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Diagnostic nutritionnel sur les enfants de 6 à  59 mois dans la commune de Dangbo (Bénin)

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par Hontongnon Félix Jaurès LOKONON
Université d'Abomey - Calavi/ FSA - Diplôme d'études approfondies (DEA) en sciences agronomiques 2011
  

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2.3.2.4. Estimation de la biodisponibilité du Zinc et du fer dans le régime

Pour évaluer correctement l'adéquation de l'apport en Zinc et en fer, il est nécessaire de prendre en compte leurs biodisponibilités. La biodisponibilité est définie comme la proportion du nutriment ingéré qui est absorbée et utilisée par les voies métaboliques normales (Hurrell, 2002). Elle est influencée aussi bien par le régime alimentaire que par les facteurs liés à l'hôte. Plusieurs constituants alimentaires sont connus comme pouvant modifier la biodisponibilité du fer et du Zinc : des facteurs activateurs de l'absorption et d'autres inhibiteurs de l'absorption. Ces facteurs sont présentés dans le tableau 2.

La forme chimique du fer et celle du zinc dans l'aliment influent aussi sur leurs biodisponibilités. Les deux formes du fer sont présentes dans les aliments : le fer hémique et le fer non hémique. Le fer hémique est présent dans les aliments d'origine animale et est facilement absorbé alors que le fer non hémique se retrouve dans les aliments d'origines végétales et est complexé par les phytates et les tanins, donc difficilement absorbé et se retrouve dans les cellules gastro-intestinales. (WHO /FAO, 2004)

Tableau n°2 : Composants alimentaires qui influencent l'absorption du fer et du Zinc

Fer non hémique Zinc

Activateurs

Viande, volailles, poisson

Acide Ascorbique,

autres acides organiques

(acide citrique, lactique, malique)

Activateurs

Viande, vollailes, poisson

Acides organiques

(acide citrique, lactique, malique)

Inhibiteurs

Phytates

Polyphénols (ex des tanins) Calcium

Certains produits de soja transformés

Inhibiteurs

Phytates

Calcium

Certains produits de soja transformés

Source : (GIBSON, 2008)

Quant au zinc, la forme organique tend à être plus absorbée et moins affectée par les facteurs antinutritionnels que la forme inorganique (Solomons et al, 1979). La consommation des protéines animales, les acides organiques produites lors de la fermentation augmentent l'absorption du zinc (Loennerdal, 2000).

Enfin l'absorption du zinc comme le fer, est aussi affectée par le zinc contenu dans le régime et le statut en zinc de l'individu (Löennerdal, 2000). La mesure directe de la biodisponibilité du fer et du zinc, dans les plantes consommées dans les pays en voie de développement, en utilisant des techniques isotopes radioactives stables, est limitée (FAO/WHO ,1988 ; WHO, 1996). Par conséquent, des modèles de calcul de la biodisponibilité sont souvent utilisés pour estimer la biodisponibilité en zinc et en fer dans les régimes. Ces différents modèles mathématiques qui tentent de prédire la biodisponibilité du fer et du zinc prennent en compte : la forme du nutriment, la présence des facteurs activateurs et inhibiteurs, et le statut en zinc et en fer de l'individu.

Plusieurs modèles existent pour calculer la biodisponibilité du fer et trois modèles pour le zinc. Les détails sur ces différents modèles peuvent être consultés dans le manuel : An interactive 24-hour recall for assessing the adequacy of iron and zinc intakes in developing countries (Gibson, 2008). Le modèle utilisé au cours de cette recherche est celui disponible dans le programme World Food 2. Il s'agit du modèle de Murphy (1992)

Dans le modèle de Murphy (1992), l'absorption du fer hémique est estimée à 25% et compte pour 40% du fer dans les viandes, volailles et poissons. Le fer non hémique est considéré relativement faible et est fonction de la consommation de viandes, volailles, poissons, acides ascorbiques, polyphénols et aussi en fonction du niveau de réserve en fer de l'individu.

Elle est donnée par la relation :

Biodisponibilité du fer = (fer hémique x facteur de biodisponibilité du fer non hémique) + (fer non hémique x facteur de disponibilité du fer non hémique x facteur thé-café) où :

- le fer hémique est 40% du fer contenu dans la viandes, volailles ou poisson ;

- le facteur de biodisponibilité du fer hémique est 0,25, celui de fer non hémique est

0,05 mais dépend de la moyenne en acide ascorbique et de la densité des viandes,

volailles, poissons dans le régime ;

- le facteur thé-café varie entre 0 .4 et 1.0 et dépend du nombre de tasse de café dans le régime.

En ce qui concerne la biodisponibilité du zinc, Murphy proposa en 1992 une formule qui par a été modifiée en 1996 en raison des nouvelles recommandations de la FAO /WHO (1996). Ce modèle prend en compte les protéines animales, les facteurs inhibiteurs, la proportion de l'acide phytique par rapport au zinc et la teneur en calcium dans le régime.

Biodisponibilité du zinc (mg/jour) = total zinc (mg/jour) x facteur de biodisponibilité du Zinc : où le facteur de biodisponibilité est 0,10 si le rapport phytate/zinc est supérieur à 30 ; 0.15 si le rapport est compris entre 15 et 30 et 0,30 si le rapport est en dessous de 15

2.3.2.5. Estimation des protéines utilisables

L'estimation des besoins en protéines est exprimée en prenant comme référence la protéine de l'oeuf qui est considérée comme une protéine de haute qualité. L'apport en protéines est donné par la formule :

Apport en protéine utilisable du régime = Apport x score d'acide aminée x coefficient d'utilisation digestibilité (FAO /WHO/UNU, 1985).

Le score en acide aminé est calculé en comparant chacun des 4 acides aminés (lysine,
tryptophane, méthionine+cystéine et la thréonine) aux besoins recommandés. Pour chaque

acide aminé, l'apport de l'acide aminé (en mg) est divisé par l'apport total en protéines (en gramme); et comparé avec les recommandations du ratio de la FAO /OMS qui sont présentées dans le tableau n°3 ; l'acide aminé limitant étant l'acide aminé ayant le score le plus faible et son score est utilisé pour le calcul l'apport en protéine utilisable.

Le calcul de coefficient utilisation digestible (CUD) est calculé en utilisant la formule suivante : CUD = 1- (0.1 x quantités de fibre alimentaire/quantité de protéines).

Cette équation a été établie à partir d'un modèle de régression basée sur la digestibilité des protéines du maïs, du riz blanchi, farine de blé, grain de soja, mil, arachide, du niébé séché et leurs compositions en fibres alimentaires (FAO/WHO/UNU, 1985).

Tableau n°3: Recommandations du Ratio en acide aminé (mg/g protéine)

Acide aminé

Enfant préscolaire

Enfant
scolaire

Adulte

Lysine

 

58

44

16

Tryptophan

 

11

9

5

Methionine cystine

+

25

22

17

Threonine

 

34

28

9

Source : (Murphy, 1997)

Les enquêtes de consommations alimentaires permettent d'apprécier non seulement la quantité d'aliments consommés, mais aussi la qualité du régime. La qualité du régime alimentaire comprend les concepts de diversité alimentaire qui consiste en la consommation d'aliments ou de groupes d'aliments variés afin de couvrir les besoins nutritionnels. Il existe de nombreuses manières d'estimer la qualité du régime alimentaire.

2.4 DIVERSITE ALIMENTAIRE AU NIVEAU INDIVIDUEL ET NIVEAU MENAGE La diversité alimentaire peut être appréciée de façon simple à l'aide du Score de Diversité Alimentaire (SDA) défini comme le nombre de groupes d'aliments différents consommés au cours d'une période donnée ou du Score de Variétés Alimentaires (SVA) qui prennent en compte le nombre d'aliments consommé plutôt que les groupes. Certains auteurs utilisent ces deux concepts (Hatloy et al ,1998 ; Torhein, 2004 ), cependant la consommation d'aliments appartenant à plusieurs groupes semble plus bénéfique que la consommation de aliments appartenant au même groupe. De nombreux auteurs ont choisi de travailler exclusivement avec les SDA (Tarini et al 1999 ; Savy et al, 2006 a). Savy et al ont montré que le SDA est un bon outil pour décrire le régime alimentaire (Savy et al, 2005). Il n'existe aucun consensus

international sur le choix des groupes d'aliments pour les sujets surtout chez les adultes. Dans la littérature récente, différentes classifications ont été utilisées (Hatloy et al, 2000 ; Torhein, 2003; Arimond et Ruel, 2002; Savy et al, 2006b). La FAO propose une classification en 14 groupes pour la mesure de la diversité alimentaire individuelle et 12 groupes au niveau au ménage (FAO, 2007) tandis que FANTA propose 12 groupes d'aliments (Swindale et Bilinsky, 2006). Selon la FAO, le score de diversité alimentaire au niveau individuel permet d'évaluer la qualité du régime de l'individu, alors que le score de diversité alimentaire au niveau du ménage estime l'accès économique du ménage à la nourriture, car il ne considère que les aliments dans le ménage.

Une autre question est la prise en compte d'une quantité minimale pour comptabiliser ou non un aliment dans la construction du score. Il est en effet courant de rajouter des ingrédients dans la sauce, comme la poudre de poisson séchée et affiti (les graines de néré fermentées). Ces aliments sont consommés fréquemment, mais en faible quantité. Ainsi, si tous les aliments, quelle que soit la quantité consommés, sont comptabilisés pour la construction des scores de diversité alimentaire, on ne peut alors plus différencier ceux qui ont une consommation très faible (pincée de poudre dans la sauce) de ceux qui ont une consommation significative (poisson entier).

Les scores de diversité alimentaire sont construits en additionnant le nombre d'aliments où groupes d'aliments consommés durant une période donnée. Chaque aliment ou groupe d'aliments contribue ainsi de la même façon au score final, et ce qu'il soit consommé une fois où plusieurs fois au cours de la période donnée. Les questions de seuil pour définir que les niveaux de diversité faible, moyen ou élevée, posent également problème. En effet le nombre de groupes d'aliments à consommer par jour pour bénéficier d'un régime de bonne qualité n'a pas été fixé tant qu'un aucun consensus n'a été trouvé quant au nombre de groupes d'aliments à intégrer dans le score. Le découpage de l'échantillon en terciles ou en quintiles peut être utilisé pour classer les individus et les comparer entre eux. Il est cependant impossible d'obtenir des terciles ou des quintiles égaux, car le score a des valeurs discrètes. La durée sur laquelle doit s'étendre le rappel n'est pas définie. Dans un contexte d'éducation faible, il est préférable d'interroger les personnes sur les courtes périodes afin d'éviter les biais de mémoire et cela est moins lourd pour l'enquêté.

Le score de diversité pour évaluer l'alimentation du jeune enfant a fait l'objet de récentes
publications et un consensus est maintenant trouvé quant au nombre d'aliments à inclure dans

le score, à la quantité minimale à prendre en compte et aux questions de seuils (FANTA, 2006 ; Moursi, 2008).

Utilisation des scores de diversité alimentaire

Les scores de diversité alimentaire sont censés représenter l'adéquation nutritionnelle du régime alimentaire. Des études ont été menées dans quelques pays en voie de développement afin de valider ces scores (Ruel, 2003). L'une de ces études réalisée au Mali a montré que les SDA ont une réelle signification par rapport à la couverture des besoins (Hatloy A. et 1998). Les indices de diversité alimentaire ont souvent été étudiés par rapport à l'état nutritionnel des individus évalué par des mesures anthropométriques. Au Mali, une étude a montré qu'en milieu urbain, le risque pour les enfants de 6 à 59 mois ayant un SDA faible de présenter un retard de croissance est deux fois plus élevé (Hatloy et al, 2000). Une analyse des données de 11 enquêtes démographique et de santé a montré une relation entre le retard de croissance des enfants de 6 à 23 mois et leur diversité alimentaire après ajustement sur les facteurs socioéconomiques dans 7 des 11 pays. Des études de validation plus récentes, ont montré une relation entre SDA et l'adéquation en micronutriments de l'apport des enfants de 1 à 8 ans non allaités (Daniels et al, 2007 ; Steyn, 2006 ; Kennedy, 2007).Ces études montraient que le SDA était positivement corrélé avec l'apport en nutriment (Kennedy, 2007 ; Steyn, 2006) et la densité en micronutriments (Daniels, 2007). Un score de 4-5 (pour un maximum de 9-10) a été identifié comme meilleur score pour détecter un bas niveau d'adéquation en micronutriments. Dans d'autres études, au Philippines (Daniels et al, 2007), les auteurs ont évalué l'effet de la prise en compte d'un minimum de 10grammes dans la construction du SDA et ont montré que le score est corrélé avec les mesures d'adéquation en micronutriments et la capacité du score à prédire une faible adéquation.

Enfin, il a été démontré que la diversité alimentaire des ménages est liée à leurs accès à la nourriture qui est une composante de la sécurité alimentaire (Hoddinott et Yohannes, 2002) ; en 2007, Masson, après avoir trouvé une relation statistiquement significative entre la diversité alimentaire et l'indice poids pour taille chez les enfants de 6 à 35 mois en milieu rural au Burkina Faso conclut que les scores de diversité alimentaire semblent utiles pour identifier les enfants vulnérables sur le plan nutritionnel en contexte rural africain.

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"Il existe une chose plus puissante que toutes les armées du monde, c'est une idée dont l'heure est venue"   Victor Hugo