VI - DISCUSSION
L'objectif de l'étude est de décrire l'état
nutritionnel des enfants de 6 à 59 mois et d'analyser les principaux
déterminants de l'état nutritionnel de ces enfants.
6.1. SITUATION NUTRITIONNELLE DES ENFANTS
Au plan de la situation nutritionnelle, nos résultats
ont montré que la malnutrition des enfants de 6 à 59 mois,
surtout le retard de croissance constitue un véritable problème
de santé publique à Dangbo. En effet, le retard de croissance
touche 37% des enfants dont 15,2% par forme sévère. Notons que la
prévalence attendue de malnutrition dans la population de
référence est de 2,3% pour la forme globale et 0,1% pour la forme
sévère. Selon les normes de l'OMS, la prévalence de la
malnutrition globale atteste que l'on est en présence d'une situation de
santé publique de gravité élevée et
l'évolution de la malnutrition selon l'âge montre clairement les
classes d'âge spécifiques pour lesquelles la gravité est la
plus élevée. Cette prévalence est supérieure
à celle présentée par l'Analyse Globale de la
Vulnérabilité, de la Sécurité Alimentaire et de la
Nutrition (PAM, 2009) qui est de 29,4% au niveau de l'Ouémé, ce
qui laisse croire que la situation à l'échelle
départementale ne saurait refléter la situation communale et
qu'il est important d'évaluer la situation spécifique de chaque
localité en vue d'adapter adéquatement les interventions
ultérieures. La situation de Dangbo n'est pas aussi critique que celle
de la commune limitrophe Sô Ava où le retard de croissance est de
41% pour les enfants de moins de 36 mois (Flénon, 2008) contre 33% pour
les enfants de moins de 36 mois de notre population d'étude ; la
prévalence du retard de croissance est encore moins élevée
que chez les enfants du district de Gnot Ou, Province de Phongslay à
Laos où le diagnostic nutritionnel a révélé que
52,5% des enfants de moins de 59 mois souffrent de retard de croissance
(Papegay, 2007). Ces différences observées pourraient être
dues aux différentes actions nutritionnelles, principalement
l'éducation nutritionnelle, séance de démonstration
culinaire menées par les ONGs, le PAM, en partenariat avec le centre de
promotion sociale dont la zone d'étude aurait
bénéficiée (AFRIQUE CONSEIL, 2006). Malgré cela, la
situation persiste et suscite des analyses plus approfondies afin d'identifier
les multiples causes qui devraient en être à la base.
6.2. DETERMINANTS DE L'ETAT NUTRITIONNEL
6.2.1. Les causes sous-jacentes
Les résultats du tableau n°18 ont montré que,
dans notre zone d'étude, l'activité de la mère et la
présence de latrines constituent les facteurs socio sanitaires qui sont
les plus associés au
retard de croissance. En effet, lorsque la mère exerce
une activité génératrice de revenu, elle pourrait se
procurer des aliments de qualité et par conséquent assurerait une
bonne alimentation à son enfant d'autant plus que, 83,5% des
mères ont reçu une éducation nutritionnelle et que
l'évaluation des connaissances des mères a aussi
révélé que 90% des mères savent assurer une
alimentation adéquate à leur enfant. De plus, la plupart des
mères ayant reçu une éducation nutritionnelle affirment ne
pas avoir les moyens de mettre en pratique les connaissances acquises. Des
résultats similaires ont été aussi observés au
Ghana où l'activité des mères était associée
à l'état nutritionnel des enfants lorsque les effets des autres
facteurs étaient pris en compte dans le modèle de
régression finale (Yaa, 2005).
En ce qui concerne la présence de latrine, son
association avec l'état nutritionnel des enfants n'est pas surprenante
puisqu'elle détermine l'hygiène de l'environnement dans lequel
vit l'enfant dans la zone d'étude, elle-même, conditionnée
par les pratiques d'hygiène notamment, les pratiques de lavage des
mains, et la manière d'évacuation des selles de l'enfant. Nos
résultats ont montré que seulement 14% des ménages
disposent de latrines, ce qui est inférieur au taux national obtenu par
AGVSAN qui est de 23% (PAM, 2009). En outre, 89,9% des mères
évacuent les selles de manières non hygiéniques soit en ne
débarrassant pratiquement pas soit en les jetant dans l'eau du fleuve
qui constitue la principale source d'eau de boisson surtout dans la
vallée. Quant au lavage des mains, seulement 26 ,1% des mères en
font une bonne pratique et une association significative a été
montrée en analyse bivariée entre le retard de croissance et les
pratiques d'hygiène des mères. Ce qui fait des pratiques
d'hygiènes un facteur non négligeable, en raison des nombreuses
conséquences que cela engendre sur la santé de l'enfant
malgré la perte d'intensité de cette association après
ajustement sur les autres facteurs.
Par ailleurs, en analyse bivariée, la diversité
alimentaire du ménage est également associée à
l'état nutritionnel des enfants, mais cette association n'est plus
significative lorsque les autres facteurs ont été inclus dans le
modèle. Ces résultats montrent la nécessité
d'ajustement sur les autres facteurs lors de la recherche des
déterminants de la malnutrition. La diversité du ménage a
été utilisée pour apprécier l'accès du
ménage à l'alimentation et on remarque que les enfants qui vivent
dans des ménages ayant une diversité alimentaire faible sont les
plus touchés par le retard de croissance. Cela signifie que
l'accessibilité à l'aliment dans le ménage, une composante
de l'insécurité alimentaire serait un facteur à
considérer si l'on désire réduire la malnutrition au sein
de la communauté. En milieu rural au Burkina Faso, une étude
réalisée par Masson sur les enfants de 6 à 35 mois a
montré que le retard de croissance n'est pas significativement
associé à la diversité alimentaire des enfants, et ce
même après
ajustement sur les facteurs de confusion. Cette différence
observée en analyse bivariée serait peut être due à
la tranche d'âge qui est plus restreinte.
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