni les
réponses dont nous avions besoin. Par conséquent, malgré
ses points faibles, ce corpus nous a bien aidée et a été
bénéfique à l?étude que nous avons mené. Les
deux CST aussi, ne sont pas tout à fait comparables en ce qui concerne
le contenu, mais ici encore nous avons pu avoir des résultats
concluants. Par ailleurs, nous avons cités, pour chacun des mots
étudiés, des exemples qui montrent à chaque fois la
tendance de la prosodie sémantique, mais des calculs précis
restent à faire.
Ayant étudié et analysé le
phénomène de la prosodie sémantique pendant toute cette
année, nous estimons qu?il est très intéressant de
l?examiner, indispensable de le connaitre, surtout pour les traducteurs, et
qu?il mérite de recevoir l?importance qui lui revient dans les
dictionnaires.
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