Section 1. LA PROBLEMATIQUE
DE BANYAMULENGE AU CONGO
Un phénomène nouveau apparaît :une
communauté de race tutsi prétend constituer une tribu existant
sur les hauteurs des Monts Mitumba depuis des siècles .Cette
communauté tutsi appelée par leurs propres
congénères « Banyamulenge» (du nom d'un village
existant chez les Bafulùro) tout simplement parce qu'elle avait
émigré de ce côté-là et qui prétend
aujourd'hui incarner et présenter seule l'histoire des ressortissants de
cette localité, sinon de cette contrée. Les Tutsi
prénommés Banyamulenge ne sont pas des congolais d'origine au
sens de la loi, il s'agit d'immigrés qui se sont enracinés..,
faute de l'intervention dans cette partie du H.C.R pour les encadrer et
négocier leur retour au pays de leurs ancêtres : le Rwanda.
Tandis qu'ils essayent d'accaparer et la religion et l'histoire des Monts
Mitumba, il convient de rappeler ici ceux qui sont sans contexte les
propriétaires des lieux ou les hôtes de ces réfugiés
à savoir les Bufuluro, les Bavira, les Babende, etc.
§1. Le Peuplement
Actuel
A. LES VIRA-FULIIRU: LES PEUPLES PROPRIETAIRES
Partis du Nord-est, les vira et les fulûru seraient
descendus vers le Sud et traversant l'ulindi se seraient installés sur
les terres qui constituent leur fief actuel. Toute fois, Cuypers pense que la
descente ne s'est pas faite d'un seul trait, mais a été
retardée par un long détour à travers le Maniema.
Avec à sa tête un certain Nalwindi
hypothétique ancêtre et leader du mouvement, le groupe se serait
encore scindé en deux, les Fulciru descendant sous la conduite de
Kahambo Kalingishi et s'installant sur les hauteurs de Lemera tandis que les
vira sous la houlette de Kirunga s'installaient sur le pic de munanira,
d'où ils essaimeront vers les terres basses de la vallée et sur
tout leur territoire actuel. Commencée au 16è siècle'
cette installation ne serait terminée au 17è siècle, comme
en témoignent aux dires des auteurs les empreintes qu'en porte alors
déjà le terroir.
B. LES RUNDI
Les premiers rapports administratifs qui nous parlent des
Rundi mentionnent leur présence dans la région en même
temps que celle des mutins de la colonne Dhavis. Or l'apparition de ces
derniers est signalée à Uvira à partir de novembre 1897;
ils n'en furent chassés par le capitaine HECQ qu'en à Octobre
1899. On peut dans raisonnablement situer le début de l'infiltration
continue des Rundi donc la plaine de la Ruzizi aux environs de 1900-1903.Cela
est d' autant plus vrai que c'est également et 1899 que débute
l'occupation effective du Rwanda-Burundi par l'Allemagne avec l'organisation de
la situation militaire d'usumbura et l'établissement dans le pays d'une
société commerciale allemande. Ainsi, jusqu'à la fin de
la' première guerre mondiale, part le groupe de « Zige »
installe à Kisanga, sur les hauts plateaux, aucun autre groupe Burundais
ne se stabilisa dans les plaines.
On assista plutôt à un va-et-vient incessant de
transfuges politiques, d'aventuriers de tous genres et de voleurs de
bétail qui, profitant de la compassion créée par le
passage des mutins, intensifièrent leurs incursions à partir du
Rwanda-Urundi allemand.
Mais aussi avec une arrière-pensée d'installer
pour tenter d'améliorer sur place leurs conditions d'existence en
proposant leurs bras comme pâtre ou comme main d'oeuvre agricole. En
effet, l'imposition généralisée à partir de 1920,
des cultures obligatoires couplées du programme des paysan
indigènes, entraina dans la plaine un afflux massif des autochtones
Vira-fuluru jusque-là réservés et retranchés sur-
les flancs ou aux sommets des hauts plateaux.
C'est à ceux-ci que les immigrés venaient vendre
leur force de travail. L'occupation et la mise en valeur de la plaine de Ruzizi
offriront à l'administration l'occasion longtemps rêvée,
d'entamer l'influence et prestige des chefs locaux. Ainsi, en dépit de
tous les déboires antérieures, l'administration coloniale ne
s'empêchera pas des créer en 1928 une chefferie forgée de
toutes pièces au profit d'une poignée d'immigrés Rundi par
ailleurs très flottants mais dont la principale vertu était
d'être plus dociles et partant plus malléables au gré de la
puissance occupante. A la tête de la nouvelle circonscription
placée sera placé un certain NDABAGOYE, alors que la chefferie
était peuplée en majeure partie de population Vira-fuliiru.
La création de cette nouvelle chefferie fut donc on
s'en doute bien, uniquement dictée par le souci de battre en
brèche et en grignoter l'autorité des chefs autochtones
Vira-fuluru, plus précisément les Bami Makumika
réputés réfracteurs aux impositions de l'ordre colonial
imposée par le pouvoir occupant, la création en terre congolaise
de cette chefferie, baptisée chefferie des Barundi et actuellement
dénommée collectivité de la plaine de la Ruzizi, sera
toujours contestée par les Bami et les populations autochtones qui la
percevront, tout au long du règne colonial ,comme une plaie mal
cicatrisée, plantée dans leur flanc par l'occupant
étranger. Et de fait, l'histoire nous apprend que cette plaie se
recouvrit dès l'accession de notre pays à
l'indépendance.
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