11-3. Les manifestations
Une dysgraphie se manifeste par des difficultes a ecrire, une
souffrance a Pecriture, un blocage devant le passage a Pecrit, une anxiete,
souvent sources de plaintes de la part des enseignants et generant
d'importantes inquietudes pour la scolarite de ]'enfant.
La dysgraphie est un trouble durable avec des repercussions
sur la forme des lettres, sur leur trace et sur leur assemblage. Les
manifestations du trouble sont specifiques a chaque dysgraphique:
- s'il s'agit d'une dysgraphie associee a la dyslexic, les
manifestations sont plus
perceptibles au niveau de l'ecriture illisible, des lettres
mal formees, des ratures frequentes. C'est le cas de cet eleve de 6' dont nous
avons les travaux d'ecriture dans les annexes de ce memoire.
s'il s'agit d'une dysgraphie associde a la dyspraxie, les
manifestations seront plutot constatdes au niveau de l'autonomisation de
l'ecriture lide, de ('organisation de l'espace d'ecriture.
Ces manifestations sont detectees a des gradations diverses
selon les cas. Les principales manifestations communes a tout type de
dysgraphie sont les suivantes:
- ecriture lente, fatigante, illisible et prejudiciable a la
seolarite - tremblernent et lettres mal formees
- mauvais alignement et probleme d'espace entre les mots
- prehension non conforme a rage de ['enfant.
Par ailleurs, it est indispensable de &teeter au plus vite
les signaux d'alerte qui peuvent etre les suivants:
- mauvaise organisation de la page - page blanche
- impression de travail negligd
lignes non suivies et ondulantes Espaces non respectees
- manque de fluidite et lenteur extreme.
de rnaintenir longtemps l'effort graphique. C'est pourquoi,
l'augmentation de la vitesse de l'ecriture deteriore encore plus la trace
graphique qui devient plus lente et deformee, voire illisible et quasi
absente.
Les difficult& liees a Ia dysgraphie se situent a des
degres divers et vont de simples erreurs de lettres et mots a une incapacite
totale a ecrire. Certains auteurs a l'instar de GADDES et EDGELLS (1994)
6 ont pu faire une classification a quatre niveaux des
difficult& liees a la dysgraphie:
- ('alteration de l'ecriture regroupant la micrographie, les
lettres mal formees, les tremblements, les telescopages ou absence de
liaisons.
- Les troubles spatiaux c'est-a-dire les mots serres, les lignes
sinueuses (tordues), le mauvais alignement des lettres
- Les troubles syntaxiques: difficulte a ecrire des reponses
grammaticalement correctes en reponse a une question pourtant l'expression
orale est correcte
- Le &goat d'ecrire
Pour ces auteurs, quand une ecriture d'enfant presente
plusieurs de ces manifestations surtout au dela de 8 ou 9 ans, die est
probablement celle d'un dysgraphique. Cependant it est necessaire pour rnieux
accompagner et adopter une attitude pedagogique appropriee de determiner le
type de dysgraphique dont on Ia charge.
11--4. Typologie
On distingue deux grands types de dysgraphies: la dysgraphie
instnimentale et la dysgraphie reactionnelle. Au depart, en tant qu'instrument
du langage, l'ecriture est « objet detach& de l'enfant ». Elle
devient par la suite sa maniere personnelle dlecrire Toutes deux sont
extremement fides car l'enfant va utiliser son corps comme moyen d'
expression.
Ainsi, comme le souligne OLIVEAU (1988) 7, un
trouble instrumental peut se transformer en dysgraphie reactionnelle, et une
difficult& relationnelle peut se transformer en dysgraphie instrumental.
Dans le cas de la dysgraphie instrumentale, AJURIAGUERRA et
a1(1980)5 distingue cinq postures de scripteur ou manieres
d'ecrire:
-Les lents precis: dans ce cas, l'ecriture est visible, l'enfant
est appliqué mais trop lent; mais s'il va vite, cabossage et tremblement
interviennent
- Les raides: ici, on a une impression de tension dans
l'ecriture de l'enfant; les traces sont reguliers mais crispes
- Les mous: le trace est petit, arrondi, peu precis, atrophie et
irregulier; les lignes sont ondulantes et la page est negligee
-Les impuisifs: on remarque dans ce type, un manque de
controle, de mouvement; ecriture est courante, la page est negligee, les lignes
sont ondulantes et la precipitation est preferee a la qualite
- Les maladroits: dans ee type d'ecriture, les formes sont
lourdes et mal proportionnees, de nombreuses erreurs et ratures sent faites, ii
y a desordre et confusion dans la page.
Pour AJURIAGUERRA et al (1980) 5, les difficultes
les plus repandues dans la dysgraphie sent les problemes de motricite et
d'organisation spatiale. C'est pour cela qu'il considere n'existe pas de
dysgraphie avant rage de 7 ans. II ne parle pas encore de dysgraphie
relationnelle ou reactionnelle. 11 met en evidence, dans la dysgraphie
instrumentale, le developpement moteur et montre importance de la fonction
tonique, des troubles de la motricite fine, des troubles de la coordination
oculo-manuelle, des troubles du schema corporel et du processus de
lateralisation, et enfin les troubles de la structuration temporelle.
Les auteurs comme TAJAN (1982) 8, OLIVEAU (1988)
7, se sont penches plus tard sur la dysgraphie reacti onnel Ie.
7- OLIVEAU R., 1988: P6dagogie de l'ecriture et Graphoth6rapie,
Masson, PARIS, 3-108.
8- TAJAN A., 1982. La graphomotricit6, P.U.F., PARIS, p.79
Pour TAJAN (1982) 8 « ecriture est chargee
d'une signification qui &passe le geste. Elle est porteuse de setts et
possede un contenu qui prend en charge et &passe le geste. » La
dysgraphie reactionnelle se manifeste par la traduction d'une defense, d'une
opposition, d'une compensation, sans qu'un trouble instrumental primaire
suffise a lui seul a expliquer la difficulte.
Ceci renvoie aux capacites creatives et reflexives qui font
parfois defaut au dysgraphique et rendent parfois son ecrit plat et
incomprehensible. Autrement dit, &tire ne se limite pas a un assemblage de
lettres et de mots, mais c'est aussi un acte individuel porteur de sens.
D'apres OLIVEAU (1988) 7, ces troubles reactionnels
vont se traduire de fawn instrumentale et vont etre des reactions de defense
aux exigences de vitesse, d'application, et de lisibilite imposee par l'ecole.
C'est un refus scolaire, un refus social dans le fait que la dysgraphie va a
l'encontre du modele qu'attendent les parents,
instituteur, et la societe. Au sein de ces dysgraphies
reactionnelles, it convient de rappeler qu'il existe les dysgraphies pretextes
qui permettent d'exprimer les difficultes affectives, mais celles-ci n'entrent
pas dans le champ d'action de ce sujet car nous avons choisi de travailler sur
la dysgraphie en tant que trouble durable et persistant alors que les autres
sont generalement des difficultes passageres qui affectent la scolarite de l'
Cleve a un moment précis.
II est important que l'enseignant ait connaissance du
diagnostic confirmant la dysgraphie d'un eleve afin d'adapter son approche
didactique a la specificite qu'il rencontre. Les criteres d'evaluation doivent
egalement tenir compte de cette specificite. C'est dans ce sens que, la loi du
11 fevrier 2005 dans son Decret n° 2005-1617 du 21 decembre 2005 prevoit
des amenagements dans les examens et contours de l'enseignement scolaire et de
l'enseignement superieur pour les candidats presentant un handicap cognitif.
Selon le degre de severite et au cas par cas, it peut etre
demande :
Un tiers temps supplementaires aux epreuves orales et ecrites
- Un ordinateur et un logiciel a commande vocale
- L'aide d'une tierce personne, chargee de lire les enonces au
candidat.
- Un(e) Secretaire charge(e) non seulement de la meme mission
mais aussi d'ecrire sous la diet& du candidat.
Quel que soit le type de dysgraphie, il est clair que les
difficultes flees a ce trouble entrainent souvent des problemes emotionnels
(faible estime de soi, sensibilite accrue aux maladies psychiques,
depression, instabilite dans le comportement) qui peuvent se
traduire par un refus scolaire et un marque de volonte pour
certaines activites. D'ou la necessite d'etablir au plus vite un diagnostic par
une equipe pluridisciplinaire.
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