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Une action éducative dans le quotidien et en projet : un exemple de prise en charge de l'anorexie mentale de l'adolescente en milieu hospitalier psychiatrique

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par Audrey Marie-France GERARD
Institut Jean-Pierre Lallemand - Graduat Educateur Spécialisé 2011
  

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1.1.2. DU POINT DE VUE MÉDICAL

L'AM n'est pas une affection récente, son tableau clinique permet de la reconnaître dans des descriptions remontant au Moyen Age. Le mot anorexie fait son apparition dans le domaine médical en 15845(*).

De la Renaissance au XVIIIe siècle, la clinique médicale commence à réaliser des observations plus méthodiques, mais le discours médical oscille encore entre explication scientifique et recours au mystique avec les termes d' « inedia prodigiosa » (miraculeuse privation de nourriture)  et plus tard, d' « anorexia mirabilis » (perte miraculeuse d'appétit).

C'est en 1669 que l'AM va être considérée comme une maladie avec Morton6(*) qui va en donner la première description médicale détaillée, sous le nom de « consomption nerveuse » : amaigrissement, perte d'appétit, refus de nourriture, aménorrhée, hyperactivité, constipation et cachexie. En 1789, Nadaud7(*) la présentera comme une « maladie nerveuse avec dégoût des aliments ».

À partir du 19°siècle, les descriptions de l'AM s'affinent, les causes organiques sont progressivement éliminées et on commence à parler d'une maladie mentale. L'AM se constitue comme entité clinique avec les travaux de deux médecins : Lasègue8(*) en 1873, avec le terme d' « anorexie hystérique », qui la décrit comme une anomalie intellectuelle, un trouble central et héréditaire avec refoulement d'un souhait plus ou moins conscient. Et Gull9(*) en 1874, avec l' « anorexie nerveuse », considérée comme un état morbide causé par des troubles centraux et héréditaires. Peu après, le terme d'« anorexie mentale » est proposé pour la première fois par Huchard10(*). Cette époque marquera l'entrée de l'AM dans la nosographie psychiatrique et le début d'une véritable médicalisation des conduites anorexiques. En 1895, Freud11(*) s'intéressera aussi à l'AM et proposera un rapprochement avec la mélancolie.

En 1908, Janet12(*) et de La Tourette13(*) mettent en évidence la présence d'un trouble de la perception du corps. De La Tourette s'intéressera aussi au trouble de la perception de la nourriture et soutiendra l'idée qu'il s'agit d'un refus d'appétit et non d'une perte d'appétit, dont l'origine névropathique est liée à la honte du corps et entraîne la peur de grossir.

En 1914, suite à la mise en évidence de Simmonds14(*), d'un affaiblissement généralisé de l'organisme, ou cachexie, due à une insuffisance globale de la glande hypophyse, l'AM sera reconsidérée en termes endocriniens par la plupart des spécialistes au cours des trois décennies suivantes.

Après ce détour, en 1950 on reviendra aux hypothèses psychogénétiques de l'AM avec des auteurs tels que Bruch, Selvini, Kestemberg et Decobert reconnaissant que c'est la dénutrition due aux restrictions alimentaires qui induit les troubles associés. Dès lors, les méthodes psychothérapeutiques, telles que la phénoménologie, la psychanalyse, l'approche comportementale, analytique ou systémique apportent leur contribution à la théorisation de l'AM.

Dès les années soixante, « il y a un développement des critères de diagnostic de l'anorexie au niveau de la présentation clinique et des études de l'organisation structurale de cette pathologie. Les critères d'évaluation ne prennent plus seulement en compte l'évolution des symptômes mais aussi les facteurs relationnels et de la personnalité. »15(*) 

En 1965, le symposium de Göttingen marque un tournant dans la conception psychopathologique de l'AM avec les contributions de Bliss, Branch, Thomas, Palazzoli et Bruch déplaçant l'intérêt de la recherche vers les phénomènes concernant la relation au corps et non plus à la nourriture. Ces auteurs s'accordent sur trois conclusions qui sont les suivantes : « l'anorexie mentale a une structure spécifique ; le conflit essentiel se situe au niveau du corps et non pas au niveau des fonctions alimentaires sexuellement investies ; elle exprime une incapacité d'assumer le rôle génital et les transformations corporelles propres à la puberté. »16(*)

Aujourd'hui, l'AM est généralement décrite comme une affection mentale, non organique, un Trouble du Comportement Alimentaire (TCA). Pour des auteurs récents, tels que Simon et Nef, il s'agit d'« un trouble bio-psycho-social, c'est-à-dire d'un trouble déterminé par des facteurs multiples de natures diverses (biologique, psychologique et sociale). »17(*) Et d'autres, tels que Wilkins et Jeammet insisteront sur le fait que l'AM est « une conduite addictive »18(*) de restriction alimentaire, une addiction au rien.

Soulignons que « De tous les troubles psychiatriques, les TCA sont ceux qui entraînent le plus de cas de décès. »19(*) Néanmoins, malgré la gravité et l'étendue des conséquences de l'AM, en Belgique, les centres de traitement spécialisés dans les TCA sont peu nombreux, citons : la Clinique Universitaire St-Joseph (Kortenberg), la Clinique Le Domaine (Braine-l'Alleud) et la Clinique La Ramée (Bruxelles).

Au niveau thérapeutique, des thérapies artistiques ou art-thérapies sont recommandées pour traiter l'AM. Orchestrées par le thérapeute spécialisé, les séances individuelles de traitement prendront la forme d'activités artistiques diverses non verbales ou verbales (dessin, peinture, danse, chant, écriture, etc.) visant à permettre aux jeunes de mieux « maîtriser et exprimer leurs sentiments. »20(*) 

* 5 Malaguarnera, S. (2010). L'anorexie face au miroir : Le déclin de la fonction paternelle (pp.13). Paris, France, L'Harmattan.

* 6 Kestemberg, E., Kestemberg, J., & Decobert, S. (1972). La faim et le corps : Une étude psychanalytique de l'anorexie mentale (pp.14). Paris, France, PUF.

* 7 Ibid., pp. 14.

* 8 Decourt, J. (1954). L'anorexie mentale au temps de Ch. Lassègue et de W. Gull. Presse Médicale, 62 (16), 355-358.

* 9 Ibid., 355-358.

* 10 Kestemberg, E., Kestemberg, J., & Decobert, S. (1972). La faim et le corps. Une étude psychanalytique de l'anorexie mentale (pp. 14). Paris, France, PUF.

* 11 Freud, S.(1956). La naissance de la psychanalyse (pp.93). Paris, France, PUF.

* 12 Brusset, B.(1998). Psychopathologie de l'anorexie mentale (pp.2). Paris, France, Dunod.

* 13 Jeammet, P. (1985). L'anorexie mentale (pp.3). Paris, France, Doin.

* 14 Ibid., pp. 3.

* 15 Malaguarnera, S. (2010). L'anorexie face au miroir : Le déclin de la fonction paternelle (pp.16). Paris, France, L'Harmattan.

* 16 Kestemberg, E., Kestemberg, J., & Decobert, S. (1972). La faim et le corps. Une étude psychanalytique de l'anorexie mentale (pp 14). Paris, PUF.

* 17 Simon, Y., & Nef, F. (2002). Comment sortir de l'anorexie ? : Et retrouver le plaisir de vivre (pp.37). Paris, France, Odile Jacob.

* 18 Jeammet, P., (1990). Les destins de la dépendance à l'adolescence. Neuropsychiatrie de l'enfance, 38, 190-199.

* 19 Vanderlinden, J. (2006). Vaincre l'anorexie mentale (pp.9). Bruxelles, Belgique, De Boeck & Larcier s.a.

* 20 Buckroyd, J. (2000). Anorexie et boulimie (pp.118). Paris, France, J'Ai Lu.

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